Mme Chantal Paha, sous-préfet central de Dabou, est détenue depuis mercredi 15 février dernier, à la Direction de la surveillance du territoire (DST) sise à Cocody. Il est reproché à la dame de fer de la sous-préfecture de Dabou, la présence dans ses services d’un informaticien qui n’est pas agent de la sous-préfecture, le vol organisé dans ses ser-vices et la confection parallèle d’extraits d’acte de naissance. Pour ces raisons seulement, elle est maintenue en détention sans qu’il ne soit pas possible qu’elle rencontre un seul avocat.
A Dabou, nombre d’employés de la sous-préfecture n’hésitent pas un seul instant à accuser le secrétaire général de la préfecture, le nommé Jules Gouessé qui assure actuellement l’intérim du préfet Léon Zougbo relevé de ses fonctions il y a peu. Ils sont très nombreux à vouloir mettre leur doigt au feu sur les intentions de cet administrateur qui serait à la tête d’un groupe de pression composé de transporteurs, de syndicats et d’élus qui affectionnent le désordre qui leur permet de faire prospérer leurs affaires. Ce qui étonne à Dabou dans cette affaire, c’est que Madame le sous-préfet a passé le plus clair de son temps à lutter efficacement contre les faussaires. Dieu seul sait combien Dabou est le lieu par excellence de la fraude sur les documents administratifs en Côte d’Ivoire. «Ce que nous savons ici, c’est que depuis que Mme Paha est là, tous ceux qui ont été pris la main dans le sac se sont retrouvés devant le procureur. Ils ont tous été jetés en prison. On se demande donc comment quelqu’un qui a traqué les truands peut être traité ainsi de fraudeur», raconte un habitant de Dabou. «Moi, j’étais à Grabo avec l’administrateur Gouessé du temps où il était sous-préfet. Je peux vous dire qu’il n’a pas un bon esprit. C’est un diviseur. Quand il veut quelque chose, il se donne tous les moyens y compris ceux qui ne sont pas conventionnels», explique une dame qui dit bien connaître l’actuel secrétaire général de la sous-préfecture de Dabou.
L’étonnement des uns et des autres vient du fait que les accusations portées contre Mme Paha sont dénuées de tout fondement. A commencer par l’informaticien Jean-Paul Adjé Aké. Il a été régulièrement recruté par l’ONI dans le cadre des audiences foraines et de l’enrôlement. Selon des sources dignes de foi, il détient un certificat de prise de service dûment signé par Mme le sous-préfet. Il est même le coordonnateur de l’opération d’identification dans la sous-préfecture. Ce n’est donc pas un opérateur privé inconnu des détracteurs de Mme Paha. Il est aussi celui qui a créé le nouveau système information de la sous-préfecture. Un système qui ne laisse plus de place à la fraude et à la manipulation des fichiers administratifs. A ce titre, Jean-Paul Aké est le maintenancier en titre de cette administration. Selon une source, il lui est arrivé déjà d’aller à la maison avec un ordinateur pour réparation.
Quant au vol des ordinateurs, des agents de la sous-préfecture de Dabou rappellent volontiers qu’à trois reprises, le domicile et le bureau de Mme Paha ont été attaqués par des bandits qui sont repartis avec son matériel de travail. Ils disent, sous couvert de l’anonymat, que «tout le monde connaît le voleur. Il a même été arrêté. Seulement deux jours après, il a été mis en liberté sur instruction du secrétaire général de la préfecture. Pourquoi ?» Selon des sources concordantes, c’est parce que la sous-préfet s’est permise de poser cette question fondamentale à sa hiérarchie qu’elle se retrouve aujourd’hui en taule. Pendant ce temps, le suspect n°1 de ces vols, M. Miézan René Innocent, garde de sous-préfecture, en service ce 21 novembre 2011, date du cambriolage, se la coule douce. Plus grave, avant de prendre la décision de sa mise en liberté, le secrétaire général n’aurait pas avisé le supérieur hiérarchique du suspect.
Pour ce qui est du troisième point, beaucoup d’observateurs reconnaissent aujourd’hui que Mme Paha a installé dans sa circonscription, un système hautement sécurisé avec l’aide de Jean-Paul Aké. Ce système dérange fortement le réseau des faussaires (nous les citerons prochainement) dont certains ont un passé assez sombre dans l’administration. Pour ce que nous savons, Mme le sous-préfet a la signature. Elle ne peut donc imiter sa propre signature en installant un circuit parallèle de confection des extraits d’acte de naissance. D’ailleurs, pourquoi ne pas provoquer une confrontation entre les deux pour voir la vérité éclore?
Par ailleurs, selon une source proche du cabinet du ministre de l’Intérieur, Mme le sous-préfet est travailleuse, rigoureuse. On ne lui connaît même pas de fréquentation politique. Ses supérieurs hiérarchiques diraient aussi beaucoup de bien d’elle. Mais elle est victime de sa trop grande rigidité qui fait qu’elle se met à dos des collègues et des groupes des gens. Tout porte à croire aujourd’hui que l’opération qui est menée actuellement ne vise que le limogeage de cet administrateur, manière pour ses détracteurs de «casser» tout le travail qu’elle a fait et qui ne permet plus la fraude. Mais est-ce pour cela qu’il faut la maintenir à la DST alors qu’elle est sous traitement en cardiologie? Attend-on, comme il est de coutume, que le pire se produise avant de la libérer ?
Voilà bientôt une semaine qu’elle est détenue à la DST comme si elle avait mené une action qui porte atteinte à la sécurité du pays. Comme sous-préfet, si l’on veut engager une procédure judiciaire contre elle, la charge revient à la Cour suprême. Elle seule a le droit de se saisir de ce dossier en vertu des articles 648 et 650 du code de procédure pénale. Vous avez dit justice ?
Interrogé hier en fin d’après-midi, le secrétaire général de la Préfecture a déclaré ne pas être concerné par cette affaire. D’ailleurs, a-t-il ajouté, il ne peut parler aux journalistes au téléphone. Rendez-vous a été pris donc à Dabou pour explication.
Zabril Koukougnon
A Dabou, nombre d’employés de la sous-préfecture n’hésitent pas un seul instant à accuser le secrétaire général de la préfecture, le nommé Jules Gouessé qui assure actuellement l’intérim du préfet Léon Zougbo relevé de ses fonctions il y a peu. Ils sont très nombreux à vouloir mettre leur doigt au feu sur les intentions de cet administrateur qui serait à la tête d’un groupe de pression composé de transporteurs, de syndicats et d’élus qui affectionnent le désordre qui leur permet de faire prospérer leurs affaires. Ce qui étonne à Dabou dans cette affaire, c’est que Madame le sous-préfet a passé le plus clair de son temps à lutter efficacement contre les faussaires. Dieu seul sait combien Dabou est le lieu par excellence de la fraude sur les documents administratifs en Côte d’Ivoire. «Ce que nous savons ici, c’est que depuis que Mme Paha est là, tous ceux qui ont été pris la main dans le sac se sont retrouvés devant le procureur. Ils ont tous été jetés en prison. On se demande donc comment quelqu’un qui a traqué les truands peut être traité ainsi de fraudeur», raconte un habitant de Dabou. «Moi, j’étais à Grabo avec l’administrateur Gouessé du temps où il était sous-préfet. Je peux vous dire qu’il n’a pas un bon esprit. C’est un diviseur. Quand il veut quelque chose, il se donne tous les moyens y compris ceux qui ne sont pas conventionnels», explique une dame qui dit bien connaître l’actuel secrétaire général de la sous-préfecture de Dabou.
L’étonnement des uns et des autres vient du fait que les accusations portées contre Mme Paha sont dénuées de tout fondement. A commencer par l’informaticien Jean-Paul Adjé Aké. Il a été régulièrement recruté par l’ONI dans le cadre des audiences foraines et de l’enrôlement. Selon des sources dignes de foi, il détient un certificat de prise de service dûment signé par Mme le sous-préfet. Il est même le coordonnateur de l’opération d’identification dans la sous-préfecture. Ce n’est donc pas un opérateur privé inconnu des détracteurs de Mme Paha. Il est aussi celui qui a créé le nouveau système information de la sous-préfecture. Un système qui ne laisse plus de place à la fraude et à la manipulation des fichiers administratifs. A ce titre, Jean-Paul Aké est le maintenancier en titre de cette administration. Selon une source, il lui est arrivé déjà d’aller à la maison avec un ordinateur pour réparation.
Quant au vol des ordinateurs, des agents de la sous-préfecture de Dabou rappellent volontiers qu’à trois reprises, le domicile et le bureau de Mme Paha ont été attaqués par des bandits qui sont repartis avec son matériel de travail. Ils disent, sous couvert de l’anonymat, que «tout le monde connaît le voleur. Il a même été arrêté. Seulement deux jours après, il a été mis en liberté sur instruction du secrétaire général de la préfecture. Pourquoi ?» Selon des sources concordantes, c’est parce que la sous-préfet s’est permise de poser cette question fondamentale à sa hiérarchie qu’elle se retrouve aujourd’hui en taule. Pendant ce temps, le suspect n°1 de ces vols, M. Miézan René Innocent, garde de sous-préfecture, en service ce 21 novembre 2011, date du cambriolage, se la coule douce. Plus grave, avant de prendre la décision de sa mise en liberté, le secrétaire général n’aurait pas avisé le supérieur hiérarchique du suspect.
Pour ce qui est du troisième point, beaucoup d’observateurs reconnaissent aujourd’hui que Mme Paha a installé dans sa circonscription, un système hautement sécurisé avec l’aide de Jean-Paul Aké. Ce système dérange fortement le réseau des faussaires (nous les citerons prochainement) dont certains ont un passé assez sombre dans l’administration. Pour ce que nous savons, Mme le sous-préfet a la signature. Elle ne peut donc imiter sa propre signature en installant un circuit parallèle de confection des extraits d’acte de naissance. D’ailleurs, pourquoi ne pas provoquer une confrontation entre les deux pour voir la vérité éclore?
Par ailleurs, selon une source proche du cabinet du ministre de l’Intérieur, Mme le sous-préfet est travailleuse, rigoureuse. On ne lui connaît même pas de fréquentation politique. Ses supérieurs hiérarchiques diraient aussi beaucoup de bien d’elle. Mais elle est victime de sa trop grande rigidité qui fait qu’elle se met à dos des collègues et des groupes des gens. Tout porte à croire aujourd’hui que l’opération qui est menée actuellement ne vise que le limogeage de cet administrateur, manière pour ses détracteurs de «casser» tout le travail qu’elle a fait et qui ne permet plus la fraude. Mais est-ce pour cela qu’il faut la maintenir à la DST alors qu’elle est sous traitement en cardiologie? Attend-on, comme il est de coutume, que le pire se produise avant de la libérer ?
Voilà bientôt une semaine qu’elle est détenue à la DST comme si elle avait mené une action qui porte atteinte à la sécurité du pays. Comme sous-préfet, si l’on veut engager une procédure judiciaire contre elle, la charge revient à la Cour suprême. Elle seule a le droit de se saisir de ce dossier en vertu des articles 648 et 650 du code de procédure pénale. Vous avez dit justice ?
Interrogé hier en fin d’après-midi, le secrétaire général de la Préfecture a déclaré ne pas être concerné par cette affaire. D’ailleurs, a-t-il ajouté, il ne peut parler aux journalistes au téléphone. Rendez-vous a été pris donc à Dabou pour explication.
Zabril Koukougnon