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Politique Publié le samedi 3 septembre 2011 | Notre Voie

3 Français arrêtés à Abidjan : Les dessous d’une affaire d’Etat

L’affaire des trois Français arrêtés le 20 août dernier par les éléments du commandant Wattao continue de donner le tournis au nouveau régime ivoirien. Pendant que le ministre de l’intérieur M. Hamed Bakayoko se débat dans des explications embrouillées, les langues commencent à se délier. Selon des sources diplomatiques, dès son retour à Lomé d’où il était venu à Abidjan, le colonel gendarmerie à la retraite Jean-Grégoire Charau aurait appelé le commandant Wattao pour lui présenter ses excuses dans le plus grand secret. Il aurait expliqué qu’il a agi sous la pression des autorités de l’ambassade de France qui auraient saisi l’occasion de cet incident pour mettre en marche leur rouleau compresseur contre Wattao. Trois agents de l’ambassade de France auraient d’ailleurs été montés pour témoigner contre Wattao. Mais pourquoi la France s’acharnerait-elle contre Wattao alors qu’elle a aidé l’ancienne rébellion du nord à renverser Laurent Gbagbo pour installer Alassane Ouattara au pouvoir ? La raison est simple, selon les sources contactées : Wattao est un fidèle parmi les fidèles de Guillaume Soro. Or, depuis l’installation de Ouattara au pouvoir, la France avait clairement indiqué qu’elle voulait un premier ministre autre que Guillaume Soro qui, quoiqu’on dise, avait eu plus de quatre ans de collaboration avec Laurent Gbagbo presque sans accrocs majeurs. Nul n’ignore que la France a poussé la plupart des Premiers ministres de crise à s’opposer frontalement à Laurent Gbagbo. Alassane Ouattara devait d’ailleurs en profiter pour honorer sa promesse électorale de donner la primature au Pdci-Rda. La France estime que si Alassane Ouattara s’est résolu à reconduire Guillaume Soro c’est bien parce que ce dernier bénéficiait encore de solides soutiens au sein de la nouvelle armée. Or, il n’y a pas de doute que le soutien militaire le plus sûr de Guillaume Soro demeure Wattao. La complicité entre les deux hommes s’est vérifiée à maintes reprises notamment dans les conflits internes à l’ancienne rébellion. Cela s’est vu notamment quand a éclaté l’affaire Koné Zakaria dans laquelle Wattao avait été en première ligne pour permettre à Guillaume Soro de contrôler la
situation.
Mettre Wattao sous l’éteignoir reviendrait inévitablement à livrer Guillaume Soro mains et pieds liés. Alors, on pourrait désormais le faire partir de la Primature sans craindre quelque remous dans l’armée.
D’autres sources rapportent qu’il y a actuellement au sommet de l’Etat, une sorte de divergence de vue sur l’avenir des sociétés d’Etat. Alors que le chef serait favo-rable à des privatisations à tout vent, le premier ministre montrerait quelques réticences. Par principe. Il ne faut pas oublier que malgré les alliances de circonstance, Guillaume Soro n’a pas la culture ultralibérale d’Alassane Ouattara. Ancien leader de la Fesci, il garde, après tout, un amer souvenir des années 90-93 pendant lesquels les privatisations initiées par son allié d’aujourd’hui ont ruiné
l’espoir des jeunes de sa génération.

Augustin Kouyo
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