C’était la débandade le jeudi 23 février aux environs de midi à Gouégui, village devenu presqu’un quartier de Bangolo du fait de sa promiscuité avec le chef-lieu de commune. Des quidams ont fait irruption dans la localité pour libérer des rafales de kalachnikov. Mais qu’est-ce qui peut justifier un tel comportement ? Selon des habitants de Gouégui qui ont trouvé refuge à Bangolo, pour mieux comprendre ce qui s’est produit, il faut remonter à la veille. De fait, le mercredi 22 février 2012, trois jeunes gens soupçonnés d’être des membres d'un gang de braqueurs et qui vivent dans des campements, arrivent dans le village pour prendre un pot dans un bistrot. Pourtant, depuis près d’une semaine, une affaire de meurtre d’un allochtone baoulé à quelques encablures du village, pèse sur les autochtones guéré de Gouégui accusés d’être les auteurs de l’ignoble acte. Pour se dédouaner et lever tout soupçon sur le village, des jeunes alertent la gendarmerie et le détachement des Forces Républicaines (FRCI) de la présence d’individus suspects dans leur village. Avant l’arrivée des forces de l’ordre, les suspects ayant senti le danger venir ont quitté les lieux, abandonnant leur moto devant le bistrot. L’engin est récupéré par les soldats des FRCI avec l’espoir que les propriétaires viendraient le réclamer à la base du détachement militaire. Le lendemain, pendant que les habitants de Gouégui pensaient l’affaire classée parce qu’aux mains des autorités militaires et de la gendarmerie, les étrangers de la veille refont surface dans le village. Cette fois, avec des Kalachnikovs. Ils tirent plusieurs rafales en pleine journée, traumatisant ainsi les populations. ‘’Ce sont des braqueurs. Ils nous accusent de les avoir vendus aux RFCI et veulent tuer notre chef du village si leur moto ne leur est pas rendue’’, indique D. Florent, qui regagnait la ville de Bangolo avec ses camarades, baluchon sur la tête. La gendarmerie et des éléments des FRCI informés, se sont rendus sur les lieux après le retentissement des coups de feu. Mais les bandits avaient déjà quitté le village. Au dire de certains témoins, les quidams ont promis de revenir. Après ces coups de feu, et les menaces qui ont suivi, Gouégui s’est vidé de sa population. Ainsi, ce gros village ressemblait à un village fantôme, ses habitants étant tous allés se réfugier à Bangolo ville. Il faut souligner que dans le département de Bangolo, les coupeurs de route règnent en maîtres. Aussi, Gouégui fait partie des villages qui ont une sombre réputation. En effet, ces individus qui ont élu domicile dans des campements donnent bien souvent du fil à retordre aux gendarmes et aux FRCI. Car, il ne se passe pas de jour sans qu’un triste événement ne s’y produise. Pour rappel, c’est dans ce village que l’on avait entendu en début d’année, des tirs d’armes lourdes à la prise de Bangolo par un certain ‘’commando bengiste’’. Récemment, un paysan allogène a été retrouvé mort dans sa plantation, le corps criblé de balles.
K.K.Théodore, Région du Guémon
K.K.Théodore, Région du Guémon