Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, Charles Konan Banny, était, hier, l’invité de Radio France inter (Rfi).
Votre commission a une feuille de route claire. Vous avez une date-butoir. Vous savez exactement sur quelle phase de l’histoire de la Côte d’Ivoire vous allez vous pencher ?
La commission est chargée de faire la typologie de tous les évènements qui ont porté atteinte aux droits humains. Je cite l’ordonnance : « les évènements passés et récents ».
C’est assez vague ! Vous allez remonter plusieurs décennies en arrière ?
C’est à la commission de déterminer, de donner des bornes !
Avez-vous consulté des Ivoiriens pour déterminer ces bornes justement ?
Nous sommes en phase de consultation. Nous n’allons pas écrire l’histoire tout seuls. C’est une histoire nationale et la nation appartient aux Ivoiriens.
Le président, Alassane Ouattara, va installer cette commission le 28 septembre. Mais vous allez tout de même enquêter sur les crimes et les massacres commis par les Frci à Duékoué et à Abidjan ?
Personne n’est exclu ! Il s’agit d’aller vers une réconciliation nationale. La réconciliation ne peut pas être univoque. On ne se réconcilie pas avec soi-même, même s’il faut avoir le cœur en paix pour aller vers la réconciliation.
Mais, est-ce que votre commission sait d’ores et déjà si elle se limitera au deuxième couteau ou si elle a l’ambition d’interroger les acteurs de premier plan ?
C’est quoi le deuxième couteau ! On n’est pas dans ce schéma. La crise a été grave et tous les acteurs, tous ceux qui ont subi les affres de cette crise et tous ceux qui seront reconnus comme ayant participé…
A quelque niveau que ce soit ?
Je dis tous, T.O.U.S. (il épelle, ndlr) devront s’expliquer devant la commission. Entendons-nous bien : nous ne sommes pas une commission pour sanctionner qui que ce soit, au sens judiciaire du terme. Nous sommes une commission pour mettre en exergue tous les actes inadmissibles qui ont été commis par les uns et les autres.
Faut-il encore que tout le monde souhaite y participer. Or, les dirigeants du Fpi, qui ne s’opposent pas à la réconciliation, souhaitent au préalable que Laurent Gbagbo soit libéré. C’est tout de même un obstacle, non ?
Non, il n’y a pas d’obstacle. Rien du tout ! Je ne vois rien en termes d’obstacle. A mon sens, la réconciliation ne s’accommode pas de préalables. On a des préoccupations. Ces préoccupations, dans la liberté d’expression, les gens peuvent l’exprimer librement ! Ça dépend de l’opinion publique qui exprime des préoccupations inverses. Notre rôle, c’est de ramener tout ça au milieu.
Si les gens ne veulent pas jouer le jeu de la réconciliation, cela va compliquer votre tâche ?
La tâche est déjà compliquée en elle-même, mais, je n’ai pas eu ce sentiment-là. S’il n’y a pas de réconciliation, on continue la guerre. Les Ivoiriens ne vont pas donner ce sentiment. A nous, maintenant, de jouer sur les poches de résistances parce qu’il va en avoir !
Vous avez dit, sur Rfi, au lendemain de votre nomination, que vous n’envisagiez en aucun cas de vous substituer aux tribunaux et aux cours de justice de Côte d’Ivoire. Mais, en Afrique du Sud, ceux qui ont joué le jeu de la commission Vérité et réconciliation ont été amnistiés. Vous prenez donc vos distances par rapport à cette option sud-africaine qui a pourtant fonctionné ?
Mon expérience dans ces affaires-là montre qu’il n’y a pas de prêt-à-porter. Il y a des choix qui ont été faits en Afrique du Sud. Ces choix-là correspondent à la spécificité des questions sud-africaines. Avouez que ce n’est pas tout-à-fait la même chose ! A partir de là, on peut comprendre que nous n’ayant pas choisi amnistie contre aveu, nous ne sommes pas juges ! Vous avez vu qu’il n’y a pas un seul magistrat dans la commission. C’est un choix politique. Le système que la commission va conduire, ce sera : “ ni impunité, ni vengeance’’. La difficulté, c’est de ramener tout ça au milieu. Au milieu, il y a le pardon. Et, c’est Desmond Tutu qui a dit : « Il n’y a pas d’avenir, ni société sans pardon ».
Les élections législatives prévues en décembre ne risquent-elles pas de raviver des tensions en esprit de compétition et donc de compromettre les premiers travaux de votre commission ?
Oui ! Vous avez peut-être raison ! Même en période de paix, les élections en Afrique sont toujours source de conflits. J’espère tout simplement que l’expérience malheureuse que nous avons connue, la guerre que nous avons subie va amener les Ivoiriens à un peu plus de sagesse et que les questions qui vont se poser après les élections ne vont pas en rajouter à la question de la réconciliation qui, en elle-même, est déjà très compliquée. Je ne peux rien affirmer. Je souhaite !
Didier Drogba n’a pas pu assister à la présentation des membres de votre commission le 5 septembre dernier. Sera-t-il présent le 28 septembre pour l’installation de la commission ?
En tout cas, je vais tout faire pour. Je vais me rendre à Londres, si j’obtiens un visa. Je vais aller le voir, on va en discuter. Je crois que les Ivoiriens seront très heureux de le voir avec nous. Ce jour-là.
Il faut qu’il s’engage. Ce n’est pas qu’un coup médiatique, ce n’est pas qu’une mascotte ?
Non ! Ce n’est pas un coup médiatique. Encore qu’il ne faut pas négliger cela. C’est une icône ! C’est une personnalité ivoirienne qui est reconnue et acceptée comme telle, par les Ivoiriens, non seulement de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur. Nous avons besoin d’un représentant des Ivoiriens de l’extérieur et, autour de lui, autour de son nom, nous avons recueilli pas mal d’adhésion. J’en suis satisfait.
Propos recueillis sur Rfi par MAE
Votre commission a une feuille de route claire. Vous avez une date-butoir. Vous savez exactement sur quelle phase de l’histoire de la Côte d’Ivoire vous allez vous pencher ?
La commission est chargée de faire la typologie de tous les évènements qui ont porté atteinte aux droits humains. Je cite l’ordonnance : « les évènements passés et récents ».
C’est assez vague ! Vous allez remonter plusieurs décennies en arrière ?
C’est à la commission de déterminer, de donner des bornes !
Avez-vous consulté des Ivoiriens pour déterminer ces bornes justement ?
Nous sommes en phase de consultation. Nous n’allons pas écrire l’histoire tout seuls. C’est une histoire nationale et la nation appartient aux Ivoiriens.
Le président, Alassane Ouattara, va installer cette commission le 28 septembre. Mais vous allez tout de même enquêter sur les crimes et les massacres commis par les Frci à Duékoué et à Abidjan ?
Personne n’est exclu ! Il s’agit d’aller vers une réconciliation nationale. La réconciliation ne peut pas être univoque. On ne se réconcilie pas avec soi-même, même s’il faut avoir le cœur en paix pour aller vers la réconciliation.
Mais, est-ce que votre commission sait d’ores et déjà si elle se limitera au deuxième couteau ou si elle a l’ambition d’interroger les acteurs de premier plan ?
C’est quoi le deuxième couteau ! On n’est pas dans ce schéma. La crise a été grave et tous les acteurs, tous ceux qui ont subi les affres de cette crise et tous ceux qui seront reconnus comme ayant participé…
A quelque niveau que ce soit ?
Je dis tous, T.O.U.S. (il épelle, ndlr) devront s’expliquer devant la commission. Entendons-nous bien : nous ne sommes pas une commission pour sanctionner qui que ce soit, au sens judiciaire du terme. Nous sommes une commission pour mettre en exergue tous les actes inadmissibles qui ont été commis par les uns et les autres.
Faut-il encore que tout le monde souhaite y participer. Or, les dirigeants du Fpi, qui ne s’opposent pas à la réconciliation, souhaitent au préalable que Laurent Gbagbo soit libéré. C’est tout de même un obstacle, non ?
Non, il n’y a pas d’obstacle. Rien du tout ! Je ne vois rien en termes d’obstacle. A mon sens, la réconciliation ne s’accommode pas de préalables. On a des préoccupations. Ces préoccupations, dans la liberté d’expression, les gens peuvent l’exprimer librement ! Ça dépend de l’opinion publique qui exprime des préoccupations inverses. Notre rôle, c’est de ramener tout ça au milieu.
Si les gens ne veulent pas jouer le jeu de la réconciliation, cela va compliquer votre tâche ?
La tâche est déjà compliquée en elle-même, mais, je n’ai pas eu ce sentiment-là. S’il n’y a pas de réconciliation, on continue la guerre. Les Ivoiriens ne vont pas donner ce sentiment. A nous, maintenant, de jouer sur les poches de résistances parce qu’il va en avoir !
Vous avez dit, sur Rfi, au lendemain de votre nomination, que vous n’envisagiez en aucun cas de vous substituer aux tribunaux et aux cours de justice de Côte d’Ivoire. Mais, en Afrique du Sud, ceux qui ont joué le jeu de la commission Vérité et réconciliation ont été amnistiés. Vous prenez donc vos distances par rapport à cette option sud-africaine qui a pourtant fonctionné ?
Mon expérience dans ces affaires-là montre qu’il n’y a pas de prêt-à-porter. Il y a des choix qui ont été faits en Afrique du Sud. Ces choix-là correspondent à la spécificité des questions sud-africaines. Avouez que ce n’est pas tout-à-fait la même chose ! A partir de là, on peut comprendre que nous n’ayant pas choisi amnistie contre aveu, nous ne sommes pas juges ! Vous avez vu qu’il n’y a pas un seul magistrat dans la commission. C’est un choix politique. Le système que la commission va conduire, ce sera : “ ni impunité, ni vengeance’’. La difficulté, c’est de ramener tout ça au milieu. Au milieu, il y a le pardon. Et, c’est Desmond Tutu qui a dit : « Il n’y a pas d’avenir, ni société sans pardon ».
Les élections législatives prévues en décembre ne risquent-elles pas de raviver des tensions en esprit de compétition et donc de compromettre les premiers travaux de votre commission ?
Oui ! Vous avez peut-être raison ! Même en période de paix, les élections en Afrique sont toujours source de conflits. J’espère tout simplement que l’expérience malheureuse que nous avons connue, la guerre que nous avons subie va amener les Ivoiriens à un peu plus de sagesse et que les questions qui vont se poser après les élections ne vont pas en rajouter à la question de la réconciliation qui, en elle-même, est déjà très compliquée. Je ne peux rien affirmer. Je souhaite !
Didier Drogba n’a pas pu assister à la présentation des membres de votre commission le 5 septembre dernier. Sera-t-il présent le 28 septembre pour l’installation de la commission ?
En tout cas, je vais tout faire pour. Je vais me rendre à Londres, si j’obtiens un visa. Je vais aller le voir, on va en discuter. Je crois que les Ivoiriens seront très heureux de le voir avec nous. Ce jour-là.
Il faut qu’il s’engage. Ce n’est pas qu’un coup médiatique, ce n’est pas qu’une mascotte ?
Non ! Ce n’est pas un coup médiatique. Encore qu’il ne faut pas négliger cela. C’est une icône ! C’est une personnalité ivoirienne qui est reconnue et acceptée comme telle, par les Ivoiriens, non seulement de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur. Nous avons besoin d’un représentant des Ivoiriens de l’extérieur et, autour de lui, autour de son nom, nous avons recueilli pas mal d’adhésion. J’en suis satisfait.
Propos recueillis sur Rfi par MAE