Ouattara Salia, président de l’Ong Prodvh, est préoccupé par les questions de la pauvreté en Afrique, du libre-échange, et du rôle du Nepad. Dans cet entretien, il explore les potentialités du continent africain.
Vous avez connu l’Afrique des années 1970. Quelle était son image ?
Comme le disait déjà, un grand observateur de l’Afrique, René Dumond, l’Afrique noire était mal partie. On pouvait le sentir, ce mauvais démarrage, avec des coups d’Etat, au Togo, Zaïre, Congo Brazzaville. C’était très inquiétant, surtout l’opposition Félix Houphouët – Sékou Touré. Une adversité absolue, qui hypothéquait déjà l’avenir de l’Afrique. Mais seule la Côte d’Ivoire en 1970, semblait être un modèle de développement. Le ‘’miracle ivoirien’’ avait accouché plusieurs structures sanitaires, sportives et de développement. Le Chu de Cocody était la fierté des Ivoiriens.
Nepad ou Objectif du millénaire, lequel préférez-vous, en termes de développement durable pour l’Afrique ?
Les deux sont complémentaires. Mais pour les Africains, je pense que si le Nepad avait les moyens, il était la voie à suivre pour atteindre en 2015, les objectifs du développement en Afrique. Les Africains doivent fédérer leurs actions et moyens pour réanimer et redynamiser le Nepad. En cela, je félicite le docteur Théodore Mela Anah Joha, économiste de développement, qui a une très bonne analyse, sur le développement parfait et équilibré. Les Africains ont tout ce qu’il faut. Notre insuffisance, et je le répète, se trouve dans la technique et la technologie. Tout le monde sait que l’Afrique est sur un coffre-fort de diverses richesses, une grande fortune. Mais par manque de savoir-faire, les Africains n’ont pas les moyens pour se réaliser. L’Afrique n’est pas pauvre. Il suffit de regarder le Nigeria, l’Angola, la Guinée-Equatoriale, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, le Gabon. Ces pays sont riches parce que dotés d’un sous-sol riche.
Les spécialistes disent que l’Afrique a étalé toutes ses incapacités à cause de son endettement massif. Etes-vous d’accord ? Sinon, que faut-il faire ?
Je n’accepte pas le mot ‘’incapacité’’ collé à l’Afrique. Je sais seulement que les Africains ont quelques insuffisances. Mais pour tout dire, qu’on ne juge pas au départ, mais à l’arrivée. Je veux dire que l’Afrique peut rattraper ‘’son’’ retard, mais dans un environnement apaisé et de solidarité. L’insuffisance de l’Afrique se trouve dans la technologie et l’industrie. Et, à ce sujet, l’Afrique fera un bilan positif, dans les prochaines 50 années.
On avait créé le Nepad pour redresser l’économie africaine. Avez-vous une idée de ce tableau proposé aux Africains ?
Je sais que l’idée avait été acceptée par Abdoulaye Wade, Obasanjo, M’beki, Bouteflika, pour ‘’corriger’’ l’insuffisance de l’Afrique. Malheureusement, le Nepad est en salle de réanimation, pas encore totalement mort. Seulement, une chose est certaine. Sur le plan éducatif et sanitaire, le Nepad a perdu la bataille de 2015. Elle est très loin des objectifs du millénaire pour le développement. Les chefs d’Etat d’Afrique doivent se remobiliser et redynamiser l’action du Nepad.
Quelles sont vos propositions, pour l’insertion des jeunes Africains, la cible principale de vos recherches ?
L’autre insuffisance de l’Afrique, vient de l’inorganisation dans le système éducatif, la formation et le financement du développement. Mais l’argent reste le nerf de ce combat, et notre problème en Afrique, c’est le manque d’épargne. Pour les jeunes Africains, je suggère que les chefs d’Etat ‘’réveillent’’ le Nepad. Parce que le combat du développement en Afrique est une véritable épreuve. La micro-finance peut aider les jeunes Africains à se réaliser.
Que faut-il faire, selon vous ?
Il faut créer en Côte d’Ivoire, un office national de développement – formation – Education : combiner l’école publique et privée. Les deux formules bien ‘’travaillées’’ peuvent devenir des partenaires de l’office. Il faut créer des internats et des cantines scolaires. Sans oublier le transport. Les tenues scolaires, faites de notre industrie textile, Utexi Cotivo, galvaniseront la culture cotonnière. Il faut s’éloigner du défaitisme.
Et la pauvreté gagne du terrain… en Côte d’Ivoire
Il incombe au gouvernement et aux responsables du développement d’évaluer ce que j’ai dit plus haut : créer l’office «école – formation – financement – développement». Le tout dans un cadre de dialogue, et d’actionnariat avec la participation des parents intégrés au processus, par des cotisations.
Etes-vous d’avis avec ceux qui pensent que la solution viendrait de la capacité des Etats à frapper leur propre monnaie ?
Je suis pour la solidarité et le social, le plus hardi, c’est cela l’Afrique… la communauté du bien. C’est vrai, que les Africains sont d’une vulnérabilité exposée, mais l’Afrique doit être digne de sa pauvreté. Il y a des risques de fierté qu’il ne faut pas prendre, même si les Africains sont pauvres.
Votre analyse sur les pays de la ‘’zone Euro’’, qui ont aujourd’hui des difficultés économiques ?
Je crois que la France, les Etats-Unis, la Grèce, l’Italie, « bouffent » plus qu’ils ne gagnent. Ils se sucrent avec le ‘’pognon’’ pompé dans la vente illicite du pétrole irakien. Mais pourquoi les Etats-Unis, ou la France pleurent-ils ? Quand on fait le bilan des guerres qu’ils livrent en Afghanistan, en Libye, les bombes coûtent cher. Cet argent, dans une rigueur budgétaire, aurait pu servir à éduquer, former ou prendre part efficacement à l’aide au développement.
Ben Ismaël
Vous avez connu l’Afrique des années 1970. Quelle était son image ?
Comme le disait déjà, un grand observateur de l’Afrique, René Dumond, l’Afrique noire était mal partie. On pouvait le sentir, ce mauvais démarrage, avec des coups d’Etat, au Togo, Zaïre, Congo Brazzaville. C’était très inquiétant, surtout l’opposition Félix Houphouët – Sékou Touré. Une adversité absolue, qui hypothéquait déjà l’avenir de l’Afrique. Mais seule la Côte d’Ivoire en 1970, semblait être un modèle de développement. Le ‘’miracle ivoirien’’ avait accouché plusieurs structures sanitaires, sportives et de développement. Le Chu de Cocody était la fierté des Ivoiriens.
Nepad ou Objectif du millénaire, lequel préférez-vous, en termes de développement durable pour l’Afrique ?
Les deux sont complémentaires. Mais pour les Africains, je pense que si le Nepad avait les moyens, il était la voie à suivre pour atteindre en 2015, les objectifs du développement en Afrique. Les Africains doivent fédérer leurs actions et moyens pour réanimer et redynamiser le Nepad. En cela, je félicite le docteur Théodore Mela Anah Joha, économiste de développement, qui a une très bonne analyse, sur le développement parfait et équilibré. Les Africains ont tout ce qu’il faut. Notre insuffisance, et je le répète, se trouve dans la technique et la technologie. Tout le monde sait que l’Afrique est sur un coffre-fort de diverses richesses, une grande fortune. Mais par manque de savoir-faire, les Africains n’ont pas les moyens pour se réaliser. L’Afrique n’est pas pauvre. Il suffit de regarder le Nigeria, l’Angola, la Guinée-Equatoriale, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, le Gabon. Ces pays sont riches parce que dotés d’un sous-sol riche.
Les spécialistes disent que l’Afrique a étalé toutes ses incapacités à cause de son endettement massif. Etes-vous d’accord ? Sinon, que faut-il faire ?
Je n’accepte pas le mot ‘’incapacité’’ collé à l’Afrique. Je sais seulement que les Africains ont quelques insuffisances. Mais pour tout dire, qu’on ne juge pas au départ, mais à l’arrivée. Je veux dire que l’Afrique peut rattraper ‘’son’’ retard, mais dans un environnement apaisé et de solidarité. L’insuffisance de l’Afrique se trouve dans la technologie et l’industrie. Et, à ce sujet, l’Afrique fera un bilan positif, dans les prochaines 50 années.
On avait créé le Nepad pour redresser l’économie africaine. Avez-vous une idée de ce tableau proposé aux Africains ?
Je sais que l’idée avait été acceptée par Abdoulaye Wade, Obasanjo, M’beki, Bouteflika, pour ‘’corriger’’ l’insuffisance de l’Afrique. Malheureusement, le Nepad est en salle de réanimation, pas encore totalement mort. Seulement, une chose est certaine. Sur le plan éducatif et sanitaire, le Nepad a perdu la bataille de 2015. Elle est très loin des objectifs du millénaire pour le développement. Les chefs d’Etat d’Afrique doivent se remobiliser et redynamiser l’action du Nepad.
Quelles sont vos propositions, pour l’insertion des jeunes Africains, la cible principale de vos recherches ?
L’autre insuffisance de l’Afrique, vient de l’inorganisation dans le système éducatif, la formation et le financement du développement. Mais l’argent reste le nerf de ce combat, et notre problème en Afrique, c’est le manque d’épargne. Pour les jeunes Africains, je suggère que les chefs d’Etat ‘’réveillent’’ le Nepad. Parce que le combat du développement en Afrique est une véritable épreuve. La micro-finance peut aider les jeunes Africains à se réaliser.
Que faut-il faire, selon vous ?
Il faut créer en Côte d’Ivoire, un office national de développement – formation – Education : combiner l’école publique et privée. Les deux formules bien ‘’travaillées’’ peuvent devenir des partenaires de l’office. Il faut créer des internats et des cantines scolaires. Sans oublier le transport. Les tenues scolaires, faites de notre industrie textile, Utexi Cotivo, galvaniseront la culture cotonnière. Il faut s’éloigner du défaitisme.
Et la pauvreté gagne du terrain… en Côte d’Ivoire
Il incombe au gouvernement et aux responsables du développement d’évaluer ce que j’ai dit plus haut : créer l’office «école – formation – financement – développement». Le tout dans un cadre de dialogue, et d’actionnariat avec la participation des parents intégrés au processus, par des cotisations.
Etes-vous d’avis avec ceux qui pensent que la solution viendrait de la capacité des Etats à frapper leur propre monnaie ?
Je suis pour la solidarité et le social, le plus hardi, c’est cela l’Afrique… la communauté du bien. C’est vrai, que les Africains sont d’une vulnérabilité exposée, mais l’Afrique doit être digne de sa pauvreté. Il y a des risques de fierté qu’il ne faut pas prendre, même si les Africains sont pauvres.
Votre analyse sur les pays de la ‘’zone Euro’’, qui ont aujourd’hui des difficultés économiques ?
Je crois que la France, les Etats-Unis, la Grèce, l’Italie, « bouffent » plus qu’ils ne gagnent. Ils se sucrent avec le ‘’pognon’’ pompé dans la vente illicite du pétrole irakien. Mais pourquoi les Etats-Unis, ou la France pleurent-ils ? Quand on fait le bilan des guerres qu’ils livrent en Afghanistan, en Libye, les bombes coûtent cher. Cet argent, dans une rigueur budgétaire, aurait pu servir à éduquer, former ou prendre part efficacement à l’aide au développement.
Ben Ismaël