Après plusieurs reports, le procès de la filière café-cacao s’est ouvert depuis trois semaines et se poursuit allègrement. Les audiences, comme chacun le sait, se déroulent les lundi, mardi et mercredi. Le tribunal présidé par le juge Ahmed Coulibaly ayant la latitude de mener le procès comme bon lui semble, a décidé d’écouter d’abord les témoins à charge. Lesquels défilent depuis le début du procès et font des déclarations pour le moins surprenantes sur la façon dont les structures de la filière étaient gérées. La presse, au lendemain de chaque audience, ne se prive pas d’afficher des titres qui en disent long. « L’Eléphant Déchaîné » lui, préfère se garder de reprendre les propos des témoins et se contente d’écouter les uns et les autres pour mener ses propres investigations. Ainsi, depuis le commencement de ce procès, deux faits ont attiré son attention : Premièrement, les experts qui ont réalisé l’audit douanier et qui ont été interrogés le premier jour, ont fait une déclaration qui, à la surprise de « L’Eléphant », n’a pas semblé préoccuper outre-mesure, le parquet. Deuxièmement, le président du tribunal, à l’audience du lundi 26 mars, a posé une question qui est restée sans réponse. Il n’aurait jamais dû poser cette question. Car sans le savoir, il a grillé deux ministres de la République. Voici pourquoi.
900 milliards volés par les exportateurs, mais le parquet regarde ailleurs
Comme c’est étrange ! De 2008 à l’ouverture des débats dans le fond sur l’affaire de la filière café-cacao (mars 2012), les seules personnes brandies à l’opinion comme responsables de tous les présumés détournements massifs dans ladite filière sont les ex-dirigeants des structures de gestion. Jamais personne n’a parlé des exportateurs de café-cacao. On se demande bien pourquoi. Le 13 mars, les experts ayant réalisé l’audit douanier, ont déclaré que de 2002 à 2008, c’est la bagatelle de 900 milliards de FCFA qui ont été détournés via un mécanisme de fraude sur le DUS (droit unique de sortie). Ces 900 milliards de FCFA qui auraient dû atterrir dans les caisses de l’Etat ont pris une destination bien connue. Jamais, le procureur et le juge d’instruction qui ont mené les enquêtes et qui avaient les résultats de cet audit douanier n’ont osé, pour des raisons qu’on n’ignore plus, parler de cette fraude, encore moins inquiéter leurs auteurs. Qui ne sont point les ex-dirigeants, mais plutôt les exportateurs de ces deux produits. Lesquels n’ont pu, en aucune manière, réaliser cette fraude historique à l’insu de l’Etat de Côte d’Ivoire qui avait ses représentants au guichet unique de sortie et qui de ce fait, voyait tout. Ces exportateurs qui se sont livrés selon les auditeurs à cette immense fraude sont donc bien connus de l’Etat de Côte d’Ivoire. Pourquoi alors, la justice n’a jamais jugé nécessaire d’interpeller les dirigeants de ces structures d’exportation dont par exemple ceux de la Sipex-ci ? Pourquoi la justice n’a jamais pensé à faire comparaître les dirigeants des cinq structures d’exportation qui sont accusées d’avoir causé un préjudice de 900 milliards FCFA à l’Etat de Côte d’Ivoire ? Se rend-on compte de ce qui se passe ? A l’audience du 13 mars, lorsque les experts ont déclaré que les exportateurs ont causé ce préjudice à l’Etat, le président du tribunal a posé cette question: «Est-ce que vous pouvez citer le nom d’un exportateur ?» Les experts ont répondu «oui». C’est ainsi qu’ils ont cité la Sipex-ci. Mais cette révélation a laissé de marbre, le représentant du parquet. Pourquoi ? Que veut-on cacher aux Ivoiriens ? Les exportateurs auraient-ils fraudé avec la complicité de l’Etat qui ne pouvait en aucune manière ignorer l’existence de cette fraude opérée sur 6 ans ?
La question du président du tribunal qui tue des ministres de tutelle
Pour des raisons qu’on n’ignore plus aussi, les différents ministres de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances qui ont assuré la tutelle technique et financière de la filière café-cacao, ne témoigneront pas au cours de ce procès. Tout a été mis en œuvre pour qu’ils ne disent pas aux Ivoiriens leur part de vérité dans ce scandale. Comment est-ce possible ? Mais, à l’audience du lundi 26 mars, le président du tribunal, sans peut-être s’en rendre compte, a posé une question qui a démontré qu’en 2008, à la prise de fonction de l’administrateur provisoire nommé au Fdpcc, il y avait la somme de 18 milliards FCFA sur un compte de cette structure au titre des prélèvements effectués pendant la campagne 2007-2008. Et que cet argent avait disparu sans laisser aucune trace, ni dans les livres comptables du Fdpcc ni dans ceux de l’Etat. La question que le juge a posée au sujet de cet argent est restée sans réponse. Pour la simple raison que le témoin ne pouvait pas répondre à la place de ceux qui avaient le pouvoir de mouvementer le compte sur lequel cet argent était logé. Curieusement, le représentant du parquet n’a pas jugé nécessaire de s’étendre sur le sujet pour éclairer la lanterne du tribunal. Sans doute parce que, contrairement au président du tribunal qui n’a pas forcément une compréhension globale de ce dossier qu’il n’a reçu que depuis quelques semaines, le procureur lui, pour être le seul à présent dans le tribunal de Plateau à avoir suivi de bout en bout toute l’enquête, sait, certainement, de quoi il s’agit. Pourtant, il a gardé le silence. « L’Eléphant » croit savoir, à présent, pourquoi ? Pendant la campagne de 2007-2008, le prélèvement accordé au Fdpcc pour son fonctionnement était d’environ 3,5 FCFA pour environ un million quatre cent mille tonnes de cacao, soit près de 4,5 milliards FCFA. Cet argent était directement géré par les responsables du Fdpcc. S’il a été utilisé à d’autres fins, c’est bien à eux de rendre des comptes. Mais en auditant l’utilisation d’une somme de 4,5 milliards, il est difficile d’arriver à conclure que 18 milliards ont été retirés de ces 4,5 milliards et dilapidés sans justifications. Au titre du Fdpcc-Investissement, le prélèvement pour la même campagne était d’environ 12,68 FCFA pour le même tonnage, soit, environ 18 milliards. Cet argent était séquestré sur un compte logé à la Banque Nationale d’Investissement (BNI) au titre du Fdpcc-Investissement, créé par l’Etat, soi-disant pour permettre aux producteurs d’avoir de la liquidité à tout moment de l’année pour financer leurs investissements. Et les seules personnes qui avaient la signature sur ce compte logé à la BNI n’étaient autres que le ministre de l’Economie et des Finances et celui de l’Agriculture. Où sont donc passés ces 18 milliards, puisqu’en aucune manière les responsables de la filière ne pouvaient mouvementer ce compte ? Et surtout qu’ils étaient en prison, à cette période ? En posant la question à l’audience à un témoin, le juge s’est adressé à la mauvaise personne. Elle n’a pas répondu à cette question parce qu’elle ne pouvait pas le faire. Ceux qui peuvent y répondre ne sont autres que Charles Koffi Diby (le toujours ministre de l’Economie et des Finances) et l’ancien ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly. Mais comme la justice ne veut pas interroger les ministres en question, « L’Eléphant Déchaîné » se fait un plaisir de faire le travail du parquet à sa place, et gracieusement. Alors messieurs les ministres, où sont passés les 18 milliards FCFA qui se trouvaient sur le compte Fdpcc-Investissement en 2008 ? Peut-être que la justice ivoirienne devrait sérieusement songer à arrêter de se moquer de l’intelligence des Ivoiriens. Si on confie la garde de 1000FCFA au procureur Oulaye et que le jour où on a besoin de cet argent ce dernier n’est pas capable de le représenter, on ne peut vraiment pas laisser le procureur Oulaye à Abidjan pour aller jusqu’à Bouaké interroger le procureur Diakité Mamadou sur le sort de cet argent. C’est à Diby Koffi et à Amadou Gon Coulibaly d’expliquer aux Ivoiriens ce que sont devenus ces 18 milliards… certains ex-dirigeants de la filière café-cacao, pour avoir géré des dizaines de milliards, ont certainement des choses à se reprocher et il appartient à la justice de prouver les infractions qu’ils auraient commises. Mais on ne peut pas tenter de faire croire aux Ivoiriens, que des centaines de milliards ont été détournés à l’insu de l’Etat de Côte d’Ivoire et de ses ministres qui avaient la signature sur plusieurs comptes sur lesquels se trouvait l’argent des pauvres paysans. Lesquels, au final, ont été totalement bernés par celui qui prétendait leur avoir donné « leur chose ». L’Etat.
ASSALE TIEMOKO
900 milliards volés par les exportateurs, mais le parquet regarde ailleurs
Comme c’est étrange ! De 2008 à l’ouverture des débats dans le fond sur l’affaire de la filière café-cacao (mars 2012), les seules personnes brandies à l’opinion comme responsables de tous les présumés détournements massifs dans ladite filière sont les ex-dirigeants des structures de gestion. Jamais personne n’a parlé des exportateurs de café-cacao. On se demande bien pourquoi. Le 13 mars, les experts ayant réalisé l’audit douanier, ont déclaré que de 2002 à 2008, c’est la bagatelle de 900 milliards de FCFA qui ont été détournés via un mécanisme de fraude sur le DUS (droit unique de sortie). Ces 900 milliards de FCFA qui auraient dû atterrir dans les caisses de l’Etat ont pris une destination bien connue. Jamais, le procureur et le juge d’instruction qui ont mené les enquêtes et qui avaient les résultats de cet audit douanier n’ont osé, pour des raisons qu’on n’ignore plus, parler de cette fraude, encore moins inquiéter leurs auteurs. Qui ne sont point les ex-dirigeants, mais plutôt les exportateurs de ces deux produits. Lesquels n’ont pu, en aucune manière, réaliser cette fraude historique à l’insu de l’Etat de Côte d’Ivoire qui avait ses représentants au guichet unique de sortie et qui de ce fait, voyait tout. Ces exportateurs qui se sont livrés selon les auditeurs à cette immense fraude sont donc bien connus de l’Etat de Côte d’Ivoire. Pourquoi alors, la justice n’a jamais jugé nécessaire d’interpeller les dirigeants de ces structures d’exportation dont par exemple ceux de la Sipex-ci ? Pourquoi la justice n’a jamais pensé à faire comparaître les dirigeants des cinq structures d’exportation qui sont accusées d’avoir causé un préjudice de 900 milliards FCFA à l’Etat de Côte d’Ivoire ? Se rend-on compte de ce qui se passe ? A l’audience du 13 mars, lorsque les experts ont déclaré que les exportateurs ont causé ce préjudice à l’Etat, le président du tribunal a posé cette question: «Est-ce que vous pouvez citer le nom d’un exportateur ?» Les experts ont répondu «oui». C’est ainsi qu’ils ont cité la Sipex-ci. Mais cette révélation a laissé de marbre, le représentant du parquet. Pourquoi ? Que veut-on cacher aux Ivoiriens ? Les exportateurs auraient-ils fraudé avec la complicité de l’Etat qui ne pouvait en aucune manière ignorer l’existence de cette fraude opérée sur 6 ans ?
La question du président du tribunal qui tue des ministres de tutelle
Pour des raisons qu’on n’ignore plus aussi, les différents ministres de l’Agriculture et de l’Economie et des Finances qui ont assuré la tutelle technique et financière de la filière café-cacao, ne témoigneront pas au cours de ce procès. Tout a été mis en œuvre pour qu’ils ne disent pas aux Ivoiriens leur part de vérité dans ce scandale. Comment est-ce possible ? Mais, à l’audience du lundi 26 mars, le président du tribunal, sans peut-être s’en rendre compte, a posé une question qui a démontré qu’en 2008, à la prise de fonction de l’administrateur provisoire nommé au Fdpcc, il y avait la somme de 18 milliards FCFA sur un compte de cette structure au titre des prélèvements effectués pendant la campagne 2007-2008. Et que cet argent avait disparu sans laisser aucune trace, ni dans les livres comptables du Fdpcc ni dans ceux de l’Etat. La question que le juge a posée au sujet de cet argent est restée sans réponse. Pour la simple raison que le témoin ne pouvait pas répondre à la place de ceux qui avaient le pouvoir de mouvementer le compte sur lequel cet argent était logé. Curieusement, le représentant du parquet n’a pas jugé nécessaire de s’étendre sur le sujet pour éclairer la lanterne du tribunal. Sans doute parce que, contrairement au président du tribunal qui n’a pas forcément une compréhension globale de ce dossier qu’il n’a reçu que depuis quelques semaines, le procureur lui, pour être le seul à présent dans le tribunal de Plateau à avoir suivi de bout en bout toute l’enquête, sait, certainement, de quoi il s’agit. Pourtant, il a gardé le silence. « L’Eléphant » croit savoir, à présent, pourquoi ? Pendant la campagne de 2007-2008, le prélèvement accordé au Fdpcc pour son fonctionnement était d’environ 3,5 FCFA pour environ un million quatre cent mille tonnes de cacao, soit près de 4,5 milliards FCFA. Cet argent était directement géré par les responsables du Fdpcc. S’il a été utilisé à d’autres fins, c’est bien à eux de rendre des comptes. Mais en auditant l’utilisation d’une somme de 4,5 milliards, il est difficile d’arriver à conclure que 18 milliards ont été retirés de ces 4,5 milliards et dilapidés sans justifications. Au titre du Fdpcc-Investissement, le prélèvement pour la même campagne était d’environ 12,68 FCFA pour le même tonnage, soit, environ 18 milliards. Cet argent était séquestré sur un compte logé à la Banque Nationale d’Investissement (BNI) au titre du Fdpcc-Investissement, créé par l’Etat, soi-disant pour permettre aux producteurs d’avoir de la liquidité à tout moment de l’année pour financer leurs investissements. Et les seules personnes qui avaient la signature sur ce compte logé à la BNI n’étaient autres que le ministre de l’Economie et des Finances et celui de l’Agriculture. Où sont donc passés ces 18 milliards, puisqu’en aucune manière les responsables de la filière ne pouvaient mouvementer ce compte ? Et surtout qu’ils étaient en prison, à cette période ? En posant la question à l’audience à un témoin, le juge s’est adressé à la mauvaise personne. Elle n’a pas répondu à cette question parce qu’elle ne pouvait pas le faire. Ceux qui peuvent y répondre ne sont autres que Charles Koffi Diby (le toujours ministre de l’Economie et des Finances) et l’ancien ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly. Mais comme la justice ne veut pas interroger les ministres en question, « L’Eléphant Déchaîné » se fait un plaisir de faire le travail du parquet à sa place, et gracieusement. Alors messieurs les ministres, où sont passés les 18 milliards FCFA qui se trouvaient sur le compte Fdpcc-Investissement en 2008 ? Peut-être que la justice ivoirienne devrait sérieusement songer à arrêter de se moquer de l’intelligence des Ivoiriens. Si on confie la garde de 1000FCFA au procureur Oulaye et que le jour où on a besoin de cet argent ce dernier n’est pas capable de le représenter, on ne peut vraiment pas laisser le procureur Oulaye à Abidjan pour aller jusqu’à Bouaké interroger le procureur Diakité Mamadou sur le sort de cet argent. C’est à Diby Koffi et à Amadou Gon Coulibaly d’expliquer aux Ivoiriens ce que sont devenus ces 18 milliards… certains ex-dirigeants de la filière café-cacao, pour avoir géré des dizaines de milliards, ont certainement des choses à se reprocher et il appartient à la justice de prouver les infractions qu’ils auraient commises. Mais on ne peut pas tenter de faire croire aux Ivoiriens, que des centaines de milliards ont été détournés à l’insu de l’Etat de Côte d’Ivoire et de ses ministres qui avaient la signature sur plusieurs comptes sur lesquels se trouvait l’argent des pauvres paysans. Lesquels, au final, ont été totalement bernés par celui qui prétendait leur avoir donné « leur chose ». L’Etat.
ASSALE TIEMOKO