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Politique Publié le vendredi 16 mars 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Election du président de l’Assemblée nationale / Soro Jean-Paul, député de San-Pedro sous-préfecture : ‘’Soro Guillaume n’a pas été imposé aux députés’’

L’un des deux députés de Doba et Gabiadji, communes et sous-préfectures, San-Pedro, sous-préfecture et communes, Soro Souagnon Jean-Paul, a participé à l’élection du président et de la première-vice présidente de l’Assemblée nationale, lors de la séance inaugurale du parlement ivoirien. Dans cette interview, l’honorable Soro Jean-Paul revient sur les conditions de l’élection de Soro Guillaume. Il évoque aussi ses initiatives de développement pour la région de San-Pedro, sans oublier l’actualité au sein de son parti, le PDCI-RDA.

Vous venez de procéder à l’élection du président et du premier vice-président de l’Assemblée nationale, quel est le sentiment qui vous anime ?

Je peux dire que c’est une mission accomplie parce que ce qui s’est passé à Yamoussoukro va dans la droite ligne de tous les efforts des Ivoiriens, à commencer par le président de la République et nos amis de la communauté internationale pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise qu’elle traverse depuis une dizaine d’années. J’ai beaucoup d’espoir parce que la manière dont le président et la première-vice présidente, proposés par le RDR, ont été élus est le signe de l’unité, du renforcement et de la consolidation de la coalition qu’est le RHDP. Le président Ouattara et le président Henri Konan Bédié se sont mis d’accord avec les présidents Mabri et Anaky pour que cela soit ainsi. Certaines personnes ont observé que douze députés n’avaient pas respecté la consigne de vote du RHDP, mais la démocratie s’est exprimée. C’est dire que la candidature de Soro Guillaume n’a pas été imposée aux députés. Ceux qui se sont abstenus lors du vote, peuvent être du PDCI, du RDR, de l’UDPCI, du MFA ou des indépendants. On ne peut donc pas pointer un doigt accusateur sur tel ou tel parti. Ce sont des représentants du peuple ivoirien qui ont pris une autre décision et c’est cela aussi la démocratie. On peut se mettre d’accord pour faire quelque chose, mais on ne peut pas imposer cela à des personnes qui ont une capacité d’analyse et de prise de décision.

Vous revenez d’une mission dans votre circonscription électorale 173 (Doba et Gabiadji, communes et sous-préfectures, San Pedro, sous-prefecture et communes). Quel était l’objectif de cette mission ?

Après les élections du 11 décembre dernier, je suis retourné en Italie pour passer quelque temps avec ma famille. Je n’ai donc pas pu être avec les populations qui ont bien voulu me confier le mandat que j’ai pour cette législature. De retour d’Italie, il fallait que j’aille vers mes électeurs pour leur dire que je suis là pour reprendre le travail puisqu’ils m’ont élu. Pendant mon séjour en Europe, j’ai pris suffisamment de contacts avec des opérateurs économiques italiens, désireux de venir en prospection dans le département de San-Pedro. Nous avons donc reçu, du 9 au 12 mars 2012, cinq (5) délégations accompagnées par l’ambassadeur d’Italie en Côte d’Ivoire. Je pense qu’ils ont été satisfaits d’être venus en Côte d’Ivoire, ils ont pu se faire une idée des potentialités de la région et deviendront des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire pour faire en sorte que d’autres opérateurs économiques s’intéressent à la Côte d’Ivoire et à la région qu’ils ont visitée. Au cours de leur séjour, ils ont offert des tables-bancs à une école primaire dans le village de Popoko, une pompe hydraulique solaire au village de Gagni. Notre manière de contribuer, en tant que député à la réconciliation, au-delà de la sensibilisation des populations, c’est offrir du travail, attirer les entreprises qui viennent créer des emplois. C’est de cette manière que nous pourrons accélérer le processus de réconciliation.

Quels sont les secteurs qui intéressent ces investisseurs ?

Il y a les grands travaux de construction de routes, de logements. Il y a aussi un groupe de médecins qui sont prêts à fournir du matériel médical, à travers la création et l’équipement de laboratoires. Avant et pendant leur séjour, nous nous sommes rendu compte que pour une simple analyse ou une échographie, quelqu’un qui est à San-Pedro est forcément obligé de se déplacer sur Abidjan, parce que les appareils manquent un peu partout. Il s’agit pour eux de créer des laboratoires dans les grandes régions et c’est l’un des premiers projets qui sera réalisé assez rapidement, d’autant plus qu’un local a déjà été identifié. Ensuite, il y a l’industrie touristique. Les Italiens aiment beaucoup le tourisme et ils ont affiché un réel intérêt pour nos plages. Nous avons également des opérateurs qui souhaitent se lancer dans la construction des supermarchés. Ce sont, entre autres, les secteurs qui ont été prospectés par les opérateurs économiques italiens au cours de ce voyage. Et très rapidement, les premiers effets de cette mission vont se faire sentir dans la région de San-Pedro. Ce partenariat gagnant-gagnant sera accompagné par des œuvres sociales. C’est-à-dire que le profit qu’ils tireront ne sera pas totalement rapatrié vers l’Italie, mais une partie sera affectée à des actions de portée sociale qui vont profiter à la population.

Est-ce à dire que la région de San-Pedro amorce son développement sous votre mandat ?

Je pense que nous avons été élu pour cela et nous essayons, à notre niveau, de faire ce pourquoi les populations nous ont fait confiance en nous donnant ce mandat. Ce n’est pas un mérite que nous voulons prendre, mais c’est pour cela que nous avons été élu. Nous devons donner le meilleur de nous-mêmes, en faisant ce que les populations attendent de nous et si cela permet d’ajouter quelque chose à l’existant, ça ne peut que nous faire plaisir et nous en serons fier parce que c’est notre rôle.

Votre parti, le PDCI, traverse une crise. Le président des jeunes réclame la tenue d’un congrès; le président Bédié propose quant à lui, une réunion du bureau politique. Comment gérez-vous cette situation dans un contexte de consolidation du RHDP ?

Le PDCI ne traverse pas de crise. Quand on va aux élections présidentielles où beaucoup de militants espéraient en l’élection du président Bédié comme président de la République et qu’on n’a pas ce résultat, quand on va aux législatives et que les prévisions ne sont pas celles que nous avons, il est tout à fait normal que les dirigeants s’interrogent, que les militants s’arrêtent pour analyser et comprendre ce qui a marché et ce qui n’a pas marché dans ce qu’ils ont fait. Nous sommes tous d’accord, y compris le président des jeunes, KKB, que nous sommes dans un processus électif et qu’il faut aller jusqu’au bout avant d’organiser un congrès, mais n’empêche que nous devons analyser les raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à atteindre les objectifs que nous nous fixons en nous engageant dans une élection. C’est ce que le président Bédié a dit en nous demandant d’engager les réflexions dans le cadre du Bureau politique. Le PDCI regorge tellement de cadres que lorsque certains ne sont pas choisis par le parti, le sentiment d’impatience et de frustration fait qu’ils prennent des décisions contre l’intérêt du parti. Les réflexions que nous devons mener avant et après des élections, pourraient permettre de renforcer la cohésion en notre sein, en expliquant aux uns et aux autres que ce n’est pas parce que ceux qui n’ont pas été choisis ne sont pas des militants ou qu’ils ne sont pas valables, mais simplement parce qu’on ne peut pas prendre tout le monde à la fois. Que chacun sache patienter parce que si ce n’est pas aujourd’hui, ça peut être demain. Ce bureau politique demandé par le président Bédié est le bienvenu et le souhait du président des jeunes d’ouvrir le débat pour une autocritique des actions que nous avons menées ne peut pas être condamné. Mais il faut y mettre la manière pour présenter le fond de la chose. Pour que le PDCI soit fort, nous devons nous remettre en cause à chaque moment pour voir où ça va et où ça ne va pas.

Le président Bédié est-il fâché contre KKB, au point de ne pas lui avoir passé un coup de fil, lorsqu’il a été bastonné à Bonon, lors des législatives partielles ?

Je ne le pense pas. Des cadres du parti qui représentent le président Bédié l’ont appelé. La première-vice présidente, Mme Aka Anghui était en première ligne et qui parle de Mme Aka Anghui, parle du président Bédié. Le secrétaire général aussi a appelé KKB. Je ne pense pas que parce qu’on est fâché, ou qu’on n’apprécie pas la manière dont KKB a posé un problème de fond, on ne puisse pas l’appeler quand il est en difficulté, quand sa vie est en danger. Je ne pense pas que le président Bédié soit fâché contre KKB, au point de ne pas l’appeler, puisque le même KKB disait dans un journal qu’il était chez le président Bédié. Peut-être que des personnes mal intentionnées veulent imaginer des crises, mais le président Bédié est suffisamment sage pour avoir des ressentiments contre l’un de ses fidèles lieutenants.

Le président Alassane Ouattara a pris une ordonnance annulant les communes créées par l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. D’aucuns y voient une chasse aux actions menées par Laurent Gbagbo, êtes-vous de cet avis ?

Je ne partage pas ce point de vue, même si mon village, qui compte 15.000 âmes, fait partie des communes qui ont été annulées. Les populations concernées par ces annulations peuvent se sentir frustrées, mais le président Ouattara n’a pas pris cette décision pour régler des comptes parce que c’est le président Gbagbo qui a créé ces communes. Beaucoup de communes et des sous-préfectures ont été créées ces dix dernières années mais malheureusement elles ne tiennent pas compte des prévisions de l’Etat. Du coup, le rôle régalien de l’Etat qui consiste à déployer l’administration en créant les conditions pour que cette administration ait effectivement son autorité, n’est pas suivi. Des sous-préfets sont nommés, mais ils n’ont même pas de logements, ni de véhicule de fonction, encore moins de bureaux pour travailler. Parfois, ce sont les populations qui sont sollicitées pour construire les logements des sous-préfets. Dans ces conditions, où se trouve l’autorité de l’Etat, quand les populations doivent se cotiser pour construire les logements et les bureaux des sous-préfets ? Lorsque l’Etat nomme un sous-préfet, ou crée une nouvelle commune, il lui revient de construire les bureaux du maire, les bureaux et le logement du sous-préfet. Il revient à l’Etat de donner les moyens au sous-préfet pour qu’il puisse jouer son rôle de représentant du président de la République. Or ce n’est pas le cas actuellement. Entre frustrer des populations et permettre aux représentants de l’Etat de travailler correctement, le président Ouattara a fait un choix. C’est aussi cela la responsabilité d’un Etat.

Serez-vous candidat pour les élections municipales à venir ?

Non, je ne pense pas m’intéresser aux élections municipales. J’entends plutôt donner le meilleur de moi-même aux côtés du candidat que le parti aura choisi, dans ma région ou ailleurs, que ce soit dans le cadre du RHDP pour les accompagner dans l’optique d’avoir la mairie et faire travailler nos jeunes. Toutes les institutions sont en train d’être mises en place, cela va rassurer davantage nos populations et nos partenaires au développement. Cela va aussi permettre à la Côte d’Ivoire de recevoir de plus en plus d’investisseurs pour la reconstruction de notre pays. Je voudrais donc encourager le président de la République et son gouvernement, exprimer mon soutien au nouveau président de l’Assemblée nationale. Il faudrait, comme il l’a dit, que notre Assemblée nationale soit une assemblée qui propose, que les institutions soient fortes et non les individus.

Réalisée à Yamoussoukro par Olivier Dion
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