Quel est ce curieux procès où on entend d’abord une pile de témoins appelés par le juge d’instruction avant d’entendre les vrais prévenus que nous sommes ? Nous savons jusqu’où remonte cette affaire qui n’implique pas que nous. Si on va au fond des choses, des secrets d’Etat risquent d’ébranler la République». Ces paroles outrées sont celles qu’a prononcées, hier matin, Théophile Kouassi, anciennement secrétaire exécutif du Fdpcc, avant l’audience de ce mercredi 21 mars 2012 qui a vu comparaître devant le président du tribunal, des témoins issus du secteur bancaire en Côte d’Ivoire. En appelant ces témoins à la barre, le juge Ahmed Souleymane Coulibaly entendait sûrement présenter à l’auditoire la forte implication et la complicité avérée de certaines banques de la place dans ce qui a été considéré comme la «fuite des capitaux» du café-cacao vers l’étranger, à l’actif des prévenus que sont Angéline Kili, Kouakou Firmin, Henri Amouzou. Ainsi, Gouédan Aké, témoin issu de la Boa (Bank of Africa), a révélé qu’Henri Amouzou «a fait décaisser, plusieurs fois, 100 millions Fcfa de la Boa pour les loger sur ses propres comptes, sans doute à l’extérieur». Tandis que Dégré Noël (cadre à la Cnce) a révélé que le Frc (d’Angéline Kili et de Kouakou Firmin) a transféré 4 milliards Fcfa le 20 février 2003, puis 6 milliards Fcfa le 25 février de la même année, via la Standard Chartered Bank, la City Bank et la Cnce vers le Maers Rich Hibo, une banque à l’étranger. Et que la Cnce avait touché une rondelette commission de 300 millions Fcfa. Quant à Kouakou Kan, cadre à la direction des risques à la Bni, il a révélé que cette banque a fait un prêt de plus de 10,6 milliards Fcfa au Fdpcc, «alors que cela ne devait pas se faire si on suivait les mesures», a-t-il déclaré. «Les audiences se poursuivent le lundi matin 26 mars 2012 matin pour entendre des témoignages sur le Fdpcc», a annoncé le président du tribunal, Ahmed Souleymane Coulibaly.
SYLVAIN TAKOUE
SYLVAIN TAKOUE