Avant de quitter définitivement la Côte d’Ivoire où il était en mission ces quatre dernières années, YJ Choi, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies s’est confié à RFI. Le diplomate onusien dit avoir accompli, toute modestie mise à part, sa mission.
RFI : Est-ce que vous partez avec le sentiment du devoir accompli ?
YJ Choi : Oui, mais disons plutôt de n’avoir pas échoué.
RFI : De ne pas avoir échoué ?
YJC : Voilà.
RFI : Qu’avez-vous appris en Côte d’Ivoire ?
YJC : Beaucoup de choses. Mais surtout, j’avais le bonheur de sauver le peuple ivoirien avec mes amis qui sont dans tous les coins du monde. Nous avons traversé des moments difficiles, mais nous n’avons pas perdu la tête.
RFI : L’ONU a joué un rôle de certification inédit au moment de l’élection présidentielle l’automne dernier, est-ce que vous avez mesuré la portée de cette mission ?
YJC : Oui ! Je crois que s’il n’y avait pas eu de certification onusienne, il pourrait y avoir des confusions encore entre les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante et le Conseil constitutionnel.
RFI : L’ex-Président Sud africain Thabo Mbeki vous accuse d’avoir outrepassé votre mandat en déclarant qui a gagné la présidentielle en Côte d’Ivoire?
YJC : Non ! J’ai dit : « voilà comment le peuple a voté le 28 novembre 2010. Ils ont voté le Président Ouattara avec plus de 8% de marge ». C’est la vérité.
RFI : Ce qui revient à dire qui est le vainqueur ?
YJC : Absolument. Je l’ai dit et je le dis toujours, que la certification de l’élection faisait partie de mon mandat. Mais qui est Président après cela, n’est pas mon mandat. Je ne crois pas qu’il ait eu de la confusion.
RFI : Est-ce que vous aviez le sentiment à un moment donné que l’ONUCI ne pouvait pas accomplir sa tâche de protection des civils ?
YJC : On peut toujours faire mieux. Mais nous avons réussi dans les moments critiques, tel que dans la nuit du 11 au 12 janvier. Cette nuit-là, il y avait des possibilités très graves de massacre de la population civile à Abobo PK18. Toute la nuit nous étions là, j’y étais moi-même avec les patrouilles pour éviter ces massacres de populations civiles. S’il y avait des massacres civils d’envergure, notre mission aurait échoué.
RFI : Vous avez rencontré Laurent Gbagbo deux fois, quelles sont les dernières nouvelles que vous avez de lui ? Que vous a-t-il dit ?
YJC : Quand je l’ai vu le lendemain de son arrestation, je l’ai vu comme un homme totalement accablé. Quand je l’ai revu à Korhogo, il m’a dit : « nous avons travaillé ensemble pendant trois ans et demi. Les trois premières années étaient excellentes, mais les derniers mois n’étaient pas aussi bons ». Il m’a dit de nous souvenir seulement des trois bonnes années. Rire… je lui ai dit : « Monsieur le président c’est une excellente idée. Je crois qu’il est épuisé. Je l’ai vu totalement épuisé, avant, pendant et après l’élection présidentielle. Il faut faire attention pour l’épuisement. Il ne faut pas être trop fatigué.
RFI : Est-ce qu’après ce qui s’est passé, le FPI a toujours sa place sur la scène politique ivoirienne?
YJC : Je ne crois pas. Le FPI sans M. Gbagbo, le FPI qui a appuyé l’utilisation de la force militaire contre les populations civiles, je ne cois pas que ce FPI-là ait encore un avenir.
RFI : Quels sont vos regrets en partant de la Côte d’Ivoire?
YJC : Il y a un instant que je ne répéterai pas. A part cet instant, je ferai la même chose.
RFI : C’est quoi cet instant ?
YJC : J’ai mis inutilement en danger ma vie et celle de mes collègues fin mars, quand je suis allé protéger la RTI. J’ai fait un mauvais jugement.
RFI : Quels sont vos projets aujourd’hui?
YJC : J’ai fini le manuscrit de mon livre que j’ai intitulé : « J’y suis, j’y reste », avec comme sous titre mon expérience de maintien de la paix en Côte d’Ivoire. A part cela, il faut que je prenne un peu de repos. Je vais aller dans les montagnes.
Recueillis par Thiery Latt
RFI : Est-ce que vous partez avec le sentiment du devoir accompli ?
YJ Choi : Oui, mais disons plutôt de n’avoir pas échoué.
RFI : De ne pas avoir échoué ?
YJC : Voilà.
RFI : Qu’avez-vous appris en Côte d’Ivoire ?
YJC : Beaucoup de choses. Mais surtout, j’avais le bonheur de sauver le peuple ivoirien avec mes amis qui sont dans tous les coins du monde. Nous avons traversé des moments difficiles, mais nous n’avons pas perdu la tête.
RFI : L’ONU a joué un rôle de certification inédit au moment de l’élection présidentielle l’automne dernier, est-ce que vous avez mesuré la portée de cette mission ?
YJC : Oui ! Je crois que s’il n’y avait pas eu de certification onusienne, il pourrait y avoir des confusions encore entre les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante et le Conseil constitutionnel.
RFI : L’ex-Président Sud africain Thabo Mbeki vous accuse d’avoir outrepassé votre mandat en déclarant qui a gagné la présidentielle en Côte d’Ivoire?
YJC : Non ! J’ai dit : « voilà comment le peuple a voté le 28 novembre 2010. Ils ont voté le Président Ouattara avec plus de 8% de marge ». C’est la vérité.
RFI : Ce qui revient à dire qui est le vainqueur ?
YJC : Absolument. Je l’ai dit et je le dis toujours, que la certification de l’élection faisait partie de mon mandat. Mais qui est Président après cela, n’est pas mon mandat. Je ne crois pas qu’il ait eu de la confusion.
RFI : Est-ce que vous aviez le sentiment à un moment donné que l’ONUCI ne pouvait pas accomplir sa tâche de protection des civils ?
YJC : On peut toujours faire mieux. Mais nous avons réussi dans les moments critiques, tel que dans la nuit du 11 au 12 janvier. Cette nuit-là, il y avait des possibilités très graves de massacre de la population civile à Abobo PK18. Toute la nuit nous étions là, j’y étais moi-même avec les patrouilles pour éviter ces massacres de populations civiles. S’il y avait des massacres civils d’envergure, notre mission aurait échoué.
RFI : Vous avez rencontré Laurent Gbagbo deux fois, quelles sont les dernières nouvelles que vous avez de lui ? Que vous a-t-il dit ?
YJC : Quand je l’ai vu le lendemain de son arrestation, je l’ai vu comme un homme totalement accablé. Quand je l’ai revu à Korhogo, il m’a dit : « nous avons travaillé ensemble pendant trois ans et demi. Les trois premières années étaient excellentes, mais les derniers mois n’étaient pas aussi bons ». Il m’a dit de nous souvenir seulement des trois bonnes années. Rire… je lui ai dit : « Monsieur le président c’est une excellente idée. Je crois qu’il est épuisé. Je l’ai vu totalement épuisé, avant, pendant et après l’élection présidentielle. Il faut faire attention pour l’épuisement. Il ne faut pas être trop fatigué.
RFI : Est-ce qu’après ce qui s’est passé, le FPI a toujours sa place sur la scène politique ivoirienne?
YJC : Je ne crois pas. Le FPI sans M. Gbagbo, le FPI qui a appuyé l’utilisation de la force militaire contre les populations civiles, je ne cois pas que ce FPI-là ait encore un avenir.
RFI : Quels sont vos regrets en partant de la Côte d’Ivoire?
YJC : Il y a un instant que je ne répéterai pas. A part cet instant, je ferai la même chose.
RFI : C’est quoi cet instant ?
YJC : J’ai mis inutilement en danger ma vie et celle de mes collègues fin mars, quand je suis allé protéger la RTI. J’ai fait un mauvais jugement.
RFI : Quels sont vos projets aujourd’hui?
YJC : J’ai fini le manuscrit de mon livre que j’ai intitulé : « J’y suis, j’y reste », avec comme sous titre mon expérience de maintien de la paix en Côte d’Ivoire. A part cela, il faut que je prenne un peu de repos. Je vais aller dans les montagnes.
Recueillis par Thiery Latt