Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny était le week-end dernier, l’hôte des régions de l’Agneby-Tiassa et de La Mé. Une visite qui l’a conduit successivement à Agboville, Yakassé-Mé, Akoupé, et Adzopé pour prêcher la réconciliation. « La Cdvr vient à vous avec le rameau d’olivier parce que nous sommes de la guerre. Elle veut contribuer à évacuer des esprits la culture négative qui a empoisonné pendant longtemps l’atmosphère de vos belles cités. Notre souhait, en nous invitant chez vous, c’est de parvenir à établir le dialogue entre les populations que la politique et les divergences d’opinion ont transformées en ennemies », a déclaré Charles Konan Banny aux populations d’Agboville. Message qu’il reprendra à quelques mots près devant tous les autres hôtes du Cdvr. Si chaque Ivoirien, poursuit-il, a le droit d’avoir les opinions qui lui conviennent, d’adhérer au regroupement de son choix, nul n’a le droit, sous prétexte qu’il appartient à une communauté particulière, de vouer aux gémonies les personnes qui pensent différemment. C’est, assène-t-il, ce désir de tout embrigader et de tout uniformiser qui ravive les tensions et provoque les affrontements. Pour lui, la Cdvr ne prêche pas l’impunité. Les violences et les violations qui ont été perpétrées dans toutes les régions de Côte d’ Ivoire seront examinées par elle et connaitront un traitement particulier. Aussi conclut-il que « le temps de ce grand tribunal du pardon qu’attendent les Ivoiriens viendra. En attendant, la Cdvr vient à vous comme on rend visite à un frère, à une sœur, éprouvé par le malheur et victimes d’un drame cruel ». A Agboville, Louis M’Besso, le président du Conseil départemental des chefs traditionnels, s’est demandé avec qui il faut se réconcilier. « La réconciliation, soutient-il, c’est d’abord entre les leaders politiques et les militants des différents groupements politiques. Et l’une des conditions pour arriver à cette réconciliation, a-t-il souligné, c’est la liberté de mouvement, le retour au bercail ». Pour lui, le véritable problème, c’est à propos des Frci. A ce sujet, après avoir égrainé les très nombreuses exactions commises par la force militaire, il s’est demandé s’il était possible de se réconcilier avec les Frci. « Pour nous, ajoute-t-il, les Frci ne sont pas responsables de leurs actes, car elles sont mandataires du pouvoir. Nous attendons un mot du pouvoir, du mandant. Il nous suffit un mot de compassion du premier magistrat de ce pays pour être soulagés. C’est l’attente principale des populations». Une préoccupation partagée par toutes les villes visitées qui souhaitent tous le retour au pays de leurs fils en exil. « Nous savons que nous finirons par nous réconcilier, mais jusque-là, nous n’avons pas encore la paix », a regretté Sékou Tombala, président de la communauté des ressortissants de la Cedeao d’Akoupé.
Ousmane Diallo
Ousmane Diallo