Après la chute de l’ancien régime, que deviennent les forces nouvelles? Le conclave qui a réuni, le week-end, la branche civile du mouvement de Guillaume Soro, dans son fief de Bouaké, a tranché la question. Dissolution de la branche militaire, de la centrale (caisse de financement) et de ses démembrements et la consolidation de l’alliance avec le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), telles sont les décisions majeures qui ont sanctionné la rencontre de 48h. Première réunion après la chute de l’ex président Laurent Gbagbo et surtout sans la branche militaire, le conclave s’est accordé un cachet particulier et s’est voulu une sorte de boussole pour orienter la suite de la révolution ivoirienne entamée le 19 septembre 2002. Le secrétaire général du mouvement, Guillaume Soro et ses cadres ont, en effet, marqué la pas pour regarder dans le rétroviseur de leur histoire, avant de se projeter dans l’avenir. Ils ont pris d’assaut leur secrétariat général pour envisager les stratégies et autres mécanismes aux fins de s’adapter aux réalités du temps. Pendant deux jours, ils ont passé au crible, les interrogations relatives à l’existence du mouvement, aux moyens de sa survie et à sa participation au jeu politique ivoirien. Sur le denier point, le chef de l’ex-rébellion, avait coupé court lors de la cérémonie d’ouverture, samedi, au Ranhôtel, à la rumeur abidjanaise qui prédisait une transformation du mouvement en parti politique à l’issue du conclave. «Pourquoi entrer dans le paysage politique déjà surchargé. Nous sommes un mouvement, pas un parti politique. Nous sommes en alliance avec le Rhdp. Ne divisons pas car l’union fait la force. Restons avec nos aînés. Soyons unis et mettons l’intérêt national en avant (…) Ce n’est pas encore fini. Quand on a le pouvoir, il faut le consolider. Notre objectif commun devra être l’unité et l’union pour conquérir, en partenaires, en amis et en alliés avec le Rhdp, l’Assemblée nationale», a-t-il recommandé. Tout en estimant que le changement s’impose aux forces nouvelles. La Côte d’Ivoire, a-t-il poursuivi, a changé, le régime a changé et le conteste a changé. Le Premier ministre a constaté également le changement au sein de son mouvement. «Je ne vois pas le général Soumaila Bakayoko. Où sont les Chérif Ousmane, le Wattao, le Fofié…, ils ne sont plus là. Ils appartiennent aujourd’hui, à l’armée de Côte d’Ivoire». Il annonçait ainsi, la dissolution de la branche militaire. Satisfait du respect par le conclave de ses directives données à l’ouverture de la cérémonie, le patron de la primature a prodigué des conseils à ses hommes pleins d’ambitions. Selon lui, les ambitions se comprennent, seulement qu’elles doivent s’exprimer dans la mesure et l’humilité. Ce d’autant plus que, a-t-il expliqué, les forces nouvelles ont affronté maintes épreuves pour être là où elles sont aujourd’hui. Rouvrant la page du passé, Guillaume Soro a invité ses hommes à se souvenir de la guerre fratricide, pro-Soro et pro-Ib qui a failli plomber la lutte, les accords de Lomé, de Marcoussis, d’Accra, de Pretoria… «Qui ne se souvient pas du fameux slogan : «donnez moi une carte d’identité et je dépose mon arme». Que de chemin !», s’est-t-il remémoré avec la gorge nouée d’émotions. A l’en croire, c’est victoire après victoire que l’ex rébellion a contribué à la restauration de la démocratie ivoirienne. « Nous devons nous inscrire dans ce sens. Par ailleurs, a-t-il indiqué, le Fpi est à l’affut des divisions prochaines du Rhdp pour constituer une forte opposition. Pour contrer cette manie des refondateurs, le chef du gouvernement s’est donné une mission de bon office auprès de ses aînés pour l’accélération de la mise en forme du parti unifié des héritiers du premier président de la Côte d’Ivoire, Houphouët Boigny. Concernant le volet des finances, Guillaume Soro a qualifié la disparation de la centrale d’acte majeure pour la réunification des caisses de l’Etat. Sur le plan sécuritaire, il a rassuré les populations ivoiriennes de sa détermination à réunir les conditions pour combattre le grand banditisme. C’est sur une note d’espoir partagé, d’une Côte d’Ivoire paisible, prospère et développée que le conclave autour du thème «Côte d’Ivoire : bilan et perspectives des forces nouvelles» a pris fin.
Lacina Ouattara
(Envoyé spécial)
Lacina Ouattara
(Envoyé spécial)