Un discours dense et empreinte de vérités ! S’il avait voulu donner les prémisses de ce que seront les travaux de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr) qu’il préside, il ne se serait pas pris autrement. Charles Konan Banny, après qu’il a reçu « les instruments de sa mission » des mains du président de la République, Alassane Ouattara, a tenu, le mercredi 28 septembre 2011, à Yamoussoukro à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix une allocution. Sans faux-fuyants. Pour M. Banny, « les déclarations de bonnes intentions ne doivent pas nous faire oublier que nous n’en sommes pas à notre coup d’essai. Le travail accompli les années précédentes n’a pas empêché ni arrêté l’intrusion de la violence dans les affaires politiques ». Une autre vérité sortie par le patron de la Cdvr : « Aucune victoire par la force ne peut être tenue pour définitive, car le vaincu d’aujourd’hui fourbira ses armes dans l’espoir de devenir le vainqueur de demain. Et c’est ainsi que s’installe l’escalade. Désarmons donc aujourd’hui nos haines, faute de quoi nous nous acheminons à grands pas vers une guerre de cent ans ! ». Et l’ancien Premier ministre de marteler qu’il faut un dialogue franc, ouvert, inclusif et équitable. « Sans la participation de tous, s’est-il convaincu, elle ne saurait faire œuvre utile. La Commission doit être aussi l’auxiliaire de l’œuvre de rédemption de notre pays. Mais, nous le savons bien, la rédemption passe par la contrition et la repentance. Enfin, pour réussir, la Commission doit être indépendante. Et cette indépendance, vous l’avez compris, Monsieur le Président, est gravée dans le marbre de l’ordonnance qui l’institue ». L’occasion était bonne pour lui de révéler son programme « la Cdvr n’est en aucun cas une instance dotée du pouvoir d’amnistie et d’absolution. Ni vengeance, ni impunité, mais repentance, réparation, restauration, pardon et paix pour la reconstruction », a souligné l’ex-gouvernement de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) en présence de ces collaborateurs. « Nous voulons réussir ! Y parviendrons-nous ? Seul Dieu le sait. Pour notre part, nous conduirons le processus de réconciliation sans exclure personne, sans interférence avec la justice qui continuera à suivre son cours. Nous conduirons le processus avec la foi et la volonté de personnes convaincues que la Côte d’Ivoire doit sortir de l’impasse. Nous sommes persuadés que la réconciliation est la seule issue à l’impasse dans laquelle nous nous sommes enfermés pendant des années. Cela seul suffit à rendre notre détermination inébranlable », a affirmé Charles Konan Banny, sous les ovations de la salle, exhortant les Ivoiriens à s’approprier le processus. Persuadé que la « tâche ne sera pas aisée », il a expliqué que la Cdvr « procèdera à une revue critique des résultats des forums antérieurs dans l’intention bien comprise de s’en servir comme tremplin pour une nouvelle tentative que nous espérons fructueuse ».
SYLLA A.
(Envoyé spécial)
SYLLA A.
(Envoyé spécial)