Après 10 ans d’absence, la comédienne ivoirienne, Naky Sy Savané, signe son come-back avec un festival de cinéma. Celle qui a fait rêver toute une génération de téléspectateurs et de cinéphiles s’est confiée à Nord-Sud Quotidien.
Cela fait bien longtemps que vous avez quitté l’Eburnie. Où était Naky Sy Savané depuis tout ce temps ?
Je me trouve à Marseille. J’y travaille. Vous avez entendu parler d’Afriki Djigui théâtre qui est le premier théâtre du monde noir à Marseille. Vous avez sans doute entendu parler du festival Miroirs et cinémas des lagunes, il y a aussi le festival de contes, paroles et diversités. Je travaille.
Cela fait combien de temps que vous y êtes allée ?
(Elle réfléchit). Au moins dix ans.
Quel rôle jouez-vous dans l’organisation de ces évènements ?
Je suis la fondatrice d’Afriki Djigui théâtre, présidente des festivals Miroirs des lagunes et de contes.
Toutes ces cordes à votre arc ne risquent-elles pas de vous faire perdre votre métier d’actrice ?
A la base, je suis partie du théâtre. C’est ensuite qu’est venu le cinéma. Donc, je continue les deux. Et je crois tirer mon épingle du jeu. Dernièrement, j’ai écrit une pièce de théâtre, ‘’Femmes déchirées’’ qui se joue en ce moment.
Avec toutes ces activités là-bas, comptez-vous revenir un jour vous réinstaller en Côte d’Ivoire ?
Mais je suis-là (rires).
Est-ce pour de bon ?
Tout dépend du succès du projet que j’apporte aux Ivoiriens. S’ils y adhèrent, c’est sûr qu’on me verra plus ici.
Comment avez-vous vécu la crise qu’a traversée le pays ?
Personne ne pouvait être fier de voir son pays se déchirer. On a été choqués et même malades. Je me disais, ce n’est pas la Côte d’Ivoire que je connais.
Généralement, les cinéastes ivoiriens brandissent l’argument selon lequel ils ne bénéficient pas de subvention pour justifier leur perte de vitesse. Qu’en pensez-vous ?
Le cinéma ivoirien a besoin d’être soutenu. La question de la culture doit être fondamentale dans une société. Elle doit intéresser nos gouvernements ne serait-ce que pour l’éducation des enfants. La population africaine étant plus que majoritairement jeune, pour son éducation, l’Etat doit s’impliquer davantage dans la culture. Il faut une réelle volonté politique en faveur des créations culturelles. Car, il ne peut avoir un vrai développement sans la culture.
Il y a eu des tentatives vouées à l’échec. Que faire ?
Il y a un travail de terrain à faire. Il faut qu’on sache ce qu’est le cinéma. Aujourd‘hui, nos jeunes vont au maquis pour se distraire. C’est parce qu’il y a un vide. A ce niveau, il faut créer un cadre. Si on n’en crée pas, comment le jeune aura-t-il la motivation d’aller au cinéma.
Doit-on comprendre que vous allez reconstruire le cinéma ivoirien ?
Ce n’est pas moi qui vais le faire. C’est ensemble. Nous allons faire en sorte que tout le monde puisse rêver. C’est important. On ne rêve plus ici. Quand on envoie un projet, on le rejette du revers de la main parce qu’on a perdu la capacité de rêver. Alors qu’il faille qu’il y ait d’autres Naky Sy, qui fassent mieux que moi. Cela se fera par le rêve et le rêve apaise.
Vous êtes aujourd’hui une référence du 7e art africain. Comment en êtes vous arrivée-là ?
C’est le travail. Au départ, j’ai beaucoup bossé et je continue. Nous sommes dans un domaine où le sommet n’existe pas. Il faut toujours se remettre en cause. L’artiste doit être comme le phœnix qui meurt et renaît de ses cendres. Pour moi, chaque rôle que j’interprète est comme un vêtement. Je m’en imprègne et quand c’est fini, je l’enlève pour mettre un autre le lendemain.
On constate que vous vous engagez de plus en plus pour la cause féminine. Est-ce le début d’un combat ?
J’ai toujours été une combattante de cette cause. Peut-être que cela n’était pas apparent. J’ai commencé à militer dans ‘’Bal poussières’’. Mais, je ne mettais jamais ce côté en avant parce que la situation des enfants me préoccupait. En Afrique, quand la mère va bien, l’enfant se porte mieux et partant, c’est toute la famille. Ce sont les femmes qui portent l’Afrique. Ce sont elles qui se battent pour la famille. Si on les aide, l’Afrique ira mieux. Les reléguer au second plan, c’est empêcher la majorité de la main-d’œuvre de participer au développement du pays.
Que faites-vous en ce sens ?
Je dirige une association de lutte contre l’excision qui fait des dégâts chez les femmes. Je suis quelqu’un qui défend la tradition africaine. On n’est pas obligé de s’accrocher à une tradition qui nuit à la santé de la femme pour dire qu’on tient à sa coutume.
Au plan filmographique, quelle est votre actualité ?
C’est vrai que j’ai fait des films qui ne sont pas sortis ici. Maintenant avec le retour de l’accalmie, j’espère que cela se fera. Le dernier film dans lequel je joue est en cours de réalisation. Je ne peux pas en parler parce que c’est aux producteurs et réalisateurs de le faire.
Interview réalisée par Sanou A.
Cela fait bien longtemps que vous avez quitté l’Eburnie. Où était Naky Sy Savané depuis tout ce temps ?
Je me trouve à Marseille. J’y travaille. Vous avez entendu parler d’Afriki Djigui théâtre qui est le premier théâtre du monde noir à Marseille. Vous avez sans doute entendu parler du festival Miroirs et cinémas des lagunes, il y a aussi le festival de contes, paroles et diversités. Je travaille.
Cela fait combien de temps que vous y êtes allée ?
(Elle réfléchit). Au moins dix ans.
Quel rôle jouez-vous dans l’organisation de ces évènements ?
Je suis la fondatrice d’Afriki Djigui théâtre, présidente des festivals Miroirs des lagunes et de contes.
Toutes ces cordes à votre arc ne risquent-elles pas de vous faire perdre votre métier d’actrice ?
A la base, je suis partie du théâtre. C’est ensuite qu’est venu le cinéma. Donc, je continue les deux. Et je crois tirer mon épingle du jeu. Dernièrement, j’ai écrit une pièce de théâtre, ‘’Femmes déchirées’’ qui se joue en ce moment.
Avec toutes ces activités là-bas, comptez-vous revenir un jour vous réinstaller en Côte d’Ivoire ?
Mais je suis-là (rires).
Est-ce pour de bon ?
Tout dépend du succès du projet que j’apporte aux Ivoiriens. S’ils y adhèrent, c’est sûr qu’on me verra plus ici.
Comment avez-vous vécu la crise qu’a traversée le pays ?
Personne ne pouvait être fier de voir son pays se déchirer. On a été choqués et même malades. Je me disais, ce n’est pas la Côte d’Ivoire que je connais.
Généralement, les cinéastes ivoiriens brandissent l’argument selon lequel ils ne bénéficient pas de subvention pour justifier leur perte de vitesse. Qu’en pensez-vous ?
Le cinéma ivoirien a besoin d’être soutenu. La question de la culture doit être fondamentale dans une société. Elle doit intéresser nos gouvernements ne serait-ce que pour l’éducation des enfants. La population africaine étant plus que majoritairement jeune, pour son éducation, l’Etat doit s’impliquer davantage dans la culture. Il faut une réelle volonté politique en faveur des créations culturelles. Car, il ne peut avoir un vrai développement sans la culture.
Il y a eu des tentatives vouées à l’échec. Que faire ?
Il y a un travail de terrain à faire. Il faut qu’on sache ce qu’est le cinéma. Aujourd‘hui, nos jeunes vont au maquis pour se distraire. C’est parce qu’il y a un vide. A ce niveau, il faut créer un cadre. Si on n’en crée pas, comment le jeune aura-t-il la motivation d’aller au cinéma.
Doit-on comprendre que vous allez reconstruire le cinéma ivoirien ?
Ce n’est pas moi qui vais le faire. C’est ensemble. Nous allons faire en sorte que tout le monde puisse rêver. C’est important. On ne rêve plus ici. Quand on envoie un projet, on le rejette du revers de la main parce qu’on a perdu la capacité de rêver. Alors qu’il faille qu’il y ait d’autres Naky Sy, qui fassent mieux que moi. Cela se fera par le rêve et le rêve apaise.
Vous êtes aujourd’hui une référence du 7e art africain. Comment en êtes vous arrivée-là ?
C’est le travail. Au départ, j’ai beaucoup bossé et je continue. Nous sommes dans un domaine où le sommet n’existe pas. Il faut toujours se remettre en cause. L’artiste doit être comme le phœnix qui meurt et renaît de ses cendres. Pour moi, chaque rôle que j’interprète est comme un vêtement. Je m’en imprègne et quand c’est fini, je l’enlève pour mettre un autre le lendemain.
On constate que vous vous engagez de plus en plus pour la cause féminine. Est-ce le début d’un combat ?
J’ai toujours été une combattante de cette cause. Peut-être que cela n’était pas apparent. J’ai commencé à militer dans ‘’Bal poussières’’. Mais, je ne mettais jamais ce côté en avant parce que la situation des enfants me préoccupait. En Afrique, quand la mère va bien, l’enfant se porte mieux et partant, c’est toute la famille. Ce sont les femmes qui portent l’Afrique. Ce sont elles qui se battent pour la famille. Si on les aide, l’Afrique ira mieux. Les reléguer au second plan, c’est empêcher la majorité de la main-d’œuvre de participer au développement du pays.
Que faites-vous en ce sens ?
Je dirige une association de lutte contre l’excision qui fait des dégâts chez les femmes. Je suis quelqu’un qui défend la tradition africaine. On n’est pas obligé de s’accrocher à une tradition qui nuit à la santé de la femme pour dire qu’on tient à sa coutume.
Au plan filmographique, quelle est votre actualité ?
C’est vrai que j’ai fait des films qui ne sont pas sortis ici. Maintenant avec le retour de l’accalmie, j’espère que cela se fera. Le dernier film dans lequel je joue est en cours de réalisation. Je ne peux pas en parler parce que c’est aux producteurs et réalisateurs de le faire.
Interview réalisée par Sanou A.