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Société Publié le lundi 9 janvier 2012 | Le Patriote

Interview / Joseph Holland N`Da (Pca MUgefci) : “Nous allons construire une polyclinique pour les fonctionnaires”

La Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l`Etat de Côte d`Ivoire (MUGEF-CI) a connu des remous ces deux derniers mois. Un collectif de syndicats exigeait le renouvellement du conseil d`administration avant la date de la tenue de l`Assemblée générale élective. Dans cet entretien, Joseph Holland s`ouvre au quotidien `` Le Patriote``.
La Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l`Etat de Côte d`Ivoire (MUGEF-CI) a connu des remous ces deux derniers mois. Un collectif de syndicats exigeait le renouvellement du conseil d`administration avant la date de la tenue de l`Assemblée générale élective. Dans cet entretien, Joseph Holland s`ouvre au quotidien `` Le Patriote``.
Le Patriote : Les Ivoiriens constatent depuis quelques mois un bicéphalisme à la tête de la MUGEF-CI. Qu`en est-il exactement ?
Joseph Holland N`Da : Je n`ai pas connaissance de ce bicéphalisme puisque le Conseil d`Administration de la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l`Etat de Côte d`Ivoire (MUGEF-CI) qui a été élu depuis Août 2007 est bel et bien là. J`ai appris qu`une Assemblée générale se serait tenue le 21 décembre dernier à Ivotel et qu`un conseil d`Administration serait sorti de ces assises jugées illégales par la justice de Côte d`Ivoire. Que le collectif aurait désigné le Colonel Yao Touré Albert comme président du conseil d`administration. Pour nous il n`y a pas de bicéphalisme. Il y a un seul président du conseil d`administration qui est là et qui travaille régulièrement. Je demeure PCA jusqu`à la prochaine assemblée générale.

L.P. : A quand la tenue de cette Assemblée générale ?
J.H.N : Cette Assemblée générale est prévue pour juin 2012. C`est une décision de la dernière assemblée générale en date du 25 Août 2011.

L.P. : Pourquoi le colonel Yao Touré a tenu à organiser son Assemblée générale malgré la décision de la justice ?
J.H.N : Seul Yao Touré peut répondre de ce qu`il fait. J`ai l`impression qu`il fonctionne comme un électron libre. Il ne respecte pas les décisions de justice, encore moins les appels répétés de son ministère de tutelle. (Ministère de la Défense).Il a décidé de s`inscrire dans le faux. Nous savons pourquoi il se comporte de la sorte.

L.P. : Justement comment expliquez -vous ses agissements ?
J.H.N : Nous avons appris qu`il part à la retraite le 31 décembre (2011). Comme il a la hantise de se retrouver sans activités, il s`est engagé vaille que vaille en passant par tous les moyens pour se faire élire Président du conseil d`administration de la MUGEF-CI. Sans doute pour rembourser les fonds qu`il aurait détournés au Fonds de la Prévoyance Militaire. Les informations en notre possession font état de ce qu`il était en prison avant le déclenchement de la crise post-électorale.

L.P. : Comment ?
J.H.N : Il n`a pas été désigné par son ministère de Tutelle. C`est le colonel Djama qui l`a fait rentrer au Conseil d`Administration de la MUGEF-CI. Cette structure ne s`est pas autant mal portée que pendant la gestion de ce monsieur. C`est lui qui entretient financièrement ce collectif. Etant entendu qu`il a pris assez de milliards F dans la caisse de la MUGEF-CI. Je ne peux pas me lever de mon propre chef, pour rentrer à la MUGEF-CI. J`appartiens à une centrale comme l`UGTCI. Ce n`est pas possible tant que je n`ai pas été désigné par ma centrale syndicale. Les syndicats sont bien informés. Mais ils suivent Yao Touré, parce qu`ils affirment qu`il distribue de l`argent.

L.P. : Le collectif des syndicats dit être membre de l`Assemblée générale de la MUGEF-CI et qu`il n`a pas besoin d`être dans une centrale syndicale. Quels commentaires ?
J.H.N : Ce collectif ne connaît même pas le fonctionnement de la mutuelle. Où était-ce collectif lorsqu`en 1989, feu président Houphouët Boigny confiait la gestion de la Mugef-cI aux fonctionnaires ? Il n`était pas là. La Mugef-ci a sa manière de fonctionner. C`est une société privée hautement autonome. Ce, par la volonté du Président feu Félix Houphouët Boigny. A sa création la Mugef-ci était logée à la Fonction Publique. Et le Ministre de la Fonction publique nommait le Directeur central de cette structure pour gérer l`argent des fonctionnaires. Nous sommes sortis de cette situation depuis 1999. Le ministre de l`Intérieur de l`époque, M. Léon Konan Koffi, a pris un arrêté en date du 29 mai 1990 pour transformer la Mugef-ci en société privée avec une Assemblée générale, un Conseil d`Administration et une Direction Générale. Voici pourquoi depuis 1990, on n`est plus sous la Tutelle d`un Ministère. Bien sûr que nous sommes dans un pays organisé et nous évoluons dans le domaine de la santé et du social. Si nous voulons mener nos activités nous aurions forcément affaire au ministre de la Santé et des Affaires sociales. Et nous devons nous mettre en conformité avec ce qui se passe dans notre pays. On n`a jamais eu de problèmes avec un ministre. Pas avec celui de la Santé et de la lutte contre le Sida encore moins celui des Affaires Sociales. Le Collectif des syndicats qui s`agite, ne sait rien du fonctionnement de cette structure. Aujourd`hui, ce qui motive ces personnes, c`est comment s`arranger pour faire main-basse sur les 2 milliards 100 millions de FCFA d`excédent comptables pour l`exercice 2010. Parce que pour eux, les 2 milliards 100 constituent une trésorerie qui est là et qu`il faut prendre. En clair, c`est le gain facile qui motive toutes ces personnes. Nous connaissons la moralité des syndicats qui sont dans le collectif. Nous ne sommes pas à nos premiers accrocs avec eux. Nous sommes en contentieux avec le groupe des Gnangnan Zadi (porte parole du collectif) depuis 2009. Ils sont en justice avec nous depuis 2008. Ils disent ne pas reconnaître ni la légalité, ni la légitimité de notre Conseil d`Administration. Simplement parce qu`ils nous ont demandé de l`argent que nous avons refusé de donner. En principe, s`ils sont de bonne moralité, ils ne devraient même pas répondre à nos différentes convocations. Et quand ils viennent, c`est pour perturber nos Assemblées Générales. En 2008, ils l`ont fait. En 2009, ils sont allés jusqu`à renverser la table d`honneur. Et en 2010, ils se sont mis en collectif, manipulés par Yao Touré qui veut devenir PCA. C`est un groupement de 14 syndicats dit de l`Union Nationale des Forces du Travail de Côte d`Ivoire (l`UNAF-CI).

L.P. : Le collectif vous accuse d`avoir déjà fait deux mandats. Que dites-vous ?
J.H.N : Dans notre statut, il est dit que le Président est élu pour 4 ans et renouvelable une seule fois. Ces statuts existent depuis 1990, sinon la Mugef-ci ne connaissait même pas ces limitations de mandat. Cette règle est rentrée en vigueur quand les Centrales syndicales sont rentrées dans le conseil d`Administration de cette mutuelle pour instaurer une sorte d`alternance. Elles aussi voulaient la présidence du Conseil d` Administration. A cette époque qui pouvait résister à l`alternance ? Voilà comment les choses ont évolué. Cela dit, j`ai été dans le Conseil d`Administration jusqu`en Avril 2003 d`où j`en suis sorti.

L.P. : Pourquoi êtes vous sorti du Conseil d`Administration ?
J.H.N : Justement, c`est parce que je dénonçais la gestion du Colonel Yao Touré. Mais quand je suis sorti du Conseil d`Administration, tout le monde s`est rendu compte. Au point que M. Adiko Niamkey s`est résolu à limoger Yao Touré en février 2007. J`étais dans ce Conseil d`Administration en qu`Administrateur et non président. Et si je reviens 4 ans après, j`exerce un nouveau mandat. D` où vient-il qu`on m`impute des mandats déjà réalisés. Il n`y a pas eu de continuité. Et lorsqu`on dit 4 ans renouvelables, il s`agit d`une continuité. Je suis PCA, mon mandat prend fin en juin 2012 et nous allons le renouveler. Et j`attends mon deuxième mandat. Si je suis frappé par cette disposition, c`est en Assemblée générale, lors du renouvellement des instantes dirigeantes, que l`on constatera cela. Ce n`est pas un collectif qui prend sur lui de braver les décisions d`une Assemblée générale qui s`est tenue le 25 Août 2011. Que représente le collectif par rapport à l`AG ? Un Collectif n`est pas un organe statutaire de notre mutuelle. Je dis et je le répète, j`ai fait un seul mandat. Et je suis encore candidat à la prochaine A.G. Je suis candidat à ma propre succession et j`attends mes adversaires en juin 2012. Quand on prenait la Mugef-ci, elle était moribonde. Les comptes étaient au rouge avec des dégâts d`environ 300 millions de Fcfa en 2008. L`année 2007, était une année de transition. La gabegie qui a eu lieu ne m`est pas imputable. En 2008, nous avons fait un résultat de 517 millions de Fcfa, en 2009, plus d`un milliard. En 2010, un résultat de 2 milliards 100 millions Fcfa. En 2011, lorsqu`on obtiendra un excédent de 3 milliards Fcfa, ils viendront nous égorger. C`est le gain facile qui les attire. Toutes ces personnes sont de mauvaise moralité. On les connaît dans le monde syndical et dans la gestion des entreprises. De grâce, qu`ils nous laissent travailler. Avec de maigres moyens on fait de grandes choses. L`hôpital des fonctionnaires a vu le jour. Mais sous Yao Touré, rien que pour faire monter les murs, il a détourné 240 millions de Fcfa. Nous avons tous les documents.

L.P. : Avez-vous le soutien des trois centrales syndicales ?
J.H.N : Je ne suis pas venu à la tête de cette mutuelle de mon propre chef. C`est une mission qu`on m`a confiée. Celle de redresser la Mugef-ci. Aujourd`hui, cette mutuelle se porte très bien. Yao Touré va jusqu`à s`associer au président de l`ordre des pharmaciens. Et, il affirme que si d`aventure, il devient PCA, il doit fermer la pharmacie des fonctionnaires, annuler les quotas. Il soutient que s`il est PCA, il versera une subvention de 5 millions à chaque syndicat. Lorsque tu dilapides tout ce fonds, que te reste-t-il pour soigner les fonctionnaires ? C`est de la pure démagogie. Quand Yao Touré était à la tête de la Mugef-ci, il a réduit le réseau des pharmacies. Les fonctionnaires n`arrivaient pas à se soigner. Cela fait longtemps qu`il est dans le faux. Nous venons de recevoir une lettre de la SGBCI disant que c`est lui le nouveau PCA. Il demande à la banque de surseoir à tous les décaissements sauf le paiement des prestataires.

L.P. : Quelle a été la réaction de la banque ?
J.H.N : La banque s`est saisie du document. La décision du Tribunal qui les déboutait a été distribuée à toutes les structures partenaires par un huissier. Mais ce dernier a oublié de la déposer à la SGBCI. Et à la banque du Trésor. La décision de justice a été déjà déposée et le problème est en train d`être réglé. Si Yao Touré se dit PCA de la Mugef-ci, pourquoi ne vient-il pas prendre les locaux et faire une passation de charges ! Il se met à fabriquer les papiers avec le logo Mugef-ci pour faire n`importe quoi. La justice travaille.

L.P. : Que dit la justice ?
J.H.N : La justice travaille. Une instruction a été ouverte contre lui. Yao Touré sera convoqué pour être entendu. Il sera devant les tribunaux militaires et la justice civile pour les détournements qu`il a commis à la Mugef-ci. Il brave toutes les autorités et n`a du respect pour personne. Aujourd`hui, nous sommes en train de préparer l`Assemblée générale de juin 2012 qui va se dérouler en deux temps : la première partie, le bilan d`exercice 2011. La deuxième partie sera consacrée au renouvellement du Conseil d`Administration.

L.P. : L`interdiction d`approvisionnement de la pharmacie des fonctionnaires court-elle toujours ?
J.H.N : Oui. Nous sommes victimes d`un abus. Nous avons reçu deux autorisations pour l`ouverture de la pharmacie des fonctionnaires. La première nous a été délivrée par le ministre d`alors, Christine Adjobi. La deuxième par le Pr. N`Dri Yoman. Les structures telles que la CNPS, le Fonds de prévoyance de la police, les Impôts, le Trésor ont toutes les autorisations pour l`ouverture des pharmacies en leur sein. Nous ne savons pas pourquoi l`Ordre des pharmaciens s`oppose à l`ouverture de la pharmacie des fonctionnaires. Pourtant, nous avons reçu un arrêté du ministère de la Santé et de la lutte contre le Sida, Thérèse N`Dri Yoman. Cet arrêté nous autorise à nous approvisionner en médicaments auprès des grossistes. Le conflit qui nous oppose à Parfait Kouassi, président de l`Ordre des pharmaciens et qui est à la DPCI, est d`ordre financier. Il veut qu`on augmente son quota de 5 à 10 millions de Fcfa. A cet effet, il nous a même adressé un courrier le 17 juin dernier. Comme il n`a pas obtenu satisfaction, il a décidé d`interdire la livraison des médicaments dans notre pharmacie.

L.P. : Le Président de l`Ordre des pharmaciens a jugé illégal l`arrêté du ministre de la Santé. Quel commentaire ?
J.H.N : Ce n`est pas à moi de juger cet arrêté. Si tant est que Dr. Parfait Kouassi juge illégal l`arrêté, qu`il saisisse le ministère de Tutelle. Il n`avait pas de raison de s`en prendre à la Mugef-ci en interdisant l`approvisionnement de sa pharmacie en médicament. Moi, mon arrêté est toujours en vigueur. Fort de cela, nous avons porté plainte contre Parfait Kouassi et contre les deux laboratoires (Laborex et DPCI).

L.P. : Cette décision de l`Ordre des pharmaciens a-t-elle eu des conséquences sur les patients ?
J.H.N : Nous avons dit que s`il arrivait quoi que ce soit à un fonctionnaire à cette période, on tiendra pour responsable l`Ordre des pharmaciens. Parce que nous sommes dans un pays de droit. Et notre convention signée avec l`Ordre est très claire. Elle stipule qu`en cas de conflit, les parties sont obligées de négocier et trouver un accord à l`amiable. Mais, si l`accord n`est pas possible, nous saisissons la justice pour que les choses rentrent dans l`ordre.

L.P. : Les malades chroniques (cancéreux, diabétiques, etc.) arrivent--ils a se soigner ?
J.H.N : Il est certain qu`à un moment donné, la situation sera critique parce que nos stocks de médicaments sont en train de s`épuiser. Et comment faire pour les renouveler ? Les cas des malades chroniques deviendront très critiques les jours à venir. C`est pourquoi nous avons ouvert notre pharmacie au service médical des fonctionnaires pour mieux prendre en charge ces personnes-là.

L.P. : Quel est l`effectif à ce jour des adhérents de la Mugef-ci ?
J.H.N : Nous sommes à ce jour à 204.000 adhérents qui cotisent dont 64.000 retraités. Le Trésor public nous vire les cotisations de ceux qui sont en activité et la CGRAE pour les retraités. Avec près de 600.000 bénéficiaires. Nous renouvelons les cartes tous les 3 ans pour retirer les fichiers de ceux qui sont décédés. Car des cartes de personnes décédées continuent de circuler entre les mains d`autres personnes. Le produit Ivoir`Santé est renouvelé chaque année pour éviter que les fraudeurs mettent en pratique leur salle besogne. En tout cas, nous nous battons pour que les fonctionnaires aient accès aux soins. Je puis vous assurer que la Mugef-ci se porte très bien. Et ça sera catastrophique si on laisse la Mugef-ci mourir. Les clignotants sont aujourd`hui au vert et nous avons obligation d`améliorer le confort des fonctionnaires en terme de prise en charge.

L.P. : Quelles perspectives pour cette mutuelle ?
J.H.N : Nous allons construire les hôpitaux dans les 19 régions du pays. Ce, pour éviter que les fonctionnaires ne parcourent de longues distances pour se faire soigner. La Mugef-ci va désormais à la rencontre des fonctionnaires. Nous avons aussi un projet phare, celui de la construction d`une polyclinique pour les fonctionnaires à Bingerville. Nous prévoyons également une opération immobilière pour notre personnel. Et nous allons également recevoir sous peu, du Japon, une batterie de 10 appareils de dialyse pour les insuffisants rénaux. Cela permettra de renforcer la capacité des deux appareils que nous avons pour une meilleure prise en charge des patients. Les fonctionnaires ne se plaignent pas actuellement. Mais lorsqu`une clinique ne traite pas bien les fonctionnaires, nous menons d`abord une enquête sur le terrain et lorsque les faits sont avérés, nous résilions le contrat avec cet établissement. J`espère que la sagesse va habiter le colonel Yao Touré et son collectif. S`il veut devenir PCA, qu`il suivre la voie légale.
Réalisée par Anzoumana Cissé
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