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Société Publié le samedi 28 janvier 2012 | Nord-Sud

Risques d’accidents, désordre…Faut-il chasser les mendiants ?

De plus en plus de mendiants envahissent les rues. Difficile pour les piétons et même les véhiculés de se frayer parfois un chemin. Non seulement, ils sont souvent la cause de biens d’accidents mais encore leur présence ternit l’image du pays.


Aux feux tricolores de l’hôtel du district d’Abidjan, dans la commune du Plateau, une vieille mendiante accoste un homme. Celui-ci hésite à sortir de l’argent de sa poche, et s’engage sur la rou­te. Il veut traverser la chaussée pour aller vers l’entrée du palais présidentiel. La vieille femme le suit. D’un pas hésitant, elle tente de traverser, puis réalise trop tard qu’une voiture était déjà très proche. Dans un premier temps, l’hom­me qu’elle suit fait mine de rebrousser chemin, avant de changer de décision et de repartir. Cette valse-hésitation a perturbé le conducteur du véhicule qui approchait. L’inévitable va se produire. Il va percuter une autre voiture après avoir renversé au passage, et le monsieur, et la mendiante. Cette scène se passe en août 2010. Et c’est Julien Dieng, un agent de la police municipale du Plateau qui nous la raconte ce jeudi 12 janvier 2012. L’accident a créé un embouteillage monstre dans la zone. « Fort heureusement, les deux n’ont eu que des blessures légères. Mais, le conducteur de la voiture était très traumatisé. Les personnes qui ont assisté à la scène voulaient en découdre avec la mendiante.» A en croire Dieng, le con­ducteur est d’une âme généreuse, parce qu’il s’est proposé de conduire les blessés à l’hôpital. «Par la faute de cette mendiante, on a failli assister à un drame n’eût été l’habileté du conducteur», révèle l’agent municipal. Le spectacle est quotidien dans les rues de la capitale économique. De vieilles femmes, des dizaines de bambins en guenille, et parfois même des hommes bien bâtis assiègent les carrefours, les abords d’avenues les plus fréquentées. Parfois, des enfants, des sébiles en main, servent de guides à des handicapés physiques ou visuels. Aux feux tricolores, les automobilistes sont littéralement assaillis par cette nuée de quémandeurs réclamant ‘’la part de Dieu’’. Parmi ces vagabonds, on trouve aussi bien des Ivoiriens que des étrangers. Créant ainsi accidents, embouteillages ou autres nuisances aux usagers de la route. A ce propos, les témoignages sont légion. Narcisse Mam­bé est un officier des sapeurs-pompiers. Selon lui, nombre d’accidents sont provoqués par ces mendiants. «Nous avons été appelés un jour sur le boulevard Valéry Giscard d’Estaing (Vge) pour une intervention. C’était un grave accident dans lequel étaient impliqués un clodo aveugle et sa petite-fille qui lui servait de guide», rapporte-t-il. D’après Mam­bé, ils avaient l’habitude de quémander en plein milieu de cette voie à grande circulation. Et le moment propice pour eux est le passage du feu au rouge. Ils se faufilent entre les voitures en tendant la main. «Il nous a été restitué que quand le feu est passé au vert, le vieux a voulu traverser la voie et s’est fait projeter. Heureusement, à notre arrivée, lui et sa fille respiraient encore. Nous les avons transportés au Chu de Treichville.  Je ne sais plus ce qu’ils sont devenus », conclut-il.

Les maires se défendent

Son ex-patron, le colonel Adama Coulibaly, pense que l’Etat doit trouver une solution à ce fléau. « De la même manière qu’on déguerpit les marchands installés dans l’anarchie au bord des routes, il faut aussi déguerpir les mendiants. Parce qu’Abidjan ne peut pas être la perle des lagunes avec des personnes qui se promènent partout pour mendier», estime-t-il. Pour Soungalo Diarra, agent de la brigade de salubrité de la mairie du Plateau, les mendiants sont une véritable gangrène. Ils ternissent l’image du pays. «Si on n’y prend garde, le secteur du tourisme qui a repris va prendre un vilain coup. Parce que nous sommes dans un pays qui est censé être un pays émergent à l’orée 2020. Cette situation peut décourager de potentiels investisseurs », soutient-il. Les mairies essaient tant bien que mal de trouver une solution. Certains responsables municipaux pensent que le problème relève du ressort du district. Toutefois, au Plateau, c’est la police municipale qui mène la traque. «Plusieurs fois, nous les interpellons et nous les conduisons au commissariat du 1er arrondissement. Malheureusement, il n’y a pas de suivi donc, ils reviennent », avoue un responsable de cette unité. Selon lui, l’arrêté N° 09CPL/SG/2006 interdit les pratiques de mendicité sur le domaine public. « Je viens de recevoir un courrier de l’imam de la mosquée du Plateau (il nous présente une copie de la lettre) qui nous demande de l’aider à dégager les mendiants des abords de ce lieu de prières », a-t-il révélé. A Abobo, les ra­fles de ces mendigots sont récurrentes. Olivier Niagne, sous-directeur du service technique chargé de l’environnement et du cadre de vie, explique que la pratique est absolument interdite dans cette commune. « Il y a eu des décisions expressément pour demander aux mendiants de ne pas s’asseoir au bord des routes. En référence à l’arrêté de l’occupation anarchique des voies. Dans notre commune, on leur a demandé d’aller aux abords des édifices religieux pour que ceux qui veulent donner l’aumône puissent le faire. Dans les rafles, ceux qu’on arrête sont conduits au 15ème arrondissement pour qu’on les défère. Malheureusement, il n’y a pas de suivi», se désole-t-il à son tour. Il ajoute que la mairie a initié de grandes opérations de déguerpissement. Mais, il n’y pas eu d’accompagnement. A Marcory, le maire Lamine Diabagaté pense qu’il faut une volonté politique. Selon lui, aucune action n’est entreprise pour ces clodos. C’est le district qui devrait s’en charger. «Il est important de signaler qu’ils ne sont pas très présents dans notre localité. Il y a peu de mendiants ici», estime-t-il. Au ministère de l’Emploi, des affaires sociales et de la solidarité aucun département ne se s’occupe encore de la question. Approché jeudi à 10 heures, le secrétariat du ministre Gilbert Kafana Koné était même surpris d’en entendre parler. Par contre, l’un des responsables a indiqué qu’un service s’occupe des personnes indigentes. Difficile aussi de rentrer en contact avec ce service. « La question est de savoir si les mendiants font partie des personnes indigentes », s’interroge-t-il. On le voit, le problème reste donc une énigme pour les autorités ivoiriennes. Il faut pourtant y trouver une solution.


S.S. (stagiaire)
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