Le Président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, le Premier ministre Charles Konan Banny a invité tous les Ivoiriens à s’engager dans la voie de la réconciliation pour reconstruire le pays.
RFI : Votre Commission à une feuille de route claire, vous avez une date butoir, savez-vous exactement sur quelle phase de l’histoire de Côte d’Ivoire vous allez vous plancher ?
Charles Konan Banny : La Commission est chargée de faire la typologie de tous les évènements qui ont porté atteinte aux droits humains, aux évènements passés et récents.
RFI : Est-ce à dire que vous allez vous intéresser à des décennies en arrière ?
CKB : C’est à la Commission de déterminer, de mettre des bornes.
RFI : Vous allez consulter les Ivoiriens pour déterminer ces bornes?
CKB : Nous sommes en phase de consultation. Nous n’allons pas écrire l’histoire tout seul. C’est une histoire nationale et la nation appartient aux Ivoiriens.
RFI : Monsieur le président, Alassane Ouattara va installer cette commission le 28 septembre, mais vous allez tout de même enquêter sur les crimes et les massacres commis par les FRCI à Duekoué et à Abidjan ?
CKB : Personne n’est exclu. Il s’agit d’aller vers une réconciliation nationale. La réconciliation ne peut pas être univoque. On ne se réconcilie pas avec soi- même, s’il faut avoir des dispositions pour aller vers la réconciliation.
RFI : Est-ce votre commission sait déjà si elle se limitera aux seconds couteaux ou si elle a l’intention d’interroger les acteurs de premier plan ?
CKB : C’est quoi les seconds couteaux. Nous ne sommes pas dans ce schéma. La crise a été grave. Tous les acteurs, tous ceux qui ont subi les affres de cette crise et tous ceux qui sont reconnus comme ayant participé, à quelque niveau que ce soit, devront s’expliquer devant la commission. Entendons-nous bien. Nous ne sommes pas une commission pour sanctionner qui que se soit, au sens judiciaire du thème. Nous sommes une commission pour mettre en exergue tous les actes inadmissibles qui ont été commis par les uns et les autres.
RFI : Faut-il encore que tout le monde souhaite participer. Les dirigeants du FPI qui ne s’opposent pas à la réconciliation souhaitent au préalable que Laurent Gbagbo soit libéré. N’est-ce pas tout de même un obstacle?
CKB : Nous ne voyons pas d’obstacle. A mon sens, en réconciliation on ne s’accommode pas de préalable, on a des préoccupations. Ces préoccupations, avec la liberté d’expression, les gens peuvent l’exprimer. Il est important que l’opinion publique exprime les préoccupations des uns et des autres. Nous, notre rôle, c’est de ramener tout cela au milieu.
RFI : Si les gens ne veulent pas jouer le rôle de la réconciliation, cela va tout de même compliquer votre tâche ?
CKB : S’il n’y a pas de réconciliation, on continue la guerre. Les Ivoiriens ne m’ont pas donné ce sentiment.
RFI : Vous avez dit sur RFI au lendemain de votre nomination que vous n’envisagez en aucun cas de vous substituer aux tribunaux et aux cours de justice de Côte d’Ivoire. Mais en Afrique du sud, ceux qui ont joué le jeu de la commission vérité et réconciliation ont été amnistiés. Vous prenez donc votre distance par rapport à cette option qui a pourtant fonctionné.
CKB : Vous voyez vous-même que dans ces affaires là, il n’y pas de prêt-à-porter. Il y a des choix qui ont été faits en Afrique du sud. Ces choix correspondent à la spécificité de la question sud africaine. A partir de là, on peut comprendre qu’ils ont choisi amnistie contre aveu. C’est un choix politique. Le système que nous allons conduire, ce sera ni impunité, ni vengeance. La difficulté est de ramener tout cela au milieu. Au milieu, il y a quoi? Au milieu, il y a le pardon. Et c’est Desmond Tutu qui dit qu’ il n’y a pas d’avenir d’une société sans pardon. C’est cela qui nous inspire.
RFI : Les élections législatives annoncées pour le mois de décembre ne risquent-elles pas de raviver des tensions qui pourraient compromettre les premiers travaux de votre commission?
CKB : Vous avez peut-être raison. Même en période de paix, les élections en Afrique sont toujours source de conflit. J’espère tout simplement que la guerre que nous avons vécue va amener les Ivoiriens à un peu plus de sagesse. Je ne peux rien affirmer, je le souhaite.
RFI : Didier Drogba n’a pas pu assister à la présentation de votre commission le 5 septembre, est-ce qu’il sera présent le 28 septembre pour l’installation de la commission?
CKB : Je vais me rendre à Londres, nous allons en discuter. Les Ivoiriens seront très heureux de le voir avec nous, ce jour là.
RFI : C’est n’est pas qu’un coup médiatique, il n’est pas juste une simple mascotte ?
CKB : Non ce n’est pas un coup médiatique encore que vous savez, il ne faut pas négliger cela. C’est une icône. Autour de lui, autour de son nom, nous avons recueilli pas mal d’adhésions. Moi, j’en suis satisfait.
Recueilli par Thiery Latt
RFI : Votre Commission à une feuille de route claire, vous avez une date butoir, savez-vous exactement sur quelle phase de l’histoire de Côte d’Ivoire vous allez vous plancher ?
Charles Konan Banny : La Commission est chargée de faire la typologie de tous les évènements qui ont porté atteinte aux droits humains, aux évènements passés et récents.
RFI : Est-ce à dire que vous allez vous intéresser à des décennies en arrière ?
CKB : C’est à la Commission de déterminer, de mettre des bornes.
RFI : Vous allez consulter les Ivoiriens pour déterminer ces bornes?
CKB : Nous sommes en phase de consultation. Nous n’allons pas écrire l’histoire tout seul. C’est une histoire nationale et la nation appartient aux Ivoiriens.
RFI : Monsieur le président, Alassane Ouattara va installer cette commission le 28 septembre, mais vous allez tout de même enquêter sur les crimes et les massacres commis par les FRCI à Duekoué et à Abidjan ?
CKB : Personne n’est exclu. Il s’agit d’aller vers une réconciliation nationale. La réconciliation ne peut pas être univoque. On ne se réconcilie pas avec soi- même, s’il faut avoir des dispositions pour aller vers la réconciliation.
RFI : Est-ce votre commission sait déjà si elle se limitera aux seconds couteaux ou si elle a l’intention d’interroger les acteurs de premier plan ?
CKB : C’est quoi les seconds couteaux. Nous ne sommes pas dans ce schéma. La crise a été grave. Tous les acteurs, tous ceux qui ont subi les affres de cette crise et tous ceux qui sont reconnus comme ayant participé, à quelque niveau que ce soit, devront s’expliquer devant la commission. Entendons-nous bien. Nous ne sommes pas une commission pour sanctionner qui que se soit, au sens judiciaire du thème. Nous sommes une commission pour mettre en exergue tous les actes inadmissibles qui ont été commis par les uns et les autres.
RFI : Faut-il encore que tout le monde souhaite participer. Les dirigeants du FPI qui ne s’opposent pas à la réconciliation souhaitent au préalable que Laurent Gbagbo soit libéré. N’est-ce pas tout de même un obstacle?
CKB : Nous ne voyons pas d’obstacle. A mon sens, en réconciliation on ne s’accommode pas de préalable, on a des préoccupations. Ces préoccupations, avec la liberté d’expression, les gens peuvent l’exprimer. Il est important que l’opinion publique exprime les préoccupations des uns et des autres. Nous, notre rôle, c’est de ramener tout cela au milieu.
RFI : Si les gens ne veulent pas jouer le rôle de la réconciliation, cela va tout de même compliquer votre tâche ?
CKB : S’il n’y a pas de réconciliation, on continue la guerre. Les Ivoiriens ne m’ont pas donné ce sentiment.
RFI : Vous avez dit sur RFI au lendemain de votre nomination que vous n’envisagez en aucun cas de vous substituer aux tribunaux et aux cours de justice de Côte d’Ivoire. Mais en Afrique du sud, ceux qui ont joué le jeu de la commission vérité et réconciliation ont été amnistiés. Vous prenez donc votre distance par rapport à cette option qui a pourtant fonctionné.
CKB : Vous voyez vous-même que dans ces affaires là, il n’y pas de prêt-à-porter. Il y a des choix qui ont été faits en Afrique du sud. Ces choix correspondent à la spécificité de la question sud africaine. A partir de là, on peut comprendre qu’ils ont choisi amnistie contre aveu. C’est un choix politique. Le système que nous allons conduire, ce sera ni impunité, ni vengeance. La difficulté est de ramener tout cela au milieu. Au milieu, il y a quoi? Au milieu, il y a le pardon. Et c’est Desmond Tutu qui dit qu’ il n’y a pas d’avenir d’une société sans pardon. C’est cela qui nous inspire.
RFI : Les élections législatives annoncées pour le mois de décembre ne risquent-elles pas de raviver des tensions qui pourraient compromettre les premiers travaux de votre commission?
CKB : Vous avez peut-être raison. Même en période de paix, les élections en Afrique sont toujours source de conflit. J’espère tout simplement que la guerre que nous avons vécue va amener les Ivoiriens à un peu plus de sagesse. Je ne peux rien affirmer, je le souhaite.
RFI : Didier Drogba n’a pas pu assister à la présentation de votre commission le 5 septembre, est-ce qu’il sera présent le 28 septembre pour l’installation de la commission?
CKB : Je vais me rendre à Londres, nous allons en discuter. Les Ivoiriens seront très heureux de le voir avec nous, ce jour là.
RFI : C’est n’est pas qu’un coup médiatique, il n’est pas juste une simple mascotte ?
CKB : Non ce n’est pas un coup médiatique encore que vous savez, il ne faut pas négliger cela. C’est une icône. Autour de lui, autour de son nom, nous avons recueilli pas mal d’adhésions. Moi, j’en suis satisfait.
Recueilli par Thiery Latt