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Politique Publié le samedi 17 septembre 2011 | Le Temps

Déstabilisation de l’Afrique francophone par les pouvoirs français : Burkina, Sénégal, Cameroun, Guinée Equatoriale, Tchad et Congo, dans le viseur

Ceux qui sont à la base du printemps arabe, qui ont financé la révolution égyptienne et la rébellion libyenne, sont en réalité les mêmes qui décident de s’attaquer aux derniers bastions de la dictature sur le continent noir, en fonction bien entendu de leurs intérêts. Les peuples africains n’ont pas leurs mots à dire dans la marche de leurs pays respectifs. Ce qui compte, c’est ce qui fait l’affaire de la France. Cela a d’ailleurs été ainsi depuis l’ère coloniale et ce n’est pas aujourd’hui que les choses changeraient. N’en déplaise à ceux qui croient naïvement aux discours de Nicolas Sarkozy prononcé, l’un au Cap en Afrique du Sud, l’autre à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar au Sénégal. Encore moins, le discours du président américain Barack Obama à Accra au Ghana. Fouillez dans l’accouchement de l’avocat franco libanais Robert Bourgi, vous y trouverez à boire et à manger. Bourgi avait soif après trente ans de bouche cousue. D’où cette explosion inattendue dont l’onde de choc fait déjà dégât. D’abord dans Le Journal Du Dimanche ensuite la radio française Rfi, et depuis un moment l’avocat s’est métamorphosé en présentateur télé radio, ses apparitions médiatisées ne sont plus comptées. Mais là n’est pas le problème. Le hic, c’est que Robert Bourgi, non seulement frappe dans le mile en écorchant au passage les pères de la nation et leurs héritiers, mais il a le mérite de livrer des informations jusque-là gardées secrètes – et trente ans que ça dure -, dans les dédalles des palais africains et de l’Elysée. Il a beau se présenter comme «repenti», l’homme ne demeure pas moins une ténébreuse Vip transformée en banal transporteur de «mallettes, des djembés, des sacs … bourrés d’argent» dans un ballet, Palais présidentiels d’Afrique – salon doré de l’Elysée. Que promettait la France à tous ces chefs d’Etat en échange de tout cet argent ? Questionne Rfi. La réponse du «dénonciateur» n’est pas rassurante pour les régimes trentenaires d’Afrique francophone. Mise en bouche : «Mensonges, mensonges, mensonges, promesses non tenues, promesses non tenues». Ce qui n’est pas … faux ! … Eh hop ! «C’est-à-dire que la France fermait les yeux sur certaines dérives du pouvoir en Afrique. Aujourd’hui le président Nicolas Sarkozy, aidé du ministre des Affaires étrangères (…) Alain Juppé, veulent aujourd’hui des régimes sains, acceptés par le peuple. Vous savez très bien la position de notre pays vis-à-vis du Burkina Faso. Blaise Compaoré est tenté par un cinquième ou sixième mandat. On lui a fait comprendre qu’il était temps de penser à partir. Pareil pour la Guinée équatoriale, pareil pour d’autres pays (…) Je veux l’aider parce que le président Sarkozy, vous imaginez bien que je le vois assez régulièrement, me demandait «qu’est-ce que tu penses de tel pays?». Je lui disais «Cela fait trop longtemps que le président est en place. On ne peut pas accepter cela. S’il y a eu un «printemps arabe», il va y avoir un «printemps africain». Ça va être redoutable». «Qu’est ce que tu penses du Sénégal ?». Je lui ai donné ma façon de penser. «Qu’est-ce que tu penses du Burkina Faso ?». Je lui ai dit ce que je pensais du Burkina».
Wade et Compaoré sont prévenus !
Ça va barder les mois à venir dans les protectorats français. Beaucoup de chefs d’Etat sont de ce point de vue dans le viseur de «l’effaceur» Nicolas Sarkozy. Il s’agit de Dénis Sassou N’Guesso du Congo Brazzaville, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Abdoulaye Wade du Sénégal, Théodoro Obiang N’Guema M’bassogo de Guinée Equatoriale, Idriss Déby Itno du Tchad, Paul Biya du Cameroun … La France s’en va en guerre, bientôt, contre ses dictatures choyées d’Afrique. Que s’est-il donc passé pour que la puissance coloniale décide d’abandonner ses complices d’hier ? Rien ! Simple question de réadaptation des stratégies. Le monde change et du coup il s’impose une mutation à ceux qui espèrent faire partir du jeu. Le système reste en place, seules les équipes dirigeantes changent, par endroits on y injecte du sang neuf. Le nouvel ordre mondial version française. Ceux qui sont à la base du printemps arabe, qui le financent, sont en réalité les mêmes qui décident de s’attaquer aux derniers bastions de la dictature sur le continent noir, en fonction bien entendu de leurs intérêts.
Bertina Soro
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