La crise ivoirienne a décimé le temple du savoir. 7 mois après les affrontements qui ont perturbé les cours, un calme plat continue de régner sur les universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé. Les étudiants sont introuvables. Que sont-ils devenus? Bon nombre ont décidé de prêter main forte aux forces républicaines, pour chasser le «Machiavel des lagunes». L’un d’eux, qui requiert l’anonymat, est titulaire d’une Licence en Mathématiques informatiques à l’université de Cocody. «J’ai pris les armes par sursaut d’orgueil. J’ai tout perdu après le pillage de mon magasin par des éléments de la Fesci», confie-t-il. Cet étudiant-Frci explique qu’à côté de ses études, il gérait un cyber café au campus de Cocody depuis 4 ans. On le sait, la Fesci et ses parrains avaient transformé les résidences universitaires en camp de miliciens. Mais cet homme n’avait pas imaginé que les “camarades“, avec qui il entretenait de bons rapports, pouvaient s’en prendre à son commerce. Ce qu’ils firent sans état d’âme en emportant plusieurs ordinateurs et de l’argent.
Aujourd’hui, cet étudiant qui fait partie du 3ème bataillon antichar d’Anyama, a envie d’oublier tout le mal que les bras séculiers de Laurent Gbagbo lui ont fait. «Je connais très bien les fescistes qui ont pillé mon magasin. Quand on se croise en ville, ils ont peur mais je leur fais comprendre qu’ils n’ont pas besoin de se justifier. J’ai appris à pardonner avec le temps», poursuit le soldat. Le profilage des ex-combattants d’Anyama ne figure pour l’instant pas sur le calendrier du Pnrrc. En attendant le démarrage de cette opération qui lui permettra de retourner à la vie civile ou d’intégrer l’armée, il bénéficie de la confiance du Commandant
Diomandé Lanciné, dit Dédougou. Ce dernier a fait de lui le chef d’une section de son unité.
Idem pour G. Coulibaly, ex-chef de poste à Affourénou, Côte d’Ivoire, localité située à la frontière ivoiro-ghanéenne. Cet ingénieur en marketing management, qui ne supportait plus de compter ses «parents» assassinés à Abobo, a fini par rejoindre les “Môgôbas“. A en croire ce gaillard, «tout est parti du jour où des manifestants ont été sauvagement réprimés alors qu’ils étaient sortis pour contester les résultats proclamés par Yao N’Dré». Ces évènements se seraient soldés par l’assassinat de l’oncle de son ami. Après l’arrestation de l’ancien président, il a été commis à la sécurisation d’une partie de la frontière Est, avec ses camarades de la compagnie ‘’Kossovo’’. Il affirme que son expérience militaire l’a enrichi en termes de rigueur, de discipline et d’esprit d’équipe. «Au front, on apprend à se mettre au service du groupe», dit-il. G. Coulibaly révèle cependant avoir connu des débuts difficiles dans la mesure où certains compagnons d’armes se méfiaient des étudiants qu’ils considéraient comme «automatiquement fescistes ou indics de Gbagbo». Avec les blocages récurrents du processus d’enrôlement, les étudiants Frci ne savent plus s’il faut tout arrêter maintenant ou attendre leur tour. Surtout qu’ils vivent la même galère que les autres volontaires.
Entre études et carrière militaire
G. Coulibaly a déjà fait son choix. Pour lui, pas question d’attendre indéfiniment le profilage. Il a regagné Abidjan pour se mettre à la recherche d’un boulot digne de son diplôme d’ingénieur. «Au départ, je me sentais très à l’aise, comme un libérateur, car je participais à un combat contre l’injustice. Mais après la chute de Gbagbo, j’estime que le combat est fini et que chacun doit retourner à ses occupations », pense-t-il. L’ingénieur Frci regrette que la majorité des ex-combattants n’aient pas compris «l’esprit du mouvement». A l’en croire, certains pensent qu’ils ont pris les armes pour avoir un quelconque privilège ou grade. C’est le cas de notre premier intervenant qui souhaite que l’Etat traduise sa reconnaissance aux étudiants Frci en leur faisant une petite faveur pour les concours de la Fonction publique.
Cela faciliterait, selon lui, leur insertion socioprofessionnelle. «C’est vrai que nous n’avons pas mené cette lutte à des fins personnelles. Mais cela fait près de 10 ans que j’ai obtenu la licence sans aucune opportunité d’emploi. Ce ne serait pas mauvais si aujourd’hui mon diplôme me permettait d’avoir une bonne place dans l’armée, la police ou la gendarmerie», suggère ce chef de section à Anyama. D’autres étudiants Frci tels que Yéo N., chef de poste Frci à Gbonouville, dans la sous-préfecture de Tiassalé, ainsi que S. Ibrahim, numéro 1 du commissariat de Guitry, sont de cet avis.
Ben Ayoub
Aujourd’hui, cet étudiant qui fait partie du 3ème bataillon antichar d’Anyama, a envie d’oublier tout le mal que les bras séculiers de Laurent Gbagbo lui ont fait. «Je connais très bien les fescistes qui ont pillé mon magasin. Quand on se croise en ville, ils ont peur mais je leur fais comprendre qu’ils n’ont pas besoin de se justifier. J’ai appris à pardonner avec le temps», poursuit le soldat. Le profilage des ex-combattants d’Anyama ne figure pour l’instant pas sur le calendrier du Pnrrc. En attendant le démarrage de cette opération qui lui permettra de retourner à la vie civile ou d’intégrer l’armée, il bénéficie de la confiance du Commandant
Diomandé Lanciné, dit Dédougou. Ce dernier a fait de lui le chef d’une section de son unité.
Idem pour G. Coulibaly, ex-chef de poste à Affourénou, Côte d’Ivoire, localité située à la frontière ivoiro-ghanéenne. Cet ingénieur en marketing management, qui ne supportait plus de compter ses «parents» assassinés à Abobo, a fini par rejoindre les “Môgôbas“. A en croire ce gaillard, «tout est parti du jour où des manifestants ont été sauvagement réprimés alors qu’ils étaient sortis pour contester les résultats proclamés par Yao N’Dré». Ces évènements se seraient soldés par l’assassinat de l’oncle de son ami. Après l’arrestation de l’ancien président, il a été commis à la sécurisation d’une partie de la frontière Est, avec ses camarades de la compagnie ‘’Kossovo’’. Il affirme que son expérience militaire l’a enrichi en termes de rigueur, de discipline et d’esprit d’équipe. «Au front, on apprend à se mettre au service du groupe», dit-il. G. Coulibaly révèle cependant avoir connu des débuts difficiles dans la mesure où certains compagnons d’armes se méfiaient des étudiants qu’ils considéraient comme «automatiquement fescistes ou indics de Gbagbo». Avec les blocages récurrents du processus d’enrôlement, les étudiants Frci ne savent plus s’il faut tout arrêter maintenant ou attendre leur tour. Surtout qu’ils vivent la même galère que les autres volontaires.
Entre études et carrière militaire
G. Coulibaly a déjà fait son choix. Pour lui, pas question d’attendre indéfiniment le profilage. Il a regagné Abidjan pour se mettre à la recherche d’un boulot digne de son diplôme d’ingénieur. «Au départ, je me sentais très à l’aise, comme un libérateur, car je participais à un combat contre l’injustice. Mais après la chute de Gbagbo, j’estime que le combat est fini et que chacun doit retourner à ses occupations », pense-t-il. L’ingénieur Frci regrette que la majorité des ex-combattants n’aient pas compris «l’esprit du mouvement». A l’en croire, certains pensent qu’ils ont pris les armes pour avoir un quelconque privilège ou grade. C’est le cas de notre premier intervenant qui souhaite que l’Etat traduise sa reconnaissance aux étudiants Frci en leur faisant une petite faveur pour les concours de la Fonction publique.
Cela faciliterait, selon lui, leur insertion socioprofessionnelle. «C’est vrai que nous n’avons pas mené cette lutte à des fins personnelles. Mais cela fait près de 10 ans que j’ai obtenu la licence sans aucune opportunité d’emploi. Ce ne serait pas mauvais si aujourd’hui mon diplôme me permettait d’avoir une bonne place dans l’armée, la police ou la gendarmerie», suggère ce chef de section à Anyama. D’autres étudiants Frci tels que Yéo N., chef de poste Frci à Gbonouville, dans la sous-préfecture de Tiassalé, ainsi que S. Ibrahim, numéro 1 du commissariat de Guitry, sont de cet avis.
Ben Ayoub