Nicolas Débrimou, président de la Fédération ivoirienne d’athlétisme se frotte sûrement les mains. Lui qui n’a rien fait pour attirer Murielle Ahouré, en sélection nationale ivoirienne. C’est par coup de chance que la Côte d’Ivoire bénéficie des prouesses de cette athlète. En remportant la médaille d’argent du 60 m au championnat du monde en salle disputé à Istanbul (Turquie), Murielle Ahouré, 24 ans, a donné des couleurs neuves à un athlétisme ivoirien bien pâle depuis de nombreuses années. Cela faisait une éternité que la Côte d’Ivoire n’avait pas été à une telle fête dans les épreuves du sprint. Sans doute depuis la formidable épopée du spécialiste du 400 m, le regretté Gabriel Tiacoh, vice-champion olympique du 400 m en 1984 à Los Angeles. Il faut dire que la native d’Abidjan qui vit et s’entraîne à Houston aux Etats-Unis porte les couleurs de la Côte d’Ivoire depuis quelques mois seulement. Longtemps, elle a pensé rejoindre l’équipe de France. Mais la lenteur de l’administration tricolore a fait qu’elle a dû y renoncer. Surtout qu’elle ne voulait pas rater sa première compétition mondiale. Interrogée au début de l’année 2012, elle n’avait pas caché ses intentions : “Ce que je vise, c’est l’or à Istanbul. Je souhaitais porter le maillot de la France, mais les délais étaient trop courts pour faire toutes les démarches’’. Exit la France et vive la Côte d’Ivoire ! Bien sûr, ce choix du pays des Eléphants, par défaut, a fait grincer des dents en France et surtout en Côte d’Ivoire. Sur les forums, la décision de l’athlète a été plutôt chahutée. Qu’importe, la famille de l’athlétisme ivoirien a récupéré une championne en devenir et sans doute la locomotive de son développement. En l’espace de trois mois, elle gagne cinq centièmes de seconde sur 60 m (7”09 à 7”04). A Istanbul, dans une compétition où les meilleures Américaines et Jamaïcaines étaient présentes, elle a fait preuve d’une belle autorité en remportant sa série puis sa demi-finale avant de s’incliner en finale, d’un souffle, devant la formidable Veronica Campbell-Brown. La médaille d’argent fait de l’Ivorienne une femme heureuse. Elle visait le podium et a fini par atteindre son objectif : être parmi les trois premières pour une première participation. C’est maintenant que le plus dur commence pour Murielle Ahouré. Elle va devoir confirmer sur la piste, le savoir-faire démontré en salle. Il lui reste quatre mois pour frapper un grand coup sur 100 m (voire sur 200 m) et espérer inquiéter les meilleures. Elles sont encore nombreuses à la devancer sur le plan chronométrique. Avec ses 11”06 sur 100 m réussis à Greensboro le 15 mai 2011, Murielle Ahouré occupe le 49ème rang mondial. En Afrique, la Nigériane Oludamola Osayomi (10”99) est encore devant elle. Les meetings européens de l’été, les championnats d’Afrique des nations prévus au Maroc, si elle y participe, donneront de véritables indications sur ce qu’elle peut faire aux Jeux Olympiques de Londres 2012.
AS avec starafrica.com
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