Dans une interview accordée, hier, au quotidien Le Patriote, proche du pouvoir, Amadou Soumahoro, secrétaire général par intérim du Rdr, qui avait menacé de conduire les hommes politiques qui s’attaqueraient désormais à Alassane Dramane Ouattara au cimetière, est revenu sur ses propos. En indiquant qu’il parlait de «cimetière politique» et non de «cimetière des morts». Aux politiques, Amadou Soumahoro a adjoint de nouvelles cibles : ce sont les journalistes. «Nous ne pouvons pas accepter, désormais que des journalistes ou des hommes politiques racontent des contrevérités sur le compte du président Alassane Ouattara, c’est inadmissible», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que l’agression dont les hommes de médias seront victimes de la part des partisans de Ouattara dépendra «de qu’elle manière, ils nous agresseront. Nous n’accepterons plus que le président Ouattara soit attaqué comme ils le font, d’abord de façon mensongère et ensuite de façon grossière». Amadou Soumahoro n’exclut donc pas d’agresser physiquement les journalistes dans sa volonté de les faire taire face aux dérives de son mentor. En vérité, à l’image du Rdr et du régime actuel, Amadou Soumahoro a perdu toute sérénité face aux critiques objectives des journalistes sur la gestion du pouvoir d’Etat par M. Ouattara. En effet, en moins d’un an de pouvoir, Ouattara qui avait promis, lors de la campagne présidentielle, la création de 500.000 emplois par an, a plutôt jeté au chômage plus de 5000 travailleurs dont plus de 1400 au palais présidentiel. L’administration ivoirienne s’est enrichie d’un nouveau concept depuis l’avènement de Ouattara à la tête du pays. Il s’agit du «rattrapage ethnique». En d’autres termes, tous ceux qui ne sont pas ressortissants du nord comme lui sont soit licenciés, soit démis de leurs postes de responsabilité au profit de nordistes. Par ailleurs, l’insécurité sous le régime Ouattara est galopante et fort inquiétante. Les Frci et leurs supplétifs, les dozos, occupent les villes, villages et hameaux où ils sèment la mort et la désolation. Au plan du coût de la vie, les Ivoiriens ne mangent plus à leur faim pour ceux qui trouvent encore à manger. Les prix des produits de première nécessité ont flambé de façon anormale. La fraction sociale est profonde et la réconciliation nationale est devenue un leurre. C’est tout cela que la presse lucide dénonce en parlant d’incapacité de Ouattara à gouverner la Côte d’Ivoire. D’autant qu’il ne fait rien pour améliorer la situation.
Boga Sivori
Boga Sivori