Vous avez été ministre de l’Education nationale de Côte d’Ivoire pendant 11ans, record inégalé jusqu'à ce jour. Et depuis plus de 10 ans, on ne vous voit plus. Pourquoi ce grand silence, pourquoi ce mutisme ?
On parle quand les autres vous le demandent et quand vous jugez utile et à propos de le faire. On ne parle pas pour le plaisir de s’entendre parler, sans aucun écho. Personne ne m’a donné l’occasion de dialoguer à deux ou plusieurs. Dans ces cas là, que faire ? J’ai choisi, comme Confucius, de me refugier dans le silence qui est le seul ami qui ne trahit jamais. Vous m’avez fait l’amitié de me tirer de mon silence et vous voyez que je prends plaisir à échanger avec vous et à m’enrichir de vos lumières.
Vous êtes ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Saint Cloud en France, vous avez exercé comme professeur de 1966 à 1968 à l’Ecole normale supérieure (Ens) d’Abidjan. Vous avez été Conseiller technique du ministre de l’Education et Directeur général de l’Enseignement de 1968 à 1971. Et enfin ministre de l’Education du 1er décembre 1971 au 29 avril 1983. Et vous êtes un grand écrivain du monde de l’éducation. Quel regard portez-vous sur l’actuel système éducatif ivoirien ?
Vaste question et immense programme que voilà ! Je ne me permettrais pas de porter un quelconque jugement de valeur. Les temps ont changé et il ne faut pas être sentencieusement nostalgique. A chaque époque ses réalités. Tout au plus, je dirais qu’il y a des fondamentaux immuables dans tout système éducatif qui conditionne sa réussite. Ce sont : le programme d’enseignement à mettre au goût du jour au fur et à mesure de l’évolution du temps et des choses, les moyens de traduire ces programmes en action, la qualité et l’autorité des enseignants à respecter pour que le disciple soit totalement réceptif à son discours, la disponibilité et l’aptitude des apprenants à vouloir apprendre et aussi cette volonté d’apprendre par l’écoute, l’humilité et le respect assortis d’une stricte discipline monacale ; le goût de l’effort ; du travail bienfait ; du mérite ; le désir ardent de réussir par soi-même et non par la tricherie ; avoir la vocation pour les enseignants, aimer à partager le savoir dans l’honnêteté, avec les enfants qui vous sont confiés pour être instruits, éduqués et non pour être instrumentalisés, idéologiquement ou politiquement. Une fois ces fondamentaux posés et respectés, il faut tenir compte de l’environnement, de l’évolution des mœurs et de l’état général de la société et dans la société. Vous savez que la société est toute éducative et que nos enfants sont experts en imitation, surtout de ce qui est pervers. Les sources du savoir ne sont plus du seul fait du maître autrefois détenteur exclusif du savoir, mais il y a la télé, l’internet, les Ntic en général qui vous donnent l’impression que vous savez tout. Je pense modestement que les gestionnaires actuels du système éducatif doivent trouver et inventer la bonne pédagogie qui colle avec les réalités du siècle et qui permette de transmettre efficacement le savoir. Cela dans un dialogue permanent avec les enseignants, les parents, les enseignés et les différents syndicats. C’est l’affaire de tous dans une société éducative où tous sont partie prenante.
Depuis plusieurs années, on parle de manque d’enseignants en Côte d’Ivoire. Et la solution palliative trouvée dans le cadre du programme présidentiel d’urgence est le recrutement de 3.000 enseignants. Pensez-vous que cela pourra résoudre le problème ?
Un système éducatif ne se gère pas dans l’improvisation au coup par coup. Il s’agit de « charge d’âme » à former et éduquer pour le progrès du pays, génération par génération. Les problèmes sont d’une autre nature et on les règle selon le contexte, les circonstances, les moyens financiers et en hommes dont on dispose, et en plus selon l’analyse immédiate et prospective que l’on en fait. Et il faut surtout la volonté politique de prendre à bras le corps le problème éducatif pour le résoudre à moyen et long terme. De mon temps et sous Houphouët, la priorité était à l’école du primaire au supérieur. Le budget de l’éducation représentant plus de 35% du budget national. Il nous manquait des enseignants et j’ai proposé une stimulation et une motivation par des salaires convenables pour les enseignants. D’où le décrochage. La raison, ce n’est pas l’appât du gain mais un enseignant a un travail contraignant : préparer les cours ; les nuits, samedi et dimanche, corriger les copies et évaluer correctement les élèves. Il faut être libéré intellectuellement et moralement pour faire correctement son travail. Donc un salaire de misère, sans autre source de revenu, la vocation et la motivation ne suffisent pas. Avec le décrochage, de moins de 300 enseignants ivoiriens à ma prise de fonction en 1971, nous en étions à plus de 6 000 professeurs ivoiriens à ma sortie du gouvernement, sans compter l’enseignement primaire totalement ivoirisé. Je pense que les responsables ont fait ces propositions en tenant compte des réalités du moment, des moyens pour motiver les enseignants à épouser leur métier et de l’exercer avec passion, rigueur et sérieux au bénéfice de nos enfants. Je n’ai donc pas les moyens objectifs de porter un jugement qui soit inattaquable. Tout au plus suggérais-je le dialogue permanent avec tous les partenaires de l’éducation pour que tout le monde soit au même niveau d’information. La solution à ces problèmes vitaux est dans la concertation permanente.
Après la période de crise, le gouvernement a décidé de la fermeture des Universités. Elles seront ouvertes en octobre 2012. Serait-il, selon vous, possible de gérer les 4 promotions qui sont en attente?
Vous me posez là une colle et je donne ma langue au chat ! Le ministre responsable de ce secteur saura faire preuve d’intelligence, d’inventivité et de tact pour résoudre cette affaire au mieux, en plus d’une concertation avec tous les partenaires du système universitaire. Cela ne se fera sûrement pas par les mesures classiques. A situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles. A mon humble avis, il faudra bousculer les normes et habitudes sans bouleverser pour autant totalement ce qui fonde l’existence, la nature du monde universitaire. Il faudra du travail, beaucoup d’ardeur au travail, de détermination et de rigueur, du rythme horaire des grandes écoles, 16h par semaine, pour rattraper tout ce retard. Les syndicats d’étudiants doivent lutter pour avoir le meilleur enseignement avec tous les outils et dispositifs pédagogiques au lieu de balbutier des slogans politiques artificiels et incohérents de tout bord auxquels ils ne comprennent rien, en faisant du patriotisme zélé.
Quelle relation le ministre Paul Akoto Yao a-t-il avec la politique?
Vous me voyez sourire, c’est par rapport à ma propre méprise liée aussi à la force des choses. On m’a envoyé à la politique mais je n’avais pas vocation à faire la politique telle qu’elle se mène sous nos cieux et latitude. Mais comme malgré tout, tout est politique, alors je laisse la politique me faire (rire). Ce que je sais faire le mieux, c’est l’action par la réflexion, dans mon métier d’enseignant sous toutes ses facettes. Cela ne veut pas dire que si je le voulais, je ne pourrais pas faire la politique comme le font tous les autres. Pour le moment, je suis un observateur non résigné ou indifférent mais analyste scrupuleux des hommes et des choses du sérail. Prendre du recul a été bon. Le spectacle est amusant, ahurissant, décevant, quelques fois palpitant et pas inintéressant. La comédie humaine sous toutes ses facettes, intellectuellement, cela est une véritable santé pour l’esprit. Et je me prends d’une rigolarde admiration pour tous les acteurs qui miment ce double jeu, parfois contre leur conviction intime et qui paraissent heureux et sereins, en mal pourtant avec leur conscience. J’ai une relation cérébralement active avec la politique mais viscéralement en hibernation avec elle. Et cela parce que lorsque l’on ne respecte que la vérité et que l’on se sent la force de la dire, on ne peut faire bon ménage avec la politique et les politiciens. C’est Napoléon qui le dit et je me sens en phase avec lui.
Vous avez été membre du bureau politique du Pdci-Rda de 1970 à mars 2000. En février 2001, vous êtes membre fondateur et président de l’Udpci. Qu’est-ce qui n’a pas marché et pourquoi ? L’Udpci ayant son bastion à l’Ouest, comment un fils du centre s’est-il retrouvé le président de ce parti?
Le Rhdp aujourd’hui, c’est quoi ? C’est le Rdr sorti du Pdci-Rda et l’Udpci est sortie du Pdci-Rda mais est restée Houphouétiste à l’instigation de Robert Guei et moi-même. On m’a même accusé de vouloir vendre l’Udpci à mon frère Bédié ou à mon ami Gbagbo. Mes accusateurs se retrouvent certains avec Bédié et d’autres étaient avec Gbagbo et sont revenus avec ADO. Vous voyez le spectacle ? Et si c’est cela la politique en ce pays, j’avoue être disqualifié. J’informe que c’est moi à Accra qui ait lancé l’idée du Rassemblement de tous les enfants d’Houphouët. Nul ne peut contester cela à moins d’être de mauvaise foi. Alors question, est-ce toujours un drame d’avoir raison trop tôt ? A part cela, tout le reste m’indiffère et je souhaite bon vent au Rhdp et personne ne peut me dénier la qualification d’Houphouétiste parce que je le suis et le reste à ma manière. C’est une conviction tenace et non une posture qui évolue au gré des circonstances comme chez certains et c’est leur droit.
Il y a deux ans, les rumeurs vous avaient rapproché du FPI. Quelle est la vérité sur cette affaire ?
La vérité est que les âmes basses et vulgaires qui secrètent la rumeur meurent de leur poison et ne méritent que mépris. Pourquoi irais-je clandestinement et nuitamment au Fpi ? Pour y faire ou prendre quoi ? Ces propos de moquerie ou mépris mangeaille. Beuverie et ivresse ne sont pas de mon niveau, ni de mes préoccupations. Il faut croire du reste que les Ivoiriens m’aiment bien pour se soucier tant de mes faits et gestes alors que vous avez commencé cette interview par mon silence et par ma non réactivité apparente à tout ce qui se passe en ce pays et que je suis de très près. Vous étiez étonné de me voir lire plus de dix journaux et même tous les magazines people. C’est pour me mettre à niveau et au goût du jour avec mes enfants, et c’est la posture du professeur qui ne vieillit jamais par la réflexion et les pensées. Les rumeurs, je m’en balance ou je m’en «gnagne » comme vous dites.
La Côte d’Ivoire a connu une crise intense après les élections. Comment avez-vous vécu cette période ?
Sous les obus et les balles comme tout le monde, mais moi en direct. Venez voir les vitres de la maison brisée, les balles de roquettes dans les murs et nous étions ici terrés, dix jours sans réserve en nourriture. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de revenir sur ces évènements atroces et douloureux de notre histoire. L’angoisse de survivre, l’instinct de conservation, la douleur des pertes inutiles en vie humaine et en biens et infrastructures, tout cela constitue des meurtrissures innombrables, des choses qu’on n’exprime pas mais qu’on refoule au plus profond de l’inconscient collectif.
De nombreuses personnes ont réagi pendant cette période. Mais vous on ne vous a pas entendu, pourquoi?
Je n’ai vu aucun journaliste télé, radio ou de presse écrite chez moi. A qui devrais-je parler ? Je ne suis pas digne d’intérêt et je serais mort que cela aurait laissé les gens indifférents. Les gesticulations en matière de communication pour paraître et se faire voir ne font pas partir de mon registre. Et puis entre nous, ma voix pouvait-elle être audible alors que les bombes tonnaient et que « chacun se cherchait ». Laisse ça ma sœur, comme on dit en ville.
Après le gouvernement de juin 2011, un nouveau gouvernement a été formé en mars 2012. Quel regard, quel commentaire ?
Le commentaire est facile mais l’art est difficile. De juin 2011 à mars 2012, il faut voir d’où nous sommes partis et où nous en sommes. Honnêtement les choses bougent. Parti de rien, à partir d’une table rase où tout était détruit. Les problèmes semblaient ne pas être à la dimension des hommes et à la mesure des simples mortels que nous sommes. Il n’y a pas de miracle mais des soubresauts encourageants. Reste le problème énorme et poignant de la sécurité mais la encore, il n’y aura pas de magie. L’effort doit être maintenu, accru et poursuivi.
Quel commentaire faites-vous de la gestion du gouvernement faite par Soro?
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. La jeunesse n’est pas toujours un obstacle à la réalisation de grandes choses par inexpérience, comme la vieillesse n’est pas toujours un naufrage. Alexandre le Grand, dès 18 ans, a commencé son extraordinaire conquête du monde antique. Napoléon, à 35 ans, a été empereur des Français après avoir gagné de nombreuses victoires. De même, des vieux comme Churchill, De Gaulle, Adenauer, …ont transformé leur siècle. Je n’ai pas dit que Soro est Alexandre ou Napoléon et que les amateurs d’internet ou de facebook ne me prêtent pas des propos qui n’ont pas le sens que je donne. Je dis simplement, qu’en bien ou en mal, Soro étonne par sa précocité, son intelligence et son génie même face aux problèmes complexes qui lui étaient soumis. De mon point de vue, disons que sa bonne fortune et ses calculs lui ont forgé son destin. Je suis curieux de savoir quelle en sera la fin et je lui souhaite bon vent.
De Premier ministre, Soro Guillaume est aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. Vous qui avez été vice-président de cette institution, pensez-vous qu’il sera un bon président de l’Assemblée nationale ?
Comment pourrais-je a priori le savoir puisqu’il change totalement de fonction, passant de l’exécutif au législatif. C’est un nouveau défi pour lui et je sais qu’il pourra le relever, vu son parcours et son cheminement. Je le connais un peu pour l’avoir reçu chez moi, dans les années 98, alors qu’ils étaient dans la clandestinité. Il était avec Blé Goudé, Drigoné Faya et autres. Je les avais écoutés et j’avais rendu compte au président Bédié en disant que ces jeunes vivaient les contradictions de leurs temps et qu’ils étaient le reflet de la société nouvelle. Je suis heureux d’entendre Bédié appelé Soro Guillaume son ‘’fils bien aimé » alors même qu’en son temps, certaines bonnes âmes autour de lui me reprochaient d’avoir dialogué avec ces fils qui, à leurs yeux, devaient être bannis. Vous voyez comment je ne serai jamais un bon politicien à l’Ivoirienne adorant aujourd’hui ce qu’ils ont brûlé hier. Tout ça est très complexe et compliqué à démêler et comprendre.
Ahoussou Jeannot, Premier ministre depuis le 12 mars. Quel commentaire ?
D’abord je m’en réjouis et que Dieu le bénisse et le préserve de tout mal. Il le mérite, il a les capacités et les aptitudes. C’est un garçon instruit, humble, de très bonne éducation et qui écoute les conseils des anciens. S’il tient cette pente, il réussira, mais qu’il n’oublie jamais que La Roche tarpéienne est près du capitole. Qu’il se méfie des flagorneurs stomacaux. Je lui souhaite bon vent et nous devons tous l’aider dans l’accomplissement de cette immense tâche.
Pensez-vous qu’il pourra assurer cette fonction ?
Je viens de répondre. Il a tout ce qu’il faut pour réussir. Qu’il sache s’entourer, prendre conseils là où il faut et auprès de qui il faut et sa réussite est certaine. Ne nous voilons pas la face cependant, la tâche est rude et complexe.
Pour réussir sa mission, quels conseils au président de la République.
Louis XIV disait à ses ministres : «Aidez-moi de vos conseils seulement quand je vous les demanderai». Je demande humblement au président Ouattara, pour son bien et sa grandeur d’ajouter : « Aidez-moi de vos conseils surtout quand j’aurais oublié de vous les demander ». Il a été à l’école d’Houphouët-Boigny et il sait que les grandes choses se font dans l’ombre. Dans le domaine politique, on n’expose pas au grand large toutes ses cartes, les soumettant ainsi aux tempêtes. Les titres ronflants ne font pas nécessairement l’efficacité. Il sait qu’Houphouët adorait la diplomatie secrète avec des hommes compétents, honorables et qui ne sont pas pour le spectacle et les titres de gloire. On a toujours besoin de plus petit que soit, et le pardon pour rassembler et réconcilier soient sa marque. S’il demande des conseils, de nombreux Ivoiriens sont prêts à l’aider parce que la reconstruction du pays est l’affaire de tous. Jeunes comme vieux peuvent et doivent y contribuer. Il ne suffit pas de dire on ne les voit pas quand on ne vous a jamais appelé et qu’on n’accède pas au président comme à son petit camarade d’école. L’argument pour dire on ne le voit pas pour écarter les autres est un non sens car on ne s’impose pas conseiller contre le gré de celui qui attend des conseils. J’entends déjà les éternels contempteurs avec leur sempiternels «il se fait entendre pour chercher à manger ». Et alors, qui vit de vent ?
Chacun doit avoir sa part du repas républicain au prix de son travail si on le lui demande.
Avez-vous des contacts avec le Président Bédié ?
Pas de problèmes particuliers entre nous. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il est si pris par ses charges qu’on doit lui épargner les simples visites de courtoisie s’il ne demande pas expressément à nous voir. A ce niveau immense de lourdes responsabilités, un fils demande à son père président s’il peut venir l’embrasser, sans empiéter sur les activités de sa charge. Alors je pense toujours à lui et prie pour qu’il aide à la Renaissance du pays, à l’unité de ses fils et filles dans une nation forte et cohérente. Que les Ivoiriens se rassurent, entre Bédié et moi, si problèmes éventuels il y a, cela se règle en tête à tête entre aîné et puîné, sans intermédiaire. Heureusement, il n’en est rien et tant pis « pour les mélangeurs et pêcheurs en eau trouble.»
Une question relative à votre carrière diplomatique. Qu’en est-il réellement de votre passage en Afrique du Sud qui a fait couler beaucoup d’encre et enfler les rumeurs ?
Ah ces fameuses rumeurs ivoiriennes qui m’ont traité d’idiot qui ne voulait pas de l’or et du diamant qui coulaient à flots dans ce pays et dont on voulait me faire profiter. C’est à se demander si les Zoulous pauvres parmi les pauvres, étaient incapables de s’abaisser pour devenir eux aussi riches dans leur pays. Rien de tout cela, j’ai travaillé en Afrique du Sud dans des conditions certes pas toujours dignes d’un Ambassadeur. Tous ceux qui y sont passés ont vu ces conditions de vie. J’ai bâti cependant la chancellerie, la résidence achetée au compte de la Côte d’Ivoire, toutes les demeures des diplomates. C’est le seul pays où la Côte d’Ivoire est propriétaire de ses biens immobiliers au monde. Alors que me reproche-t-on ? Voici la lettre de félicitation du ministre Essy Amara (Il nous la présente). Il faut croire que les Ivoiriens m’aiment bien si tous gèrent les facettes de ma vie donnant lieu à toutes les élucubrations et fantaisies. C’est une grâce de Dieu. Et le président Bédié lui-même l’a reconnu lors de sa visite officielle en Afrique du Sud. La vanne des rumeurs doit donc s’arrêter.
Interview réalisée par Touré Yelly
On parle quand les autres vous le demandent et quand vous jugez utile et à propos de le faire. On ne parle pas pour le plaisir de s’entendre parler, sans aucun écho. Personne ne m’a donné l’occasion de dialoguer à deux ou plusieurs. Dans ces cas là, que faire ? J’ai choisi, comme Confucius, de me refugier dans le silence qui est le seul ami qui ne trahit jamais. Vous m’avez fait l’amitié de me tirer de mon silence et vous voyez que je prends plaisir à échanger avec vous et à m’enrichir de vos lumières.
Vous êtes ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Saint Cloud en France, vous avez exercé comme professeur de 1966 à 1968 à l’Ecole normale supérieure (Ens) d’Abidjan. Vous avez été Conseiller technique du ministre de l’Education et Directeur général de l’Enseignement de 1968 à 1971. Et enfin ministre de l’Education du 1er décembre 1971 au 29 avril 1983. Et vous êtes un grand écrivain du monde de l’éducation. Quel regard portez-vous sur l’actuel système éducatif ivoirien ?
Vaste question et immense programme que voilà ! Je ne me permettrais pas de porter un quelconque jugement de valeur. Les temps ont changé et il ne faut pas être sentencieusement nostalgique. A chaque époque ses réalités. Tout au plus, je dirais qu’il y a des fondamentaux immuables dans tout système éducatif qui conditionne sa réussite. Ce sont : le programme d’enseignement à mettre au goût du jour au fur et à mesure de l’évolution du temps et des choses, les moyens de traduire ces programmes en action, la qualité et l’autorité des enseignants à respecter pour que le disciple soit totalement réceptif à son discours, la disponibilité et l’aptitude des apprenants à vouloir apprendre et aussi cette volonté d’apprendre par l’écoute, l’humilité et le respect assortis d’une stricte discipline monacale ; le goût de l’effort ; du travail bienfait ; du mérite ; le désir ardent de réussir par soi-même et non par la tricherie ; avoir la vocation pour les enseignants, aimer à partager le savoir dans l’honnêteté, avec les enfants qui vous sont confiés pour être instruits, éduqués et non pour être instrumentalisés, idéologiquement ou politiquement. Une fois ces fondamentaux posés et respectés, il faut tenir compte de l’environnement, de l’évolution des mœurs et de l’état général de la société et dans la société. Vous savez que la société est toute éducative et que nos enfants sont experts en imitation, surtout de ce qui est pervers. Les sources du savoir ne sont plus du seul fait du maître autrefois détenteur exclusif du savoir, mais il y a la télé, l’internet, les Ntic en général qui vous donnent l’impression que vous savez tout. Je pense modestement que les gestionnaires actuels du système éducatif doivent trouver et inventer la bonne pédagogie qui colle avec les réalités du siècle et qui permette de transmettre efficacement le savoir. Cela dans un dialogue permanent avec les enseignants, les parents, les enseignés et les différents syndicats. C’est l’affaire de tous dans une société éducative où tous sont partie prenante.
Depuis plusieurs années, on parle de manque d’enseignants en Côte d’Ivoire. Et la solution palliative trouvée dans le cadre du programme présidentiel d’urgence est le recrutement de 3.000 enseignants. Pensez-vous que cela pourra résoudre le problème ?
Un système éducatif ne se gère pas dans l’improvisation au coup par coup. Il s’agit de « charge d’âme » à former et éduquer pour le progrès du pays, génération par génération. Les problèmes sont d’une autre nature et on les règle selon le contexte, les circonstances, les moyens financiers et en hommes dont on dispose, et en plus selon l’analyse immédiate et prospective que l’on en fait. Et il faut surtout la volonté politique de prendre à bras le corps le problème éducatif pour le résoudre à moyen et long terme. De mon temps et sous Houphouët, la priorité était à l’école du primaire au supérieur. Le budget de l’éducation représentant plus de 35% du budget national. Il nous manquait des enseignants et j’ai proposé une stimulation et une motivation par des salaires convenables pour les enseignants. D’où le décrochage. La raison, ce n’est pas l’appât du gain mais un enseignant a un travail contraignant : préparer les cours ; les nuits, samedi et dimanche, corriger les copies et évaluer correctement les élèves. Il faut être libéré intellectuellement et moralement pour faire correctement son travail. Donc un salaire de misère, sans autre source de revenu, la vocation et la motivation ne suffisent pas. Avec le décrochage, de moins de 300 enseignants ivoiriens à ma prise de fonction en 1971, nous en étions à plus de 6 000 professeurs ivoiriens à ma sortie du gouvernement, sans compter l’enseignement primaire totalement ivoirisé. Je pense que les responsables ont fait ces propositions en tenant compte des réalités du moment, des moyens pour motiver les enseignants à épouser leur métier et de l’exercer avec passion, rigueur et sérieux au bénéfice de nos enfants. Je n’ai donc pas les moyens objectifs de porter un jugement qui soit inattaquable. Tout au plus suggérais-je le dialogue permanent avec tous les partenaires de l’éducation pour que tout le monde soit au même niveau d’information. La solution à ces problèmes vitaux est dans la concertation permanente.
Après la période de crise, le gouvernement a décidé de la fermeture des Universités. Elles seront ouvertes en octobre 2012. Serait-il, selon vous, possible de gérer les 4 promotions qui sont en attente?
Vous me posez là une colle et je donne ma langue au chat ! Le ministre responsable de ce secteur saura faire preuve d’intelligence, d’inventivité et de tact pour résoudre cette affaire au mieux, en plus d’une concertation avec tous les partenaires du système universitaire. Cela ne se fera sûrement pas par les mesures classiques. A situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles. A mon humble avis, il faudra bousculer les normes et habitudes sans bouleverser pour autant totalement ce qui fonde l’existence, la nature du monde universitaire. Il faudra du travail, beaucoup d’ardeur au travail, de détermination et de rigueur, du rythme horaire des grandes écoles, 16h par semaine, pour rattraper tout ce retard. Les syndicats d’étudiants doivent lutter pour avoir le meilleur enseignement avec tous les outils et dispositifs pédagogiques au lieu de balbutier des slogans politiques artificiels et incohérents de tout bord auxquels ils ne comprennent rien, en faisant du patriotisme zélé.
Quelle relation le ministre Paul Akoto Yao a-t-il avec la politique?
Vous me voyez sourire, c’est par rapport à ma propre méprise liée aussi à la force des choses. On m’a envoyé à la politique mais je n’avais pas vocation à faire la politique telle qu’elle se mène sous nos cieux et latitude. Mais comme malgré tout, tout est politique, alors je laisse la politique me faire (rire). Ce que je sais faire le mieux, c’est l’action par la réflexion, dans mon métier d’enseignant sous toutes ses facettes. Cela ne veut pas dire que si je le voulais, je ne pourrais pas faire la politique comme le font tous les autres. Pour le moment, je suis un observateur non résigné ou indifférent mais analyste scrupuleux des hommes et des choses du sérail. Prendre du recul a été bon. Le spectacle est amusant, ahurissant, décevant, quelques fois palpitant et pas inintéressant. La comédie humaine sous toutes ses facettes, intellectuellement, cela est une véritable santé pour l’esprit. Et je me prends d’une rigolarde admiration pour tous les acteurs qui miment ce double jeu, parfois contre leur conviction intime et qui paraissent heureux et sereins, en mal pourtant avec leur conscience. J’ai une relation cérébralement active avec la politique mais viscéralement en hibernation avec elle. Et cela parce que lorsque l’on ne respecte que la vérité et que l’on se sent la force de la dire, on ne peut faire bon ménage avec la politique et les politiciens. C’est Napoléon qui le dit et je me sens en phase avec lui.
Vous avez été membre du bureau politique du Pdci-Rda de 1970 à mars 2000. En février 2001, vous êtes membre fondateur et président de l’Udpci. Qu’est-ce qui n’a pas marché et pourquoi ? L’Udpci ayant son bastion à l’Ouest, comment un fils du centre s’est-il retrouvé le président de ce parti?
Le Rhdp aujourd’hui, c’est quoi ? C’est le Rdr sorti du Pdci-Rda et l’Udpci est sortie du Pdci-Rda mais est restée Houphouétiste à l’instigation de Robert Guei et moi-même. On m’a même accusé de vouloir vendre l’Udpci à mon frère Bédié ou à mon ami Gbagbo. Mes accusateurs se retrouvent certains avec Bédié et d’autres étaient avec Gbagbo et sont revenus avec ADO. Vous voyez le spectacle ? Et si c’est cela la politique en ce pays, j’avoue être disqualifié. J’informe que c’est moi à Accra qui ait lancé l’idée du Rassemblement de tous les enfants d’Houphouët. Nul ne peut contester cela à moins d’être de mauvaise foi. Alors question, est-ce toujours un drame d’avoir raison trop tôt ? A part cela, tout le reste m’indiffère et je souhaite bon vent au Rhdp et personne ne peut me dénier la qualification d’Houphouétiste parce que je le suis et le reste à ma manière. C’est une conviction tenace et non une posture qui évolue au gré des circonstances comme chez certains et c’est leur droit.
Il y a deux ans, les rumeurs vous avaient rapproché du FPI. Quelle est la vérité sur cette affaire ?
La vérité est que les âmes basses et vulgaires qui secrètent la rumeur meurent de leur poison et ne méritent que mépris. Pourquoi irais-je clandestinement et nuitamment au Fpi ? Pour y faire ou prendre quoi ? Ces propos de moquerie ou mépris mangeaille. Beuverie et ivresse ne sont pas de mon niveau, ni de mes préoccupations. Il faut croire du reste que les Ivoiriens m’aiment bien pour se soucier tant de mes faits et gestes alors que vous avez commencé cette interview par mon silence et par ma non réactivité apparente à tout ce qui se passe en ce pays et que je suis de très près. Vous étiez étonné de me voir lire plus de dix journaux et même tous les magazines people. C’est pour me mettre à niveau et au goût du jour avec mes enfants, et c’est la posture du professeur qui ne vieillit jamais par la réflexion et les pensées. Les rumeurs, je m’en balance ou je m’en «gnagne » comme vous dites.
La Côte d’Ivoire a connu une crise intense après les élections. Comment avez-vous vécu cette période ?
Sous les obus et les balles comme tout le monde, mais moi en direct. Venez voir les vitres de la maison brisée, les balles de roquettes dans les murs et nous étions ici terrés, dix jours sans réserve en nourriture. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de revenir sur ces évènements atroces et douloureux de notre histoire. L’angoisse de survivre, l’instinct de conservation, la douleur des pertes inutiles en vie humaine et en biens et infrastructures, tout cela constitue des meurtrissures innombrables, des choses qu’on n’exprime pas mais qu’on refoule au plus profond de l’inconscient collectif.
De nombreuses personnes ont réagi pendant cette période. Mais vous on ne vous a pas entendu, pourquoi?
Je n’ai vu aucun journaliste télé, radio ou de presse écrite chez moi. A qui devrais-je parler ? Je ne suis pas digne d’intérêt et je serais mort que cela aurait laissé les gens indifférents. Les gesticulations en matière de communication pour paraître et se faire voir ne font pas partir de mon registre. Et puis entre nous, ma voix pouvait-elle être audible alors que les bombes tonnaient et que « chacun se cherchait ». Laisse ça ma sœur, comme on dit en ville.
Après le gouvernement de juin 2011, un nouveau gouvernement a été formé en mars 2012. Quel regard, quel commentaire ?
Le commentaire est facile mais l’art est difficile. De juin 2011 à mars 2012, il faut voir d’où nous sommes partis et où nous en sommes. Honnêtement les choses bougent. Parti de rien, à partir d’une table rase où tout était détruit. Les problèmes semblaient ne pas être à la dimension des hommes et à la mesure des simples mortels que nous sommes. Il n’y a pas de miracle mais des soubresauts encourageants. Reste le problème énorme et poignant de la sécurité mais la encore, il n’y aura pas de magie. L’effort doit être maintenu, accru et poursuivi.
Quel commentaire faites-vous de la gestion du gouvernement faite par Soro?
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. La jeunesse n’est pas toujours un obstacle à la réalisation de grandes choses par inexpérience, comme la vieillesse n’est pas toujours un naufrage. Alexandre le Grand, dès 18 ans, a commencé son extraordinaire conquête du monde antique. Napoléon, à 35 ans, a été empereur des Français après avoir gagné de nombreuses victoires. De même, des vieux comme Churchill, De Gaulle, Adenauer, …ont transformé leur siècle. Je n’ai pas dit que Soro est Alexandre ou Napoléon et que les amateurs d’internet ou de facebook ne me prêtent pas des propos qui n’ont pas le sens que je donne. Je dis simplement, qu’en bien ou en mal, Soro étonne par sa précocité, son intelligence et son génie même face aux problèmes complexes qui lui étaient soumis. De mon point de vue, disons que sa bonne fortune et ses calculs lui ont forgé son destin. Je suis curieux de savoir quelle en sera la fin et je lui souhaite bon vent.
De Premier ministre, Soro Guillaume est aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. Vous qui avez été vice-président de cette institution, pensez-vous qu’il sera un bon président de l’Assemblée nationale ?
Comment pourrais-je a priori le savoir puisqu’il change totalement de fonction, passant de l’exécutif au législatif. C’est un nouveau défi pour lui et je sais qu’il pourra le relever, vu son parcours et son cheminement. Je le connais un peu pour l’avoir reçu chez moi, dans les années 98, alors qu’ils étaient dans la clandestinité. Il était avec Blé Goudé, Drigoné Faya et autres. Je les avais écoutés et j’avais rendu compte au président Bédié en disant que ces jeunes vivaient les contradictions de leurs temps et qu’ils étaient le reflet de la société nouvelle. Je suis heureux d’entendre Bédié appelé Soro Guillaume son ‘’fils bien aimé » alors même qu’en son temps, certaines bonnes âmes autour de lui me reprochaient d’avoir dialogué avec ces fils qui, à leurs yeux, devaient être bannis. Vous voyez comment je ne serai jamais un bon politicien à l’Ivoirienne adorant aujourd’hui ce qu’ils ont brûlé hier. Tout ça est très complexe et compliqué à démêler et comprendre.
Ahoussou Jeannot, Premier ministre depuis le 12 mars. Quel commentaire ?
D’abord je m’en réjouis et que Dieu le bénisse et le préserve de tout mal. Il le mérite, il a les capacités et les aptitudes. C’est un garçon instruit, humble, de très bonne éducation et qui écoute les conseils des anciens. S’il tient cette pente, il réussira, mais qu’il n’oublie jamais que La Roche tarpéienne est près du capitole. Qu’il se méfie des flagorneurs stomacaux. Je lui souhaite bon vent et nous devons tous l’aider dans l’accomplissement de cette immense tâche.
Pensez-vous qu’il pourra assurer cette fonction ?
Je viens de répondre. Il a tout ce qu’il faut pour réussir. Qu’il sache s’entourer, prendre conseils là où il faut et auprès de qui il faut et sa réussite est certaine. Ne nous voilons pas la face cependant, la tâche est rude et complexe.
Pour réussir sa mission, quels conseils au président de la République.
Louis XIV disait à ses ministres : «Aidez-moi de vos conseils seulement quand je vous les demanderai». Je demande humblement au président Ouattara, pour son bien et sa grandeur d’ajouter : « Aidez-moi de vos conseils surtout quand j’aurais oublié de vous les demander ». Il a été à l’école d’Houphouët-Boigny et il sait que les grandes choses se font dans l’ombre. Dans le domaine politique, on n’expose pas au grand large toutes ses cartes, les soumettant ainsi aux tempêtes. Les titres ronflants ne font pas nécessairement l’efficacité. Il sait qu’Houphouët adorait la diplomatie secrète avec des hommes compétents, honorables et qui ne sont pas pour le spectacle et les titres de gloire. On a toujours besoin de plus petit que soit, et le pardon pour rassembler et réconcilier soient sa marque. S’il demande des conseils, de nombreux Ivoiriens sont prêts à l’aider parce que la reconstruction du pays est l’affaire de tous. Jeunes comme vieux peuvent et doivent y contribuer. Il ne suffit pas de dire on ne les voit pas quand on ne vous a jamais appelé et qu’on n’accède pas au président comme à son petit camarade d’école. L’argument pour dire on ne le voit pas pour écarter les autres est un non sens car on ne s’impose pas conseiller contre le gré de celui qui attend des conseils. J’entends déjà les éternels contempteurs avec leur sempiternels «il se fait entendre pour chercher à manger ». Et alors, qui vit de vent ?
Chacun doit avoir sa part du repas républicain au prix de son travail si on le lui demande.
Avez-vous des contacts avec le Président Bédié ?
Pas de problèmes particuliers entre nous. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Il est si pris par ses charges qu’on doit lui épargner les simples visites de courtoisie s’il ne demande pas expressément à nous voir. A ce niveau immense de lourdes responsabilités, un fils demande à son père président s’il peut venir l’embrasser, sans empiéter sur les activités de sa charge. Alors je pense toujours à lui et prie pour qu’il aide à la Renaissance du pays, à l’unité de ses fils et filles dans une nation forte et cohérente. Que les Ivoiriens se rassurent, entre Bédié et moi, si problèmes éventuels il y a, cela se règle en tête à tête entre aîné et puîné, sans intermédiaire. Heureusement, il n’en est rien et tant pis « pour les mélangeurs et pêcheurs en eau trouble.»
Une question relative à votre carrière diplomatique. Qu’en est-il réellement de votre passage en Afrique du Sud qui a fait couler beaucoup d’encre et enfler les rumeurs ?
Ah ces fameuses rumeurs ivoiriennes qui m’ont traité d’idiot qui ne voulait pas de l’or et du diamant qui coulaient à flots dans ce pays et dont on voulait me faire profiter. C’est à se demander si les Zoulous pauvres parmi les pauvres, étaient incapables de s’abaisser pour devenir eux aussi riches dans leur pays. Rien de tout cela, j’ai travaillé en Afrique du Sud dans des conditions certes pas toujours dignes d’un Ambassadeur. Tous ceux qui y sont passés ont vu ces conditions de vie. J’ai bâti cependant la chancellerie, la résidence achetée au compte de la Côte d’Ivoire, toutes les demeures des diplomates. C’est le seul pays où la Côte d’Ivoire est propriétaire de ses biens immobiliers au monde. Alors que me reproche-t-on ? Voici la lettre de félicitation du ministre Essy Amara (Il nous la présente). Il faut croire que les Ivoiriens m’aiment bien si tous gèrent les facettes de ma vie donnant lieu à toutes les élucubrations et fantaisies. C’est une grâce de Dieu. Et le président Bédié lui-même l’a reconnu lors de sa visite officielle en Afrique du Sud. La vanne des rumeurs doit donc s’arrêter.
Interview réalisée par Touré Yelly