Une enquête policière pour le moins sabotée, sous l’embarras pesant du régime de Laurent
Gbagbo. Une instruction qui traîne en longueur. Un crime sans cadavre. Des suspects qui
refusent de se mettre à table. Décidément, l’affaire Guy-André Kieffer, du nom du journaliste
franco-canadien, disparu depuis le 16 avril 2004, est pleine d'ombres et de mystères. Cela,
en plus du mur politique qui a fait ombrage au travail du magistrat français. Depuis bientôt
huit ans, l'affaire «Guy-André Kieffer» demeure un des plus grands mystères de l'histoire
judiciaire de notre pays. Ni l'analyse des documents et du répertoire téléphonique du
journaliste, ni les témoignages recueillis par les enquêteurs et le magistrat instructeur, n'ont
permis, pour l’instant, d'identifier le ou les coupables, en raison des péripéties vécues sur le
terrain.
Les faits sont bien connus, pourtant: lors de sa disparition, Guy-André Kieffer enquêtait sur
des malversations, notamment dans la filière café-cacao, impliquant des proches du pouvoir.
Il a été vu vivant pour la dernière fois sur un parking d'Abidjan, alors qu'il avait rendez-vous
avec un proche de Simone Gbagbo, ex-Première dame. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Le juge Patrick Ramaël, commis à l’instruction de l’affaire a, pendant de longs mois, buté
sur l’arrogance du pouvoir Gbagbo qui surfait sur la conjoncture politique, souvent plus
prédisposée au réchauffement des relations diplomatiques entre la France et son ancienne
colonie.
Quand Laurent Gbagbo le voulait, la justice ivoirienne coopérait. Quand il était de mauvaise
humeur avec l’Elysée, les portes de la coopération judicaire se refermaient hermétiquement.
C’est ainsi que plusieurs militaires et responsables politiques ont été entendus et d’autres
pas. Simone Gbagbo, Bohoun Bouabré, Légré Michel, beau-frère de l’ex-Première Dame,
suspect n°1 dans l’affaire, Tony Oulaï et des soldats, ont été auditionnés. Incriminés, des
hommes forts du Palais et de l’appareil sécuritaire n’ont pas fait droit à la convocation
du juge qui voulait les entendre. L’enquête a semblé tourner en rond, jusqu’à ce que des
témoins affirment, récemment, avoir participé ou assisté à un «enterrement clandestin d’une
personne de race blanche» dans la forêt proche d’Issia, région d’origine de deux pontes de
l’ancien pouvoir, les ministres Désiré Tagro et Bohoun Bouabré, abondamment cités parmi
les présumés commanditaires de l’enlèvement du journaliste.
Cependant, une constance est à relever : toutes les révélations, rumeurs ou accusations faites, ici et là, convergent vers le Palais présidentiel et les hommes forts de l’ancien régime.
On comprend donc, pourquoi depuis ces années, Laurent Gbagbo et ses proches ainsi que leurs journaux, s’évertuent à dérouter les attentions en fabriquant des «corbeaux» ou «gorges
profondes». Les Services secrets ivoiriens ont même été mis à contribution, qui ont fabriqué
de vrais-faux documents, allant jusqu’à trouver des similitudes entre l’affaire «Guy André
Kiffer » et celle « Medhi Ben Barka », du nom de l’homme politique marocain enlevé le 29
octobre 1965 au boulevard Saint-Germain de Paris. Le journaliste Guy-André Kiffer qui a
pourtant collaboré dans le cadre de ses investigations, avec les services de certains ministres
de la Refondation, est devenu, tantôt un «agent des Services secrets» tantôt un «colonel de
l’armée française».
Entre temps, autre réalité: Laurent Gbagbo n’est plus aux affaires. Du coup, c’est un
grand boulevard qui s’est ouvert devant le juge Ramaël dans le cadre de ses investigations
qui doivent l’amener partout où besoin se fera. L’exhumation du corps à Issia, même
infructueuse, a eu un mérite tout de même: celui d’ouvrir la voie à d’autres pistes. Car, dans
une telle affaire criminelle où on ne retrouve pas le corps, aucune piste ne doit être négligée.
On s’étonne, du reste, des railleries des hagiographes de Laurent Gbagbo qui, dès l’entame
des fouilles à Issia, ont soutenu sans réserve, que le juge français se trompait. Comment
pouvaient-ils l’affirmer avec autant d’exaltation? De deux choses, l’une. Soit ils ont trop
vite parlé, soit ils en savent beaucoup. En outre, le magistrat instructeur vient de donner une
preuve de son indépendance. Alors qu’une certaine opinion véhiculée par le FPI, a crié au
complot dès qu’est tombée la nouvelle de l’exhumation d’un squelette à Issia, les résultats du
test d’ADN sont venus démentir cette thèse du complot. La logique n’aurait-elle pas voulu
que les résultats du test soient manipulés, avec pour finalité, d’accréditer l’idée que c’est bien
le corps de Kieffer qui a été retrouvé à Issia?
Peu importe. Si le doute peut être émis sur les conditions de l’enlèvement et de la disparition
du journaliste, il ne l’est pas, sinon à une très faible probabilité, sur son assassinat. Kieffer,
selon toute vraisemblance, a été enlevé et, osons le dire, tué, parce qu’il gênait des intérêts
politico-économiques énormes. Par qui? Et pour quoi? En de telles circonstances, l’enquête
s’interroge: A qui profite le crime? Cette question posée, devrait permettre à certaines
personnes qui se laissent aller à de nombreuses supputations, de faire profil bas. L’opaque
nuage qui enveloppe la disparition du journaliste sera levé, tôt ou tard. Car, la nouvelle
République, celle qui veut mettre fin à l’impunité, le recommande. Le Colonel Adama Dosso,
ancien pilote d’Houphouët-Boigny, enlevé et tué avait été retrouvé. Grâce aux investigations
menées, l’opinion nationale sait maintenant que l’ancien pilote a été tué le 12 mars 2011, par
un présumé commando de la garde républicaine. Le corps du colonel a ensuite été jeté dans
une brousse aux environs du kilomètre 42 de l’autoroute du Nord.
Le directeur du Novotel d’Abidjan, avait été enlevé le 4 avril 2010 avec un autre Français,
Yves Lambelin, président de Sifca, un Malaisien, Chelliah Pandian, directeur général de
Sania, filiale du groupe Sifca, et un Béninois, Raoul Adeossi, assistant de M. Lambelin. Ils
auraient été emmenés après leur rapt au palais présidentiel, alors tenu par les partisans de
Laurent Gbagbo. Et, cette fois, comme aucun crime n’est totalement parfait, leurs bourreaux
ont été trahis par une camera de surveillance. Pour dire que l’escadron de la mort, utilisait le
même mode opératoire. Enlèvement, interrogatoire, assassinat, puis, débarras du corps. Peu
importe l’endroit. Cela a certainement été le cas pour Guy-André Kiffer. Mais, la vérité
se saura. Car, depuis maintenant sept mois, les placards répugnants de la République ont été
ouverts et tous les dossiers sales sont en train d’être traités. Accusés, apprêtez-vous à vous
défendre!
PAR Charles Sanga
Gbagbo. Une instruction qui traîne en longueur. Un crime sans cadavre. Des suspects qui
refusent de se mettre à table. Décidément, l’affaire Guy-André Kieffer, du nom du journaliste
franco-canadien, disparu depuis le 16 avril 2004, est pleine d'ombres et de mystères. Cela,
en plus du mur politique qui a fait ombrage au travail du magistrat français. Depuis bientôt
huit ans, l'affaire «Guy-André Kieffer» demeure un des plus grands mystères de l'histoire
judiciaire de notre pays. Ni l'analyse des documents et du répertoire téléphonique du
journaliste, ni les témoignages recueillis par les enquêteurs et le magistrat instructeur, n'ont
permis, pour l’instant, d'identifier le ou les coupables, en raison des péripéties vécues sur le
terrain.
Les faits sont bien connus, pourtant: lors de sa disparition, Guy-André Kieffer enquêtait sur
des malversations, notamment dans la filière café-cacao, impliquant des proches du pouvoir.
Il a été vu vivant pour la dernière fois sur un parking d'Abidjan, alors qu'il avait rendez-vous
avec un proche de Simone Gbagbo, ex-Première dame. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Le juge Patrick Ramaël, commis à l’instruction de l’affaire a, pendant de longs mois, buté
sur l’arrogance du pouvoir Gbagbo qui surfait sur la conjoncture politique, souvent plus
prédisposée au réchauffement des relations diplomatiques entre la France et son ancienne
colonie.
Quand Laurent Gbagbo le voulait, la justice ivoirienne coopérait. Quand il était de mauvaise
humeur avec l’Elysée, les portes de la coopération judicaire se refermaient hermétiquement.
C’est ainsi que plusieurs militaires et responsables politiques ont été entendus et d’autres
pas. Simone Gbagbo, Bohoun Bouabré, Légré Michel, beau-frère de l’ex-Première Dame,
suspect n°1 dans l’affaire, Tony Oulaï et des soldats, ont été auditionnés. Incriminés, des
hommes forts du Palais et de l’appareil sécuritaire n’ont pas fait droit à la convocation
du juge qui voulait les entendre. L’enquête a semblé tourner en rond, jusqu’à ce que des
témoins affirment, récemment, avoir participé ou assisté à un «enterrement clandestin d’une
personne de race blanche» dans la forêt proche d’Issia, région d’origine de deux pontes de
l’ancien pouvoir, les ministres Désiré Tagro et Bohoun Bouabré, abondamment cités parmi
les présumés commanditaires de l’enlèvement du journaliste.
Cependant, une constance est à relever : toutes les révélations, rumeurs ou accusations faites, ici et là, convergent vers le Palais présidentiel et les hommes forts de l’ancien régime.
On comprend donc, pourquoi depuis ces années, Laurent Gbagbo et ses proches ainsi que leurs journaux, s’évertuent à dérouter les attentions en fabriquant des «corbeaux» ou «gorges
profondes». Les Services secrets ivoiriens ont même été mis à contribution, qui ont fabriqué
de vrais-faux documents, allant jusqu’à trouver des similitudes entre l’affaire «Guy André
Kiffer » et celle « Medhi Ben Barka », du nom de l’homme politique marocain enlevé le 29
octobre 1965 au boulevard Saint-Germain de Paris. Le journaliste Guy-André Kiffer qui a
pourtant collaboré dans le cadre de ses investigations, avec les services de certains ministres
de la Refondation, est devenu, tantôt un «agent des Services secrets» tantôt un «colonel de
l’armée française».
Entre temps, autre réalité: Laurent Gbagbo n’est plus aux affaires. Du coup, c’est un
grand boulevard qui s’est ouvert devant le juge Ramaël dans le cadre de ses investigations
qui doivent l’amener partout où besoin se fera. L’exhumation du corps à Issia, même
infructueuse, a eu un mérite tout de même: celui d’ouvrir la voie à d’autres pistes. Car, dans
une telle affaire criminelle où on ne retrouve pas le corps, aucune piste ne doit être négligée.
On s’étonne, du reste, des railleries des hagiographes de Laurent Gbagbo qui, dès l’entame
des fouilles à Issia, ont soutenu sans réserve, que le juge français se trompait. Comment
pouvaient-ils l’affirmer avec autant d’exaltation? De deux choses, l’une. Soit ils ont trop
vite parlé, soit ils en savent beaucoup. En outre, le magistrat instructeur vient de donner une
preuve de son indépendance. Alors qu’une certaine opinion véhiculée par le FPI, a crié au
complot dès qu’est tombée la nouvelle de l’exhumation d’un squelette à Issia, les résultats du
test d’ADN sont venus démentir cette thèse du complot. La logique n’aurait-elle pas voulu
que les résultats du test soient manipulés, avec pour finalité, d’accréditer l’idée que c’est bien
le corps de Kieffer qui a été retrouvé à Issia?
Peu importe. Si le doute peut être émis sur les conditions de l’enlèvement et de la disparition
du journaliste, il ne l’est pas, sinon à une très faible probabilité, sur son assassinat. Kieffer,
selon toute vraisemblance, a été enlevé et, osons le dire, tué, parce qu’il gênait des intérêts
politico-économiques énormes. Par qui? Et pour quoi? En de telles circonstances, l’enquête
s’interroge: A qui profite le crime? Cette question posée, devrait permettre à certaines
personnes qui se laissent aller à de nombreuses supputations, de faire profil bas. L’opaque
nuage qui enveloppe la disparition du journaliste sera levé, tôt ou tard. Car, la nouvelle
République, celle qui veut mettre fin à l’impunité, le recommande. Le Colonel Adama Dosso,
ancien pilote d’Houphouët-Boigny, enlevé et tué avait été retrouvé. Grâce aux investigations
menées, l’opinion nationale sait maintenant que l’ancien pilote a été tué le 12 mars 2011, par
un présumé commando de la garde républicaine. Le corps du colonel a ensuite été jeté dans
une brousse aux environs du kilomètre 42 de l’autoroute du Nord.
Le directeur du Novotel d’Abidjan, avait été enlevé le 4 avril 2010 avec un autre Français,
Yves Lambelin, président de Sifca, un Malaisien, Chelliah Pandian, directeur général de
Sania, filiale du groupe Sifca, et un Béninois, Raoul Adeossi, assistant de M. Lambelin. Ils
auraient été emmenés après leur rapt au palais présidentiel, alors tenu par les partisans de
Laurent Gbagbo. Et, cette fois, comme aucun crime n’est totalement parfait, leurs bourreaux
ont été trahis par une camera de surveillance. Pour dire que l’escadron de la mort, utilisait le
même mode opératoire. Enlèvement, interrogatoire, assassinat, puis, débarras du corps. Peu
importe l’endroit. Cela a certainement été le cas pour Guy-André Kiffer. Mais, la vérité
se saura. Car, depuis maintenant sept mois, les placards répugnants de la République ont été
ouverts et tous les dossiers sales sont en train d’être traités. Accusés, apprêtez-vous à vous
défendre!
PAR Charles Sanga