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Sport Publié le samedi 24 décembre 2011 | Le Patriote

Interview / Yaya Touré (Ballon d’Or 2011) : “Je pense que cette CAN sera la bonne”

© Le Patriote Par DR
Football/CAF: Yaya Touré meilleur footballeur africain en 2011
Jeudi 23 decembre 2011. Accra, au Ghana Yaya Touré été élu meilleur joueur africain de l`année 2011, par la Confédération africaine (CAF), réunie dans son ensemble pour le gala annuel.
Premier ivoirien vainqueur de la Ligue des Champions d’Europe (2009) avec le FC Barcelone, Yaya Touré vient d’ajouter un autre trophée à son riche palmarès. Lauréat du Ballon d’Or 2011 africain, le natif de Sokoura (Bouaké) n’entend pas s’arrêter là. A 28 ans (il est né le 13 mai 1983), il veut accrocher à son tableau de chasse le trophée de la CAN 2012. Dans cet entretien, il explique les conditions du sacre pour les Eléphants, évoque son altercation avec Zokora Didier en Afrique du Sud, parle de l’avenir de son frère aîné à Manchester City…Bref, Yaya Touré tout feu, tout flamme.

Le Patriote : La CAF vient de vous décerner le titre de meilleur joueur africain 2011. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Yaya Touré : C’est un vrai bonheur. C’est avec beaucoup de joie que j’ai accueilli cette bonne nouvelle.

LP : Quel sens donnez-vous justement à ce prix ? Est-ce la consécration ou une pression supplémentaire?

YT : Ce n’est pas une pression. Au contraire, c’est un bonheur. Ça vient s’ajouter à de nombreuses choses que j’ai déjà gagnées. J’ai toujours dit qu’un sportif insatiable a toujours envie d’aller plus haut. Je pense qu’aujourd’hui, c’est un avant-goût de ce qui nous attend en Afrique. La consécration totale, on la verra d’ici février 2012, précisément le 12 février. Inch’Allah (Si Dieu le veut).

LP : Vous faites sans nul doute allusion à la CAN. Justement à ce niveau, la Côte d’Ivoire est toujours donnée favorite. Mais elle n’arrive encore pas au bout. Pensez-vous que l’édition 2012 sera la bonne ?

YT : Nous sommes, aujourd’hui, conscients de tout cela. Il faut reconnaître que nous sommes de grands garçons. Comme me le disait très souvent mon père, un homme conscient, un homme intelligent ne se retire à force d’échecs. Au contraire, il continue à apprendre de ses échecs. Nous avons beaucoup appris. Il y a eu la finale perdue en 2006 contre l’Egypte, la demi-finale contre l’Egypte en 2008, le match de classement contre le Ghana, le quart de finale contre l’Algérie en 2010. Ce sont des leçons qui nous servent et aujourd’hui, on est conscients que c’est l’unité du groupe qui sera le plus important. C’est le groupe qui doit parler. Je pense qu’individuellement, on a une superbe équipe, l’une des meilleures en Afrique.

LP : Cette unité sans laquelle on ne peut rien gagner ?

YT : Effectivement ! Ça se voit dans les clubs. Les joueurs courent ensemble, défendent ensemble, se battent ensemble pour atteindre un objectif. La plupart du temps, on s’en remet aux individualités, alors que ce qui importe, c’est d’être unis et de travailler tous ensemble pour aller de l’avant parce qu’on a tous le même objectif. Quand vous êtes avec notre grand frère et capitaine, Didier Drogba, il a le même discours. Quand vous êtes avec le plus jeune du groupe, Max Gradel, il a le même discours. Aujourd’hui, on est unanimes, on est unis, on est conscients, on a une grande envie d’aller jusqu’au bout. Je pense que Inch’Allah, Dieu va nous donner cette chance.

LP : Récemment Yaya Touré a fait une sortie dans la presse qui a donné des frissons aux Ivoiriens. Est-ce que Yaya peut affirmer aujourd’hui qu’il sera présent à la CAN en janvier prochain ?

YT : Ce que j’ai dit a été très mal interprété. Vous savez, les clubs européens travaillent plus ou moins avec des journalistes qui leur font des faveurs dans les écrits. Pour eux, ce serait un grand plaisir que je ne parte pas à la CAN. Sinon, j’ai dit simplement que City a de grands joueurs, ils peuvent me remplacer valablement surtout avec les moyens financiers dont ils disposent, les joueurs qu’ils ont. Sinon, cette CAN, je ne peux pas ne pas y être. Même étant blessé-ce que je ne souhaite pas-mentalement je dois partir. Je dois être présent mentalement, physiquement avec mes amis. Je pense que cette CAN sera la bonne. J’en parle depuis longtemps avec ma femme. Cela fait sept mois qu’on en parle et je ne cesse de lui répéter l’heure du premier match et l’heure de la finale de cette CAN. Et je veux y être. Si je ne suis pas là, il n’y a pas de sélection (il rigole).

LP : La rhétorique est connue. Vous parlez à longueur de journée d’unité et de solidarité. Mais vos actes semblent être en contradiction avec vos propos. Yaya Touré peut-il nous expliquer ce qu’il s’est passé entre lui et Zokora Didier lors du Mandela Challenge Cup en Afrique du Sud.

YT : Les gens ont mal interprété cette affaire. Dans le sport, c’est dommage, lamentable d’entendre des choses comme tout ce qui a été écrit et dit. Maestro (Zokora Didier) et moi, on se connaît depuis longtemps. C’est mon aîné de loin, quelqu’un que je respecte beaucoup. C’est vrai que dans le sport, il y a toujours des malentendus. Mais aller dire que j’ai dit des choses frustrantes, malsaines à Maestro, je trouve cela très dommage. Il le sait et, même plus que moi qu’il y a des choses que je n’ai pas dites. Je vous dis que c’est un aîné. Avec tout ce qu’il y a au pays, toute la tension qu’il y a eu, on a envie d’aller au bout. A quelques heures des matchs, on est vraiment tendus. C’est vrai qu’il m’a dit quelque chose et je n’ai pas forcement réagi, je n’ai pas dit des choses qui ont été dites dans les journaux. Apprendre ça de mes amis, de mes proches, j’étais un peu déçu. Mais en même temps, je me dis que c’est de bon augure. Ça montre déjà que tout le monde y est et il faut que tout y soit à cette CAN pour faire plaisir au peuple qui nous attend depuis longtemps. Il faut le reconnaître. On a de bons joueurs, de grands joueurs, mais on n’arrive à rien. Je pense qu’il est temps de changer cette image.

LP : Depuis quelques temps, il se raconte que votre grand frère et coéquipier, Kolo Touré manifeste le désir de partir parce qu’il n’a pas assez de temps de jeu. En avez-vous parlé et si oui Yaya sent-il vraiment cette envie de partir de Kolo et surtout au PSG ?

YT : Je profite de cette question pour vous dire à quel point le pays est important. Le club reste le club. On y arrive et à un moment, on part. Mais la sélection, on n’y part jamais. Parce que la sélection nationale, c’est le pays. On peut partir de la sélection sans être parti du pays. Ce qui n’est pas le cas du club. Personnellement, j’ai fait beaucoup de clubs. On parle aujourd’hui parce qu’on n’est pas content, mais en équipe nationale, on est toujours présent même si on n’est plus sélectionnable. On peut être interpellé dans la rue à tout moment pour ce qu’on a fait et on continue à faire pour le pays. C’est pourquoi, je disais qu’il est important de jouer pour le pays et je dois être présent avec mes amis à la CAN. Comme je le serai pour toutes les CAN. Je rêve de cette coupe depuis longtemps et on en reparlera au soir du 12 février, Inch’Allah. J’espère que cette fois-ci sera la bonne Inch’Allah.

LP : C’est une nouvelle déclaration d’amour pour votre pays, mais sentez-vous que votre aîné affiche une réelle volonté de quitter City ?

YT : Mais oui ! Comme tout le monde, ça arrive. C’est vrai et spécialement pour lui, je sais. Il faut être performant en club pour pouvoir jouer en équipe nationale. Et Kolo le sait. Il sait qu’il doit se bagarrer pour faire partie de cette équipe. Il en est conscient. On parle beaucoup de lui, mais en cas de départ, le choix lui reviendra.

LP : Peut-on dire que ce trophée aura un impact sur le processus de réconciliation en cours en Côte d’Ivoire et quand Yaya compte-t-il présenter ce trophée au peuple ivoirien ?

YT : Sincèrement, j’ai plus envie de montrer le trophée de la CAN parce que ce sera le plus important. Ce prix est individuel et je suis content de l’avoir gagné. Aujourd’hui, avec le temps qu’on a, il serait compliqué de descendre en Côte d’Ivoire. Quand je viendrai, si Dieu le veut, montrer la CAN aux Ivoiriens, j’en profiterai pour leur présenter ce trophée également. C’est le plus important pour nous tous. Mon souhait le plus ardent, c’est de soulever ce trophée. J’en rêve.

LP : Le Sénégal, la Guinée, le Mali, le Ghana. La Côte d’Ivoire craint-elle spécialement une équipe ?

YT : Je pense qu’on se craint nous-mêmes. Toutes les équipes citées, on les bat facilement lors des matchs amicaux ou lors des phases qualificatives. Mais à la CAN, tout devient difficile. On a du mal à les battre. Je pense que les mentalités ont changé. Ce sera une consécration qu’on arrive à bout de nos objectifs en 2012. Je suis sûr que ça ira, Inch’Allah.

Par OUATTARA Gaoussou, Envoyé spécial à Accra (Ghana)
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