Comme si elle avait brûlé des étapes, l’Académie de football Amadou Diallo(Afad) s’invite en Coupe d’Afrique après seulement deux ans en Ligue 1. Laurent Boli, le manager général du club, se la joue modeste. Il sait que l’Afrique « brûle ».
L’Afad termine deuxième avec une qualification en Ligue des Champions. Une surprise pour les dirigeants que vous êtes ?
Non pas du tout. On ambitionne toujours d’aller de l’avant. Il fallait démystifier la première division. On a dit aux enfants de se faire plaisir, de prendre les matchs les uns après les autres. A chaque sortie, ils visent haut. C’est cette envie qui nous a permis d’être là. Chapeau aux enfants. Ils ont cru en eux. On a traversé des moments difficiles. Mais c’est cela l’apprentissage. Le football c’est une bonne école d’humilité. On perd un jour, on gagne un autre jour. Il faut savoir en tirer des leçons. Aujourd’hui, ils sont récompensés. Après les deux premiers matchs de la super division, ils ont compris qu’il ne suffit pas d’être jeune. Je suis content surtout parce qu’ils vont vivre une Coupe d’Afrique. Ça leur permettra de se bonifier, gagner en maturité.
Le seul plaisir a-t-il suffi pour que l’Afad se retrouve ce niveau ?
Si tu ne prends pas plaisir à jouer, tu ne peux pas faire de bons résultats. Tu peux être bon sur un match, mais pas pour longtemps. Pour jouer au foot, il faut en ressentir le plaisir. On leur a dit de jouer libéré. On a terminé 6ème la saison dernière. On leur a dit qu’on veut autre chose cette saison. Ils ont décompressé, ils ont pris confiance et petit à petit c’est venu.
Quelle est la différence entre l’Afad qui s’est maintenue la saison dernière et celle qui se qualifie cette année pour la Ligue des Champions ?
C’est la maturité qui a fait la différence. Elle progresse toujours, mais les enfants ont fait un grand bond. La manière d’aborder les matchs n’est plus la même. La première année, on découvrait la première division. Elle était à notre portée, après on a relâché. Ils ont su qu’il y avait en face d’eux des gens matures qui n’étaient pas excellents techniquement, mais qui avaient de l’expérience. Cette année, ils ont été plus matures même si on a failli à certains moments.
A quel niveau ?
Au niveau mental surtout. Il y a eu des moments où on a fait la différence dans des matchs difficiles. Par exemple contre le Séwé lors du match retour de la super division. Le Séwé égalise et on marque deux buts en moins de cinq minutes. L’année dernière, on aurait terminé au match nul. Il y a eu des duels que nous avons remportés. On est patient, on sait que l’avenir nous appartient. Le talent seul ne suffit pas. Il faut parfois oublier l’enjeu et chercher à apprendre et progresser.
Vous obtenez le ticket de la Ligue des Champions en battant l’Asec. Il fallait le faire...
Avant l’Asec, il y a eu le match contre l’Africa qu’on a bien géré. On savait que si on passait l’Africa, la place africaine était jouable. Ils se sont motivés eux-mêmes. Ils n’ont jamais perdu deux fois de suite devant la même équipe. Ils ont juré de ne pas perdre devant l’Asec surtout que c’était un match important. C’est ce qu’ils ont fait. Ils ont beaucoup progressé. Tout grand groupe, quel qu’il soit, a un noyau, qui grandit ensemble, vit des expériences communes. Il faut se battre pour maintenir ce groupe. Il faut recruter ce qui nous manque si on en trouve. Il ne suffit pas de venir compléter l’effectif pour le plaisir de le faire. Il faut nous laisser le temps.
La Ligue des Champions est un autre palier et une autre réalité. Comment allez-vous y prendre ?
Quand on arrivait en Ligue 1, on disait que nos joueurs sont petits, fébriles, qu’ils ne vont pas tenir face à l’Asec, et l’Africa. Ils vont se frotter à la compétition africaine. Ça leur permettra de gagner en expérience. Le déclic peut venir au début ou à la fin. On ira le chercher ce déclic. Ils rêvent déjà à la compétition. Ils veulent savoir ce que c’est. On verra ce que ça va donner.
Quel sera votre objectif en Ligue des Champions ?
On va la découvrir. On va d’abord apprécier le tirage au sort, ensuite on verra. De toutes les façons, l’appétit vient en mangeant. Nous allons prendre du bonus et revenir travailler à la maison. Ça va permettre aux jeunes de se juger eux-mêmes. Ils sauront s’ils sont prêts ou ce qui leur manque.
Ce n’est pas trop tôt pour eux ?
Non, on ambitionnait de jouer une Coupe africaine. Lorsqu’on joue l’Asec ou l’Africa, on se dit qu’ils ne sont pas aussi forts, mais ils ont acquis un plus en compétitions africaines. Ce n’est pas tôt parce qu’il ne faut pas se contenter de la première division.
Ce résultat n’est pas vraiment surprenant quand on sait que l’équipe appartient à un homme du foot comme Anouma…
Les moyens seuls ne suffisent pas. C’est vrai, le mérite lui revient parce que c’est lui qui a fait ce bébé qui, aujourd’hui, a grandi. Il y a aussi les hommes qui composent le club. Il y avait déjà un noyau lorsqu’on est arrivé. Certains ont travaillé depuis les championnats Afaf, régionaux. On a gardé cette ossature qu’on a renforcée. On a maintenu le staff. Le chapeau revient au président Anouma. Il n’a pas mis que les moyens, il a su trouver les mots justes pour encourager les gosses. Dommage qu’il ne soit pas là. Mais je sais qu’il nous suit. Les enfants en sont conscients. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui payent les joueurs pendant les vacances. On le fait à l’Afad. Même pendant la crise, nos enfants étaient rémunérés. Chapeau aussi aux encadreurs, aux dirigeants.
En deux ans de championnat, l’Afad est vice-championne. Pour la troisième saison à quoi peut-on s’attendre ?
Le plus important est de se maintenir lorsqu’on arrive à un niveau. Nous sommes sur la colline, nous allons nous protéger pour ne pas avoir froid. On essayera de rester le plus longtemps possible vice-champion et si possible viser plus haut. Ne pas descendre. Il faut rester dans le cercle des cinq meilleurs. Je tire également le chapeau à Amani Yao, au directeur technique, Koné Tiègbè, au Pca, Jacques Anouma. Son rêve s’est réalisé : rivaliser avec les grands clubs du championnat. On s’est qualifié pour la Ligue des Champions, mais il y a encore du boulot à faire.
Interview réalisé par Tibet Kipré
L’Afad termine deuxième avec une qualification en Ligue des Champions. Une surprise pour les dirigeants que vous êtes ?
Non pas du tout. On ambitionne toujours d’aller de l’avant. Il fallait démystifier la première division. On a dit aux enfants de se faire plaisir, de prendre les matchs les uns après les autres. A chaque sortie, ils visent haut. C’est cette envie qui nous a permis d’être là. Chapeau aux enfants. Ils ont cru en eux. On a traversé des moments difficiles. Mais c’est cela l’apprentissage. Le football c’est une bonne école d’humilité. On perd un jour, on gagne un autre jour. Il faut savoir en tirer des leçons. Aujourd’hui, ils sont récompensés. Après les deux premiers matchs de la super division, ils ont compris qu’il ne suffit pas d’être jeune. Je suis content surtout parce qu’ils vont vivre une Coupe d’Afrique. Ça leur permettra de se bonifier, gagner en maturité.
Le seul plaisir a-t-il suffi pour que l’Afad se retrouve ce niveau ?
Si tu ne prends pas plaisir à jouer, tu ne peux pas faire de bons résultats. Tu peux être bon sur un match, mais pas pour longtemps. Pour jouer au foot, il faut en ressentir le plaisir. On leur a dit de jouer libéré. On a terminé 6ème la saison dernière. On leur a dit qu’on veut autre chose cette saison. Ils ont décompressé, ils ont pris confiance et petit à petit c’est venu.
Quelle est la différence entre l’Afad qui s’est maintenue la saison dernière et celle qui se qualifie cette année pour la Ligue des Champions ?
C’est la maturité qui a fait la différence. Elle progresse toujours, mais les enfants ont fait un grand bond. La manière d’aborder les matchs n’est plus la même. La première année, on découvrait la première division. Elle était à notre portée, après on a relâché. Ils ont su qu’il y avait en face d’eux des gens matures qui n’étaient pas excellents techniquement, mais qui avaient de l’expérience. Cette année, ils ont été plus matures même si on a failli à certains moments.
A quel niveau ?
Au niveau mental surtout. Il y a eu des moments où on a fait la différence dans des matchs difficiles. Par exemple contre le Séwé lors du match retour de la super division. Le Séwé égalise et on marque deux buts en moins de cinq minutes. L’année dernière, on aurait terminé au match nul. Il y a eu des duels que nous avons remportés. On est patient, on sait que l’avenir nous appartient. Le talent seul ne suffit pas. Il faut parfois oublier l’enjeu et chercher à apprendre et progresser.
Vous obtenez le ticket de la Ligue des Champions en battant l’Asec. Il fallait le faire...
Avant l’Asec, il y a eu le match contre l’Africa qu’on a bien géré. On savait que si on passait l’Africa, la place africaine était jouable. Ils se sont motivés eux-mêmes. Ils n’ont jamais perdu deux fois de suite devant la même équipe. Ils ont juré de ne pas perdre devant l’Asec surtout que c’était un match important. C’est ce qu’ils ont fait. Ils ont beaucoup progressé. Tout grand groupe, quel qu’il soit, a un noyau, qui grandit ensemble, vit des expériences communes. Il faut se battre pour maintenir ce groupe. Il faut recruter ce qui nous manque si on en trouve. Il ne suffit pas de venir compléter l’effectif pour le plaisir de le faire. Il faut nous laisser le temps.
La Ligue des Champions est un autre palier et une autre réalité. Comment allez-vous y prendre ?
Quand on arrivait en Ligue 1, on disait que nos joueurs sont petits, fébriles, qu’ils ne vont pas tenir face à l’Asec, et l’Africa. Ils vont se frotter à la compétition africaine. Ça leur permettra de gagner en expérience. Le déclic peut venir au début ou à la fin. On ira le chercher ce déclic. Ils rêvent déjà à la compétition. Ils veulent savoir ce que c’est. On verra ce que ça va donner.
Quel sera votre objectif en Ligue des Champions ?
On va la découvrir. On va d’abord apprécier le tirage au sort, ensuite on verra. De toutes les façons, l’appétit vient en mangeant. Nous allons prendre du bonus et revenir travailler à la maison. Ça va permettre aux jeunes de se juger eux-mêmes. Ils sauront s’ils sont prêts ou ce qui leur manque.
Ce n’est pas trop tôt pour eux ?
Non, on ambitionnait de jouer une Coupe africaine. Lorsqu’on joue l’Asec ou l’Africa, on se dit qu’ils ne sont pas aussi forts, mais ils ont acquis un plus en compétitions africaines. Ce n’est pas tôt parce qu’il ne faut pas se contenter de la première division.
Ce résultat n’est pas vraiment surprenant quand on sait que l’équipe appartient à un homme du foot comme Anouma…
Les moyens seuls ne suffisent pas. C’est vrai, le mérite lui revient parce que c’est lui qui a fait ce bébé qui, aujourd’hui, a grandi. Il y a aussi les hommes qui composent le club. Il y avait déjà un noyau lorsqu’on est arrivé. Certains ont travaillé depuis les championnats Afaf, régionaux. On a gardé cette ossature qu’on a renforcée. On a maintenu le staff. Le chapeau revient au président Anouma. Il n’a pas mis que les moyens, il a su trouver les mots justes pour encourager les gosses. Dommage qu’il ne soit pas là. Mais je sais qu’il nous suit. Les enfants en sont conscients. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui payent les joueurs pendant les vacances. On le fait à l’Afad. Même pendant la crise, nos enfants étaient rémunérés. Chapeau aussi aux encadreurs, aux dirigeants.
En deux ans de championnat, l’Afad est vice-championne. Pour la troisième saison à quoi peut-on s’attendre ?
Le plus important est de se maintenir lorsqu’on arrive à un niveau. Nous sommes sur la colline, nous allons nous protéger pour ne pas avoir froid. On essayera de rester le plus longtemps possible vice-champion et si possible viser plus haut. Ne pas descendre. Il faut rester dans le cercle des cinq meilleurs. Je tire également le chapeau à Amani Yao, au directeur technique, Koné Tiègbè, au Pca, Jacques Anouma. Son rêve s’est réalisé : rivaliser avec les grands clubs du championnat. On s’est qualifié pour la Ligue des Champions, mais il y a encore du boulot à faire.
Interview réalisé par Tibet Kipré