Décédé le 30 octobre 2011, la mémoire de Amédée Pierre (Nahounou Digbeu son nom à l'état civil), sera honorée pendant plus d'une semaine par le monde des arts et de la culture ivoirien. Officiellement ouverts depuis le mercredi 4 janvier, ces funérailles se poursuivront jusqu'au samedi 14 janvier à travers l'inhumation qui aura lieu au cimetière de Williamsville. Dans le cadre des obsèques, le ministère de la Culture et de la Francophonie a organisé une cérémonie d'hommage officiel à la mémoire de l'artiste, hier mardi 10 janvier à la salle Christian Lattier du Palais de la Culture de Treichville. A cette tribune, l'artiste a reçu la plus haute distinction de l'État ivoirien, à savoir le grade de Grand Officier de l'ordre du mérite Ivoirien, dont les insignes ont été remises à sa famille par Mme Henriette Dagri Diabaté, Grande chancelière de Côte d'Ivoire. Justifiant l'implication de l'État ivoirien dans l'organisation de ses obsèques, le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Kouakou Bandaman s'est appesanti sur le rôle de pionnier de la musique moderne ivoirienne qu'a joué le Dopé national : « En décidant de célébrer la mémoire de Amédée, il s'agit pour nous de rendre un ultime hommage à l'un des esprits les plus brillants et les plus féconds de la musique ivoirienne. En ce jour de la célébration de son œuvre, je m'incline sur la mémoire de ce précurseur de la musique ivoirienne moderne, car plus que quiconque, Amédée mérite cet hommage de la Nation. C'est en effet à lui que revient la paternité de l'histoire de la musique ivoirienne moderne, car c'est Amédée qui a signé l'acte de naissance de la musique ivoirienne moderne le 7 août 1960 à la faveur de la célébration de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, à l'âge de 23 ans. », a-t-il commenté, avant de revenir sur la vie syndicaliste et d'homme de combat que fut l'artiste pour les droits d'auteur des artistes ivoiriens: « Amédée Pierre a été également le pionnier du combat de la reconnaissance de la juste répartition des droits des artistes, qui va aboutir à la création du Bureau Ivoirien des Droits d'Auteurs (Burida, Ndlr). Artiste novateur, Amédée Pierre a instauré la tradition du bar-dancing à l'ivoirienne à Treichville. Mais également à travers l'ivoiro-star, un haut lieu de formation. Amédée a contribué à l'éclosion de nombreux jeunes talents, dont Ernesto Djédjé sera l'un des dignes porte- flambeau. En conséquence, sa disparition constitue une perte importante pour le patrimoine culturel national. D'où cet hommage national que le chef de l'Etat a bien voulu qu'on lui rende. « De là où il est, je le sens en train de nous dire ''Moi je vis éternellement dans vos cœurs car je reste à jamais gravé dans la stèle de vos mémoire», a-t-il terminé tout en traduisant sa compassion à la famille biologique et à la grande famille des arts et de la culture . L'État ivoirien qui n'entendait pas faire les choses à moitié, a financé entièrement les obsèques de cette icône de la musique à hauteur de 35 millions de Fcfa, jusqu'à lui confectionner un mausolée dont le coût de réalisation des travaux est estimé à environ 20 millions de fcfa. De passage hier au cimetière de Williamsville où est érigé un caveau, nous avons pu nous faire une idée de l'état d'avancement des travaux, qui au dire du chef du chantier Koné Fousseni, pourrait permettre la livraison de l'ouvrage demain jeudi 12 janvier. Notons que dès ce matin, il lui sera rendu un hommage scientifique par des intellectuels ivoiriens tel Bernard Zady Zaourou qui prononcera une conférence sur l'œuvre de l'artiste.
Germain DJA K
Germain DJA K