Le dernier livre de Charles Blé Goudé aura fort à faire pour pénétrer le marché de Yopougon. La traque à «Côte d’Ivoire, traquenard électoral» se poursuit. Le samedi 4 février 2012, des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont empêché la tenue d’une table ronde autour du livre qui devait se tenir au siège du Cojep. ‘’Café littéraire’’, c’est l’astuce trouvée par les sentinelles et mamans du Cojep, qui avaient comme invitée l’ancienne député Fpi de Port-Bouët, Bamba Masséni. Elles ont fait le déplacement, mais les hommes du commandant Cissé du commissariat du 19e arrondissement leur ont refusé l’accès au siège. Selon Zahoura Béatrice, présidente des sentinelles, toutes les démarches nécessaires avaient été faites qui ont abouti à une autorisation de la cérémonie. Même le commandant Touré dont les éléments occupent le siège du Cojep, a, selon dame Zahoura, donné ordre à ses hommes de nettoyer les lieux pour la tenue du «Café littéraire». Les organisatrices avaient assuré aux autorités qu’elles avaient décidé de tourner la page pour s’inscrire dans la réconciliation. La seule volonté du commandant Touré n’aura pas suffi. En réalité, précise Sita Coulibaly en charge de la communication au Cojep, ce rendez-vous devait servir d’espace pour rétablir certains faits accablant son leader Charles Blé Goudé ainsi qu’il les expose lui-même dans les passages du livre. L’autre objectif visait la vente du livre aux intéressés. Le rendez-vous manqué n’a pas laissé indifférent Serge Yavo qui assure l’intérim à la tête du Cojep. ‘’Pour une manifestation autorisée, force est de constater que l’accès au siège nous a été refusé par les Frci. Nous nous interrogeons si l’on peut encore faire confiance à la parole de l’autorité. La Côte d’Ivoire a du chemin à faire sur la voie de la liberté d’expression et d’association. Ce qui vient de se passer est un élément qui ne nous freinera pas dans notre ardeur. On veut empêcher les lecteurs d’avoir accès au contenu du livre mais je dis aux Ivoiriens que le livre est disponible’’, a dit Serge Yavo au cours du point de presse qui a suivi l’incident. Il a rejeté les allégations de découvertes d’armes dans les locaux, motif brandi par les hommes en tenue pour interdire la cérémonie. ‘’C’est une pure machination pour ne pas qu’on ait accès au siège. Si tel était le cas, les armes saisies seraient mises sous scellé’’, s’est défendu Serge Yavo. C’est la deuxième fois à Yopougon que la présentation du livre de Blé Goudé subit cette situation. Après le 18 janvier 2012 au baron de Yopougon, Serge Yavo et ses camarades ont voulu ressusciter le «Café littéraire», invention de Blé Goudé, qui rappelle la période de campagne présidentielle dans le camp Gbagbo. C’était un lieu d’échanges sur le projet de société de Laurent Gbagbo. «Côte d’Ivoire, traquenard électoral», paru chez l’Harmattan en France, se retrouve déjà dans les mains de plusieurs lecteurs. Des journaux en ont même publié des extraits.
S. Débailly
S. Débailly