L’audition des témoins dans le procès des ex-dirigeants de la filière café-cacao continue avec son corollaire de révélations. Hier, au Tribunal de première instance d’Abidjan, six témoins se sont succédés à la barre dans ce dossier qui comporte 800 000 pièces. Et les représentants des banquiers ont fait des révélations à couper le souffle. Noël Dégré, cadre de banque à la retraite, précisément à la Cnce (Caisse nationale des caisses d’épargne), ex-Cecp, a révélé que le Frc, par le biais de Citibank, a fait virer 10 milliards de F Cfa dans cette structure. « Le Frc nous a fait virer 10 milliards de FCFA en provenance de Citibank que nous avons transféré dans deux banques à l’étranger. Deux ordres de virements: un de 04 milliards de F CFA et un autre de 06 milliards de F CFA sur instruction du Pca et du DG du Frc», a indiqué Noël Dégré. Selon lui, le Fonds de régulation a demandé qu’après le virement dans le compte de la Cnce, les 04 milliards de F CFA soient transférés dans un compte à l’étranger. Idem pour les 06 milliards de F CFA qui sont passés par la Standard, Citibank, la Cnce avant de se retrouver hors du pays. Mais pourquoi le Frc n’a-t-il pas demandé à Citibank de verser directement cette somme à l’étranger?
300 millions de commission pour la Cnce
A cette question, Noël Dégré s’est mis à balbutier. Avant d’affirmer: «Pour les 04 milliards de F CFA (20 février 2003), la Cnce a reçu une commission de 108 millions de F CFA et pour les 06 milliards (25 février 2003) de F CFA, une commission de 198 milliards de FCFA. » Le Président du Tribunal, Hamed Coulibaly, s’est rendu compte, après les échanges avec le cadre de banque, que cette opération de 10 milliards FCFA s’est faite en violation des règles élémentaires bancaires. C’est-à-dire qu’il n’y a eu aucune justification, une absence de traçabilité, une anomalie au niveau des opérations internationales qui ont été contournées. Une opération qui selon le président du Tribunal et le ministère public, n’ont laissé aucune trace alors que ce sont de ‘‘gros montants’’. Finalement, Noël Dégré a avoué que le Frc n’étant pas client direct de la Cnce, cela était ‘‘une opération de charme’’ qui a permis à cette banque d’obtenir au total 306 millions de FCFA de commission. Toutes ces révélations ont été faites en présence de Angeline Kili et Firmin Kouakou, respectivement Pca et Directeur général du Frc (Fonds de régulation de contrôle de la filière café-cacao), très attentifs.
Des ministres cités
Quant à Kouakou Kan, responsable à la Bni (Banque nationale d’investissement) de 1999 à 2010, à la Direction du risque, il a souligné que sa structure a décaissé 10,6 milliards de FCFA au profit du Fgccc (Fonds de garantie des coopératives café-cacao) après une garantie du Frc. Il a par ailleurs, révélé que le fonds séquestre logé à la Bceao a été cassé sur instruction des autorités ivoiriennes et transféré à la Bni pour être un dépôt à terme. «Sur instruction, nous avons ouvert des comptes pour les structures dans des banques commerciales», a ajouté Kouakou Kan. Cependant, le président du Tribunal et le ministère public ont déploré qu’un compte ouvert dans les livres de la Bni en juillet 2003 pour le compte du Fdpcc, doté de 3 milliards de FCFA, ne soit pas connu de cette dernière, donc n’était pas répertorié dans la comptabilité du Fdpcc. Alors que des prélèvements y étaient opérés. Cela a amené Kouakou Kan à indiquer que les mouvements opérés sur le compte Fdpcc investissement créé en 2006, l’ont été sur instruction des ministres de l’Economie et des Finances et de l’Agriculture. Cependant le ministère public a tenu à préciser que ces ministres donnaient autorisation de décaisser les fonds à partir de ce compte. Gouedan Aké de la Boa (Bank of africa) a pour sa part, expliqué à la barre, qu’il a géré les comptes du Fdpcc et de Henri Amouzou, président du Conseil de gestion (Pcg) de cette structure. A l’occasion, le Pcg, selon Gouédan Aké, a eu à opérer un retrait de 100 millions de FCFA sur le compte de la structure pour un transfert sur son compte personnel. Ce qui a surpris le président du Tribunal et le ministère public. Avant ces personnes, d’autres témoins ont été entendus lors de cette audience. Il s’agit de Daouda Coulibaly de Ace (Audit-contrôle et expertise), Ahou Germaine, responsable Frc au guichet unique en charge du contrôle des opérations d’exportation de 2003 à 2009, et Affery Konan Mathieu, chargé d’études au Frc depuis 2003. Ce dernier a révélé avoir retiré de la Cobaci, du 19 avril 2007 au 04 mai 2007, la somme de 340 millions de FCFA qu’il a remise à Firmin Kouakou. Dans quel but ? On n’en saura rien. « Je sais qu’en ma qualité de chargé d’études ce n’est pas mon rôle de retirer les chèques mais c’est sur instruction de mon Directeur général que je l’ai fait », a signifié Affery Konan Mathieu. «Vraiment! Ces gens-là nous ont volés dès ! Eux qui disaient qu’il n’y avait pas d’argent.», marmonnait constamment à ma droite, un planteur, vêtu d’un ensemble marron. Une audition qui a commencé à 8h55mn pour s’achever autour de 15h. Le lundi prochain, les témoins de la défense du Fdpcc seront à la barre.
Jean Eric ADINGRA
300 millions de commission pour la Cnce
A cette question, Noël Dégré s’est mis à balbutier. Avant d’affirmer: «Pour les 04 milliards de F CFA (20 février 2003), la Cnce a reçu une commission de 108 millions de F CFA et pour les 06 milliards (25 février 2003) de F CFA, une commission de 198 milliards de FCFA. » Le Président du Tribunal, Hamed Coulibaly, s’est rendu compte, après les échanges avec le cadre de banque, que cette opération de 10 milliards FCFA s’est faite en violation des règles élémentaires bancaires. C’est-à-dire qu’il n’y a eu aucune justification, une absence de traçabilité, une anomalie au niveau des opérations internationales qui ont été contournées. Une opération qui selon le président du Tribunal et le ministère public, n’ont laissé aucune trace alors que ce sont de ‘‘gros montants’’. Finalement, Noël Dégré a avoué que le Frc n’étant pas client direct de la Cnce, cela était ‘‘une opération de charme’’ qui a permis à cette banque d’obtenir au total 306 millions de FCFA de commission. Toutes ces révélations ont été faites en présence de Angeline Kili et Firmin Kouakou, respectivement Pca et Directeur général du Frc (Fonds de régulation de contrôle de la filière café-cacao), très attentifs.
Des ministres cités
Quant à Kouakou Kan, responsable à la Bni (Banque nationale d’investissement) de 1999 à 2010, à la Direction du risque, il a souligné que sa structure a décaissé 10,6 milliards de FCFA au profit du Fgccc (Fonds de garantie des coopératives café-cacao) après une garantie du Frc. Il a par ailleurs, révélé que le fonds séquestre logé à la Bceao a été cassé sur instruction des autorités ivoiriennes et transféré à la Bni pour être un dépôt à terme. «Sur instruction, nous avons ouvert des comptes pour les structures dans des banques commerciales», a ajouté Kouakou Kan. Cependant, le président du Tribunal et le ministère public ont déploré qu’un compte ouvert dans les livres de la Bni en juillet 2003 pour le compte du Fdpcc, doté de 3 milliards de FCFA, ne soit pas connu de cette dernière, donc n’était pas répertorié dans la comptabilité du Fdpcc. Alors que des prélèvements y étaient opérés. Cela a amené Kouakou Kan à indiquer que les mouvements opérés sur le compte Fdpcc investissement créé en 2006, l’ont été sur instruction des ministres de l’Economie et des Finances et de l’Agriculture. Cependant le ministère public a tenu à préciser que ces ministres donnaient autorisation de décaisser les fonds à partir de ce compte. Gouedan Aké de la Boa (Bank of africa) a pour sa part, expliqué à la barre, qu’il a géré les comptes du Fdpcc et de Henri Amouzou, président du Conseil de gestion (Pcg) de cette structure. A l’occasion, le Pcg, selon Gouédan Aké, a eu à opérer un retrait de 100 millions de FCFA sur le compte de la structure pour un transfert sur son compte personnel. Ce qui a surpris le président du Tribunal et le ministère public. Avant ces personnes, d’autres témoins ont été entendus lors de cette audience. Il s’agit de Daouda Coulibaly de Ace (Audit-contrôle et expertise), Ahou Germaine, responsable Frc au guichet unique en charge du contrôle des opérations d’exportation de 2003 à 2009, et Affery Konan Mathieu, chargé d’études au Frc depuis 2003. Ce dernier a révélé avoir retiré de la Cobaci, du 19 avril 2007 au 04 mai 2007, la somme de 340 millions de FCFA qu’il a remise à Firmin Kouakou. Dans quel but ? On n’en saura rien. « Je sais qu’en ma qualité de chargé d’études ce n’est pas mon rôle de retirer les chèques mais c’est sur instruction de mon Directeur général que je l’ai fait », a signifié Affery Konan Mathieu. «Vraiment! Ces gens-là nous ont volés dès ! Eux qui disaient qu’il n’y avait pas d’argent.», marmonnait constamment à ma droite, un planteur, vêtu d’un ensemble marron. Une audition qui a commencé à 8h55mn pour s’achever autour de 15h. Le lundi prochain, les témoins de la défense du Fdpcc seront à la barre.
Jean Eric ADINGRA