x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 5 décembre 2011 | Le Mandat

«Chassez le naturel et il revient au galop »: l’Editorial de Ulrich Mouahet

Cet adage va aux Ivoiriens comme un gant, eux qui ont du mal à se défaire de leurs vieilles habitudes. Parmi celles qui sont incrustées dans leur quotidien figure leur incapacité à tenir le pari de la salubrité publique. Leur cadre de vie, les rues, les marchés, les hôpitaux…sont sales, et c’est peu de le dire. Des dépôts d’ordures de toutes sortes sont constitués, de manière flagrante, sur les domaines et voies publics et tout le monde semble se complaire dans ce fatras environnemental. Le pays tout entier est devenu insalubre et les populations n’accordent plus aucune attention à leur cadre de vie, ignorant que leur comportement est source de maladies. Le phénomène a pris une telle ampleur que le président de la République, dès sa prise de fonction, l’a inscrit au nombre des urgences. Immédiatement, une opération baptisée ‘’pays propre ‘’ a été lancée avec, en prime, le financement de plusieurs entreprises de ramassage d’ordures ménagères. Cette opération qui est aussi pourvoyeuse d’emplois est accompagnée par une brigade de salubrité. Une unité mixte de 52 membres pouvant évoluer jusqu’à 150, composée d’éléments des forces de défense et d’agents civils, mis à la disposition de l’Agence nationale de la salubrité urbaine, Anasur, qui a pour mission d’empêcher les installations anarchiques et les dépôts d’ordures. Malheureusement, pour la gestion de cette opération, les vieilles habitudes n’ont pu être abandonnées. Le favoritisme s’y est introduit. Des acteurs à qui l’on a confié la gestion des ordures n’ont pas les compétences requises. Pis encore, certains se sont adonnés à des manipulations fantaisistes des gains journaliers de leurs employés, avec pour conséquences des grèves et des arrêts de travail intempestifs. Ce dysfonctionnement qui entrave naturellement l’évolution de l’opération est perçu par certaines gens nostalgiques des vilaines habitudes comme relevant de l’impossibilité pour l’Ivoirien d’aspirer à une salubrité urbaine pérenne. Perdant subitement la culture de la propreté imposée par le chef de l’Etat et surtout la discipline du développement, elles se plaisent et s’encouragent donc à revenir à leurs vieilles habitudes. Désormais, l’on ne s’étonne plus de voir un citoyen répandre des ordures sur la voie publique ni jeter des restes de produits consommables ou encore des serviettes jetables. Comme l’insalubrité, partout, ou presque, c’est aussi le retour des maux qui font reculer la société ivoirienne. Des comportements frustrants qui sont des sources de conflits. A nouveau, pêle-mêle, le racket, le tribalisme, le favoritisme, l’envahissement des trottoirs par les commerçants, la nuisance sonore etc. sont de retour. Comme le Phoenix qui renaît de ses cendres, ces maux sont progressivement en train de refaire surface. C’est tout simplement le retour du naturel. A force, on finit par croire que les Ivoiriens sont nés sales. C’est Jean-Jacques Rousseau qui disait dans Du Contrat Social que « l’homme naît bon ; c’est la société qui le rend mauvais ». Dans le cas des Ivoiriens, il n’est exagéré d’en douter. On a en effet du mal à retrouver le moment qui a marqué le déclin des valeurs dans l’histoire de cette nation. Et le plus grave, c’est que l’on s’en soucie peu. Au demeurant, la lutte contre l’insalubrité coûte, chaque année, à l’Etat de Côte d’Ivoire, 96,7 milliards F CFA. Dans le cadre de la recherche de financements, le gouvernement, par le biais du ministère de la Salubrité urbaine, lors d’un séminaire organisé à cet effet, du 14 au 16 juillet 2011, à Grand Bassam, a suggéré l’implication des populations. Ce, par le prélèvement d`impôts ou de l`écotaxe. Mais, comment le fonds prélevé pourrait-il efficacement être mis à profit quand les populations elles-mêmes ne sont pas éduquées ou sensibilisées au maintien de la salubrité et au respect de l’environnement ? Ce serait une activité vaine qui n’aura pour seul mérite que l’emploi qu’elle procure à quelques citoyens et le renflouement des caisses des entreprises de ramassage d’ordures. On a beau chasser le naturel…
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ