Gallet Bailly Sylvestre alias Bailly Spinto est l’un des ténors de la musique ivoirienne. Suite au décès de Amédée Pierre, il rend hommage au père de la musique ivoirienne contemporaine. Bailly Spinto réclame des jours de deuil pour saluer la mémoire du « Dopé national ».
Le dimanche 30 octobre dernier, Amédée Pierre a définitivement déposé le micro. Quel commentaire pouvez-vous livrer ?
Amédée Pierre est le précurseur de la musique ivoirienne moderne. Sa mort m’a beaucoup affecté. J’étais à son domicile le premier jour. J’y étais pour présenter mes condoléances à la famille. Nous sommes en train de nous organiser avec un certain nombre d’artistes chapeautés par Noël Dourey, pour lui rendre un hommage digne de son nom. J’ai rendu hommage à Amédée Pierre, de son vivant. Dans l’une de mes chansons qui parlait de lui, j’ai demandé aux jeunes artistes d’avoir du respect pour ce monstre de la musique ivoirienne et africaine. Il a été le premier à ouvrir le chemin de la musique moderne de notre pays. Amédée Pierre a bercé ma jeunesse et j’ai appris beaucoup avec lui concernant l’utilisation des proverbes et des thèmes qu’il abordait dans les chansons. Il m’aimait beaucoup. Vraiment, je suis très attristé mais c’est la vie. Amédée Pierre mérite un grand hommage. Je pensais que le Gouvernement décréterait un deuil national de deux jours ou trois pour lui. Parce qu’on devait marquer le coup mais, on attend le Gouvernement qui, peut-être, va prendre une décision dans ce sens.
Comment avez-vous rencontré Amédée Pierre pour la première fois ?
C’était dans les années 68, 69 et 70, la première fois que je l’ai rencontré, c’était bizarre. J’ai eu un contrat à Assinie. On était allé le saluer et quelqu’un lui a dit : « Ah ! Voici Bailly Spinto ». Je n’étais même pas connu à cette époque. Je n’avais pas d’album et on m’a présenté Amédée Pierre. Comme il était assis à même le sol en train de manger son foutou, il ne s’est pas intéressé à moi. Il a dit : « Ah bon ! Ok ». Et c’est ce qui s’est passé pour la première fois. Comme je l’admirais et c’était mon idole, cela ne m’a rien dit. Par la suite, je le voyais dans le quartier avec son orchestre. J’allais à ses répétitions. J’étais un anonyme parmi tant d’autres.
Est-ce qu’il vous a inspiré à débuter une carrière musicale professionnelle ?
Oui, il m’a inspiré d’abord à travailler les proverbes et la langue Bété. Surtout de chercher à l’approfondir. Parce que je suis né à Abidjan. Je n’ai pas eu cette chance de naître au village pour maîtriser le volet proverbial de mes chansons. C’est ce que j’ai fait. Il a apprécié que je me sois mis à la disposition du terroir pour chanter des chansons de notre patrimoine du village. Au niveau de la voix notamment, il m’a beaucoup inspiré parce qu’il a une grande voix. Dans les orchestres jeunes, on interprétait les morceaux de Amédée Pierre, et donc, cela nous permettait de travailler. Voilà, il nous a apporté beaucoup.
En termes d’héritage, qu’est-ce que Amédée Pierre laisse à la nouvelle génération ?
Il laisse, en termes d’héritage, plus de 6000 voire 1 million d’artistes ivoiriens. Tout ce qu’il a fait c’est la suite logique que nous sommes tels que les Bailly Spinto et Alpha Blondy. Il était le baobab et aujourd’hui le baobab est tombé. Il laisse aussi le Burida. Dans sa jeunesse, il a lutté pour que les droits d’auteur puissent être reconnus et rétribuer les artistes. C’est ensemble avec Amédée Pierre que nous avons acheté le bâtiment qui abrite le Burida depuis lors. Il faudrait que les jeunes sachent que ce sont nos disques qui ont permis de payer cet édifice. Ce ne sont pas les CD parce qu’ils sont arrivés hier. Ce sont les disques qui ont acheté le bâtiment du Burida. Et c’est encore Amédée Pierre qui, étant dans le conseil d’administration, a encore insufflé son dynamisme à notre mouvement avec les Valen Guédé, Paul Dodo et tout le groupe.
Avec le décès de Amédée Pierre, est-ce que vous n’apparaissez pas comme son successeur?
Je suis la courroie de transmission entre la nouvelle génération et l’ancienne. Je suis un intermédiaire. L’héritage de Amédée Pierre, je ne veux même pas le prendre, c’est lourd ça ! Je ne peux même pas. Je ne peux pas être un baobab. Je suis Bailly Spinto et je vais continuer le sillon qu’il a tracé. Lui, il est irremplaçable parce que c’est lui qui a créé. C’est le créateur de la musique moderne ivoirienne, il est le pionnier. Il est irremplaçable.
Peut-on avoir une idée de ce qui se prépare pour le 19è album ?
Je suis en studio en Europe et puis je vais aux Etats-Unis. Mais, le problème est qu’il faut commencer à travailler en Côte d’Ivoire et j’ai travaillé un peu avec Freddy Assogba. J’ai fait un featuring avec Dj Lewis. Je pense qu’il est important de travailler dans les studios performants parce que j’ai habitué les Ivoiriens à consommer un produit. J’ai perdu ma mère depuis peu. Et donc, l’inspiration, l’émotion et les thèmes sont revenus. Donc, je crois que les Ivoiriens auront un album de belle facture.
Combien de titres comptera cet album ?
Je prévois entre 12 et 16 titres parce que je suis très prolixe et très inspiré en ce moment.
Vous allez sur le terrain des Dj et pourtant cette musique est fortement décriée…
Non, personne ne doit décrier cette musique. Les Dj sont dans leur temps. Qu’on les laisse évoluer dans leur moment. Ce sont des aigris qui sont là à décrier le ‘’Coupé-décalé’’. Sinon, les vrais professionnels écoutent et aiment cette musique. Non, les gens ont leur style, qu’on les laisse avancer dans leur mouvement. Que la jeunesse soit fière du ‘’Coupé-décalé’’.
Réalisé par Patrick Krou
Le dimanche 30 octobre dernier, Amédée Pierre a définitivement déposé le micro. Quel commentaire pouvez-vous livrer ?
Amédée Pierre est le précurseur de la musique ivoirienne moderne. Sa mort m’a beaucoup affecté. J’étais à son domicile le premier jour. J’y étais pour présenter mes condoléances à la famille. Nous sommes en train de nous organiser avec un certain nombre d’artistes chapeautés par Noël Dourey, pour lui rendre un hommage digne de son nom. J’ai rendu hommage à Amédée Pierre, de son vivant. Dans l’une de mes chansons qui parlait de lui, j’ai demandé aux jeunes artistes d’avoir du respect pour ce monstre de la musique ivoirienne et africaine. Il a été le premier à ouvrir le chemin de la musique moderne de notre pays. Amédée Pierre a bercé ma jeunesse et j’ai appris beaucoup avec lui concernant l’utilisation des proverbes et des thèmes qu’il abordait dans les chansons. Il m’aimait beaucoup. Vraiment, je suis très attristé mais c’est la vie. Amédée Pierre mérite un grand hommage. Je pensais que le Gouvernement décréterait un deuil national de deux jours ou trois pour lui. Parce qu’on devait marquer le coup mais, on attend le Gouvernement qui, peut-être, va prendre une décision dans ce sens.
Comment avez-vous rencontré Amédée Pierre pour la première fois ?
C’était dans les années 68, 69 et 70, la première fois que je l’ai rencontré, c’était bizarre. J’ai eu un contrat à Assinie. On était allé le saluer et quelqu’un lui a dit : « Ah ! Voici Bailly Spinto ». Je n’étais même pas connu à cette époque. Je n’avais pas d’album et on m’a présenté Amédée Pierre. Comme il était assis à même le sol en train de manger son foutou, il ne s’est pas intéressé à moi. Il a dit : « Ah bon ! Ok ». Et c’est ce qui s’est passé pour la première fois. Comme je l’admirais et c’était mon idole, cela ne m’a rien dit. Par la suite, je le voyais dans le quartier avec son orchestre. J’allais à ses répétitions. J’étais un anonyme parmi tant d’autres.
Est-ce qu’il vous a inspiré à débuter une carrière musicale professionnelle ?
Oui, il m’a inspiré d’abord à travailler les proverbes et la langue Bété. Surtout de chercher à l’approfondir. Parce que je suis né à Abidjan. Je n’ai pas eu cette chance de naître au village pour maîtriser le volet proverbial de mes chansons. C’est ce que j’ai fait. Il a apprécié que je me sois mis à la disposition du terroir pour chanter des chansons de notre patrimoine du village. Au niveau de la voix notamment, il m’a beaucoup inspiré parce qu’il a une grande voix. Dans les orchestres jeunes, on interprétait les morceaux de Amédée Pierre, et donc, cela nous permettait de travailler. Voilà, il nous a apporté beaucoup.
En termes d’héritage, qu’est-ce que Amédée Pierre laisse à la nouvelle génération ?
Il laisse, en termes d’héritage, plus de 6000 voire 1 million d’artistes ivoiriens. Tout ce qu’il a fait c’est la suite logique que nous sommes tels que les Bailly Spinto et Alpha Blondy. Il était le baobab et aujourd’hui le baobab est tombé. Il laisse aussi le Burida. Dans sa jeunesse, il a lutté pour que les droits d’auteur puissent être reconnus et rétribuer les artistes. C’est ensemble avec Amédée Pierre que nous avons acheté le bâtiment qui abrite le Burida depuis lors. Il faudrait que les jeunes sachent que ce sont nos disques qui ont permis de payer cet édifice. Ce ne sont pas les CD parce qu’ils sont arrivés hier. Ce sont les disques qui ont acheté le bâtiment du Burida. Et c’est encore Amédée Pierre qui, étant dans le conseil d’administration, a encore insufflé son dynamisme à notre mouvement avec les Valen Guédé, Paul Dodo et tout le groupe.
Avec le décès de Amédée Pierre, est-ce que vous n’apparaissez pas comme son successeur?
Je suis la courroie de transmission entre la nouvelle génération et l’ancienne. Je suis un intermédiaire. L’héritage de Amédée Pierre, je ne veux même pas le prendre, c’est lourd ça ! Je ne peux même pas. Je ne peux pas être un baobab. Je suis Bailly Spinto et je vais continuer le sillon qu’il a tracé. Lui, il est irremplaçable parce que c’est lui qui a créé. C’est le créateur de la musique moderne ivoirienne, il est le pionnier. Il est irremplaçable.
Peut-on avoir une idée de ce qui se prépare pour le 19è album ?
Je suis en studio en Europe et puis je vais aux Etats-Unis. Mais, le problème est qu’il faut commencer à travailler en Côte d’Ivoire et j’ai travaillé un peu avec Freddy Assogba. J’ai fait un featuring avec Dj Lewis. Je pense qu’il est important de travailler dans les studios performants parce que j’ai habitué les Ivoiriens à consommer un produit. J’ai perdu ma mère depuis peu. Et donc, l’inspiration, l’émotion et les thèmes sont revenus. Donc, je crois que les Ivoiriens auront un album de belle facture.
Combien de titres comptera cet album ?
Je prévois entre 12 et 16 titres parce que je suis très prolixe et très inspiré en ce moment.
Vous allez sur le terrain des Dj et pourtant cette musique est fortement décriée…
Non, personne ne doit décrier cette musique. Les Dj sont dans leur temps. Qu’on les laisse évoluer dans leur moment. Ce sont des aigris qui sont là à décrier le ‘’Coupé-décalé’’. Sinon, les vrais professionnels écoutent et aiment cette musique. Non, les gens ont leur style, qu’on les laisse avancer dans leur mouvement. Que la jeunesse soit fière du ‘’Coupé-décalé’’.
Réalisé par Patrick Krou