Les parcs sont bien approvisionnés, mais comme chaque année, c'est le prix du bélier qui effraie.
La fête de la Tabaski c’est dimanche prochain. Et comme chaque année, la course aux moutons est lancée. Les marchés de la capitale sont inondés de moutons. A l’abattoir de Port-Bouët, des vendeurs encombrent les rues avec de petits troupeaux de bêtes. Un peu partout, se multiplient les scènes de marchandages entre vendeurs de moutons et acheteurs. Premier constat : les prix, encore très abordables il y a quelques semaines, sont à la hausse. De nombreux Abidjanais rencontrés sur les marchés à bétail ou en ville jugent que les prix sont assez élevés. Sur le marché d’Abobo-Anador, le bélier moyen est proposé à 65.000 Fcfa. Il y a également de gros béliers pour lesquels il faut débourser 100. 000 voire 175. 000 Fcfa. Des prix jugés exorbitants pour nombre de clients. «Je fais le tour des points de vente pour trouver un bon mouton. Avec les prix pratiqués, je n'arrive pas à en avoir au regard de mes moyens», témoigne Ousmane Diarra.
Ah, la spéculation
«Je ne comprends pas pourquoi à chaque veille de fête, les vendeurs de mouton font de la surenchère», se plaint un autre acheteur à Abobo. «Je crois que je vais attendre la veille de la fête pour acheter mon bélier, en espérant que les prix vont chuter», poursuit l'homme, visiblement irrité contre les propriétaires de bêtes. Pour lui, les deux derniers jours sont les meilleurs moments pour acquérir un bon bélier à un coût raisonnable. Quant à Mourlaye Sanogo, cadre de banque, il estime que les prix ne sont pas aussi élevés que ça. «ça dépend du pouvoir d'achat. Il faut reconnaître que les revendeurs engagent assez de frais pour faire venir les animaux. Et pendant tout ce temps, il faut nourrir les bêtes pour qu'elles restent en bonne forme», fait remarquer ce client spécial, «avocat» des bouviers. Au ministère du Commerce, on relève que les prix des moutons sont montés en flèche dès le mois d’octobre, alors que les autres années, c'est généralement à une ou deux semaines de la fête que les prix croissent. Comparativement à l’année dernière, avoue-t-on, les prix actuellement pratiqués sont un peu exagérés. «L'année dernière, à la même période, un mouton moyen coûtait entre 60.000 et 80.000 Fcfa. Mais cette année, pour une bête de la même taille, on vous demande 80.000 voire 100. 000 Fcfa», s’insurge Aboubacar Sylla. Pour lui, la hausse des prix du mouton en cette veille de fête est due à la poussée spéculative des commerçants. De sorte qu'on se retrouve avec des tarifs trop élevés pour la majorité des usagers. Impossible, en effet, d'expliquer le niveau actuel des prix par la loi de l'offre et de la demande. Dans la mesure où les marchés à bétail sont bien approvisionnés. Rien que cette semaine, près de 12. 362 têtes de moutons ont été présentées sur le marché. Pendant cette même période, ajoute Mamady Baldé, un opérateur occasionnel, 50.000 têtes ont été enregistrées à la frontière. Pour lui, l’importation en grande quantité du bétail par des négociants est la principale raison qui explique le renchérissement d'une manière générale. «Mais, ce n'est qu'à la veille de la fête de Tabaski que tout le monde s'en rend compte», explique-t-il. Le problème est que les revendeurs de mouton créent une pénurie artificielle à l'approche de la fête. Ce qui est de nature à créer un déficit sur les marchés locaux. La demande étant plus forte que l'offre, il va s’en dire que les prix grimpent. Le président du Conseil des sages de la filière bétail-viande, Charles Kossonou, par ailleurs président du Réseau de distribution bétail-viande (Ridbv), propose une réorganisation en profondeur du secteur de la commercialisation du bétail en commençant par la formation des professionnels du secteur. Cette organisation permettra de mettre de l'ordre dans l'activité.
Les intrants chers
«Aujourd'hui, dès que la fête de Tabaski approche, même des vendeurs de tissus, des artisans et autres intermédiaires se reconvertissent dans la revente de moutons avec l'idée de réaliser l'affaire de l'année», fait remarquer Mathias Kanga, membre de la faîtière nationale avant d'appeler les professionnels du secteur à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à ce désordre. «Les clients se plaignent des prix du mouton sans tenir compte de tout ce que nous investissons : les prix auxquels nous achetons les bêtes, leur transport, leur entretien, leur nourriture», se plaint-il tout en montrant des tas de feuilles d'herbes séchées. «Chaque jour, je dépense au moins 6.000 Fcfa pour nourrir mes animaux», explique-t-il, en faisant remarquer qu'en cette période les transporteurs doublent pratiquement les tarifs de transport des animaux. Moussa Traroé, un revendeur, révèle un autre risque du métier. «Certains nous vendent des moutons malades qu'il faut soigner. C'est tous ces facteurs que nous devons prendre en compte au moment de la fixation des prix». «Un mouton dans lequel on a investi depuis qu'il était très petit peut-il être vendu au même prix que celui que l'on vient d'acquérir ?», questionne-t-il, en déplorant que « les gens oublient que nous investissons beaucoup dans ces animaux». Sur les raisons de la surenchère des prix, elle est, en partie, imputée au coût des tourteaux. Les vendeurs de foin se frottent plutôt les mains. La botte de foin qui coûtait 300 Fcfa, il y a quelques semaines, est tout simplement passée du simple au double. Un autre problème soulevé par le président de l’Union ouest-africaine des marchands et importateurs de bétail, Losséni Koné, les traccaseries des forces de l’ordre sur le site de l’abattoir de Port-Bouët. Tout cela au détriment du consommateur. Sans doute, la réunion que le ministre du Commerce Dagobert Banzio aura, cet après-midi avec les acteurs de la filière permettra de contenir la flambée ambiante.
Lanciné Bakayoko
La fête de la Tabaski c’est dimanche prochain. Et comme chaque année, la course aux moutons est lancée. Les marchés de la capitale sont inondés de moutons. A l’abattoir de Port-Bouët, des vendeurs encombrent les rues avec de petits troupeaux de bêtes. Un peu partout, se multiplient les scènes de marchandages entre vendeurs de moutons et acheteurs. Premier constat : les prix, encore très abordables il y a quelques semaines, sont à la hausse. De nombreux Abidjanais rencontrés sur les marchés à bétail ou en ville jugent que les prix sont assez élevés. Sur le marché d’Abobo-Anador, le bélier moyen est proposé à 65.000 Fcfa. Il y a également de gros béliers pour lesquels il faut débourser 100. 000 voire 175. 000 Fcfa. Des prix jugés exorbitants pour nombre de clients. «Je fais le tour des points de vente pour trouver un bon mouton. Avec les prix pratiqués, je n'arrive pas à en avoir au regard de mes moyens», témoigne Ousmane Diarra.
Ah, la spéculation
«Je ne comprends pas pourquoi à chaque veille de fête, les vendeurs de mouton font de la surenchère», se plaint un autre acheteur à Abobo. «Je crois que je vais attendre la veille de la fête pour acheter mon bélier, en espérant que les prix vont chuter», poursuit l'homme, visiblement irrité contre les propriétaires de bêtes. Pour lui, les deux derniers jours sont les meilleurs moments pour acquérir un bon bélier à un coût raisonnable. Quant à Mourlaye Sanogo, cadre de banque, il estime que les prix ne sont pas aussi élevés que ça. «ça dépend du pouvoir d'achat. Il faut reconnaître que les revendeurs engagent assez de frais pour faire venir les animaux. Et pendant tout ce temps, il faut nourrir les bêtes pour qu'elles restent en bonne forme», fait remarquer ce client spécial, «avocat» des bouviers. Au ministère du Commerce, on relève que les prix des moutons sont montés en flèche dès le mois d’octobre, alors que les autres années, c'est généralement à une ou deux semaines de la fête que les prix croissent. Comparativement à l’année dernière, avoue-t-on, les prix actuellement pratiqués sont un peu exagérés. «L'année dernière, à la même période, un mouton moyen coûtait entre 60.000 et 80.000 Fcfa. Mais cette année, pour une bête de la même taille, on vous demande 80.000 voire 100. 000 Fcfa», s’insurge Aboubacar Sylla. Pour lui, la hausse des prix du mouton en cette veille de fête est due à la poussée spéculative des commerçants. De sorte qu'on se retrouve avec des tarifs trop élevés pour la majorité des usagers. Impossible, en effet, d'expliquer le niveau actuel des prix par la loi de l'offre et de la demande. Dans la mesure où les marchés à bétail sont bien approvisionnés. Rien que cette semaine, près de 12. 362 têtes de moutons ont été présentées sur le marché. Pendant cette même période, ajoute Mamady Baldé, un opérateur occasionnel, 50.000 têtes ont été enregistrées à la frontière. Pour lui, l’importation en grande quantité du bétail par des négociants est la principale raison qui explique le renchérissement d'une manière générale. «Mais, ce n'est qu'à la veille de la fête de Tabaski que tout le monde s'en rend compte», explique-t-il. Le problème est que les revendeurs de mouton créent une pénurie artificielle à l'approche de la fête. Ce qui est de nature à créer un déficit sur les marchés locaux. La demande étant plus forte que l'offre, il va s’en dire que les prix grimpent. Le président du Conseil des sages de la filière bétail-viande, Charles Kossonou, par ailleurs président du Réseau de distribution bétail-viande (Ridbv), propose une réorganisation en profondeur du secteur de la commercialisation du bétail en commençant par la formation des professionnels du secteur. Cette organisation permettra de mettre de l'ordre dans l'activité.
Les intrants chers
«Aujourd'hui, dès que la fête de Tabaski approche, même des vendeurs de tissus, des artisans et autres intermédiaires se reconvertissent dans la revente de moutons avec l'idée de réaliser l'affaire de l'année», fait remarquer Mathias Kanga, membre de la faîtière nationale avant d'appeler les professionnels du secteur à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à ce désordre. «Les clients se plaignent des prix du mouton sans tenir compte de tout ce que nous investissons : les prix auxquels nous achetons les bêtes, leur transport, leur entretien, leur nourriture», se plaint-il tout en montrant des tas de feuilles d'herbes séchées. «Chaque jour, je dépense au moins 6.000 Fcfa pour nourrir mes animaux», explique-t-il, en faisant remarquer qu'en cette période les transporteurs doublent pratiquement les tarifs de transport des animaux. Moussa Traroé, un revendeur, révèle un autre risque du métier. «Certains nous vendent des moutons malades qu'il faut soigner. C'est tous ces facteurs que nous devons prendre en compte au moment de la fixation des prix». «Un mouton dans lequel on a investi depuis qu'il était très petit peut-il être vendu au même prix que celui que l'on vient d'acquérir ?», questionne-t-il, en déplorant que « les gens oublient que nous investissons beaucoup dans ces animaux». Sur les raisons de la surenchère des prix, elle est, en partie, imputée au coût des tourteaux. Les vendeurs de foin se frottent plutôt les mains. La botte de foin qui coûtait 300 Fcfa, il y a quelques semaines, est tout simplement passée du simple au double. Un autre problème soulevé par le président de l’Union ouest-africaine des marchands et importateurs de bétail, Losséni Koné, les traccaseries des forces de l’ordre sur le site de l’abattoir de Port-Bouët. Tout cela au détriment du consommateur. Sans doute, la réunion que le ministre du Commerce Dagobert Banzio aura, cet après-midi avec les acteurs de la filière permettra de contenir la flambée ambiante.
Lanciné Bakayoko