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Société Publié le jeudi 29 mars 2012 | L’expression

Reportage-Abidjan/Circulation routière : Quand les panneaux publicitaires augmentent les risques d’accident

© L’expression
Panneaux publicitaires de campagne des candidats Laurent Gbagbo (LMP) et Alassane Ouattara (RDR).
Les panneaux publicitaires se multiplient à Abidjan. Situées aux grands carrefours et en bordure de route, ces grandes pancartes constituent un danger pour les automobilistes.

Les sociétés font de plus en plus d’affiches publicitaires pour attirer le maximum de clients. Mais à y regarder de près, l’installation de ces grands panneaux, dont les tailles sont impressionnantes, n’obéit à aucune règle en la matière. Pis, les exigences sécuritaires dans le domaine de la circulation routière, elles n’en ont cure. Cette anarchie dure depuis des années. A plusieurs endroits, ces pancartes débordent quasiment sur la route, obligeant les automobilistes à les contourner pour éviter des accrochages. A cela s’ajoutent de petits panneaux de fortune que des particuliers dressent à des carrefours. Aucune commune n’est épargnée par le phénomène. Tout le long du Boulevard Valéry Giscard d’Estaing (Vge), on rencontre ces panneaux publicitaires des grandes sociétés, notamment de téléphonies mobile, de concessionnaires de véhicules, de produits alimentaires et d’établissements financiers. Chacun y va des ses moyens et des ses ambitions. Les panneaux disproportionnés placés au bord de la chaussée réduisent considérablement la visibilité des automobilistes. Au volant d’une voiture, on a souvent du mal à voir les feux tricolores et les panneaux de signalisation. Toute chose qui constitue des risques d’accident. Au grand carrefour de Marcory dans le sens Treichville-Koumassi, trois panneaux, l’un de la Radiotélévision ivoirienne (Rti), les autres du concessionnaire de véhicule ATC Comafrique et du distributeur des produits électroménagers LG, réduisent la visibilité des automobilistes qui arrivent en direction de la Zone 4. Un peu plus loin, au carrefour de Marcory Anoumanbo, c’est le même décor. Une kyrielle de panneaux publicitaires sont placées dans le virage.

Une anarchie facteur d’accident
L’échangeur de Williamsville est un autre site envahi par ces panneaux. Ces gigantesques plaques ne facilitent pas la tâche aux automobilistes. « Avant, les panneaux étaient un peu élevés, maintenant ils sont de plus en plus bas, ce qui nous empêche souvent de bien voir les véhicules qui viennent dans le sens opposé », fait remarquer un chauffeur de gbaka sur la ligne Adjamé-Yopougon. Ce dernier impute nombres d’accidents dans le district d’Abidjan à l’installation anarchique des panneaux. Outre les risques d’accident, les panneaux, à cause de leur proximité d’avec la chaussée empêchent, par moments, dit-il, de garer pour embarquer un client. Diabagaté Souleymane, transitaire, s’interroge, lui, sur la réglementation en matière de publicité. « Il me semble que chacun fait ce qu’il veut dans ce domaine, parce qu’il y a souvent des panneaux qui n’ont pas leur place là où ils se trouvent. C’est un véritable danger pour les automobilistes », souligne-t-il. Pour Irié Raphaël, chef de service de la grande campagne à l’Office de la sécurité routière(Oser), les panneaux publicitaires constituaient un véritable facteur d’accident. D’où l’urgence de réfléchir à une solution. La question n’échappe pas, non plus, aux syndicats de transporteurs, notamment la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (Cngr-CI). Son premier responsable, Touré Adama, s’est associé à l’Organisation des jeunes ivoiriens pour la sécurité routière (Ojiser), afin d’attirer l’attention des autorités sur le phénomène. La Coodonnatrice de l’Ojiser, Koné Maferima, est inquiète du taux de risque d’accident si rien n’est fait pour réglementer l’affichage publicitaire, aussi bien dans le District d’Abidjan que sur les routes des banlieues. « Nous sommes conscients de l’urgence de la question et nous faisons des pieds et des mains pour attirer l’attention des autorités », souligne-t-elle. La balle est donc dans le camp des autorités qui doivent porter un sérieux regard sur l’affichage publicitaire.

Irié Raphaël (Chef grandes campagnes Oser): « Il y a eu un laisser-aller dans le secteur »

« La question de la visibilité des automobilistes est très importante. Et l’installation anarchique des panneaux publicitaires, si on n’y prend garde, deviendra un grave facteur d’accident. Aujourd’hui, quand vous empruntez les deux ponts (De Gaulle et Félix Houphouët-Boigny Ndlr), vous pouvez ne pas être maître de vous, parce que les enseignes lumineuses se multiplient avec souvent des images qui peuvent distraire le conducteur. Normalement l’installation d’un panneau publicitaire obéit à des règles et des lois. Il faut informer l’Oser, parce qu’il y a une entité à l’Oser qui s’en occupe. Ensuite, informer toutes les autres structures qui interviennent, afin d’étudier l’emplacement du panneau. Des textes existent déjà dans ce sens, mais peut-être qu’il y a eu un laisser-aller dans le milieu et les gens en profitent pour faire ce qu’ils veulent. Mais cela ne saurait perdurer, nous sommes en train de voir comment organiser le milieu. Le Directeur de l’Oser a déjà entrepris des actions dans ce sens. Cependant, il faudra aussi que les médias nous accompagnent pour la sensibilisation, parce que l’Oser n’a pas assez de moyens. C’est une action d’utilité publique et donc ça demande l’effort de tous ».

Kuyo Anderson
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