Guardiola veut Kader Kéita. Le patron technique de la plus forte équipe du monde est captivé par la félinité de l’ailier ivoirien. Venant de lui, qui possède dans son équipe des magiciens de tous genres, cela nous honore, nous rend fier. Car « Pop » (Popito), c’est le prototype du génie des acteurs de la légende du football ivoirien. Ses envolées spectaculaires, sa « sorcellerie » technique étaient un pur régal pour les témoins privilégiés du Félicia que nous avons été. Et quelque part, on se dit dommage que le patron technique du Barça ne l’ait pas repéré plus tôt. Il y a eu trop de gâchis à Lyon et en Turquie. Kader Kéita au Barça, ça sonne merveilleusement juste. Mais voilà, au-delà du jeu, nos prodigieux artistes n’ont pas la personnalité forte, le potentiel moral et intellectuel développé. Sur ce plan, c’est très fragile. En pleine ascension, nos virtuoses ont tendance à s’éparpiller, à flancher, n’ayant pas la force et la maîtrise psychologique pour se stabiliser au plus haut niveau. Les carrières professionnelles des Ben Bady, Bamba Yacouba, Joël Tiéhi, Moussa Traoré, Ibrahim Bakayoko, Alain Gouaméné et même Youssouf Fofana sont bien en deçà de leurs valeurs réelles.On peut se demander ce qui serait advenu à Pep Guardiola, qui affectionne tant les ailiers droits de débordement du genre de « son » Pedro Rodriguez, s’il avait vu jouer Jo Bléziri, Bernard Gnahoré, Alphonse Yoro, Séry Henri, Léopold Didi Dubai, Théophile Guédé, Alexis Gomet ou encore Brobéhi Gbaka… ? Tous numéros 7 du terroir, ancêtres de Kader Kéita, et illustres inconnus ! Le talent et la vélocité d’un Aruna Dindane ne méritaient-ils pas mieux que quelques bons matchs avec le RC Lens ? Et Bakary Koné ? Chez eux tous, transpire ce goût d’inachevé. Comme lors de ces six mémorables matchs de Coupe du monde des Eléphants et cette fébrilité mentale qui fit rater le coche à la conclusion. Enfin, que dire de ce mémorable jour des années 90, quand la nouvelle tomba sur les téléscripteurs : Serge Alain Maguy à l’Atletico de Madrid ! Pour nous qui le connaissions bien, il n’y avait pas de doute, « Sergent » allait casser la baraque. Après avoir subjugué le monde du football espagnol en quelques matchs… il disparut. C’est tristement éloquent.
La chronique de Nasser EL FADEL
La chronique de Nasser EL FADEL