Vous avez été très nombreux à nous appeler, suite à notre article sur la probable nomination de Daniel Kablan Duncan, l’actuel ministre des Affaires étrangères au poste de Premier ministre. Originaire de Grand-Bassam, Duncan est proche d’Henriette Bomo Bédié, fille de la région voisine du Sanwi. Issu de l’ethnie N’Zima (Sud-est), il est l’époux de Clarisse, native d’Assounvoué (Toumodi), village natal de feu Auguste Denise. Si cette nomination peut être appréciée d’une part comme un moyen pour le président Bédié de contenter les Agni Sanwi et les N’Zima du Sud-est qui se reconnaissent en lui, et les apaiser après les dernières hostilités entre les pécheurs (Bozo maliens) et les autochtones agni d’Aboisso, elle peut, d’autre part, être vue comme un acte stratégique relevant de la géopolitique qui sacrifie son meilleur ministre et beau-frère, Charles Koffi Diby, marié à Béatrice Diby, fille de Bédié Adjoua. En effet, La région du Sanwi est majoritairement acquise à la cause de l’ancien pouvoir. Les larmes versées par mesdames Bédié et Ouattara à Aboisso lors du deuxième tour de la dernière présidentielle n’ont pas ému ce peuple qui a massivement voté Laurent Gbagbo. Un signal pris très au sérieux par le président du Pdci-Rda qui œuvre en ce moment au redimensionnement de son parti. Dans son plan de reconquête du territoire, le Sanwi fait partie des principaux axes de pénétration. Ainsi, après avoir planté un pilier dans le grand Ouest par la nomination de Marcel Zadi Kessy à la présidence du Conseil économique et social, il en plante un second dans le Sud-est, avec le positionnement de Duncan à la Primature. Dans la dynamique de cette politique, le prochain président du Pdci-Rda sortirait certainement du Grand nord. Il restera à trouver un leader pour le Grand centre. A ce propos, Me Ahousssou Jeannot, avocat du président Bédié depuis plus de dix ans, président de l’Association des cadres et élus du Grand centre et principal artisan de la victoire du chef de l’Etat dans cette région, présente le meilleur profil. Il pourrait donc être, à défaut de la Primature, contenté par le Secrétariat général du Pdci-Rda. Le Conseil économique et social à L’Ouest, la présidence du Pdci au Nord, la Primature au Sud-Est et le Secrétariat général du parti au Centre, c’est une stratégie géopolitique qui redonne une emprise nationale au parti créé par Félix Houphouët Boigny. Outre le volet politique interne au Pdci, la nomination de Daniel Kablan Duncan répond à une préoccupation d’ordre diplomatique majeure : le rapprochement des peuples du Sud-Est (Agni sanwi, Apollo et N’Zima) au royaume Ashanti par la familiarité des langues et des cultures est une solide passerelle entre la Côte d’Ivoire et le Ghana qui regorge de nombreux exilés politiques du régime déchu. Il y a, en outre, le problème latent de l’exploitation pétrolière dans les eaux frontalières des deux pays, dont la résolution nécessite la sincère collaboration des peuples riverains. A cet effet, Duncan se présente comme l’interlocuteur idéal de l’Etat de Côte d’Ivoire. Et puis, il y a l’achèvement de la route Aboisso-Abengourou, initiée par le Premier ministre d’Henri Konan Bédié. Un projet salué par les peuples de l’Est et du Sud, malheureusement interrompu par le coup d’Etat de 1999 et qui pourrait faire partie des arguments qui ont penché en faveur de Duncan.
Politique Publié le lundi 27 février 2012 | Le Mandat