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Politique Publié le mercredi 28 septembre 2011 | Le Patriote

Visite d’Alassane Ouattara aux Etats Unis d’Amérique : Les Cinq leçons d’une offensive pour convaincre les Américains

© Le Patriote Par DR
International : 66ème Assemblée générale des Nations Unies, à New York
Ivory Coast`s President Alassane Ouattara addresses the 66th United Nations General Assembly at the U.N. headquarters in New York, September 22, 2011.
“Alassane Ouattara sur tous les fronts”, avions-nous écrit, à quelques heures du récent
séjour du chef de l’Etat aux Etats unis. Au terme de cette visite qu’il a entreprise du 19 au
24 septembre dernier, le Président de la République aura marqué de son empreinte cette
semaine où la communauté internationale avait les yeux rivés sur New York, siège des
Nations, pour l’ouverture des débats de la 66ème session de l’Assemblée générale ordinaire
de l’organisation.

Un séjour pas de tout repos pour un Président qui entend apporter des solutions concrètes à
son pays, qui veut sortir d’une longue crise qui a plombé tous ses efforts de développement. « C’est un rituel annuel, donc je suis content d’être là, pour participer à cette grande réunion.
Ce sera l’occasion de rencontrer, non seulement le Secrétaire général de l’Onu, Ban-Ki Moon, plusieurs Chefs d’Etat de pays amis pour discuter de la situation générale dans le monde. Et voir aussi ce qui peut être fait pour notre pays en ces temps de tourmente et de difficultés dans le monde », a-t-il dit dès son arrivée à New York. Pour notre pays, les retombées de ce voyage sont grandes.

Offensive diplomatique à l’ONU….

« La Côte d’Ivoire est de retour et la crise est derrière elle », n’a cessé de marteler le Président de la République. La tribune pour l’annoncer, était celle des Nations unies. Dans une allocution d’une vingtaine de minutes, Alassane Ouattara a parlé au Monde. D’abord pour
dire merci à la communauté internationale dont le soutien n’a pas fait défaut à la Côte d’Ivoire
durant la période de troubles, ensuite décliner devant elle sa matrice d’actions pour parvenir à la réconciliation nationale.

Le thème de la session, « le rôle de la médiation dans le règlement des litiges par des moyens pacifiques », était à propos, surtout, quelques jours seulement après la remise, à Paris, du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Le chef de l’Etat s’est engagé devant la communauté internationale à inscrire son action «dans la droite ligne de l’approche promue par cet infatigable apôtre du dialogue et de la Paix ».

La Côte d’Ivoire, a-t-il dit, est « entièrement disposée, comme par le passé, à promouvoir
sans relâche l’option de la négociation comme solution pour prévenir et régler les conflits
et garantir la paix, condition préalable à tout développement économique et social dans le
monde. La paix tant recherchée, même par les moyens appropriés de la concertation et du
dialogue, ne peut être possible sans un développement économique plus équilibré et plus juste de notre monde. »

Jusque-là, toutes les allocutions qui se sont succédé portaient sur la politique, la guerre
de positionnement entre bloc et la diplomatie d’influence. Ce fut un discours de rupture.
Il est rare, en effet, de voir un chef d’Etat à cette tribune des Nations unies se préoccuper
d’économie, de condition de vie de ses concitoyens, parler d’emplois, d’accès équitable à la
richesse, de transparence dans la gestion des affaires publiques.
Une allocution plutôt pragmatique que théorique. Tandis que la plupart des chefs d’Etat
africains ont excellé dans la loquacité creuse, se dressant, seulement, contre la puissance des pays occidentaux, les accusant de freiner le développement de leur Etat, le Président de la Côte d’Ivoire, lui, rappelle que l’Afrique devrait pourvoir aussi, et surtout savoir se remettre
en cause. « Il est donc urgent d’adopter un nouveau modèle de développement qui assure à
la population la satisfaction de ses besoins d’emploi, de sécurité et de justice », dira-t-il. La
tribune de l’ONU c’est, jusque-là, plutôt pour les joutes verbales, les prises de position sur les crises internationales…

Il en est de même de son intervention sur la crise libyenne lors de la rencontre de haut niveau consacrée à ce pays, le 20 septembre. S’adressant à ses pairs au cours de cette réunion, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a salué la mobilisation de la communauté internationale. Après avoir appelé les Nations unies à accompagner « efficacement » la sortie de crise, Alassane Ouattara a souhaité que la Mission d`appui des Nations unies en Libye (MANUL), réponde « rapidement aux préoccupations essentielles du peuple de Libye dans son combat vers la restauration de la sécurité, de la démocratie et d’une paix durable ». La Côte d’Ivoire, a dit ADO, réitère sa solidarité au peuple de Libye. « La situation en Libye a mis en évidence l’importance de la protection des populations civiles dans les situations de crise. C’est un impératif. En Côte d’Ivoire comme en Libye, grâce à l’engagement concerté et sans ambigüité de la communauté internationale pour la protection des civils, la volonté du peuple a prévalu et son aspiration légitime a été respectée », s’est réjoui le président de la république avant d’appeler les nouvelles autorités à favoriser « l’émergence de la démocratie qui veille au respect des droits de l’homme».

…et auprès de chefs d’Etat

Le chef de l’Etat ivoirien ne s’est pas contenté de parler à la tribune de l’Assemblée générale.
Alassane Ouattara a mis à profit son séjour en terre étasunienne pour rencontrer certains de
ses pairs afin d’échanger avec eux, soit sur les problèmes en Afrique de l’ouest, soit sur les
relations bilatérales ou commerciales à établir entre les pays.

«La Côte d’Ivoire nouvelle est en marche et pour son essor économique, elle a besoin de
toutes les ressources». C’est l‘appel qu’il a lancé au Président du Liban, président actuel
du Conseil de sécurité de l’ONU, dont plusieurs milliers de compatriotes opèrent dans
l’économie ivoirienne. « Je suis venu dire au Président du Liban que les choses se passent
bien. La situation est pacifique. Les Ivoiro-libanais participent de manière importante à l’essor
économique de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons que le Président libanais vienne nous
visiter. Et il a promis le faire dans les prochains mois », a indiqué le chef de l’Etat
Alassane Ouattara a aussi rendu visite à l’émir du Qatar, Sheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani.
Pays à l’économie prospère, le Qatar est membre de l`Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Mais, il est aussi le troisième producteur de gaz naturel du monde après l`Iran et la Russie et est devenu le premier exportateur de gaz naturel liquéfié. L’organisateur de la Coupe du Monde de football 2022, est cité en exemple dans la péninsule d’Arabie. La Côte d’Ivoire gagnerait beaucoup avec cet émirat dont les investissements dans le monde prennent du volume.

Avec son homologue du Nigeria, Goodluck Jonathan, le chef de l’Etat ivoirien a pris
l’habitude d’échanger régulièrement. La Côte d’Ivoire et la Nigeria sont les deux locomotives
de l’Afrique de l’Ouest. Avec 162 millions d’Habitants, le pays de Goodluck Jonathan, est
un grand marché de consommation, le plus peuplé d’Afrique. La coopération entre deux
présidents qui ont de l’ambition, ne peut qu’être profitable à leurs deux pays. Avec ce dernier,
il a été question de coopération bilatérale et aussi de la sous-région.

Le mardi 20 septembre, le Président de la République a échangé avec le président équato-
guinéen, Président en exercice de l’Union Africaine, Théodoro Obiang Nguema, pour parler
de l’axe Abidjan-Malabo. A sa sortie d’audience, ADO a fait le point : « Les relations entre
les deux pays sont excellentes. J’étais récemment à Malabo, pour le Sommet de l’Union
africaine. Et nous avons convenu de développer des relations de coopération. Ce fut un
Sommet de grandes réussites, tout le monde l’a remarqué, au cours duquel nous avons pris
des décisions importantes. Nous devons continuer dans cette voie. Je suis venu faire le point au Président de ce que nous pourrions faire ensemble, notamment dans le domaine agricole où nous pouvons apporter une bonne contribution à la Guinée-équatoriale. Et, bien entendu, dans le domaine pétrolier, où nous pourrons bénéficier de ses conseils et approfondir des relations plus étroites. L’axe Abidjan-Malabo se porte donc très bien : Nous y avons une ambassade, également organisé toute une série de possibilités de coopération. Et je suis très heureux d’avoir eu cette rencontre avec le Président, mon frère ». Bien avant, le chef de l’Etat avait eu un entretien aussi enrichissant avec son homologue gabonais, Ali Bongo Ondimba.

Pour plus d’investissements

En outre, Alassane Ouattara a eu un tête-à-tête avec Mme Obiageli Ezekwesili, vice-
présidente pour l’Afrique de la Banque mondiale. Alors que notre pays vient de bénéficier
de la part de cette institution de près de deux cent millions de dollars pour soutenir son
redécollage, Mme Obiageli a fait avec ADO le tour d’horizon des secteurs prioritaires
comme l’énergie, le cacao et le soutien au secteur privé « pour redonner au pays son rôle de
moteur dans la sous région ». Elle a surtout insisté auprès du Président Ouattara, afin que «
la stabilité politique qui devrait amener le développement économique et la réduction de la
pauvreté », soit rétablie. « Il est important que les populations de Côte d’Ivoire comprennent
la nécessité de l’unité nationale pour les reformes économiques », a recommandé la
nigériane.

L’autre aspect notable dans le séjour du chef de l’Etat aussi à New York qu’à Washington,
ce sont ses rencontres publiques auprès d’organisation de la société civile, engagées dans le soutien aux démocraties. Alassane Ouattara a tenu près d’une demi-dizaine de conférences publiques pour expliquer aux Américains les motivations de son rêve pour « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. »

Les thématiques de l’environnement sécuritaire, des défis de la reconstruction dans un pays
qui sort d’un conflit, ont été au cœur de tous les échanges. Aussi bien devant le Council of
Foreign relation, avec le Président Ernest Bai Koroma de Sirerra Leone, que face aux élus
noirs du Black caucus, à l’International peace institute (IPI), au Word affairs briefing du
National democratic institute ou au Brooklyn institute, il a été question pour le chef de l’Etat
de « vendre » ses ambitions pour son pays. Il a parlé des opportunités d’affaires, du retour
à la stabilité, de la sécurité juridique, de la lutte contre l’impunité et de l’impartialité de la
justice. Le chef de l’Etat a beaucoup dialogué et il a convaincu, au vu des salves d’ovation qui
ont accompagné la totalité des conférences qu’il a prononcées. « Il réussira. Il est patient et
déterminé », ont dit certains des responsables des structures l’ayant invité, comme Rod Larsen de l’IPI ou Kenneth Wollack, du NDI.

En tout cas, la sensibilisation s’est faite à tous les niveaux et il ne serait pas surprenant que
dans les prochains mois, le marché ivoirien soit envahi par les investisseurs venant du pays de l’Oncle Sam. Alassane Ouattara aura alors su balayer toutes les peurs et instauré la confiance.

La réconciliation pour reconstruire

Mais avant il faut que les Ivoiriens eux même s’approprient le processus de réconciliation.
C’est le sens de l’invitation que leur a lancé leur ambassade afin de se retrouver auprès de leur Président. D’abord à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Washington, puis à New York. Cette
dernière rencontre fut l’occasion d’un échange franc et direct entre ADO et ses compatriotes
vivant aux Etats Unis. Le chef de l’Etat leur a demandé de s’inscrire dans le processus de
réconciliation mais surtout, de prendre leur part dans la reconstruction du pays. « N’hésitez
pas, revenez au pays ! Pour prendre la place qui est la votre. La Nation vous attend. Acceptez de vous pardonner les uns les autres sans distinction d’ethnie, de religion. Vous pouvez être un puissant vecteur de réconciliation et un catalyseur du développement de votre pays», a-t-il dit aux centaines d’Ivoiriens venus de tous les contrées des Etats Unis. Puis de partager, avec eux, sa vision. «Mon ambition pour ce mandat, c’est de faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve la place qui était la sienne il ya vingt ans. Ce n’est pas seulement un rêve, mais j’y crois. J’y crois parce que les Ivoiriens sont au travail. J’y crois parce que les Ivoiriens sont engagés dans la réconciliation. J’y crois parce que la Côte d’Ivoire a sa place, une place de choix sur le continent. Après cette crise, le pays va grandir.».

Opération pour le cacao ivoirien

Une visite au ministère américain du Travail. Pour y rencontrer la locatrice des lieux, Mme
Hilda L. Solis. De nombreuses rencontres en dehors des caméras avec des think thank. Le
chef de l’Etat et la Première dame de Côte d’Ivoire ont mis à profit leur séjour pour inscrire
sur leur agenda la question de l’exploitation des enfants dans les champs de cacao. Le
but : rassurer l’Etat américain et les chocolatiers sur la qualité du cacao ivoirien. Dominique
Ouattara a surtout entrepris de parler aux uns et aux autres pour les sensibiliser que son pays poursuit la sensibilisation et renforce sa législation en la matière. Dominique Ouattara a
reçu de nombreux opérateurs du secteur de l’agriculture. Hyper active, en compagnie de
la Ministre de la Famille, de la Femme et de l`Enfant, Coffie Raymonde, elle a activé ses
réseaux, pour mener son combat contre le travail des enfants dans les plantations de cacao, et donner l’image d’un pays totalement engagé pour éradiquer ces abus. La Côte d’Ivoire attend d’importantes retombées de son éligibilité à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Le but de cette loi américaine est de soutenir l`économie des pays africains en leur facilitant l`accès au marché américain s`ils suivent les principes de l`économie libérale.

Charles Sanga
Envoyé spécial
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