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Sport Publié le samedi 17 septembre 2011 | Nord-Sud

Aboubacar Sharaf (ex-arbitre international) : “Il y a des arbitres qui n’ont pas le niveau…”

A la retraite depuis 2008, l’ex-arbitre international n’a pas quitté le monde du football. Devenu commissaire au match, Aboubacar Sharaf trouve que le niveau a baissé et affirme vouloir mettre sa grande expérience au service des jeunes arbitres. Le nouveau patron du football ivoirien, Sidy Diallo, s’appuiera-t-il sur lui pour donner un nouveau souffle à l’arbitrage ivoirien ?



Que devenez-vous depuis votre retraite sportive ?
Juste après ma retraite, je me suis reposé. Un arbitre n’a pas de repos du début à la fin de sa carrière. Il combine les compétitions aussi bien sur le plan local que sur le plan international surtout que les programmations ne sont pas coordonnées. En même temps qu’un championnat local s’achève, un autre démarre au plan international. Personnellement, je n’ai jamais eu de repos. Juste après ma retraite, je me suis reposé durant une année. Après, je suis devenu commissaire au match. Cela, dans le but d’aider les jeunes et la Fédération ivoirienne de football.

Etre commissaire au match est-il aussi exaltant qu’être arbitre ?
Je dirais oui. Pour celui qui a été arbitre de haut niveau comme moi, c’est une continuité. Mais il y a une particularité. Lorsqu’on est commissaire au match, il y a deux activités que nous menons.

Lesquelles ?
Commissaire au match en tant que représentant de la FIF, de l’UFOA ou de la CAF et l’autre volet est technique. Nous sommes obligés de faire ces deux boulots en même temps et cela prend beaucoup de temps. Maintenant, par rapport à l’activité de l’arbitre, il y a une grande différence avec celle de commissaire au match.

Quelle est la différence entre un arbitre et un commissaire au match ?
Sur le plan technique, le commissaire au match n’a plus l’obligation de s’entraîner chaque jour. En revanche, il se plonge plus dans la documentation. Il faut con­naître les textes régissant les compétitions, l’arbitrage et la FIF. Il faut maîtriser tous les textes. Si vous remarquez, chaque fois qu’il y a un problème d’arbitrage, c’est vers le commissaire au match qu’on se tourne.

Le métier nourrit-il son homme ?
Non. L’arbitrage nourrit son homme lorsqu’on arbitre à un niveau élevé comme je l’ai fait. Vous êtes sollicité chaque fois par la FIF, la CAF, la FIFA… Pour vivre de l’arbitrage, il faut atteindre un certain niveau. Au niveau local, l’arbitre n’a rien. C’est à ce niveau qu’il doit bien se former. En ce qui concerne le commissaire au match, il donne juste un coup de main à la fédération et aux arbitres. A la fin, il critique le match réalisé par l’arbitre. Ça ne nourrit pas son homme.

Comment jugez-vous le niveau de l’arbitrage ivoirien depuis votre retraite ?
C’est difficile de juger… Les arbitres ont un problème. Ils ont un déficit de formation car nos formations locales sont programmées par la CAF et la FIFA. Au plan local, rien n’est fait. Les Commissions régionales d’arbitrage ont normalement une série de formations dans l’année. Mais cette série de formations ne doit pas remplacer celle qui devrait être organisée par la FIF. Tout cela fait que le niveau a baissé. A telle enseigne qu’il y a seulement deux ou trois arbitres qui émergent du lot. Les autres évoluent sans pression, sans concurrence. Même quand l’arbitrage de certains est mauvais, ils sont reprogrammés pour le week-end suivant. Il faut repenser l’arbitrage ivoirien.

Y a-t-il d’autres problèmes rencontrés dans l’arbitrage ivoirien ?
La base fondamentale reste la formation. Si elle est bien faite, la sélection sera facile. En Ligue 2, il y a de sérieux problèmes. Je suis gêné car c’est ma corporation et rien n’est fait. Sincèrement, il y a des arbitres en Ligue 2 qui n’ont pas le niveau. Il faut trouver des gens qui ont eu un passé glorieux sur le terrain, des gens qui s’y connaissent, que de ramener des amis ou des frères pour gérer l’arbitrage. La campagne vient de se terminer et vous avez vu qu’il y a des milliards en jeu. Un arbitre ne peut pas avec un simple coup de sifflet gâcher tout le travail fait par les clubs. Il faut mettre un accent particulier sur la formation des arbitres.

Avec l’arrivée de Sidy Diallo à la FIF, pensez-vous que les choses vont changer dans le bon sens ?
Ah, oui. Augustin Sidy Diallo accorde une importance particulière à l’arbitrage et lorsqu’il aborde le sujet, il parle de la formation des formateurs. Quand vous regardez les arbitres, ils ne sont pas formés. Les formateurs ne sont pas connus… Je suis instructeur CAF et FIFA. Il y en a d’autres qu’on n’utilise pas assez. Bema Doumbia, Sinko Zéli ne sont pas utilisés au profit des jeunes arbitres. Il n’y a que la CAF et la FIFA qui leur fait appel. Sur le plan local, ils ne sont utilisés. A aucun moment la FIF n’a organisé un séminaire. Depuis deux, trois ans, personne ne sait que je suis instructeur FIFA par exemple. Très souvent, au lieu de rester à la maison, nous sommes dans les gradins pour prendre des notes et aider nos cadets à avancer. Mais cela, nous le faisons volontairement. Ce n’est pas payer. La FIF peut organiser cela autrement. Le programme de Sidy Diallo est édifiant. J’ai eu la chance de travailler avec lui. C’est le meilleur choix. L’élection est terminée. Il faut maintenant passer à l’action.

Et si Sidy Diallo vous donnait l’occasion de diriger la Commission centrale des arbitres, quelles actions majeures entreprendrez-vous ?
Merci pour cette question. Au départ je n’y pensais pas. Mais progressivement je me suis dit pourquoi pas. J’ai eu une carrière intéressante et me donner ce challenge serait pour moi une continuité dans l’action. Croyez-moi, je ne cracherai pas là-dessus. J’ai déjà un programme alléchant où j’ai envie d’aider les jeunes. Nous sommes plus de 1.500 arbitres en Côte d’Ivoire avec 25 Commissions régionales dans le pays. Il faut les organiser. Nous avons trois amicales d’arbitres (Amicales des arbitres, Amicales des conférences de CRA et l’Amicale des anciens arbitres). Il faut les fédérer. Cela, pour éviter la division. Il faut ramener tout le monde à la table et travailler. Si cette chance m’est donnée, ce sera mon premier chantier. Unifier la corporation car il y a trop de clans. Or, parmi ceux qu’on exclu il y a de la compétence. Aujourd’hui, dans l’arbitrage, il y a des professeurs, des médecins, des pharmaciens…. Il faut donc que la formation suive. Le Mondial junior vient de s’achever au Mexique. Il y a eu un arbitre ivoirien là-bas mais nous n’en parlons pas assez. Lors de la dernière journée des éliminatoires CAN 2012 au Sénégal pour Sénégal-RD Congo, c’est un arbitre ivoirien qui a été désigné. Pareil à Lomé pour Togo-Botswana. Cela signifie que la CAF nous sollicite. Mais derrière, il faut que nous fassions notre autocritique. Je mettrai l’accent là-dessus afin de redonner vie à l’arbitrage ivoirien.


Entretien réalisé par Guy-Florentin Yaméogo
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