Maurice Bandama, ministre de la Culture et de la Francophonie : ‘’Pas de réaction à chaud’’
A son arrivée hier dimanche vers 18 heures à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny en provenance de Paris, Maurice Bandama qui a appris la triste nouvelle à sa descente d’avion, n’a pas souhaité «réagir à chaud». Néanmoins, il entend a expliqué son chef Cabinet Yves Konan « produire un communiqué».
Tiburce Koffi, journaliste, écrivain et musicien :
‘’Un peuple sérieux comme la Côte d’Ivoire devrait observer une minute de silence’’
«(Très troublé de l’apprendre) Je suis en pleine répétition. C’est une mémoire très importante de la musique urbaine d’inspiration populaire ivoirienne qui s’en va. Vous savez, j’ai entrepris, depuis une vingtaine d’années, d’écrire l’histoire de cette musique avec une équipe de chercheurs ivoiriens. Et je me rappelle qu’on a intitulé le passage sur Amédée Pierre : Amédée, la pierre angulaire ivoirienne. Oui, pour nous, c’est la pierre angulaire de la musique ivoirienne. La musique ivoirienne d’inspiration populaire des années cinquante jusqu’à la fin des années 70, voire le début des années 1980. Il a véritablement régné pendant deux décennies sur l’échiquier musical ivoirien jusqu’à l’avènement de la nouvelle génération qui lui a contesté son autorité. C’est-à-dire, la dynastie qui a suivi : celle de Jimmy Hyacinthe, Bailly Spinto, Nguessan Santa et d’Alpha Blondy qui vont lui contester son autorité au lendemain des années 80. Même encore aujourd’hui, sa musique continue d’inspirer les musiciens. Le Ziglibity d’Ernesto Djédjé, le Polihet de Gnahoré Jimmy, le Labalaba de Luckson Padaud, dans leur charpente harmonique, portent la mémoire du Dopé, d’Amédée Pierre. Oui, il a considérablement influencé cette musique. Au- delà, c’était un monsieur très sympathique. Un monsieur instruit qui s’exprimait très bien. Sympathique et généreux, il respectait les gens. Ce qui est agréable de se retrouver en compagnie d’Amédée Pierre, je ne l’ai jamais vu en colère (Ndlr, il lâche un rire). Il était très condescendant. Il m’appelait mon fils. Il y a une chose qui était remarquable chez Amédée Pierre, il est le seul musicien de sa génération qui ait survécu jusqu’aux années 2000 et a continué de jouer. Ce n’était pas rare de le voir dans une boîte et le voir jouer avec des musiciens qui sont de la génération de ses enfants. Il m’est arrivé parfois de faire le bœuf avec lui en 86. C’est un peu le Miles Davis ivoirien. Miles Davis qui a joué avec toutes les générations de jazzmen et de pop music. Et, Amédée Pierre, c’était ça. Anouma Brou Félix n’existe plus, Mamadou Doumbia est décédé, Fax Clark est décédé. Amédée Pierre est le seul de cette génération qui ait survécu jusqu’aux années 2000. C’est une longévité qu’il faut saluer. Il n’a pas eu la longivité biologique mais il a eu la longévité musicale ! La disparition d’un homme de cette stature provoque tellement d’émotion en nous, qu’il est difficile de tenir des propos cohérents. Bref, je salue la mémoire du grand musicien. Cela fait, en deux mois, que nous avons perdu deux grandes figures, Manu Yodan saxophoniste et Amédée aujourd’hui. Je crois que la musique ivoirienne est en deuil aujourd’hui. Si on était un peuple sérieux, toute la Côte d’Ivoire aurait observé une minute de silence en la mémoire d’Amédée Pierre. Ce Monsieur le mérite. On fera tout pour lui rendre un grand hommage parce qu’il le mérite. Je vais prendre attache avec le ministre de la Culture. Ça me fait très mal. Je suis en répétition, je vais l’interrompre pour méditer pour Amédée Pierre».
Aimond William, Président de la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire :
‘’C’est l’icône de la musique ivoirienne’’
«La Fondation des artistes de Côte d’Ivoire voudrait s’incliner devant la mémoire de ce grand monument de la musique africaine, Amédée Pierre, décédé ce jour (Ndlr ; hier dimanche). Il était très actif au sein de la Fondaci. Il représente pour nous l’icône de la musique ivoirienne. Nous présentons nos condoléances à la famille. C’est une grande perte pour le monde artistique et culturel. Amédée était un repère pour la musique ivoirienne. Amédée Pierre a eu à fabriquer des icônes. Son décès est une grande perte dans l’histoire musicale en Côte d’Ivoire. Il était prêt à donner sa poitrine pour ce qui concerne la défense de la cause des artistes».
Valen Guédé, artiste-chanteur, musicologue :
‘’On doit consacrer à Amédée Pierre trois jours de deuil national’’
«Concernant le décès d’Amédée Pierre, il faut dire que c’est la racine nourricière de la musique urbaine ivoirienne qui vient de nous quitter. Parce qu’Amédée Pierre, comme on le sait, fait partie de ceux-là qui ont créé ce qu’on pourrait appeler les éléments constitutifs de la musique moderne ivoirienne de variété. En dehors, Amédée Pierre est un poète lyrique. Parce que, quand on lit ce qu’il a écrit comme textes, c’est un monsieur qui a puisé toute la subsistance de son art oral au fin fond de nos traditions. Il a eu le temps, de par son génie créateur, d’apporter une sorte de luminosité à ses textes. Aujourd’hui, en la matière, il fait référence. Quand on sait qu’au niveau de l’université d’Abidjan, il y a beaucoup de générations qui ont étudié et soutenu leur thèse à partir des textes d’Amédée Pierre. Je me rappelle encore une thèse du professeur Zadi Zaourou (…) Il y a consacré une grande partie à l’œuvre d’Amédée Pierre. Mais, je pense qu’un tel monsieur qui vient de nous quitter – bien sûr cela nous bouleverse autant que nous sommes en tant qu’artistes – n’est pas passé sur la terre des hommes pour rien. Je pense, à mon humble avis, qu’un monsieur comme Amédée Pierre qui a marqué plusieurs générations en Côte d’Ivoire, et dont les traces de la musique sont encore perceptibles dans la musique d’aujourd’hui que les jeunes font, on doit lui consacrer ne serait-ce que deux (2) à trois (3) jours de deuil national. Cela incombe bien entendu aux responsables politiques et particulièrement les responsables de la culture. Je crois particulièrement que le ministre Maurice Bandama qui est lui-même écrivain, auteur d’œuvre de l’esprit, saura mesurer la teneur des œuvres d’Amédée Pierre, et qu’à propos, il fera tout pour qu’on consacre une journée de deuil national à Amédée Pierre. Pour marquer ce qu’il a fait sur la terre des hommes et en même temps honorer sa mémoire pour nous avoir laissé certaines de ses belles plages musicales. Voilà ce que j’ai à dire d’Amédée Pierre. On aura aussi le temps de parler de ses œuvres quand on se rappelle des textes de Lorougnon Rabet, quand il parlait et disait que les plantes sont finies sur la terre et que dans les tombes il n’y a plus de places et quand il pense que la mort est venue prendre Lorougnon Rabet, à y penser c’est à se succéder. Je crois qu’aujourd’hui, tous les Ivoiriens se trouvent dans la même situation».
Kaba Taïfour, homme de média et ami de Amédée Pierre :
‘’C’est un coup de massue’’
« Ça me tombe comme un coup de massue sur la tête. J’étais très lié à l’homme. Je ne peux m’exprimer ainsi. Il faudra attendre demain ».
Gilles Touré, styliste et modéliste ivoirien :
‘’La Côte d’Ivoire est en deuil’’
«C’est une grande perte pour la musque ivoirienne avec de vraies chansons et une vraie musique. Amédée Pierre est un vrai symbole pour la Côte d’Ivoire musicale. Il a marqué de son empreinte son époque. Nos parents l’ont écouté, nous moins, mais on a appris à apprécier la musique d’Amédée Pierre. C’est un classique de la musique ivoirienne même notre génération qui ne l’a pas vu ni connu, nous avons su apprécier ‘’Sokopleu’’ et autres chansons. La Côte d’Ivoire est en deuil. Je ne sais pas s’il a laissé un héritage musical aux générations futures. C’est ça le véritable problème. La musique d’aujourd’hui est si éphémère contrairement à celle d'hier qu’on écoute encore aujourd’hui. C’est dommage !!! Les jeunes d’aujourd’hui devraient réapprendre la musique. Réapprendre à écrire de vraies mélodies..!!»
Propos recueillis par Koné Saydoo et KP
A son arrivée hier dimanche vers 18 heures à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny en provenance de Paris, Maurice Bandama qui a appris la triste nouvelle à sa descente d’avion, n’a pas souhaité «réagir à chaud». Néanmoins, il entend a expliqué son chef Cabinet Yves Konan « produire un communiqué».
Tiburce Koffi, journaliste, écrivain et musicien :
‘’Un peuple sérieux comme la Côte d’Ivoire devrait observer une minute de silence’’
«(Très troublé de l’apprendre) Je suis en pleine répétition. C’est une mémoire très importante de la musique urbaine d’inspiration populaire ivoirienne qui s’en va. Vous savez, j’ai entrepris, depuis une vingtaine d’années, d’écrire l’histoire de cette musique avec une équipe de chercheurs ivoiriens. Et je me rappelle qu’on a intitulé le passage sur Amédée Pierre : Amédée, la pierre angulaire ivoirienne. Oui, pour nous, c’est la pierre angulaire de la musique ivoirienne. La musique ivoirienne d’inspiration populaire des années cinquante jusqu’à la fin des années 70, voire le début des années 1980. Il a véritablement régné pendant deux décennies sur l’échiquier musical ivoirien jusqu’à l’avènement de la nouvelle génération qui lui a contesté son autorité. C’est-à-dire, la dynastie qui a suivi : celle de Jimmy Hyacinthe, Bailly Spinto, Nguessan Santa et d’Alpha Blondy qui vont lui contester son autorité au lendemain des années 80. Même encore aujourd’hui, sa musique continue d’inspirer les musiciens. Le Ziglibity d’Ernesto Djédjé, le Polihet de Gnahoré Jimmy, le Labalaba de Luckson Padaud, dans leur charpente harmonique, portent la mémoire du Dopé, d’Amédée Pierre. Oui, il a considérablement influencé cette musique. Au- delà, c’était un monsieur très sympathique. Un monsieur instruit qui s’exprimait très bien. Sympathique et généreux, il respectait les gens. Ce qui est agréable de se retrouver en compagnie d’Amédée Pierre, je ne l’ai jamais vu en colère (Ndlr, il lâche un rire). Il était très condescendant. Il m’appelait mon fils. Il y a une chose qui était remarquable chez Amédée Pierre, il est le seul musicien de sa génération qui ait survécu jusqu’aux années 2000 et a continué de jouer. Ce n’était pas rare de le voir dans une boîte et le voir jouer avec des musiciens qui sont de la génération de ses enfants. Il m’est arrivé parfois de faire le bœuf avec lui en 86. C’est un peu le Miles Davis ivoirien. Miles Davis qui a joué avec toutes les générations de jazzmen et de pop music. Et, Amédée Pierre, c’était ça. Anouma Brou Félix n’existe plus, Mamadou Doumbia est décédé, Fax Clark est décédé. Amédée Pierre est le seul de cette génération qui ait survécu jusqu’aux années 2000. C’est une longévité qu’il faut saluer. Il n’a pas eu la longivité biologique mais il a eu la longévité musicale ! La disparition d’un homme de cette stature provoque tellement d’émotion en nous, qu’il est difficile de tenir des propos cohérents. Bref, je salue la mémoire du grand musicien. Cela fait, en deux mois, que nous avons perdu deux grandes figures, Manu Yodan saxophoniste et Amédée aujourd’hui. Je crois que la musique ivoirienne est en deuil aujourd’hui. Si on était un peuple sérieux, toute la Côte d’Ivoire aurait observé une minute de silence en la mémoire d’Amédée Pierre. Ce Monsieur le mérite. On fera tout pour lui rendre un grand hommage parce qu’il le mérite. Je vais prendre attache avec le ministre de la Culture. Ça me fait très mal. Je suis en répétition, je vais l’interrompre pour méditer pour Amédée Pierre».
Aimond William, Président de la Fondation des artistes de Côte d’Ivoire :
‘’C’est l’icône de la musique ivoirienne’’
«La Fondation des artistes de Côte d’Ivoire voudrait s’incliner devant la mémoire de ce grand monument de la musique africaine, Amédée Pierre, décédé ce jour (Ndlr ; hier dimanche). Il était très actif au sein de la Fondaci. Il représente pour nous l’icône de la musique ivoirienne. Nous présentons nos condoléances à la famille. C’est une grande perte pour le monde artistique et culturel. Amédée était un repère pour la musique ivoirienne. Amédée Pierre a eu à fabriquer des icônes. Son décès est une grande perte dans l’histoire musicale en Côte d’Ivoire. Il était prêt à donner sa poitrine pour ce qui concerne la défense de la cause des artistes».
Valen Guédé, artiste-chanteur, musicologue :
‘’On doit consacrer à Amédée Pierre trois jours de deuil national’’
«Concernant le décès d’Amédée Pierre, il faut dire que c’est la racine nourricière de la musique urbaine ivoirienne qui vient de nous quitter. Parce qu’Amédée Pierre, comme on le sait, fait partie de ceux-là qui ont créé ce qu’on pourrait appeler les éléments constitutifs de la musique moderne ivoirienne de variété. En dehors, Amédée Pierre est un poète lyrique. Parce que, quand on lit ce qu’il a écrit comme textes, c’est un monsieur qui a puisé toute la subsistance de son art oral au fin fond de nos traditions. Il a eu le temps, de par son génie créateur, d’apporter une sorte de luminosité à ses textes. Aujourd’hui, en la matière, il fait référence. Quand on sait qu’au niveau de l’université d’Abidjan, il y a beaucoup de générations qui ont étudié et soutenu leur thèse à partir des textes d’Amédée Pierre. Je me rappelle encore une thèse du professeur Zadi Zaourou (…) Il y a consacré une grande partie à l’œuvre d’Amédée Pierre. Mais, je pense qu’un tel monsieur qui vient de nous quitter – bien sûr cela nous bouleverse autant que nous sommes en tant qu’artistes – n’est pas passé sur la terre des hommes pour rien. Je pense, à mon humble avis, qu’un monsieur comme Amédée Pierre qui a marqué plusieurs générations en Côte d’Ivoire, et dont les traces de la musique sont encore perceptibles dans la musique d’aujourd’hui que les jeunes font, on doit lui consacrer ne serait-ce que deux (2) à trois (3) jours de deuil national. Cela incombe bien entendu aux responsables politiques et particulièrement les responsables de la culture. Je crois particulièrement que le ministre Maurice Bandama qui est lui-même écrivain, auteur d’œuvre de l’esprit, saura mesurer la teneur des œuvres d’Amédée Pierre, et qu’à propos, il fera tout pour qu’on consacre une journée de deuil national à Amédée Pierre. Pour marquer ce qu’il a fait sur la terre des hommes et en même temps honorer sa mémoire pour nous avoir laissé certaines de ses belles plages musicales. Voilà ce que j’ai à dire d’Amédée Pierre. On aura aussi le temps de parler de ses œuvres quand on se rappelle des textes de Lorougnon Rabet, quand il parlait et disait que les plantes sont finies sur la terre et que dans les tombes il n’y a plus de places et quand il pense que la mort est venue prendre Lorougnon Rabet, à y penser c’est à se succéder. Je crois qu’aujourd’hui, tous les Ivoiriens se trouvent dans la même situation».
Kaba Taïfour, homme de média et ami de Amédée Pierre :
‘’C’est un coup de massue’’
« Ça me tombe comme un coup de massue sur la tête. J’étais très lié à l’homme. Je ne peux m’exprimer ainsi. Il faudra attendre demain ».
Gilles Touré, styliste et modéliste ivoirien :
‘’La Côte d’Ivoire est en deuil’’
«C’est une grande perte pour la musque ivoirienne avec de vraies chansons et une vraie musique. Amédée Pierre est un vrai symbole pour la Côte d’Ivoire musicale. Il a marqué de son empreinte son époque. Nos parents l’ont écouté, nous moins, mais on a appris à apprécier la musique d’Amédée Pierre. C’est un classique de la musique ivoirienne même notre génération qui ne l’a pas vu ni connu, nous avons su apprécier ‘’Sokopleu’’ et autres chansons. La Côte d’Ivoire est en deuil. Je ne sais pas s’il a laissé un héritage musical aux générations futures. C’est ça le véritable problème. La musique d’aujourd’hui est si éphémère contrairement à celle d'hier qu’on écoute encore aujourd’hui. C’est dommage !!! Les jeunes d’aujourd’hui devraient réapprendre la musique. Réapprendre à écrire de vraies mélodies..!!»
Propos recueillis par Koné Saydoo et KP