Triste nouvelle pour le monde universitaire et artistique ivoirien. Le Pr Bernard Zadi Zaourou, éminent homme de lettres et de culture, est mort hier matin, à la Pisam(Polyclinique Internationale Sainte-Anne-Marie de Cocody), où il était interné depuis quelques jours, suite à un malaise cardiaque. Malgré son courage et sa détermination, il a fini par perdre son combat contre la maladie. Depuis l'annonce de la nouvelle de sa disparition, c'est l'émoi en Côte d'Ivoire. « Le pays vient de perdre un grand homme », lâche avec mélancolie Aly Koné, juriste. Une tristesse partagée également par l'ensemble des personnes présentes à la célébration officielle de la Journée internationale de la Francophonie, au Palais de la culture, car, hier était aussi le 20 mars. C'est ce grand « Jour » pour l'ensemble des Etats, qui ont en commun, l'usage de la langue française, que le maître du didiga a choisi, pour fausser compagnie à tous ceux le portaient en estime. A commencer par ses proches. Dans sa résidence, située à Cocody-Riviera Palmeraie, l'atmosphère est, de toute évidence, lourde, même s'il n'y a pas grand-monde. La nouvelle, il est vrai, n'est pas encore officielle. Mais, les premiers parents, à avoir appris la terrible nouvelle, sont déjà. Et là, l'émotion est à son comble. Les regards sont dans le vide, les esprits sont sous le choc. Des femmes peinent à contenir leurs larmes, certaines éclatent en sanglots, quand des hommes, juste une poignée, restent, quoique effondrés, dignes dans la douleur. Parmi eux, on reconnaît des visages, qui bien entendu, ne passent pas inaperçus, comme Valen Guédé, musicologue, qui a écrit un livre sur Amédée Pierre avec le défunt, le comédien Bienvenu Neba, et aussi des disciples de Zadi Zaourou, tels Dr René Gnalega, Dr Atsin N'cho et Dr Adom Marie-Clément. On savait Bernard Zadi Zaourou, pas au mieux de sa forme depuis plusieurs mois, lui qui avait même dû effectuer un long séjour en France pour des traitements. Il était même apparu quelque que amaigri, lors de la soirée d'hommage à Amédée Pierre, ex-icône de la musique ivoirienne, en janvier dernier, mais n'avait, pour autant, rien perdu de sa verve et de son verbe. Il semblait s'accrocher à la vie, avec l'énergie qui lui restait, malgré le poids de l'âge et la fatigue de la maladie. Son voyage sans retour va hélas débuter le dimanche 11 mars 2012. Ce jour-là, le Pr Zadi Zaourou fait un AVC (accident vasculaire cérébral). Il est aussitôt à la Pisam. Là, les médecins décèlent des caillots de sang dans son cerveau. Il subit une intervention chirurgicale. Mieux, son état de santé connaît, selon son neveu, Christophe Zadi, une amélioration. Puis, contre toute attente, l'irréparable se produit. Dans la matinée du mercredi, il tire sa révérence, plongeant non seulement sa famille, mais tous ceux qui vouaient une admiration sans faille, dans la consternation totale. Avec sa disparition, la Côte d'Ivoire perd un monument.
Y. Sangaré
Y. Sangaré