Quelle que soit la nature du pouvoir, nous devons renouer avec la lutte pour renverser la situation (…) Dès l’instant où les Ivoiriens ont été incapables de dépassement, et qu’ils sont allés à la guerre, tous les coups, même les plus irréguliers étaient permis. Dès lors, il nous faut sortir de l’imbroglio politique par la politique. Tous étant coupables, il faut amnistier tous les faits pendant la période de guerre». Dans une interview accordée hier à un confrère de la place, Michel Amani N’guessan, ministre de la Défense sous Gbagbo, s’illustre à la fois par la menace et l’absence totale de remords. Deux qualités propres aux refondateurs.
Actuellement secrétaire général adjoint chargé des questions sécuritaires au Front populaire ivoirien (Fpi), dirigé par le député Miaka Ouréto, l’ancien ministre qui a animé tranquillement un meeting une semaine plus tôt à Koumassi, accuse tout aussi tranquillement. «Aujourd’hui, raconte-t-il, la terreur qui s’installe dans le pays, justifie que plusieurs de nos camarades, par crainte des exactions soient sortis du pays. Mais je voudrais vous dire qu’il y va l’histoire des hommes et des sociétés. La terreur n’a jamais eu raison des idées progressistes (…) L’exil a pour effet de former à la lutte». Que lui, l’ancien ministre des Armées, soit à Abidjan sans être inquiété après la défaite militaire de son patron, n’est-ce pas la preuve que ceux qui sont sortis l’ont fait de leur propre gré ou qu’ils ont quelque chose à se reprocher ?
Justifier l’injustifiable
Amani N’guessan n’a pas l’honnêteté politique d’explorer cette piste. Avec l’indifférence d’un tueur à gages, il justifie les charniers découverts au lendemain de la crise postélectorale. Lui qui «vit mal» la simple mise en résidence surveillée de Gbagbo, trouve normal que des militants qui marchaient en mars 2010 pour que soit respecté le verdict des urnes, aient été sauvagement abattus à l’arme de guerre par les soldats pro-Gbagbo. «Parlant des charniers, rappelons que des gendarmes de Bouaké, des femmes d’Adjanou de Sakassou, ont été assassinés (…) Aujourd’hui, on parle des femmes d’Abobo sans parler de ces femmes de Sakassou», se défend-il. Ainsi donc, le Fpi a commis des crimes en 2004, 2005, 2011, parce que des exactions commises par d’autres en 2002 n’ont pas été jugées. Pendant dix longues années, Amani Nguessan et ses compagnons se sont donc armés avec l’agent public, ont pillé les ressources de l’Etat, ont multiplié les assassinats (3000 militants en 2011, 500 militants en 2004, les journalistes Guy André Kieffer en 2004 et Jean Hélène en 2003….) en réponse à l’amnistie dont ont bénéficié les auteurs de 2002, une amnistie décrétée par Gbagbo lui-même et qui effaçait les crimes dans les deux camps, ex-loyalistes et ex-rebelles. Moralement révoltante, politiquement ridicule, cette position révèle le sens de l’Etat des refondateurs, explique pourquoi ils ne sont jamais crus responsables de rien. D’ailleurs, c’est à peine si Amani N’guessan ne réclame pas une médaille de chevalier d’honneur pour son soldat qu’il avait envoyé aux Etats Unis pour acheter des armes qui devaient servir à mater les aspirations démocratiques du peuple ivoirien. En tout cas, enjambant la mémoire de tous les morts et disparus de la crise postélectorale, le compagnon de Gbagbo réclame du nouveau gouvernement qu’il défende ce colonel Yao N’guesan arrêté aux Usa pour détention illégale d’armes, peu avant la préparation du braquage électoral de décembre 2010 en Côte d’Ivoire.
Changeront-ils, ces refondateurs ?
Fidèle à l’esprit d’opposant gâté, le Fpi, à entendre Amani N’guessan, veut aller aux législatives. Mais comme tout bébé gâté, il veut y aller à ses propres conditions. C’est-à-dire que le gouvernement doit revoir de fond en comble la composition de la commission centrale de la Commission Electorale Indépendante (Cei). Tout simplement parce que le Fpi y est minoritaire avec 4 représentants sur les 31 qui «sont favorables au pouvoir». Au pouvoir, ils ont fait ce qu’ils voulaient. Dans l’opposition, ils veulent encore faire ce qu’ils veulent. Les refondateurs changeront-ils un jour ? La faute au président Alassane Ouattara, de les avoir laissés libres de leurs actions ? Plus ils parlent, les anciens compagnons de Laurent Gbagbo qui l’ont conduit dans l’abîme et provoqué la plus sévère crise que le pays ait connue depuis 50 années de son existence, agacent. Et ils pourraient finir par donner raison à cette frange des Ivoiriens qui estiment que les amis de l’ancien président devraient connaitre un sort plus sévère.
Benoit HILI
Actuellement secrétaire général adjoint chargé des questions sécuritaires au Front populaire ivoirien (Fpi), dirigé par le député Miaka Ouréto, l’ancien ministre qui a animé tranquillement un meeting une semaine plus tôt à Koumassi, accuse tout aussi tranquillement. «Aujourd’hui, raconte-t-il, la terreur qui s’installe dans le pays, justifie que plusieurs de nos camarades, par crainte des exactions soient sortis du pays. Mais je voudrais vous dire qu’il y va l’histoire des hommes et des sociétés. La terreur n’a jamais eu raison des idées progressistes (…) L’exil a pour effet de former à la lutte». Que lui, l’ancien ministre des Armées, soit à Abidjan sans être inquiété après la défaite militaire de son patron, n’est-ce pas la preuve que ceux qui sont sortis l’ont fait de leur propre gré ou qu’ils ont quelque chose à se reprocher ?
Justifier l’injustifiable
Amani N’guessan n’a pas l’honnêteté politique d’explorer cette piste. Avec l’indifférence d’un tueur à gages, il justifie les charniers découverts au lendemain de la crise postélectorale. Lui qui «vit mal» la simple mise en résidence surveillée de Gbagbo, trouve normal que des militants qui marchaient en mars 2010 pour que soit respecté le verdict des urnes, aient été sauvagement abattus à l’arme de guerre par les soldats pro-Gbagbo. «Parlant des charniers, rappelons que des gendarmes de Bouaké, des femmes d’Adjanou de Sakassou, ont été assassinés (…) Aujourd’hui, on parle des femmes d’Abobo sans parler de ces femmes de Sakassou», se défend-il. Ainsi donc, le Fpi a commis des crimes en 2004, 2005, 2011, parce que des exactions commises par d’autres en 2002 n’ont pas été jugées. Pendant dix longues années, Amani Nguessan et ses compagnons se sont donc armés avec l’agent public, ont pillé les ressources de l’Etat, ont multiplié les assassinats (3000 militants en 2011, 500 militants en 2004, les journalistes Guy André Kieffer en 2004 et Jean Hélène en 2003….) en réponse à l’amnistie dont ont bénéficié les auteurs de 2002, une amnistie décrétée par Gbagbo lui-même et qui effaçait les crimes dans les deux camps, ex-loyalistes et ex-rebelles. Moralement révoltante, politiquement ridicule, cette position révèle le sens de l’Etat des refondateurs, explique pourquoi ils ne sont jamais crus responsables de rien. D’ailleurs, c’est à peine si Amani N’guessan ne réclame pas une médaille de chevalier d’honneur pour son soldat qu’il avait envoyé aux Etats Unis pour acheter des armes qui devaient servir à mater les aspirations démocratiques du peuple ivoirien. En tout cas, enjambant la mémoire de tous les morts et disparus de la crise postélectorale, le compagnon de Gbagbo réclame du nouveau gouvernement qu’il défende ce colonel Yao N’guesan arrêté aux Usa pour détention illégale d’armes, peu avant la préparation du braquage électoral de décembre 2010 en Côte d’Ivoire.
Changeront-ils, ces refondateurs ?
Fidèle à l’esprit d’opposant gâté, le Fpi, à entendre Amani N’guessan, veut aller aux législatives. Mais comme tout bébé gâté, il veut y aller à ses propres conditions. C’est-à-dire que le gouvernement doit revoir de fond en comble la composition de la commission centrale de la Commission Electorale Indépendante (Cei). Tout simplement parce que le Fpi y est minoritaire avec 4 représentants sur les 31 qui «sont favorables au pouvoir». Au pouvoir, ils ont fait ce qu’ils voulaient. Dans l’opposition, ils veulent encore faire ce qu’ils veulent. Les refondateurs changeront-ils un jour ? La faute au président Alassane Ouattara, de les avoir laissés libres de leurs actions ? Plus ils parlent, les anciens compagnons de Laurent Gbagbo qui l’ont conduit dans l’abîme et provoqué la plus sévère crise que le pays ait connue depuis 50 années de son existence, agacent. Et ils pourraient finir par donner raison à cette frange des Ivoiriens qui estiment que les amis de l’ancien président devraient connaitre un sort plus sévère.
Benoit HILI