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Politique Publié le jeudi 29 mars 2012 | L’expression

Témoignage / Thiam Mokodou (Ex-DG de l’Ina) : «Zadi, un éveilleur matinal de la culture»

© L’expression Par Prisca
Littérature - La Côte d`Ivoire rend hommage à l`écrivain Bernard B. Dadié
L’Afrique a rendu un vibrant hommage à l’écrivain Bernard Binlin Dadié, les 30 et 31 août 2010, à la salle Ernesto Djédjé-Lougah-François du Palais de la culture d’Abidjan- Treichville. Photo: Bernard Zadi Zaourou
Ecole normale de Dabou. Année scolaire 1962-1963. Tous les élèves de cet établissement d’élite, qui regroupait les meilleurs de la sous-région, sont convoqués pour une rencontre avec deux jeunes sans qu’ils ne sachent de quoi il serait question. C’est dans la salle qu’ils découvrent Bernard Zadi Zaourou et Noël Kanga qui deviendra plus tard l’un des premiers Ivoiriens à diriger le Lycée classique d’Abidjan. Présent à ce rendez-vous, Thiam Mokodou relate les échanges avec les deux «inconnus» pour les pensionnaires de cette école. « Nous avons découvert qu’ils étaient venus faire la promotion de la culture ivoirienne. Leur discours était intéressant, car ils nous invitaient à inculquer nos valeurs dans l’éducation de nos enfants», se rappelle l’ancien patron de l’Institut national des arts (Ina), l’ancêtre de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac). « J’ai été séduit par le discours de Zadi Zaourou qui était très éloquent et qui a fait montre d’une réelle disposition pour la culture », ajoute le retraité. C’est après cette tournée dans plusieurs écoles que va être créée, à l’instigation de Zadi, l’Association de la jeunesse de Côte d’Ivoire pour les lettres et les arts (Ajcila). «Bernard Zadi Zaourou a été très tôt un éveilleur matinal de la culture. On parle de lui parce qu’il a atteint le sommet. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il a commencé son combat pour la promotion de la culture ivoirienne», fait remarquer l’ancien professeur de Lettres modernes au Lycée d’Adzopé. Orienté en 1966 à l’Ecole des Lettres de l’université d’Abidjan, Thiam Mokodou croise pour la seconde fois Zadi Zaourou, jeune assistant qui forme avec Christophe Dailly et Ouattara M’Lanhoro les premiers enseignants de l’université d’Abidjan. « Il était mon professeur de stylistique. J’ai été frappé par son humilité, sa compétence, son ouverture d’esprit. Il nous arrivait parfois d’aller assaillir le professeur de questions jusque chez lui pour continuer une discussion qui a commencé en amphi », se souvient l’ancien directeur de cabinet de Mme Safiatou Bah N’Daw, ancienne ministre de… L’amour du natif de Yacolidabouo pour la culture de l’oralité le pousse à créer le Groupe de recherche pour la tradition orale (Grto). L’acte III de la collaboration de Thiam Mokodou avec son professeur de stylistique se déroule dans les années 1974-1975 alors qu’il dirige l’Ina. L’école de théâtre de cet Institut fait un véritable tabac avec les pièces de Zadi Zaourou qui sont jouées à guichet fermé. La représentation de « L’œil », une œuvre qui n’était pas encore éditée, a tourné court. « Certaines allusions peut-être trop claires, n’ont pas plu à des autorités et la représentation de «L’œil» n’est pas allée au-delà de deux séances. Zadi jetait un regard sur les évènements de 1962-1963 où Houphouët avait emprisonné de nombreux cadres dans l’affaire du complot du chat noir », rappelle l’ancien chef des éditions au Centre d’édition et de diffusion africaine (Céda). « Les Sofa » ont eu un meilleur sort. Les acteurs Guié Noël, Bana Jeanne, Thérèse Taba, Kodjo Ebouclé, Brou Kouadio, Albertine N’Guessan ont joué avec merveille la vie de l’empereur mandingue, Samory Touré dont le rôle était campé par Noël Kanga. Le « maître » assistait aux séances de répétition, apportant parfois des correctifs mais laissait les mains libres au metteur en scène, Bitty Moro. Thiam Mokodou ne garde que de meilleurs souvenirs de l’ancien ministre de la Culture sous Henri Konan Bédié. « Nous avons gardé des rapports très fraternels. On s’appréciait mutuellement. Je suis triplement attristé par sa disparition. C’est une grande perte pour nous qui avons été ses élèves. C’est un immortel et comme Malraux le dit, l’art est anti destin », regrette-t-il. Pour lui, Zadi ne pouvait pas réussir en politique, un monde qu’il n’a jamais su intégrer. «Il était trop honnête pour faire la politique comme cela se déroule sous nos cieux. Le maître avait des convictions qu’il pensait pouvoir exprimer. Ayant compris que ce n’était pas sa voie, il s’est retiré de la politique», affirme l’élève du maître du Didiga.
Nomel Essis
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