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Société Publié le vendredi 23 mars 2012 | L’expression

Interview : Frank Anderson Kouassi, ancien patron de l’ex-Cnca / « Je n’ai pas un passé politique »

© L’expression Par Prisca
Couverture médiatique des élections - Le CNCA remet un guide aux journalistes
Mercredi 1er septembre 2010. Abidjan. Hôtel du district. Le guide de la couverture médiatique des élections est remis aux journalistes, en présence du président de l`Assemblée nationale, le professeur Mamadou Koulibaly, et des membres de nombreuses représentations diplomatiques. Photo: Eugène Kacou et Franck Anderson Kouassi, à droite, remettant un kit
Deux mois après sa remise en liberté provisoire, l’ex-président du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) parle de son avenir, de la liberté de la presse et de son journal, « L’Observateur d’Abidjan », qu’il s’apprête à lancer…

Vous vous apprêtez à lancer un nouveau journal. N’est-ce pas un journal de trop sur le marché déjà saturé de quotidiens ?
On peut effectivement penser que le marché de la presse en Côte d’Ivoire est saturé. Mais la question qu’on se pose est de savoir si ces titres sont de qualité. Nous pensons qu’il y a toujours une petite place pour quelques canards pourvu qu’ils produisent un journal de qualité. Notre ambition est de venir sur le marché pour proposer aux lecteurs ivoiriens un bon journal. Nous allons démarrer par un hebdomadaire et dans six mois nous verrons s’il faut passer au quotidien. Le journal s’appellera L’Observateur d’Abidjan. Nous le voulons à équidistance des chapelles politiques. Mon expérience et ce que j’ai fait m’imposent d’être loin des influences politiques. De sorte que la plume de mes collaborateurs soit libre de traiter seulement les faits. Notre credo est « Observer pour témoigner ». Nous avons l’ambition de témoigner tous les lundis à partir du 02 avril.

Les Ivoiriens se demandent à quoi va ressembler un journal dirigé par l’ancien homme fort du Cnca sous Laurent Gbagbo ?
Le marché s’annonce rude avec tous ces titres. Mais nous avons l’ambition d’offrir à nos lecteurs un journal de qualité. Ce sera un hebdomadaire d’informations générales. Nous allons traiter des questions politiques, de société, d’économie, de culture et de sport. Nous aurons également de nombreuses rubriques sur l’environnement et la beauté qui paraîtront deux fois dans le mois. Comme L’Observateur d’Abidjan démarre en hebdomadaire, nous aurons plus de recul et d’approfondissement pour traiter les sujets en enquêtes, dossiers, reportages. Moi-même par déformation, je me suis spécialisé dans les investigations et les enquêtes. Je vais mettre mon expérience au service du journal.
Vous sortez à peine de prison et déjà vous créez un journal…

Nous sommes un groupe d’amis à avoir nourri cette ambition. Bien qu’appartenant à des horizons divers, nous nous sommes mis ensemble pour nous réconcilier autour du métier. Nous entendons rester dans ce credo. C’est pourquoi, nous revendiquons notre indépendance. Que nous soyons Fpi, Rdr Pdci, toujours est-il que le fait est sacré. On ne peut pas le déformer. Maintenant, l’interprétation qu’on en fait, c'est-à-dire le commentaire, est laissée à l’appréciation de chaque journaliste. Il faut rendre compte des faits sans coloration politique et sans aucune intention malveillante. L’Observateur d’Abidjan veut s’inscrire dans cette démarche.

Ne craignez-vous pas d’être accusé de vouloir vous venger avec la création de ce canard ?
(Rire). J’étais au Cnca, c’est mon passé récent. J’étais à la tête d’une institution d’Etat qui travaille dans le cadre de ses missions encadrées par la loi. Je n’ai pas un passé politique. Je ne suis pas un animateur de meeting politique. Je ne suis pas dans une instance d’un parti politique même si je suis sympathisant d’un parti. On peut être sympathisant et faire le métier pour lequel on a été formé. C’est ce que je fais. Je l’ai fait par le passé. Je veux le refaire. C’est tout ce que je sais faire. Mes colorations politiques ne sont pas en cause ici, mais bien le métier de journaliste pour lequel nous avons été formés. C’est sur ça que les gens devront nous juger.

Vous avez dirigé le Cnca devenu la Haca chargée de la libéralisation de l’espace audio visuel. Quel regard portez-vous sur ce changement ?
Je sors fraichement de prison (Rire). Je n’ai pas eu le temps de regarder les choses. Mais je me félicite que la Haca soit dirigée par un homme pour qui j’ai un profond respect. Le ministre Sy Savané fait partie des aînés qui m’ont encadré dans le métier. Il fait partie de ceux qui m’ont formé au métier du journalisme. Il m’a donné beaucoup de conseils avisés pour la pratique du métier. Et quand j’étais au Cnca et lui, ministre de la Communication, j’ai bénéficié de son encadrement. Nous avons ensemble mené une réflexion qui devrait aboutir à l’érection de la Cnca en une Haute autorité. Ce qui est le cas aujourd’hui. Et Dieu merci, c’est lui-même qui dirige cette institution. C’est donc une continuité.

Qu’est-ce qui fait courir tous ces promoteurs de journaux ?
(Rire). C’est tout simplement l’envie d’informer. Le seul motif qu’un journaliste peut avoir pour créer son journal est l’envie d’informer les populations. Le journaliste veut apporter sa contribution à l’éducation et à l’édification d’un esprit de paix et de réconciliation. Nous voulons une Côte d’Ivoire ressoudée qui fonctionne avec des valeurs cardinales auxquelles tous les citoyens adhèrent. Une Côte d’Ivoire unie et prospère où les valeurs de démocratie et de liberté sont une réalité. Et à l’Observateur d’Abidjan, nous partageons cette ambition.

Quel est, selon vous, l’état des lieux de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire ?
Je ne veux pas juger de l’état de la liberté de la presse. Chacun a son opinion la dessus. L’espace de la presse est ouvert à tout le monde. La preuve, on ne m’a pas fait de difficultés pour que le titre apparaisse. C’est déjà un bon point. Mais je crois que c’est toujours malheureux de voir un journaliste en prison. Je suis fondamentalement contre cela. Quels que soient son bord et son opinion, le journaliste n’a pas sa place en prison. Je souhaite que la loi qui protège les journalistes de la prison soit consolidée.

Avez-vous peur de vous prononcer sur cette question ?
Non. Je n’ai pas peur. Mais je pense qu’il existe des structures pour évaluer cette réalité. Je ne suis qu’un simple acteur.

Fofana Ali (Stagiaire)
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