Le recyclage des sacs et sachets plastique est une activité en plein essor en Côte d’Ivoire. Homme et femmes s’y adonnent à cœur joie, souvent au mépris des conditions d’hygiène ou au risque de leur santé. Reportage.
Bébés aux dos pour certaines. Pieds et mains plongés dans l’eau. Les « Manan- féréla » ou vendeuse de caoutchouc en langue malinké sont à pied d’œuvre. Nous sommes au banco, ce samedi 15 octobre, sous une fine pluie. Des hommes et des femmes s’affairent à laver soit leurs linges soit pour ces dames en question, des piles de sachets usagers entassés dans un coin. « Pour ne pas mourir de faim, nous faisons ce travail » nous explique Massandjé C. dans un français approximatif.
Un travail risqué…
En effet, ces dames traversent tous les quartiers de la ville d’Abidjan à la recherche de sacs ou sachets plastiques usagers. N’hésitant pas à braver les eaux insalubres des caniveaux de la ville ou même les poubelles ; sans protections diverses. Ce, au mépris des règles d’hygiène et sans faire fi de leur santé. « A Abidjan, nous connaissions seulement le phénomène des fanicos (laveur de linge en malinké) maintenant il y a les manan-féréla » lance dame Assoukrou germaine, ménagère. L’activité a pris de l’ampleur, face à l’accentuation de la paupérisation due à la crise politico militaire qui a secoué la Côte d’Ivoire. « La crise a causé une réduction considérable de l’approvisionnement en polystyrène, une substance chimique qui rentre dans la fabrication des objets en plastique, augmentant ainsi le coût de production » soutient Ange M. responsable d’Ong spécialisé dans le recyclage des objets plastiques. Pour donc y faire face, certains industriels se sont alors lancés dans la récupération et le recyclage de déchets, comme les emballages ou les sacs en plastique. La pré-collecte se fait à la décharge publique d’Akouédo ou dans les périphéries de la ville. « Nous venons ensuite laver ces sachets ici au Banco quand un autre groupe va la zone industrielle. La bas il y a une petite étendue d’eau crée par les pluies diluviennes qui s’abattent sur la ville » nous informe Massandjé. A cet endroit, précisément au quartier ‘’Wrangler’’ nous avons pu trouver des jeunes filles accroupies dans l’eau qui leur arrive jusqu’aux genoux, nettoyant toujours sans précaution d’hygiène des sachets. Pas loin de là, des eaux usées de plusieurs usines sont rejetées dans de larges caniveaux. « Nous savons que nous pouvons tomber malades, mais nous nous débrouillons ici pour nourrir nos familles malgré les risques. » explique Fatou, 17 ans, le pagne noué autour des hanches et les cheveux protégés par un foulard. Les eaux des caniveaux contiennent des produits chimiques parfois toxiques, mais les manan-féréla défient cet obstacle pour assurer leur pain quotidien, soutiennent-elles avec fatalité. Le travail consiste à laver les sachets avant de les sécher. Après le séchage, ils sont conditionnés sous forme de balles puis pesés et vendus aux industriels. Un secteur dominé par les Libanais.
….mais rémunéré.
« Nous achetons le kilo à 100 Fcfa et le revendons deux fois plus » avance David H. intermédiaire. Ce dernier affirme gagner près de 2000Fcfa par jour. Les sachets sont ensuite broyés pour obtenir la poudre qui servira à fabriquer des objets, en particulier des ustensiles de cuisine ou les bâches utilisées comme toiture lors des nombreux cérémonies qui ponctuent la vie quotidienne (fêtes, funérailles). « La demande est forte. Nous pouvons acheter chaque jour pour près deux millions de FCFA de marchandises recyclées » explique un agent de "Kim-Plastique", une usine locale détenue par un Coréen, qui a requis l’anonymat. Cette hausse de la demande a donné l'idée à certains "manan-féréla" de moderniser cette activité très artisanale en créant des associations. Habib Koné, représentant d’un groupe de Manan-féréla d’Abobo affirme que « nous sommes en train de mener des actions auprès de la mairie de notre commune afin qu’il nous aide à avoir une broyeuse qui donnera une valeur ajoutée à notre activité ». L’état gagnerait à favoriser ce genre de petite et moyenne entreprise car dans le cadre de la relance économique, l’entreprenariat est préconisé. Maintenant il faudrait mettre penser à une politique d’hygiène pour améliorer les conditions de travail de ces dames.
Fabrice Sébine
Leg : Une manan-féréla transportant sa balle de caoutchouc
Bébés aux dos pour certaines. Pieds et mains plongés dans l’eau. Les « Manan- féréla » ou vendeuse de caoutchouc en langue malinké sont à pied d’œuvre. Nous sommes au banco, ce samedi 15 octobre, sous une fine pluie. Des hommes et des femmes s’affairent à laver soit leurs linges soit pour ces dames en question, des piles de sachets usagers entassés dans un coin. « Pour ne pas mourir de faim, nous faisons ce travail » nous explique Massandjé C. dans un français approximatif.
Un travail risqué…
En effet, ces dames traversent tous les quartiers de la ville d’Abidjan à la recherche de sacs ou sachets plastiques usagers. N’hésitant pas à braver les eaux insalubres des caniveaux de la ville ou même les poubelles ; sans protections diverses. Ce, au mépris des règles d’hygiène et sans faire fi de leur santé. « A Abidjan, nous connaissions seulement le phénomène des fanicos (laveur de linge en malinké) maintenant il y a les manan-féréla » lance dame Assoukrou germaine, ménagère. L’activité a pris de l’ampleur, face à l’accentuation de la paupérisation due à la crise politico militaire qui a secoué la Côte d’Ivoire. « La crise a causé une réduction considérable de l’approvisionnement en polystyrène, une substance chimique qui rentre dans la fabrication des objets en plastique, augmentant ainsi le coût de production » soutient Ange M. responsable d’Ong spécialisé dans le recyclage des objets plastiques. Pour donc y faire face, certains industriels se sont alors lancés dans la récupération et le recyclage de déchets, comme les emballages ou les sacs en plastique. La pré-collecte se fait à la décharge publique d’Akouédo ou dans les périphéries de la ville. « Nous venons ensuite laver ces sachets ici au Banco quand un autre groupe va la zone industrielle. La bas il y a une petite étendue d’eau crée par les pluies diluviennes qui s’abattent sur la ville » nous informe Massandjé. A cet endroit, précisément au quartier ‘’Wrangler’’ nous avons pu trouver des jeunes filles accroupies dans l’eau qui leur arrive jusqu’aux genoux, nettoyant toujours sans précaution d’hygiène des sachets. Pas loin de là, des eaux usées de plusieurs usines sont rejetées dans de larges caniveaux. « Nous savons que nous pouvons tomber malades, mais nous nous débrouillons ici pour nourrir nos familles malgré les risques. » explique Fatou, 17 ans, le pagne noué autour des hanches et les cheveux protégés par un foulard. Les eaux des caniveaux contiennent des produits chimiques parfois toxiques, mais les manan-féréla défient cet obstacle pour assurer leur pain quotidien, soutiennent-elles avec fatalité. Le travail consiste à laver les sachets avant de les sécher. Après le séchage, ils sont conditionnés sous forme de balles puis pesés et vendus aux industriels. Un secteur dominé par les Libanais.
….mais rémunéré.
« Nous achetons le kilo à 100 Fcfa et le revendons deux fois plus » avance David H. intermédiaire. Ce dernier affirme gagner près de 2000Fcfa par jour. Les sachets sont ensuite broyés pour obtenir la poudre qui servira à fabriquer des objets, en particulier des ustensiles de cuisine ou les bâches utilisées comme toiture lors des nombreux cérémonies qui ponctuent la vie quotidienne (fêtes, funérailles). « La demande est forte. Nous pouvons acheter chaque jour pour près deux millions de FCFA de marchandises recyclées » explique un agent de "Kim-Plastique", une usine locale détenue par un Coréen, qui a requis l’anonymat. Cette hausse de la demande a donné l'idée à certains "manan-féréla" de moderniser cette activité très artisanale en créant des associations. Habib Koné, représentant d’un groupe de Manan-féréla d’Abobo affirme que « nous sommes en train de mener des actions auprès de la mairie de notre commune afin qu’il nous aide à avoir une broyeuse qui donnera une valeur ajoutée à notre activité ». L’état gagnerait à favoriser ce genre de petite et moyenne entreprise car dans le cadre de la relance économique, l’entreprenariat est préconisé. Maintenant il faudrait mettre penser à une politique d’hygiène pour améliorer les conditions de travail de ces dames.
Fabrice Sébine
Leg : Une manan-féréla transportant sa balle de caoutchouc