Maurice Sawadogo est un producteur bien connu dans le Moyen-Comoé. Membre de la coopérative agricole du Manzankrou d’Ebilassokro (Coopame), il est la figure de proue de l’Association régionale pour la promotion des producteurs de café/cacao du Moyen-Comoé (Arpcm). Deux semaines après l’ouverture de la grande campagne de cacao, il a accepté de s’ouvrir à Soir Info.
Après l’ouverture de la campagne de cacao, quelle est la situation sur le terrain ?
Maurice Sawadogo : Le comité de gestion a effectivement ouvert la campagne pour cette année au début du mois d’octobre. Et c’est avec une grande satisfaction que nous avons appris que le prix d’achat bord-champ a été fixé à 1000 Fcfa. Ce prix ne s’éloignant pas trop de celui de l’année dernière, nous étions tous heureux. Malheureusement, deux semaines après l’ouverture de la campagne, nous sommes tous déçus. Le prix fixé n’est pas celui pratiqué sur le terrain. A Abidjan, au port, le prix oscille autour de 800 Fcfa. Et quand un responsable de coopérative doit, par exemple, quitter une zone comme Ebilassokro (45 km au sud-est d’Abengourou) pour se rendre à Abidjan et qu’il doit payer des frais à tous les corridors dressés par les Frci, il ne peut pas payer au bord-champ à plus de 700 F. Il faut que le comité de gestion réagisse et nous éclaircisse sur la base sur laquelle le prix a été fixé.
Pourquoi ne vous référez-vous pas au comité de gestion pour exposer ces difficultés sur le terrain ?
M.S : Nous ne savons pas si ce comité de gestion existe réellement. Depuis la prise de fonction de Touré Massendjé, elle n’a jamais pris de contact avec ceux qui produisent le cacao. Elle est constamment entre Abidjan et Londres, alors que le cacao est produit ici dans les zones rurales. Nous assistons actuellement comme à une espèce de désordre dans la filière. Prenons, par exemple, le cas de la sacherie. Demandez au premier producteur rencontré s’il a obtenu un seul sac pour stocker son produit. Jusqu’à présent, de nombreuses coopératives n’ont pas bénéficié de produits phytosanitaires. En son temps, l’ancien comité de gestion avait entrepris le reprofilage des pistes de dessertes. Actuellement, les machines sont garées dans les brousses depuis le départ d’Anoh Gilbert. Comment voulez-vous que le planteur dont la plantation se trouve à la frontière et qui n’arrive pas à évacuer son produit vers le port d’Abidjan, ne vende pas dans le pays voisin ? Il faut que le gouvernement, à travers le ministre de l’Agriculture, se rapproche davantage des planteurs qui continuent de s’appauvrir.
L’Anaproci avait annoncé pour bientôt la création de magasins généraux pour stocker les produits et procéder à leur vente au prix indiqué. Qu’en est-il ?
M.S. : Quels sont les moyens dont dispose l’Anaproci pour créer les magasins généraux ? Elle n’a même pas de moyens pour s’installer et cela m’étonnerait qu’elle puisse créer ces magasins. C’est un leurre pour détourner l’attention des producteurs sur les problèmes qu’ils vivent.
En attendant, qu’entendez-vous faire alors pour la vente du cacao ?
M.S. : Nous avons lancé un mot d’ordre à tous les producteurs les appelant à bloquer le cacao dans leurs plantations. Donc depuis un certain temps, au niveau du Moyen-Comoé et même dans les autres grandes zones de production, cette consigne est suivie et le cacao ne se vend pas.
Ne craignez-vous pas qu’à cet exercice, le cacao ivoirien se retrouve au Ghana ?
M.S : Si. Le cacao ivoirien est menacé par le Ghana voisin. C’est d’ailleurs pourquoi, M. Fadi Ouattara (préfet de région du Moyen Comoé) a mis sur pied un comité de surveillance. En un mois, ce sont plusieurs tonnes de ce produit en partance sur le territoire ghanéen que nous avons saisies. Actuellement, les services des douanes sont en train d’honorer les procédures administratives pour que la recette de ce cacao saisi revienne aux caisses de l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais la situation est inquiétante. Dans le Moyen-Comoé, la production en cacao de bonne qualité oscille entre 80 000 t et 120 000 t pour 113 coopératives. Cette production pourrait baisser.
La situation dans la filière café/cacao est toujours préoccupante. Quelles solutions préconisez-vous pour une meilleure gestion de ladite filière ?
M.S. : La seule solution, c’est de revenir à l’ancienne Caistab. Ce serait encore plus organisé. Il y aurait un directeur général et des directeurs régionaux pour coordonner les activités dans les grandes zones de production. Il est heureux de constater déjà que toutes les structures créées depuis quelques années dans cette filière ont été dissoutes. C’est une bonne décision prise par nos dirigeants. Ces structures engloutissaient des sommes importantes au détriment des producteurs.
Réalisée par Zéphirin NANGO
(Dans le Moyen-Comoé)
Après l’ouverture de la campagne de cacao, quelle est la situation sur le terrain ?
Maurice Sawadogo : Le comité de gestion a effectivement ouvert la campagne pour cette année au début du mois d’octobre. Et c’est avec une grande satisfaction que nous avons appris que le prix d’achat bord-champ a été fixé à 1000 Fcfa. Ce prix ne s’éloignant pas trop de celui de l’année dernière, nous étions tous heureux. Malheureusement, deux semaines après l’ouverture de la campagne, nous sommes tous déçus. Le prix fixé n’est pas celui pratiqué sur le terrain. A Abidjan, au port, le prix oscille autour de 800 Fcfa. Et quand un responsable de coopérative doit, par exemple, quitter une zone comme Ebilassokro (45 km au sud-est d’Abengourou) pour se rendre à Abidjan et qu’il doit payer des frais à tous les corridors dressés par les Frci, il ne peut pas payer au bord-champ à plus de 700 F. Il faut que le comité de gestion réagisse et nous éclaircisse sur la base sur laquelle le prix a été fixé.
Pourquoi ne vous référez-vous pas au comité de gestion pour exposer ces difficultés sur le terrain ?
M.S : Nous ne savons pas si ce comité de gestion existe réellement. Depuis la prise de fonction de Touré Massendjé, elle n’a jamais pris de contact avec ceux qui produisent le cacao. Elle est constamment entre Abidjan et Londres, alors que le cacao est produit ici dans les zones rurales. Nous assistons actuellement comme à une espèce de désordre dans la filière. Prenons, par exemple, le cas de la sacherie. Demandez au premier producteur rencontré s’il a obtenu un seul sac pour stocker son produit. Jusqu’à présent, de nombreuses coopératives n’ont pas bénéficié de produits phytosanitaires. En son temps, l’ancien comité de gestion avait entrepris le reprofilage des pistes de dessertes. Actuellement, les machines sont garées dans les brousses depuis le départ d’Anoh Gilbert. Comment voulez-vous que le planteur dont la plantation se trouve à la frontière et qui n’arrive pas à évacuer son produit vers le port d’Abidjan, ne vende pas dans le pays voisin ? Il faut que le gouvernement, à travers le ministre de l’Agriculture, se rapproche davantage des planteurs qui continuent de s’appauvrir.
L’Anaproci avait annoncé pour bientôt la création de magasins généraux pour stocker les produits et procéder à leur vente au prix indiqué. Qu’en est-il ?
M.S. : Quels sont les moyens dont dispose l’Anaproci pour créer les magasins généraux ? Elle n’a même pas de moyens pour s’installer et cela m’étonnerait qu’elle puisse créer ces magasins. C’est un leurre pour détourner l’attention des producteurs sur les problèmes qu’ils vivent.
En attendant, qu’entendez-vous faire alors pour la vente du cacao ?
M.S. : Nous avons lancé un mot d’ordre à tous les producteurs les appelant à bloquer le cacao dans leurs plantations. Donc depuis un certain temps, au niveau du Moyen-Comoé et même dans les autres grandes zones de production, cette consigne est suivie et le cacao ne se vend pas.
Ne craignez-vous pas qu’à cet exercice, le cacao ivoirien se retrouve au Ghana ?
M.S : Si. Le cacao ivoirien est menacé par le Ghana voisin. C’est d’ailleurs pourquoi, M. Fadi Ouattara (préfet de région du Moyen Comoé) a mis sur pied un comité de surveillance. En un mois, ce sont plusieurs tonnes de ce produit en partance sur le territoire ghanéen que nous avons saisies. Actuellement, les services des douanes sont en train d’honorer les procédures administratives pour que la recette de ce cacao saisi revienne aux caisses de l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais la situation est inquiétante. Dans le Moyen-Comoé, la production en cacao de bonne qualité oscille entre 80 000 t et 120 000 t pour 113 coopératives. Cette production pourrait baisser.
La situation dans la filière café/cacao est toujours préoccupante. Quelles solutions préconisez-vous pour une meilleure gestion de ladite filière ?
M.S. : La seule solution, c’est de revenir à l’ancienne Caistab. Ce serait encore plus organisé. Il y aurait un directeur général et des directeurs régionaux pour coordonner les activités dans les grandes zones de production. Il est heureux de constater déjà que toutes les structures créées depuis quelques années dans cette filière ont été dissoutes. C’est une bonne décision prise par nos dirigeants. Ces structures engloutissaient des sommes importantes au détriment des producteurs.
Réalisée par Zéphirin NANGO
(Dans le Moyen-Comoé)