«Accouchement gratuit. Un contrat d’assurance maladie de base dans les 6 mois qui suivront notre accession au pouvoir. Agir pour baisser le coût final des médicaments. Nous consacrerons 378 milliards de FCFA à la réforme du secteur de la santé… ». Telles sont quelques-unes des promesses qui s’affichaient sur les panneaux publicitaires pendant la campagne pour les élections présidentielles. Des promesses qui à coup sûr, ont emmené beaucoup d’Ivoiriens à porter leur choix sur l’actuel président. Mais plus de six mois après, les populations commencent à s’étonner du nouveau discours qu’on leur tient. Après des mois de soins gratuits au cours desquels le personnel soignant leur a fait voir de toutes les couleurs, aujourd’hui, on parle de gratuité ciblée à cause du poids financier que cela représente pour l’Etat ivoirien. Mais qui a promis cela aux Ivoiriens et sur quoi ce sont-ils basés pour le faire? Dans le programme du président, on pouvait lire : «notre système de santé se dégrade, tous les Ivoiriens le savent, ils le vivent au quotidien : les dépenses publiques consacrées au secteur de la santé représentent à peine 5% du budget de l'État et 0,9 % de notre Produit Intérieur Brut(PIB) contre 2,2 % en moyenne dans tous les pays d'Afrique». La conséquence d’un tel discours, devrait être plutôt une tendance à l’augmentation de l’enveloppe consacrée à la santé et non le contraire! Ces derniers jours, la ministre de la Santé et du Sida, N’Dri Yoman, ne parle que des dégâts que cette opération cosmétique de gratuité des soins a occasionnée dans les caisses de l’Etat. Une manière de faire comprendre que cette gratuité pourtant si cher à notre président avant son accession au pouvoir, a pris du plomb dans l’aile. Ne rêvons donc plus. En plus, un fait remarquable, c’est que notre ministre ne parle plus que du couple mère-enfant, du paludisme, des interventions chirurgicales, en oubliant trop souvent le sida, la tuberculose et autres infections de base qui font aussi partie de ses attributions. Concernant la Pharmacie de la santé publique, Thérèse Yoman, sur Rfi (24/1) expliquait qu’il y avait un déficit de médicament de moins 70%. Comment est-ce possible si c’est l’Etat qui se charge de fournir cette pharmacie en médicaments ? Est-ce à dire que les autorités n’ont pas pris la pleine mesure de leur décision avant de la prendre et de la rendre publique ? Proposer quelque chose, c’est avant tout prendre le temps de voir les contours de cette chose. Mais revenons au programme de gouvernement de notre président : «Nous allons mettre à jour la liste des médicaments essentiels dont nous avons réellement besoin : des médicaments plus efficaces et moins coûteux apparaissent, il faut les introduire dans nos listes et en sortir ceux qui s'avèrent moins performants ;… Nous allons également agir pour faire baisser le coût final du médicament : nous ne produisons que 10% des médicaments que nous consommons. En partenariat avec des laboratoires étrangers ou nationaux, nous essaierons de produire 50% de nos besoins ». Alors qu’est ce qui n’a pas marché ? Déjà que les centres de santé communautaires qui ont sursis à leur mot d’ordre de grève jusqu’au 1er février ne sont pas contents de leur traitement. Ils crient au détournement d’un fond qui leur est dû. Retard dans le payement de salaires, ponctions injustifiées sur les salaires et dégradation des conditions de travail, en raison du non payement de la redevance due aux Formations de santé urbaine communautaire (Fsucom). Vous avez aimé la gratuité des soins ? Chantez, vous allez être étonnés par la gratuité ciblée!
Mireille Appini
Mireille Appini