Dans une contribution à Fraternité Matin le 27 juin 2011, Bernard Zadi Zaourou exposait sa vision de la réconciliation nationale. Celle-ci était articulée autour de sept thèses : la théorie – la méthode d’approche – les ravages de la passion – l’œuvre du temps – les exilés et détenus – le facteur social et la thèse de la question militaire. Nous en donnons quelques extraits.
Dans sa cinquième thèse intitulée «Exilés et détenus», Bernard Zadi Zaourou élucide la nécessité pour la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), de tout mettre en œuvre pour le retour des exilés. Car, écrit-il : ‘’il n’y a jamais eu, il ne saurait y avoir de réconciliation par procuration ou par contumace’’. Puis de poursuivre : ‘’les sujets à réconcilier doivent être tous présents dans l’espace national et libres pour se parler, s’ouvrir les uns aux autres, vivre personnellement et en direct leur échange de flux humain et fraternel mis à mal et altéré par la crise. Il faut pour cela que la commission Banny plaide du mieux qu’elle peut pour que reviennent au pays les milliers d’exilés, pour que soient libérés ceux qui sont actuellement détenus’’. Auparavant, l’universitaire expose les méfaits de la passion dans l’œuvre de réconciliation (3e thèse). Pour BZZ, depuis la fin du deuxième tour de la présidentielle, la crise ivoirienne a atteint une dimension passionnelle qui rappelle, selon lui, l’affaire Dreyfus dans l’histoire de la France. Il s’accorde alors avec les philosophes pour définir la passion comme une abdication pure et simple de la raison humaine, un asservissement total du sujet passionné à ses bas instincts, ou encore la porte ouverte à tous les périls et notamment aux actes impulsifs pouvant conduire au cycle infernal. De là, le professeur arrive à la conclusion qu’aucun discours sur la réconciliation ne peut prendre dans l’opinion tant que la logique de l’enfer n’est pas totalement jugulée. Se mettant dans la peau des acteurs en présence, il estime que tant qu’il se produira quelque part en Côte d’Ivoire et par esprit de vengeance une seule exécution extrajudiciaire, un seul pillage de domicile, un seul braquage et une désobéissance systématique aux appels des gouvernants légaux, il sera inutile de parler de réconciliation aux Ivoiriens. D’où l’œuvre du temps qu’il propose (4e thèse), relevant au passage que c’est autour de Gbagbo et Ouattara que sont cristallisées toutes les passions de l’immense majorité du peuple ivoirien et que ce qui arrive à l’un ou à l’autre peut avoir de sérieuses incidences sur le processus de réconciliation. Bernard Zadi Zaourou suggère ici qu’il faut laisser le temps au temps et de citer les cas cambodgiens et togolais. C’est ce qu’il appelle l’autodynamisme. ‘’La commission Banny devrait se donner pour tâche préliminaire et urgente de négocier pied à pied avec le nouveau régime pour que celui-ci amène ses jusqu’au-boutistes à mettre fin à toute forme de vendetta pour que meurt la peur de l’autre et que, pas à pas, renaisse la confiance entre les individus et les différentes composantes de la société’’, propose le professeur. Qui ajoute qu’il ne faut pas négliger dans ce processus, la question militaire. L’armée ivoirienne, argue-t-il, est depuis 1999, hors des casernes, s’adonnant à des dérives de toutes sortes. Et l’impétrant de terminer par cette réflexion : ‘’si la réconciliation est un long et difficile processus de rétablissement des équilibres et des harmonies au sein de la nation, que peut-on réussir en ce domaine si ces instruments de mise en ordre eux-mêmes sont les principaux facteurs de désordre ? Vaine est la virtuosité de l’artiste si l’instrument de musique est désaccordé ! Il faut dès aujourd’hui mettre la question militaire au poste de commandement. Le succès de la commission Banny en dépend, le salut de la nation aussi’’.
S. Débailly
Dans sa cinquième thèse intitulée «Exilés et détenus», Bernard Zadi Zaourou élucide la nécessité pour la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), de tout mettre en œuvre pour le retour des exilés. Car, écrit-il : ‘’il n’y a jamais eu, il ne saurait y avoir de réconciliation par procuration ou par contumace’’. Puis de poursuivre : ‘’les sujets à réconcilier doivent être tous présents dans l’espace national et libres pour se parler, s’ouvrir les uns aux autres, vivre personnellement et en direct leur échange de flux humain et fraternel mis à mal et altéré par la crise. Il faut pour cela que la commission Banny plaide du mieux qu’elle peut pour que reviennent au pays les milliers d’exilés, pour que soient libérés ceux qui sont actuellement détenus’’. Auparavant, l’universitaire expose les méfaits de la passion dans l’œuvre de réconciliation (3e thèse). Pour BZZ, depuis la fin du deuxième tour de la présidentielle, la crise ivoirienne a atteint une dimension passionnelle qui rappelle, selon lui, l’affaire Dreyfus dans l’histoire de la France. Il s’accorde alors avec les philosophes pour définir la passion comme une abdication pure et simple de la raison humaine, un asservissement total du sujet passionné à ses bas instincts, ou encore la porte ouverte à tous les périls et notamment aux actes impulsifs pouvant conduire au cycle infernal. De là, le professeur arrive à la conclusion qu’aucun discours sur la réconciliation ne peut prendre dans l’opinion tant que la logique de l’enfer n’est pas totalement jugulée. Se mettant dans la peau des acteurs en présence, il estime que tant qu’il se produira quelque part en Côte d’Ivoire et par esprit de vengeance une seule exécution extrajudiciaire, un seul pillage de domicile, un seul braquage et une désobéissance systématique aux appels des gouvernants légaux, il sera inutile de parler de réconciliation aux Ivoiriens. D’où l’œuvre du temps qu’il propose (4e thèse), relevant au passage que c’est autour de Gbagbo et Ouattara que sont cristallisées toutes les passions de l’immense majorité du peuple ivoirien et que ce qui arrive à l’un ou à l’autre peut avoir de sérieuses incidences sur le processus de réconciliation. Bernard Zadi Zaourou suggère ici qu’il faut laisser le temps au temps et de citer les cas cambodgiens et togolais. C’est ce qu’il appelle l’autodynamisme. ‘’La commission Banny devrait se donner pour tâche préliminaire et urgente de négocier pied à pied avec le nouveau régime pour que celui-ci amène ses jusqu’au-boutistes à mettre fin à toute forme de vendetta pour que meurt la peur de l’autre et que, pas à pas, renaisse la confiance entre les individus et les différentes composantes de la société’’, propose le professeur. Qui ajoute qu’il ne faut pas négliger dans ce processus, la question militaire. L’armée ivoirienne, argue-t-il, est depuis 1999, hors des casernes, s’adonnant à des dérives de toutes sortes. Et l’impétrant de terminer par cette réflexion : ‘’si la réconciliation est un long et difficile processus de rétablissement des équilibres et des harmonies au sein de la nation, que peut-on réussir en ce domaine si ces instruments de mise en ordre eux-mêmes sont les principaux facteurs de désordre ? Vaine est la virtuosité de l’artiste si l’instrument de musique est désaccordé ! Il faut dès aujourd’hui mettre la question militaire au poste de commandement. Le succès de la commission Banny en dépend, le salut de la nation aussi’’.
S. Débailly