Janvier, le mois le plus long, a-t-on coutume de dire. Un mois très difficile à passer Car il se trouve tout juste après les fêtes de Noël et de Nouvel an. Moments de bombance et de festivités pour les populations, janvier engendre d'énormes dépenses. En effet, en une semaine, deux fêtes ont été célébrées, et cela n'est pas sans conséquence pour les travailleurs dans leur ensemble, et particulièrement pour les fonctionnaires et agents de l'Etat de Côte d'Ivoire. Qui, il faut le rappeler, ont été payés dès le 21, pour certaines personnes ou le 22 décembre 2011 pour d'autres. Emile Séry est fonctionnaire de son état. Censeur à l'intérieur du pays, il dit trouver ce mois très pénible. « C'est un mois très difficile pour moi. Pendant les fêtes, j'ai énormément dépensé. C'est une obligation pour les parents que nous sommes de faire plaisir à nos familles, nos enfants pendant les fêtes de fin d'année. Mais le hic, c'est que je ressens cela maintenant. On n'est pas encore au 15 du mois et l'argent est devenu une denrée rare. », souligne-t-il. M. Séry explique que pour joindre les deux bouts, il se rabat sur un ami commerçant en attendant la fin du mois. « Je ne veux pas faire de retrait pour éviter le pire. Nous avons des économies fragiles et on ne peut pas se permettre de faire des retraits à tout bout de champ. », poursuit notre interlocuteur.
Remi Konin lui, est en service à la Direction des concours et examens. Il abonde dans le même sens que M. Séry. Tout comme ce dernier, il est confronté aux dures réalités de l'après-fête. Il croule aussi sous le poids de la galère du mois de janvier. «Vous comprenez qu'avec la vie qui est déjà chère, ce n'est pas facile de tenir après avoir effectué des dépenses aussi importantes.», reconnait-il. Et de révéler : « Avant le 10, j'ai fait un retrait à la banque. Je n'ai pas l'intention d'y faire un second tour avant la fin du mois. Je sais que ça ne sera pas facile. Et il faut que je tienne. En plus des fêtes, je me suis acquitté du paiement de mon loyer. Après tout cela, il ne me reste plus grand-chose.». Raphaël Koné ne dit pas autre chose. Cet instituteur dans une école publique à Yopougon ne sait plus à quel saint se vouer.
Et il l'avoue. « Janvier est un mois particulièrement difficile. C'est aussi le premier mois de l'année. Il vient tout juste après la rentrée scolaire et les fêtes. Vous connaissez bien la rentrée avec son cortège de difficultés. Si on ajoute encore les fêtes de Noël et le nouvel an, c'est pas du tout facile. », avance-t-il. Virginie Fofana, éducatrice en veut terriblement à ce mois de janvier. « Après l'euphorie des fêtes, on fait désormais face aux dures réalités de la vie. Ce mois est un mois que je n'aime pas. Car c'est le mois de tous les ennuis », argumente-elle. Veuve avec 5 enfants, cette mère de famille affirme avoir d'énormes problèmes pour terminer ce mois. « Nous autres fonctionnaires n'avons pas d'autres sources de revenu, si ce ne sont que nos maigres salaires. Avec le même salaire, on a fait deux fêtes successives. C'est vraiment pénible », se lamente t-elle. Ajoutant que malgré les dispositions, la réalité est là, implacable. Sergent M.B. et Sergent-chef A.T.B., un couple de policiers qui broient également du noir. « C'est vraiment dur. Chaque jour qui passe, on s'aperçoit que le sac de riz descend. L'huile finit très vite. Cela me rend nerveux et c'est la servante, la pauvre, qui prend les pots cassés. Je me défoule sur elle sans pour autant faire exprès. Mes enfants eux ne me reconnaissent plus. Mais moi je sais que c'est parce qu'il n'y a pas d'argent. J'ai déjà effectué deux retraits : le 04 et le 11 janvier. Mais c'est toujours compliqué. Mais je m'en remets à Dieu », confesse le mari.
Ruée vers les guichets automatiques et les ''margouillats''
Un tour dans les différents établissements financiers et bancaires du Plateau nous permet de nous rendre compte de la situation causée par ce mois. Hier, une longue file d'attente était constatée devant les Distributeurs automatiques de billets. « On se croirait à la fin du mois.
Regarde cette affluence au guichet. », fait remarquer un homme d'une quarantaine d'années à son voisin de derrière, dans le rang comme lui. Ce spectacle n'est pas étranger aux agents de sécurité. « On voit beaucoup de personnes venir faire des retraits. A partir du 05 janvier, les gens ont commencé à défiler devant les guichets », confie un vigile. Ce dernier explique que très souvent les guichets tombent en panne. « On a des problèmes de réseau et les clients n'arrêtent pas de se plaindre», poursuit-il. Une aubaine pour les usuriers qui pullulent le long des banques et qui sont assaillis par des fonctionnaires. Issa T., très connu de ces travailleurs, était tout sourire. La raison, la fin du mois de janvier s'annonce sous de bons auspices. « Les gens se sont laissés prendre au piège des virements effectués très tôt.
Depuis le 04 janvier, je suis très sollicité. Pour 100 000 FCFA que je donne à certaines personnes, je dois en retour obtenir un bénéfice de 50 000 FCFA. Je suis même obligé de solliciter mes amis car les affaires marchent pour nous. En tous cas, notre petit business est en train de nous faire ''manger'' davantage. Il n'y a pas de ''margouillat'', comme on nous appelle, qui ne va pas faire de bénéfices à la fin du mois », se réjouit-il. Si le mois est pénible pour beaucoup de fonctionnaires, d'autres par contre disent avoir pris les précautions nécessaires. Romaric Hien est inspecteur d'enseignement primaire. Pour lui, le mois de janvier est comme tous les autres mois. « Tout est une question d'organisation. Ce n'est pas parce que c'est la fête qu'il faut dépenser sans tenir compte de son revenu. Si vous savez qu'après les fêtes, vous devez vivre, pourquoi dépenser follement parce que c'est la fête », explique l'Inspecteur. Chose également partagée par Koffi Kan Georgette, enseignante au préscolaire. «Personnellement, je vis le mois de janvier comme tous les autres mois de l'année. Ce mois n'a rien de particulier pour moi. Qui sème le vent, récolte la tempête.», affirme-t-elle. Fortunes diverses pour les fonctionnaires et agents de l'Etat. Mais beaucoup sont tombés dans ce ''cadeau empoisonné'' de 2011 où l'argent est vite tombé dans les poches. Comme on peut le constater, le mois de janvier et particulièrement celui-ci, est source de soucis financiers pour bon nombre de fonctionnaires.
Zana Coulibaly
Remi Konin lui, est en service à la Direction des concours et examens. Il abonde dans le même sens que M. Séry. Tout comme ce dernier, il est confronté aux dures réalités de l'après-fête. Il croule aussi sous le poids de la galère du mois de janvier. «Vous comprenez qu'avec la vie qui est déjà chère, ce n'est pas facile de tenir après avoir effectué des dépenses aussi importantes.», reconnait-il. Et de révéler : « Avant le 10, j'ai fait un retrait à la banque. Je n'ai pas l'intention d'y faire un second tour avant la fin du mois. Je sais que ça ne sera pas facile. Et il faut que je tienne. En plus des fêtes, je me suis acquitté du paiement de mon loyer. Après tout cela, il ne me reste plus grand-chose.». Raphaël Koné ne dit pas autre chose. Cet instituteur dans une école publique à Yopougon ne sait plus à quel saint se vouer.
Et il l'avoue. « Janvier est un mois particulièrement difficile. C'est aussi le premier mois de l'année. Il vient tout juste après la rentrée scolaire et les fêtes. Vous connaissez bien la rentrée avec son cortège de difficultés. Si on ajoute encore les fêtes de Noël et le nouvel an, c'est pas du tout facile. », avance-t-il. Virginie Fofana, éducatrice en veut terriblement à ce mois de janvier. « Après l'euphorie des fêtes, on fait désormais face aux dures réalités de la vie. Ce mois est un mois que je n'aime pas. Car c'est le mois de tous les ennuis », argumente-elle. Veuve avec 5 enfants, cette mère de famille affirme avoir d'énormes problèmes pour terminer ce mois. « Nous autres fonctionnaires n'avons pas d'autres sources de revenu, si ce ne sont que nos maigres salaires. Avec le même salaire, on a fait deux fêtes successives. C'est vraiment pénible », se lamente t-elle. Ajoutant que malgré les dispositions, la réalité est là, implacable. Sergent M.B. et Sergent-chef A.T.B., un couple de policiers qui broient également du noir. « C'est vraiment dur. Chaque jour qui passe, on s'aperçoit que le sac de riz descend. L'huile finit très vite. Cela me rend nerveux et c'est la servante, la pauvre, qui prend les pots cassés. Je me défoule sur elle sans pour autant faire exprès. Mes enfants eux ne me reconnaissent plus. Mais moi je sais que c'est parce qu'il n'y a pas d'argent. J'ai déjà effectué deux retraits : le 04 et le 11 janvier. Mais c'est toujours compliqué. Mais je m'en remets à Dieu », confesse le mari.
Ruée vers les guichets automatiques et les ''margouillats''
Un tour dans les différents établissements financiers et bancaires du Plateau nous permet de nous rendre compte de la situation causée par ce mois. Hier, une longue file d'attente était constatée devant les Distributeurs automatiques de billets. « On se croirait à la fin du mois.
Regarde cette affluence au guichet. », fait remarquer un homme d'une quarantaine d'années à son voisin de derrière, dans le rang comme lui. Ce spectacle n'est pas étranger aux agents de sécurité. « On voit beaucoup de personnes venir faire des retraits. A partir du 05 janvier, les gens ont commencé à défiler devant les guichets », confie un vigile. Ce dernier explique que très souvent les guichets tombent en panne. « On a des problèmes de réseau et les clients n'arrêtent pas de se plaindre», poursuit-il. Une aubaine pour les usuriers qui pullulent le long des banques et qui sont assaillis par des fonctionnaires. Issa T., très connu de ces travailleurs, était tout sourire. La raison, la fin du mois de janvier s'annonce sous de bons auspices. « Les gens se sont laissés prendre au piège des virements effectués très tôt.
Depuis le 04 janvier, je suis très sollicité. Pour 100 000 FCFA que je donne à certaines personnes, je dois en retour obtenir un bénéfice de 50 000 FCFA. Je suis même obligé de solliciter mes amis car les affaires marchent pour nous. En tous cas, notre petit business est en train de nous faire ''manger'' davantage. Il n'y a pas de ''margouillat'', comme on nous appelle, qui ne va pas faire de bénéfices à la fin du mois », se réjouit-il. Si le mois est pénible pour beaucoup de fonctionnaires, d'autres par contre disent avoir pris les précautions nécessaires. Romaric Hien est inspecteur d'enseignement primaire. Pour lui, le mois de janvier est comme tous les autres mois. « Tout est une question d'organisation. Ce n'est pas parce que c'est la fête qu'il faut dépenser sans tenir compte de son revenu. Si vous savez qu'après les fêtes, vous devez vivre, pourquoi dépenser follement parce que c'est la fête », explique l'Inspecteur. Chose également partagée par Koffi Kan Georgette, enseignante au préscolaire. «Personnellement, je vis le mois de janvier comme tous les autres mois de l'année. Ce mois n'a rien de particulier pour moi. Qui sème le vent, récolte la tempête.», affirme-t-elle. Fortunes diverses pour les fonctionnaires et agents de l'Etat. Mais beaucoup sont tombés dans ce ''cadeau empoisonné'' de 2011 où l'argent est vite tombé dans les poches. Comme on peut le constater, le mois de janvier et particulièrement celui-ci, est source de soucis financiers pour bon nombre de fonctionnaires.
Zana Coulibaly