Les deux genoux à terre, Charles Konan Banny, demande aux Ivoiriennes, aux Ivoiriens et à tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, de se pardonner et d’aller à la réconciliation. Plus qu’un discours, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR), a voulu, par ce geste, montré une fois de plus l’urgence et la nécessité pour tous ceux qui vivent sur le territoire ivoirien, de s’approprier le processus qu’il dirige et qui a pour mission essentielle de ressouder le tissu social. Ce samedi donc, à l’invitation du président de la CDVR, les Ivoiriens se sont rendus en masse à la salle des 4000 places du Palais de la culture, qui s’est avérée exigüe pour la circonstance. Jeunes, femmes, hommes et vieillards ont fait le déplacement sans compter les têtes couronnées, les autorités religieuses, le Grand médiateur de la République, les Ambassadeurs et les Représentants des Institutions internationales et régionales accréditées en Côte d’Ivoire. Tous voulaient être témoins du lancement de la période de deuil et de purification qui marque la phase active de la mission confiée à la CDVR. Pour son patron, une seule condition est exigée pour aller à la réconciliation. Il s’agit de «l’humilité et la sincérité pour reconnaître nos fautes, nos errements, nos péchés dont le plus grave aura été la mort donnée à notre prochain». Pour Charles Konan Banny, le pardon doit occuper la première place de la cérémonie, à commencer par lui-même, qui n’a pas hésité à le faire à genoux. Ceci, d’autant plus, que la Côte d’Ivoire, est un corps unique! «En elle, des peuples très divers ont été rassemblés pour donner ce corps qui, bien qu’imparfaitement articulé, forme un tout distinct que nous voulons rendre de plus en plus homogène», a-t-il indiqué. Pour lui, les soubresauts qui l’agitent de façon sporadique sont des perturbations liées à sa croissance. Surtout que depuis près de vingt ans, «malheureusement, les luttes d’intérêt, les mauvaises solutions appliquées à de vrais problèmes que nul ne saurait nier, les tensions nées de l’occupation de l’espace, des difficultés de tous ordres qui ont surgi en même temps, ont submergé le frêle édifice en construction et mis en danger son équilibre précaire». La cérémonie du jour, est pour lui, l’amorce de la phase opérationnelle des activités de la CDVR. Avant lui, les responsables religieux, les chefs traditionnels se sont inscrits résolument dans le processus de réconciliation. L’Imam Daouda Koné, Mgr Alofa au nom des chrétiens catholiques, Koffi Ettien Mathieu, au nom des Eglises révélées africaines ont dit leur engagement à soutenir cette mission. Dans les mosquées, dans les temples et églises, tout sera mis en place, selon les hommes de Dieu, pour que la Côte d’Ivoire ne vive plus ce qu’elle a vécu ces vingt dernières années. «Tous pour la paix», film réalisé par Roger Gnoan M’Balla et retraçant les atrocités de la crise, a été projeté pour rappeler aux Ivoiriens les erreurs qu’ils ont commises et les inviter à s’inscrire résolument dans le processus de l paix.
Thiery Latt
Thiery Latt