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Necrologie Publié le mercredi 22 février 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Il est mort hier à 45 ans d’un arrêt cardiaque / Adieu Ibrahim Ezzedine : Ce qui n’a jamais été dit sur le parcours de l’homme !

«Il était le plus riche des hommes d`affaires ivoiriens d`origine libanaise. Naturalisé ivoirien, Ibrahim Ezzedine est un ‘’self made man’’ dont l`histoire est méconnue du grand public. Ce qui donne lieu à tant de fantasmes et malveillances. Il y’a 27 ans que cet opérateur économique est arrivé en Côte d`Ivoire. Ibrahim Ezzedine a travaillé nuit et jour, pour arriver où il est aujourd’hui. C`est en 1984 que commence son histoire d`amour pour la Côte d`Ivoire, quand l’homme débarque à Abidjan. Un de ses frères l`accueille pour travailler dans son usine. Le jeune homme de 18 ans qu`il est ne se retrouve pas dans cette activité. Il veut faire du commerce. Ibrahim Ezzedine se retrouve alors à Treichville dans le magasin d`un autre parent. La boutique ne dispose pas suffisamment de stock. Le patron des lieux est obligé d`user d`astuces pour masquer les étagères qui sont vides. Ibrahim lui donne un coup de main. Son énergie et son dynamisme font le reste. Le magasin prend de l`allure. Vingt ans après, dans le milieu des affaires et surtout dans le milieu libanais, tout le monde s`interroge sur son parcours avec cette question : comment le petit vendeur de Treichville a-t-il pu devenir milliardaire et grand importateur de riz ? Nous sommes au cœur des années Gbagbo. Des années au cours desquelles ses affaires ont prospéré. Mais aussi des années durant lesquelles il a pris des coups et connu des galères avec un concurrent tenace et déterminé à le briser : Mimran et les Grands Moulins. Producteur de pâtes alimentaires, à savoir les spaghettis, Ibrahim Ezzedine veut construire une usine de pâtes et de farine à Abidjan. Il part rencontrer les Grands Moulins d’Abidjan pour leur demander, puisqu`ayant déjà un moulin, de faire venir la matière première pour les pâtes. Après un an d`attente, les hommes de Mimran lui opposent une fin de non-recevoir. Motif : l`affaire ne sera pas rentable car il est le seul client ; et s`il part un jour, les Grands Moulins seront sans clients. Avec l`appui de ses partenaires internationaux dont le groupe français de Louis Robert Dreyfus et des Tunisiens, un pays dans lequel, il a investi, Ibrahim Ezzedine ose et lance son projet. Pour que l’affaire soit rentable, il doit produire aussi bien les pâtes que la farine. Les Grands Moulins n’apprécient pas qu’ils produisent de la farine. Ils cassent le prix de la farine sur le marché local pour l`obliger à fermer son usine. La bataille est féroce. Des pressions sont faites en haut lieu pour l’obliger à céder. Au nom du libéralisme et de la libre concurrence, et pour aider à la création de nouveaux emplois, le gouvernement ivoirien ne cède pas. Ezzedine Ibrahim fera sa minoterie, en face même des Grands Moulins d’Abidjan. Une troisième minoterie verra même le jour, après celle d’Ibrahim Ezzedine (….) Dans la bataille, les Grands Moulins qui ont cassé les prix, perdront près de 30 milliards de FCFA, sans réussir à faire fermer l`usine du patron du Groupe Carré d`Or. Prudent, Ibrahim Ezzedine ne produit pas beaucoup de farine et se refuse à jouer le jeu des Grands Moulins. Il laisse lui aussi des plumes, mais perd moins de milliards et s’en sort avec moins de dégâts. Fatigués, les deux concurrents acceptent d`ouvrir des négociations pour trouver un accord. Ibrahim Ezzedine a parcouru un long chemin pour arriver là où il est aujourd’hui. C`est le travail et seul le travail, et non les appuis politiques, qui lui permettent de représenter l`un des plus gros chiffres d`affaires de la place à Abidjan. Son groupe Carré d’Or contribue pour près de 5 pour cent dans les recettes douanières et fiscales de l`État. Ibrahim Ezzedine paie environ sept (7) milliards de FCFA par mois de taxes et d’impôts à l`Etat ivoirien. Après le 11 Avril 2011 et la chute de Laurent Gbagbo, les impôts, la douane, le ministère du Commerce, le ministère de l`Industrie, le ministère de l`Économie et des Finances, le ministère des Infrastructures économiques ont tous envoyé des inspections pour voir clair dans ses affaires. Est-il à jour de ses impôts ? A-t-il remis effectivement 500 millions de FCFA en espèces à Laurent Gbagbo lors de la crise? Comment a-t-il procédé pour ne pas respecter l’embargo? A-t-il bénéficié d’avantages indus ? A-t-il plus que d’autres opérateurs économiques collaboré avec le régime Gbagbo? Durant près de cinq mois, Ibrahim Ezzedine a été inspecté de bout en bout. Il a mis tous ses livres comptables et ses bilans à la disposition de l’administration ivoirienne. En dehors du soupçon de collaboration avec le régime illégal de Laurent Gbagbo, au mépris des consignes du gouvernement légitime du Golf, aucun autre fait délictuel ne lui est reproché. Aujourd`hui, Ibrahim Ezzedine s`apprête à relever le défi de la fin éventuelle de la libéralisation du commerce du riz et le retour du quota. Le ministre du Commerce a fait une communication pour proposer des mesures visant à limiter et réduire le monopole ou la mainmise de certains opérateurs dans l`importation du riz. Selon lui, cette situation présente des risques de plusieurs ordres. Dagobert Banzio propose donc au gouvernement de fixer des quotas dans un marché pourtant libéralisé et qui compte au moins cent importateurs. Si l`Etat ivoirien prend une loi ou un décret pour limiter les exportations d`Ezzedine Ibrahim, est-il certain que les autres importateurs pourront mobiliser les ressources financières et humaines nécessaires pour faire face aux besoins en riz de la Côte d`Ivoire? En quoi la présence d`Ezzedine Ibrahim empêche-t-elle les autres importateurs de prospérer, d`aller voir les banques et de partir dans les pays producteurs et exportateurs de riz pour augmenter leur part du marché ? L’Etat a-t-il besoin de pousser les privés, alors que le marché est bien approvisionné et que les prix restent abordables ? De plus, même s`il est d`origine libanaise, Ibrahim Ezzedine est effectivement un opérateur économique de nationalité ivoirienne (par naturalisation) et ses sociétés sont de droit ivoirien, avec des capitaux qui ne partent pas à l`étranger mais sont bel et bien réinvestis et réinjectés dans l`économie ivoirienne, au profit de six mille employés et autant de familles (ce qui peut faire cent mille personnes ), pour l`ensemble des entreprises du groupe Carré d`Or. Dans le café cacao, les exportateurs ivoiriens et les coopératives locales avaient été encouragés par les autorités du pays. Cela n`a pas empêché les multinationales de continuer de prospérer au détriment des nationaux. Doit-on prendre des mesures pour imposer des quotas si on ne cherche pas à savoir les raisons ayant créé cette situation de quasi-monopole au profit de la SDTM d’Ibrahim Ezzedine dans l’importation du riz ? N’oublions pas également la grosse part de marché acquise par l’eau Céleste, le quasi- monopole des pâtes alimentaires Maman…. C`est vers la fin des années 90 qu`Ezzedine Ibrahim entre dans l`importation du riz. Ce sont les années Bédié. Patrick Bédié et Cogeco sont à l’époque les rois du riz. Ibrahim Ezzedine fait alors ses premiers pas. L’homme est déjà dans le transit, l`importation de simples et de toutes les autres marchandises. Il pèse un chiffre d’affaires acceptable depuis au moins 5 ans, grâce à une plus value obtenue après une grande opération réalisée lors de la dévaluation. Son premier milliard de FCFA date de cette période, soit en 1993, grâce donc à la dévaluation menée par Alassane Ouattara alors premier ministre et sept ans avant Laurent Gbagbo. L`entrée dans l`importation de riz le mettra au devant de la scène et fera de plus en plus parler de lui, à partir de l`an 2000, alors qu’il avait réussi à faire un parcours tranquille et discret pendant dix sept ans, sans jamais susciter l`intérêt, ni l`attention du grand public. Petit et modeste importateur de riz au départ, Ibrahim Ezzedine augmente ses explorations à partir du vide laissé par Cogeco après le coup d’Etat de 99. En 2002, après l`attaque du 18 septembre, de nombreux opérateurs abandonnent l`importation du riz. Ibrahim Ezzedine augmente encore ses parts et frôle la barre des 400 mille tonnes de riz. L`autre grand bond se fera en Novembre 2004, après l`opération DIGNITÉ. L’homme résiste, reste dans le pays. Il prend des risques auprès des banquiers et avec ses partenaires pour garantir l`importation du riz et l`approvisionnement du marché ivoirien. Aujourd`hui, il pèse, selon des estimations, 70 pour cent de l`importation du riz, loin derrière le groupe singapourien et extrême oriental OLAM. Ibrahim Ezzedine reste sensible à l`appui à la recherche scientifique dans le domaine du riz. Après le départ de l`Adrao, rien n`avait été entrepris dans ce sens en Côte d`Ivoire. La création de l`agence nationale pour le développement de la riziculture sous le gouvernement Gbagbo aurait pu mettre en difficulté les activités d`importation. N`empêche que le patron du groupe Carré d`Or est disposé à apporter un appui à la recherche, pour favoriser la production du riz en Côte d`Ivoire et réduire la dépendance du pays. Confiant dans la levée prochaine du gel de ses avoirs et de l`interdiction de voyage, Ibrahim Ezzedine s`investit de plus en plus dans le social et les actions de bienfaisance. Aide à la construction des hôpitaux et des centres de santé, distributions de vivres, aide à la construction d`écoles, création d`emplois. Le groupe Carré d`Or veut s’investir dans l`action citoyenne et communautaire. Un défi qui fait bouger le petit commerçant de Treichville, devenu grand. La SDTM, société de distribution de toutes marchandises a été restructurée, Global Manutention, créée pour dédouaner ses importations, de même que son agence de voyage et la minoterie, ont été restructurées et regroupées pour devenir le Groupe Carre d`Or. Il a aussi racheté des activités d’imprimerie à d’autres opérateurs économiques et n’hésitait pas à voler au secours d’autres opérateurs en difficulté. Devenu milliardaire à force de travail et de sacrifices, de nombreuses privations, Ibrahim Ezzedine est au bureau 7 jours sur 7, y compris les jours fériés et de fêtes. Et travaille 16 heures sur 24 par jour. Voici son histoire. Rien ne lui a été offert sur un plateau d’or. Tout ce qu’il possède, Ibrahim Ezzedine l’a obtenu par le travail et à la sueur de son front. Un exemple pour la jeune génération. »


2- Prologue

Le texte ci-dessous a été écrit le 08 Novembre 2011. Il se voulait un portrait de l’homme d’affaires Ibrahim Ezzedine ; un portrait rédigé après des échanges avec l’homme. Mais Ibrahim Ezzedine n’a pas souhaité être exposé. Il était comme ça : un homme discret, qui n’aimait pas trop faire parler de lui. Un homme d’action. Invité à faire une campagne de communication et de lobbying pour interpeller les autorités sur ses préoccupations, il a plutôt choisi de faire profil bas, acceptant juste de sponsoriser quelques événements dont le gala de l’association Servir de Mme Bédié, et Bonjour 2012 de RTI1. Ibrahim Ezzedine s’apprêtait à lancer la Fondation carré d’Or et à investir cette année, au moins un milliard de FCFA dans l’humanitaire et dans l’action sociale. Malgré l’interdiction de voyages dans l’UE dont il était frappé, et le gel de ses avoirs, l’homme d’affaires ne manquait pas d’aller dans la sous-région, et au Liban, pour contacter des opérateurs économiques, en vue de renforcer ses activités en Côte d’Ivoire. Son souhait était de préserver les nombreux emplois d’Ivoiriens et d’Ivoiriennes. Il trouvait injustes les mesures de rétorsion dont il avait été l’objet, mais jamais il ne lui est venu à l’esprit de quitter la Côte d’Ivoire, malgré les menaces, malgré les tentations d’une délocalisation au Togo, au Burkina, au Sénégal, et au Liberia. Ibrahim Ezzedine, était un Ivoirien, en ce sens qu’il était attaché au bien-être des populations de la Côte d’Ivoire. Il est resté incompris et jalousé par les hommes. Le stress et les angoisses ont fini par avoir raison de lui, malgré la sérénité apparente qu’il affichait. Hier après avoir eu des rendez-vous, le matin, il s’était retiré pour faire le sport. Il a ensuite eu un malaise, à la suite duquel, il a été conduit à la clinique Avicenne, où il a rendu l’âme des suites d’un arrêt cardiaque. Il menait une vie fruste et rangeé. Il n’était pas coutumier à l’alcool, ni à la cigarette. Ibrahim Ezzedine n’était pas un sujet médical à risques. Et pourtant ! Allah a donné, Allah a repris, pourrait-on dire au sujet de ce croyant et pieux musulman, connu pour sa sobriété. Contre sa volonté certes, mais en hommage mérité pour lui, et pour aider les Ivoiriens, les Africains et le monde entier qui ne le connaissent pas, qui ne connaissent pas son histoire, à mieux appréhender son parcours, nous livrons tel quel, ce texte qu’il n’avait pas souhaité voir publié, avant le dégel de ses comptes et la levée de toutes les sanctions qui le visaient. Ecce homo !

3- Epilogue et Postscriptum :

Eh oui, Ibrahim est mort ! Sa dépouille conduite hier à Ivosep sera transférée ce jour au Liban. Un signal de la part de cet amoureux de la Côte d’Ivoire, pays auquel il s’est attaché, alors qu’il n’y est pas né. Dieu est grand ! Allah Akbar ! Quand le bus était tombé dans la lagune, l’IA avait écrit : «Dieu parle à Ouattara». Tous les jours, Dieu nous parle tous. Des signes sont là, qui ne trompent pas. Ibrahim Ezzedine était un milliardaire, mais il a succombé comme tout autre humain. Comme tout autre humain, les hommes au pouvoir, les hommes de pouvoir, finiront eux aussi par mourir, et être rappelés à Dieu ! Les hommes d’opposition, les négateurs eux aussi ne sont pas éternels. L’’auteur de ces lignes est lui aussi un mortel. Alors pourquoi se faire du mal, quand on n’a pas la force de vivre l’éternité et d’avoir par soi-même l’immortalité ? Les Eléphants ont perdu la finale de la Can ; Bohoun Bouabré est mort, Diagou est mort ; les uns s’en vont aujourd’hui. Les autres s’en iront demain. A chacun son tour. Dégelons les cœurs, sortons des ghettos et des prisons dans lesquels nous sommes, et dans lesquels d’autres demeurent. Instaurons la liberté de circuler. Ecoutons Dieu ! Ecoutons ses messages ! Réconcilions-nous !

Charles Kouassi
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