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Politique Publié le jeudi 2 février 2012 | Nord-Sud

Bernard Kieffer, frère du journaliste franco-canadien disparu : « Kieffer a été exécuté dans les deux jours qui ont suivi son enlèvement »

© Nord-Sud Par DR
Affaire Guy André Kieffer : Le squelette présumé du journaliste transporté à Abidjan
Découvert dans la région d`Issia, le squelette supposé être celui de Guy André Kieffer a été transporté à Abidjan pour analyses.
Dans cet entretien, Bernard Kieffer, un des frères de Guy-André Kieffer, disparu en avril 2004, se satisfait de la disponibilité des nouvelles autorités ivoiriennes à élucider l’enlèvement et la disparition du journaliste franco-canadien.

Finalement, les résultats du test Adn ont révélé que le squelette exhumé début janvier, dans l’ouest ivoirien n’est pas celui de votre frère. Comment avez-vous accueilli ces résultats ?

Avec déception et tristesse. Je pensais que la découverte du corps de mon frère allait permettre à sa famille, à ses proches, à ses amis de faire le deuil de mon frère dont je ne crois pas un seul instant qu’il puisse encore être vivant, quelque part. Cette découverte aurait permis à l’enquête de se concentrer sur les commanditaires, les exécutants et les motifs de son enlèvement et de son assassinat. Elle aurait permis également d’éliminer les nombreuses fausses pistes, manipulations et intoxications qui encombrent cette affaire depuis le début. Le juge d’instruction, Patrick Ramaël, a l’habitude de dire qu’une enquête judiciaire conduit à « ouvrir et à fermer des portes ». Une porte que l’on referme, c’est une façon de faire avancer l’enquête. Nous continuerons d’avancer à ses côtés.

Gardez-vous encore quelque espoir de pouvoir retrouver Guy-André, surtout après le décès de Bohoun Bouabré, cité comme l’un des possibles commanditaires de son enlèvement ?

De le retrouver vivant, non. De retrouver son corps, de lui assurer une sépulture digne et de lui rendre l’hommage qu’il mérite pour avoir assumé jusqu’au bout ses convictions et son travail de journaliste, oui. Je compte sur le travail du juge et des enquêteurs qui l’assistent, sur la collaboration des autorités et de la justice ivoiriennes et sur la contribution de tous ceux qui savent ce qui s’est passé et qui peuvent désormais parler sans risque.

Pourquoi êtes-vous pessimiste sur une possibilité de retrouver votre frère vivant ?
Ma conviction est qu’il a été exécuté dans les deux jours qui ont suivi son enlèvement.

Quelles sont les dernières informations dont vous disposez sur les recherches ou sur la procédure ?

L’instruction judiciaire de cette affaire n’a jamais cessé d’avancer, depuis le premier jour. Nous disposons de beaucoup d’informations et parfois même de trop d’informations puisque certaines d’entre elles ont pour seul objet de nous égarer. Je pense que nous avons une idée assez précise de ce qui s’est passé.

Pensez-vous que le juge Ramaël est à même de vous aider à élucider cette affaire ?

Oui. J’ai toute confiance en lui. Il a fait, à maintes reprises, la démonstration de sa détermination, de sa ténacité et de son courage dans la conduite d’une instruction difficile. J’ai une très grande estime pour ce juge et son travail.

Faudrait-il, selon vous, resserrer davantage l’étau autour des hommes de l’ancien régime en place en Côte d’Ivoire ?

C’est sous le régime de l’ex-président Gbagbo que mon frère a disparu alors qu’il menait de nombreuses enquêtes sur l’argent du cacao, les malversations financières affectant l’économie ivoirienne, le commerce des armes, etc. C’est dans le contexte politico-économique du début des années 2000 que l’on trouvera les raisons qui ont conduit à son élimination. Les raisons, les commanditaires et les exécutants.

En 2007, vous aviez demandé la mise à la disposition de la justice française du principal suspect, Michel Légré. Referiez-vous aujourd’hui la même requête ?

Sur le plan de la procédure judiciaire, ce serait une question à traiter avec le juge d’instruction : cette demande de mise à disposition serait-elle encore pertinente dans un contexte politico-judiciaire qui n’est plus le même que celui de 2008 ? Cela dit, M. Légré continue de nous intéresser, ne serait-ce qu’en raison des multiples versions qu’il a données de son emploi du temps le jour de l’enlèvement de mon frère.

Pensez-vous que les autorités ivoiriennes sont disposées à continuer de s’investir dans les recherches ?

Oui, je n’en doute pas. C’est l’engagement qu’a pris l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, au nom du nouveau gouvernement ivoirien, lorsque nous l’avons rencontré en 2011. Je constate, au demeurant, que le juge Patrick Ramaël a pu mener récemment des investigations qu’il ne pouvait pas sous le régime précédent.

Avez-vous cherché à rencontrer le président Ouattara qui vient de séjourner en visite officielle à Paris ?

Oui, mais un emploi du temps très chargé ne lui a pas permis de nous recevoir. Cela ne met pas en cause la confiance que nous accordons aux autorités ivoiriennes dans leur contribution à l’élucidation de cette affaire.

Avec la disponibilité des autorités ivoiriennes à faire la lumière sur cette affaire, quelles sont vos attentes à l’égard du président Sarkozy ?

J’attends du président Sarkozy qu’il permette à la justice française de travailler au mieux dans cette affaire, d’une part et qu’il rappelle régulièrement cette affaire aux autorités ivoiriennes jusqu’à ce qu’elle soit élucidée, d’autre part.

Avez-vous les télégrammes diplomatiques saisis en juillet 2008 par le juge Ramaël à l’Elysée ?
Je ne les ai pas mais je crois savoir qu’ils n’ont pas apporté d’éléments déterminants pour la résolution de cette affaire criminelle.

Entretien réalisé par Marc Dossa
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