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Art et Culture Publié le samedi 15 octobre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Le défi Scolaire

Deux informations m’ont plongé dans le souvenir d’une nuit de discussion dans l’Ontario au Canada. La première. Les résultats de l’appel à candidatures au niveau de la primature avec le choix d’Ivoiriens de la diaspora. Et la seconde, les résultats du baccalauréat. Et comment ne pas me rappeler cette nuit de discussion à l’Université Laurentienne de Sudbury. J’y étais invité par des universitaires africains qui voulaient que j’explique les raisons du succès de mes livres dans un espace où on ne lit guère. D’autres invités, venus de l’Amérique du Nord et de la France, étaient présents aussi pour expliquer les recettes de leur succès dans leurs domaines respectifs. Il y a plusieurs années de cela. J’ai été choqué par les propos de certains Africains venus des Etats-Unis d’Amérique et même du Canada. Ils disaient que l’avenir de notre continent reposait sur les Africains qui vivaient dans les pays de l’Amérique du Nord et aussi, un peu quand même, de l’Europe. Evidemment, ils donnaient des arguments convaincants. Les Africains formés sur notre continent ne pouvaient pas conduire l’Afrique vers un développement intégral. Le système éducatif, en aucun cas, ne pouvait former de véritables bâtisseurs du développement à cause d’enseignants démotivés. Des élèves paresseux et avides d’argent avant même leur vingtième année. L’école africaine n’étant plus à leurs yeux qu’une caserne de fainéantise. La tricherie donnant des résultats spectaculaires chaque année, la quasi-totalité des parents était prête à donner toutes les sommes pour l’admission de leurs enfants. Etudier en Afrique à leurs yeux relevait d’un exploit que seuls des extra-terrestres pouvaient se permettre. Pourquoi passer des nuits de labeur quand s’amuser et composer après donnaient les mêmes résultats, et même mieux, que ceux qui s’échinaient toute l‘année à apprendre. Les collèges et lycées par leur délabrement ne permettaient pas aux cerveaux d’assimiler quelque chose de solide. Des classes qui comptaient plus que le double ou le triple des effectifs montraient toutes les limites d’une pédagogie dévalorisée. Les collèges et lycées privés, créés souvent par des fondateurs analphabètes, montraient, on ne peut plus, tout l’intérêt que nos pays accordaient à l’éducation malgré des chiffres impressionnants au budget national. Mais leur plus grande attaque contre les Africains formés sur le continent restait la tendance de tous au tribalisme. Pour eux, on ne pourra pas guérir le continent pour mieux le développer tant que les cadres et les populations ne verraient en leur prochain qu’une ethnie. Au cours de cette soirée, ces Africains de la diaspora ont raillé nos pays qui attribuaient des postes par région, par ethnie et non par compétence. Aujourd’hui, à la suite de ces deux informations soulignées plus haut, je me culpabilise d’avoir été choqué. Ils avaient raison. Notre Président « américain » est venu nous démontrer qu’être formé en Amérique et en Afrique est totalement différent. Dans ces pays développés, on baigne dans un environnement de culture, d’ouverture d’esprit difficile à acquérir dans une atmosphère de tribalisme et de corruption généralisée malgré les diplômes. Le recrutement de ces Ivoiriens de la diaspora ne doit pas nous surprendre et nous conduire à la jalousie mais nous réveiller de nos années de torpeur où nous avions perdu le temps à discuter du sexe des anges au lieu de nous courber l’échine sur nos tâches quotidiennes avec ardeur et sans tricherie. L’heure est au sursaut national. Il faut se mettre au même niveau que ceux qui ont baigné, durant des années, dans un environnement propice aux études et aux succès car débarrassé de nos pesanteurs nauséabondes. Tous, nous devrions applaudir les résultats de nos examens. Ce sont les meilleurs qui ont triomphé. Ceux qui ne se sont pas laissé distraire par les débats politiques. Les candidats ont eu largement le temps d’étudier et de se préparer. Un examen n’est pas une question de concours pour limiter des places. Il suffit d’avoir les points exigés pour avoir son parchemin. Ceux qui ont confondu la politique et leurs études vont continuer à se mordre les doigts. Ceux qui ont compté sur la tricherie et l’argent pour avoir les diplômes, comme c’est souvent le cas dans beaucoup de pays africains, vont inéluctablement se réveiller de leur long sommeil. Le pays est dirigé par une autre conception du succès. Par le labeur inlassable et non par la délation et le «lèchebotisme.» La question est de savoir si le «petit des Coulibaly» va continuer avec ses principes nord américains. Toute l’Afrique le regarde pour savoir si ses méthodes de choix de compétents survivront aux jérémiades des hommes et femmes politiques. Si notre «Américain» réussit à bannir la corruption, l’ethnocentrisme et la tricherie dans notre société, l’exemple sera contagieux pour tout le continent. Ce ne sont pas tous les pays qui ont un président formé en Amérique du Nord. C’est une chance pour notre pays. Une solution ! Le mercredi, j’étais à l’abattoir de Port-Bouët. Tous les vendeurs de bœufs et de moutons, que j’ai rencontrés, m’ont dit, à ma grande surprise, que la route est maintenant «normale.» Ils ne subissent plus de tracasseries. Si cela pouvait durer cinq ans… Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Biton Koulibaly
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