Dans l’émission ‘’Sept milliards de voisins’’ de Rfi diffusé hier et portant sur la jeunesse, le Pr Pr Abouattier Mansilla, directrice générale de l’enseignement supérieur au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche explique le nouveau programme du ministère pour la relance des universités ivoiriennes
Tous les campus universitaires sont fermés à Abidjan depuis les affrontements armés du printemps dernier. Pourquoi cinq mois après tout est encore bouclés par l’armée?
Pour répondre à cette question, il faudrait que nous sachions d’où nous venons. Et savoir ce qui a obligé le gouvernement à prendre la décision radicale de fermer les universités de Cocody, d’Abobo-Adjamé depuis le 19 avril 2011. Elles ont fait l’objet de destruction massive, de pillage à grand échelle. Tout a été détruit dans les laboratoires, les amphis, les salles de cours, les bureaux, les administrations. Il y a eu de l’auto pillage. Même les prises de l’électricité dans les laboratoires sous les paillasses ont été arrachées. Les splits…tout est parti en fumée. Sans compter que de nombreux bâtiments ont été incendiés. Tout est à refaire actuellement. C’est pourquoi les universités sont encore fermées.
Les bulldozers sont passés sur les campus. Il y a un vide immense sur le campus de Cocody. Sur 140 hectares de superficie, il y a à peine 30% de la surface qui est utilisée. Après avoir rasé tout ce que vous avez pu.
Il faut rappeler que nous avons procédé à de nombreuses destructions. Sur les sites des universités, il y avait des villages qui occupaient quasiment 10 hectares.
Ce n’est pas normal ça?
Mais non ! Des villages construits par des personnes extérieurs qui n’ont rien en commun avec l’université. Ce ne sont ni des étudiants, ni des enseignants, ni le personnel de l’université. Mais des personnes qui ont construit leur demeure au sein de l’université. Au niveau des œuvres sociales, ont a été témoin de l’utilisation anarchique des bâtiments qui étaient destinés aux résidences universitaires qui abritaient toute sorte de commerce illicite. Et qui occupaient l’espace des universités. Au plan académique, la situation n’était guère reluisante. Les années scolaires, depuis un certain nombre d’années sont tronquées. On ne savait plus quand est-ce qu’une année académique commençait, quand est-ce qu’elle se terminait. Même au niveau du privé, les années étaient validées au bout de 10 à 12 semaines de cours. Tous ces facteurs ont obligé à fermer pour entreprendre une véritable reconstruction et reforme de l’enseignement supérieur.
Selon vous, moralement, je dirais culturellement, où en sont les jeunes aujourd’hui en Côte d’Ivoire ? Quel est votre sentiment ?
Il y a une certaine inquiétude. Mais je voudrais les rassurer parce que c’est un mal pour un bien. Parce que nous allons utilisés ce temps pour reconstruire l’université avec un grand U. Il faut dire que la crise post-électorale est venue aggraver une situation qui était déjà dramatique.
Jusqu’à quel âge on est jeune en Côte d’Ivoire?
Moi, je voudrais posez la question de savoir jusqu’à quel âge on est étudiant de 1er et 2ème cycle en Côte d’Ivoire ? On a des milliers d’étudiants qui ont près de 10 à 15 ans en année de licence, qui n’ont pas encore validé la licence ou la maitrise.
Comment en est-on arrivé là ?
Dans l’état des lieux, il faut admettre une chose. J’ai entendu parler d’exaction. En réalité, la majorité de nos universités publiques étaient gérées par la Fesci. Il faut qu’on se le dise.
Ça veut dire quoi ?
Alors que le rôle d’un syndicat, c’est de défendre les intérêts moraux, matériels de ses adhérents. On a assisté à toute autre chose avec la gestion de la Fesci. Et, elle opérait vraiment des exactions de tout genre. En toute impunité, elle opérait comme une organisation mafieuse, réellement. Cela, sous le regard bienveillant des autorités d’alors.
Mais à l’époque vous étiez déjà au ministère de l’enseignement supérieur, avec le ministre de l’enseignement supérieur (Cissé Bacongo Ibrahim, Ndlr) depuis 2005.
Il était effectivement au gouvernement. Mais il y avait certaine chose qu’il était impossible de faire. Parce que la Fesci bénéficiait d’un regard bienveillant et d’une protection et même d’encouragement de la part de l’autorité suprême d’alors. Face à cela, que pouvait faire un ministre dans de telles conditions ? C’est vrai que les intimidations, les agressions et les représailles on n’en a vu. Mais il faut peut-être se demander d’où cela venait ? Moi, j’ai eu mon Bac en 1980. A l’époque, l’étudiant ivoirien était un roi. Il était cité en exemple dans toute la sous région. Cela était connu de tout le monde. On avait des restaurants universitaires, des chambres individuelles, des cars pour nous transporter, de la chambre à l’amphi. On était une génération élitiste.
Ce n’est pas un modèle à reproduire aujourd’hui ?
Si ! Pourquoi pas.
Vous pensez que la Côte d’Ivoire peut se développer avec très peu d’étudiant?
Non pas très peu. Bien sur avec la croissance. Mais il faut admettre qu’avec les ajustements structurels, les budgets ont baissé, a contrario de l’effectif qui augmentait de manière drastique. Il faut reconnaitre aujourd’hui que l’enseignement supérieur n’était pas une priorité depuis quelques années. Particulièrement, les dix dernières années, ce n’était pas un souci pour l’Etat. La misère, la promiscuité dans laquelle vivaient les étudiants à aussi engendré un certain comportement. Je ne les excuses pas, mais on peu comprendre ce fait par les conditions de vie et d’étude dans lesquelles ils étaient. En fait, il y a eu une récupération à des fins politiciennes et ils sont plus des victimes qu’autre chose. C’est sur ça qu’il faut agir.
A Cocody, vous avez combien d’étudiant ? Et elle était prévue pour recevoir combien ?
On a officiellement entre 55 à 60.000 étudiants pour une université conçue pour 12.000 personnes. On ne peut pas faire de miracle.
Comment allez-vous faire pour restaurer l’image de la jeunesse qui est désastreuse aujourd’hui ? Vous ne parlez que de violence…
Ça ! C’est un point important. Et, je crois qu’il faut changer les mentalités. Nous avons à cet effet un programme qui vise a intégré l’étudiant dans la prise en compte de la reconstruction. On ne va plus associer l’étudiant à la destruction, à la violence, aux violes. Mais plutôt à l’étudiant qui participe à la reconstruction du pays.
C'est-à-dire ?
On a un projet qui va être annoncé dans quelque semaine. Il va viser à appeler en volontariat les étudiants. Les travaux que nous sommes entrain de faire en ce moment. Aidé à repeindre les murs, les tables bancs dans des salles, à refaire les jardins pourquoi pas.
Quelle sont les opportunités… l’avenir de la jeunesse en Côte d’Ivoire ?
Il faut le changement de mentalité chez les jeunes. Et revenir au fondamentaux de notre devise nationale .Nous avons lancés des projets pour que chacun prenne conscience de la devise union-discipline-travail. Afin que l’excellence soit récompensée. Il faut également améliorer les conditions de vie et de travail au niveau de l’enseignement général, l’enseignement supérieur, également au niveau de l’éducation nationale. Cela apportera une amélioration nette et une pertinence dans les formations dispensées pour qu’elles soient en adéquations avec les besoins du marché, de l’entreprise.
Propos retranscrits sur Rfi par Dacoury Vincent
Tous les campus universitaires sont fermés à Abidjan depuis les affrontements armés du printemps dernier. Pourquoi cinq mois après tout est encore bouclés par l’armée?
Pour répondre à cette question, il faudrait que nous sachions d’où nous venons. Et savoir ce qui a obligé le gouvernement à prendre la décision radicale de fermer les universités de Cocody, d’Abobo-Adjamé depuis le 19 avril 2011. Elles ont fait l’objet de destruction massive, de pillage à grand échelle. Tout a été détruit dans les laboratoires, les amphis, les salles de cours, les bureaux, les administrations. Il y a eu de l’auto pillage. Même les prises de l’électricité dans les laboratoires sous les paillasses ont été arrachées. Les splits…tout est parti en fumée. Sans compter que de nombreux bâtiments ont été incendiés. Tout est à refaire actuellement. C’est pourquoi les universités sont encore fermées.
Les bulldozers sont passés sur les campus. Il y a un vide immense sur le campus de Cocody. Sur 140 hectares de superficie, il y a à peine 30% de la surface qui est utilisée. Après avoir rasé tout ce que vous avez pu.
Il faut rappeler que nous avons procédé à de nombreuses destructions. Sur les sites des universités, il y avait des villages qui occupaient quasiment 10 hectares.
Ce n’est pas normal ça?
Mais non ! Des villages construits par des personnes extérieurs qui n’ont rien en commun avec l’université. Ce ne sont ni des étudiants, ni des enseignants, ni le personnel de l’université. Mais des personnes qui ont construit leur demeure au sein de l’université. Au niveau des œuvres sociales, ont a été témoin de l’utilisation anarchique des bâtiments qui étaient destinés aux résidences universitaires qui abritaient toute sorte de commerce illicite. Et qui occupaient l’espace des universités. Au plan académique, la situation n’était guère reluisante. Les années scolaires, depuis un certain nombre d’années sont tronquées. On ne savait plus quand est-ce qu’une année académique commençait, quand est-ce qu’elle se terminait. Même au niveau du privé, les années étaient validées au bout de 10 à 12 semaines de cours. Tous ces facteurs ont obligé à fermer pour entreprendre une véritable reconstruction et reforme de l’enseignement supérieur.
Selon vous, moralement, je dirais culturellement, où en sont les jeunes aujourd’hui en Côte d’Ivoire ? Quel est votre sentiment ?
Il y a une certaine inquiétude. Mais je voudrais les rassurer parce que c’est un mal pour un bien. Parce que nous allons utilisés ce temps pour reconstruire l’université avec un grand U. Il faut dire que la crise post-électorale est venue aggraver une situation qui était déjà dramatique.
Jusqu’à quel âge on est jeune en Côte d’Ivoire?
Moi, je voudrais posez la question de savoir jusqu’à quel âge on est étudiant de 1er et 2ème cycle en Côte d’Ivoire ? On a des milliers d’étudiants qui ont près de 10 à 15 ans en année de licence, qui n’ont pas encore validé la licence ou la maitrise.
Comment en est-on arrivé là ?
Dans l’état des lieux, il faut admettre une chose. J’ai entendu parler d’exaction. En réalité, la majorité de nos universités publiques étaient gérées par la Fesci. Il faut qu’on se le dise.
Ça veut dire quoi ?
Alors que le rôle d’un syndicat, c’est de défendre les intérêts moraux, matériels de ses adhérents. On a assisté à toute autre chose avec la gestion de la Fesci. Et, elle opérait vraiment des exactions de tout genre. En toute impunité, elle opérait comme une organisation mafieuse, réellement. Cela, sous le regard bienveillant des autorités d’alors.
Mais à l’époque vous étiez déjà au ministère de l’enseignement supérieur, avec le ministre de l’enseignement supérieur (Cissé Bacongo Ibrahim, Ndlr) depuis 2005.
Il était effectivement au gouvernement. Mais il y avait certaine chose qu’il était impossible de faire. Parce que la Fesci bénéficiait d’un regard bienveillant et d’une protection et même d’encouragement de la part de l’autorité suprême d’alors. Face à cela, que pouvait faire un ministre dans de telles conditions ? C’est vrai que les intimidations, les agressions et les représailles on n’en a vu. Mais il faut peut-être se demander d’où cela venait ? Moi, j’ai eu mon Bac en 1980. A l’époque, l’étudiant ivoirien était un roi. Il était cité en exemple dans toute la sous région. Cela était connu de tout le monde. On avait des restaurants universitaires, des chambres individuelles, des cars pour nous transporter, de la chambre à l’amphi. On était une génération élitiste.
Ce n’est pas un modèle à reproduire aujourd’hui ?
Si ! Pourquoi pas.
Vous pensez que la Côte d’Ivoire peut se développer avec très peu d’étudiant?
Non pas très peu. Bien sur avec la croissance. Mais il faut admettre qu’avec les ajustements structurels, les budgets ont baissé, a contrario de l’effectif qui augmentait de manière drastique. Il faut reconnaitre aujourd’hui que l’enseignement supérieur n’était pas une priorité depuis quelques années. Particulièrement, les dix dernières années, ce n’était pas un souci pour l’Etat. La misère, la promiscuité dans laquelle vivaient les étudiants à aussi engendré un certain comportement. Je ne les excuses pas, mais on peu comprendre ce fait par les conditions de vie et d’étude dans lesquelles ils étaient. En fait, il y a eu une récupération à des fins politiciennes et ils sont plus des victimes qu’autre chose. C’est sur ça qu’il faut agir.
A Cocody, vous avez combien d’étudiant ? Et elle était prévue pour recevoir combien ?
On a officiellement entre 55 à 60.000 étudiants pour une université conçue pour 12.000 personnes. On ne peut pas faire de miracle.
Comment allez-vous faire pour restaurer l’image de la jeunesse qui est désastreuse aujourd’hui ? Vous ne parlez que de violence…
Ça ! C’est un point important. Et, je crois qu’il faut changer les mentalités. Nous avons à cet effet un programme qui vise a intégré l’étudiant dans la prise en compte de la reconstruction. On ne va plus associer l’étudiant à la destruction, à la violence, aux violes. Mais plutôt à l’étudiant qui participe à la reconstruction du pays.
C'est-à-dire ?
On a un projet qui va être annoncé dans quelque semaine. Il va viser à appeler en volontariat les étudiants. Les travaux que nous sommes entrain de faire en ce moment. Aidé à repeindre les murs, les tables bancs dans des salles, à refaire les jardins pourquoi pas.
Quelle sont les opportunités… l’avenir de la jeunesse en Côte d’Ivoire ?
Il faut le changement de mentalité chez les jeunes. Et revenir au fondamentaux de notre devise nationale .Nous avons lancés des projets pour que chacun prenne conscience de la devise union-discipline-travail. Afin que l’excellence soit récompensée. Il faut également améliorer les conditions de vie et de travail au niveau de l’enseignement général, l’enseignement supérieur, également au niveau de l’éducation nationale. Cela apportera une amélioration nette et une pertinence dans les formations dispensées pour qu’elles soient en adéquations avec les besoins du marché, de l’entreprise.
Propos retranscrits sur Rfi par Dacoury Vincent